Translate

dimanche 19 août 2018

Dans les dédales de l’histoire



Profitant d'un peu de temps libre en ce mois d'août, je me suis mis à trier les documents et les livres d'une abondante collection privée que j'ai accepté d'entreposer dans une annexe de la mairie de Brécey à la demande des héritiers et des responsables d'associations  intéressés par ces ouvrages.  Un travail laborieux mais d’une grande richesse en termes de documentation sur le patrimoine de nos territoires. Tout y est : l'histoire,  les sciences, la culture, la santé,  la politique et l'économie. Une source pour les chercheurs et matière à monter une très belle exposition. Les archives de presse sont nombreuses, elles couvrent tout le 20ème siècle, de la guerre 14-18 à nos jours.

 Le plus surprenant ce sont  sans doute les scandales financiers qui ont émaillé la France depuis la fin du XIXè siècle jusqu’à nos jours. Du scandale de Panama en 1890, du conseiller Prince en 1934 en passant par l’affaire Stavisky la même année. Escroqueries, malversations, maquillages de comptes ont éclaboussé le monde économique et politique depuis plus de cent-ans. Et ça continue avec l’affaire Madoff ou DEXIA qui n’a rien à lui envier avec la plus grosse faillite bancaire qui a coûté 6,6 milliards à la France; et maintenant Lafarge que l’on tente de dissimuler sous le sceau du fameux : secret défense. Le monde des affaires a toujours été le théâtre de scandales financiers retentissants. Ceux qui partent du bas de l’échelle et connaissent une ascension fulgurante ont parfois du mal à rester en haut. Pour s’y maintenir, certains n’hésitent pas à franchir le Rubicon et se compromettre. Le plus médiatisé est sans doute Bernard Tapie. Entre 1984 et 1995, ses démêlés avec la justice vont défrayer la chronique mais pas que. Les scandales comme ceux du Carrefour du développement, de la MNEF, de l’affaire Dumas sont liés avec le monde des affaires.

 N’empêche que le  dossier qui retrace l'évolution politique et sportive du propriétaire du Phocéa, ce superbe quatre mâts acheté en 1984 à la veuve d'Alain Colas, disparu en mer en 1978 est de loin le plus épais et le plus frais dans nos mémoires.. L’ascension fulgurante de Bernard Tapie a fait couler beaucoup d’encre. Ce fils d ’ajusteur fraiseur issu d’une famille modeste en  éblouit plus d’un.  Entre ceux qui découvraient avec envie qu'il est possible de réussir en venant d’en bas, et ceux d’en haut, les capés, qui voyaient d’un sale œil que l’on puisse ravir leurs privilèges  sans sortir de l’ENA, Tapie fait tache. Sa grande gueule leur cloue le bec , les obligeant à ronger leur frein. Il critique les diplômés: " le système de l'élite qui sait et du peuple qui ne sait pas, ça ne marche plus" clame t’il. Pas étonnant que les ouvriers le soutiennent. 19% d'entr'eux disaient vouloir voter pour lui aux européennes. Son entrée fracassante sous les ors de la république lorsqu’il fut nommé ministre de la ville en 1992 par François Mitterand dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy fût son apogée. Bien que Mitterrand lui impose d'abandonner les affaires pour entrer en politique, ses adversaires en profitent pour lui coller des casseroles bien reluies par la presse. Il ne pouvait être  question qu'il prenne la mairie de Marseille en 2014. On sonne l’hallali; commence alors un véritable bras de fer avec la justice et l’homme d’affaires. Entre l'establishment et le bateleur médiatique, entre les créanciers et leur débiteur". Porté par sa gloire, Tapie  oublie que les services de l'État sont autonomes et indépendants. Même s'il arrive à quelques ministres de tenter de les utiliser pour faire obstacle à un adversaire émergent. En 2017 Fillon n'y a pas coupé. Dès lors, la justice ne le lâche plus. Elle marquera le premier but qui le fera tomber. En 1993, l’homme d’affaires Bernard Tapie alors président de l’Olympique de Marseille, est accusé d’avoir truqué un match contre Valenciennes en corrompant des joueurs. Condamné à 165 jours de prison, le 28 novembre 1995, il est libéré sous conditions le 25 juillet 1997. Bien qu’il déclare à sa sortie que son expérience de la prison : « était épouvantable, c’est tout ce qu’on peut imaginer… »  il n’en perd pas sa rage de vaincre au cours de ces mois difficiles : « Je m’étais entraîné, préparé, parce que je voulais leur montrer que je savais pourquoi ils m’y mettaient : ils voulaient me mettre KO ». N’empêche que tout soupçon devient une arme pour tuer des ambitions gênantes.  Les générosités sont oubliées. Il devient l'homme à abattre d'autant qu'il a la faveur de  25% de la population marseillaise. Trop tard, le sort de Bernard Tapie est scellé. Même les plus fidèles  supporters de l’homme d’affaires se détournent de lui. À commencer par les politiques et ceux qui ont « croqué » du Tapie pendant plus de dix ans. Rien d’étonnant de la part de certains hommes politiques qui ont un immense talent pour prendre la poudre d’escampette dès que ça commence à sentir la fumée.  Reste que Bernard Tapie aura marqué la vie politique et économique de la France de la dernière moitié du XXè siècle. 

Aujourd'hui,  le rappel de son nom sert désormais à mettre le doute sur des espoirs économiques qui peuvent sembler insolents au regard de la situation des entreprises françaises. Son histoire nous conduit néanmoins  à penser, à défaut d'en tirer une morale, que le succès ne doit pas monter à la tête ni se traduire par une ostentation démesurée et tapageuse. Que derrière l’apogée il y a parfois la chute. Que l’amitié comme le soutien des politiques est éphémère; elle ne dure au mieux que le temps d’un mandat, au pire elle se défait à la faveur d’une campagne de presse retentissante. Dans toute chose il faut être clairvoyant, savoir raison garder et ne jamais mépriser ses interlocuteurs. En France, toute réussite fulgurante étonne; elle éblouit les uns ou devient suspecte aux yeux des autres. C’est ainsi, ce vieux pays judéo-chrétien a les pieds campés dans la terre. Il préfère la modération à la démesure, la sagesse à l'imprudence. Et rappelons nous, pour n'avoir pas écouté les recommandations de son ingénieux père, Dédale, et s'être laissé grisé par son vol, Icare s'est brûlé les ailes en se rapprochant du soleil. Il tomba dans la mer.

dimanche 12 août 2018

Le ras le bol des maires et des conseillers


photo le parisien

Ras le bol, ras la casquette, la coupe est pleine. Depuis 2014, ils sont 1021 à avoir raccroché l’écharpe, du jamais vu. Les maires sont deux fois plus nombreux à démissionner. Un malaise plus important en milieu rural où ils représentent 85%. En cause : un sentiment d'inutilité et de mise au placard. La majorité des édiles démissionnaires ne remettent pas en question les tâches quotidiennes et les responsabilités qui leur incombent vis à vis de leurs concitoyens; ils en connaissaient la charge. Le vrai problème  c'est tout un ensemble de facteurs qui conduisent les élus de base à se retirer de la vie démocratique de leur territoire. Ce constat en dit long sur leur moral et sur leurs déceptions dont les causes sont à rechercher dans des réformes faites à l'emporte pièces sans vision d’avenir sinon celle de remettre à l'honneur un jacobinisme dominant et destructeur. La vérité c’est que les élus en ont marre d'avaler les couleuvres de petits prétentieux et ignorants qui ne connaissent de leurs territoires et de la France que ce qu'ils en ont appris dans les livres. Et encore. Philippe Rion, maire de Castillon ( Alpes Maritimes) parle de " désespérance face à l'arrogance de l'Etat"; il a jeté l'éponge en étant arrivé  à ne plus savoir comment payer ses employés. Un reportage sur France2 diffusé le samedi 11/8 montre bien à travers deux exemples en Bretagne l’écoeurement et le désarroi des maires. Bien d'autres confirment ces difficultés dues en partie aux baisses des dotations de l'Etat, près de 50% de la dotation globale de fonctionnement en cinq années. En 2013, cette DGF représentait en moyenne 21% des recettes de fonctionnement des communes contre 14,8% en 2017. Ce n'est pas la suppression de la taxe d'habitation qui va arranger les choses quant on sait  qu'elle représente une moyenne de 34% des recettes fiscales. En fait, les communes vont devenir de plus en plus une variable financière  d'ajustement aux yeux de l'Etat  qui les accuse d’être trop dépensières. Oubliant que leurs investissements contribuent au développement des entreprises.

La loi NOTRe avec ses fusions des Régions et des communautés n'avait pas d'autres raisons à priori que celles de faire des économies. Une intention louable en cette décennie de disette budgétaire ( enfin pour les communes) car l’Etat dépense toujours autant merci. Résultat nous voyons ce qu'il en est.  Il n'y a pas besoin d'aller très loin pour le vérifier. Hervé Morin, le président des Régions, le constate pour son propre territoire, la Normandie. Dans bien des départements, comme dans celui de la Manche, certains budgets de grandes communautés ont augmenté de plus de 10% en 2017 avec des incidences inévitables  sur les investissements futurs et pour les contribuables. Même si les impôts directs n'ont pas augmenté car, sous prétexte d'équité, on nivelle par le haut certaines contributions annexes. À défaut on vend les bijoux de famille pour se refaire une santé provisoire. À défaut encore, il arrive qu'on ait le toupet de  demander des fonds de concours aux communes pour des projets dont elles n'ont plus la compétence. Ben voyons ! Dans ce cas  redonnons leur sans attendre des compétences avec compensation. C'est la seule façon de faire retrouver de la proximité et de la réactivité aux territoires et des responsabilités aux élus locaux, placés au rang de figurants qui n'ont plus grand chose à dire dans des assemblées plénières pléthoriques de plus d'une centaine d'élus où toutes les décisions à prendre semblent déjà bien engagées. Ainsi naît le  sentiment d'inutilité, celui de faire tapisserie dans un bal masqué ; un sentiment repris en choeur sur le terrain qui les conforte dans leur désir de se retirer aux prochaines élections. Ce sont les communes rurales les plus impactées, petites et grandes qui ne sont plus représentées souvent que par deux ou trois élus (sauf communes nouvelles de même importance). Et encore, quand ils sont présents ! il arrive que l'absentéisme dépasse 30% des membres. Fort heureusement 50% de ces absents donnent un pouvoir à un collègue par bonne conscience. Les conséquences se répercutent sur le terrain où beaucoup  d'administrés n'ont plus d'écoute locale ni de réponses  à leurs doléances. C'est, bien sûr, l'élu local qui prend les coups. Pourquoi est-il allé se perdre dans ces grandes collectivités où l'administration se renforce? Il est urgent de mettre un terme à cette grande dépression. A moins que ne germe dans les cartons du gouvernement  un projet visant à remettre en cause la situation actuelle. Qui sait? Les édits de 1764 et 1765 avaient bien tenté de faire choisir le maire par le roi. Macron n'est pas Louis XV mais Jupiter ne manque pas d'idées. Une fois le Sénat supprimé, il aura les mains libres. En attendant le monde rural a tout de même beaucoup à s'inquiéter de son avenir. Une chose est sûre, il est déjà le grand perdant de la loi NOTRe et il continuera de l'être car Penser global pour agir local reste une vue de l'esprit à bien des niveaux.  

dimanche 5 août 2018

Filerions nous un mauvais coton ?



Quelques infos coton pour agrémenter vos vacances.


La laine fait débat dans le Sud Manche et bientôt au département. En cause : l’idée de mon défunt ami, Pierre Aguiton, qui avait fait acheter la filature de Mesnil Tove en 1990 alors qu'il était président du Conseil Général de la Manche. C'est grâce à lui que notre département peut s'enorgueillir d'être propriétaire d'un patrimoine touristique et culturel de qualité comme l'île de Tatihou, maison Millet et bien d'autres. Tout ça à une époque où les finances du département nous le permettaient encore. La filature du Mesnil Tove comme le site de la poterie de Ger devenu musée dans le mortainais en étaient des éléments indissociables. C'est aussi dans cet esprit que nous avons fait revivre ensemble le Château du Logis, à Brécey. Je lui en suis très reconnaissant. Seulement voilà, depuis,  en trente ans, les finances de nos collectivités se sont effilochées au fil du temps. Les contraintes budgétaires nous obligent à revoir nos positions et à agir différemment si nous voulons poursuivre sur la route qu'il nous a tracée.
Figure de proue pour la réhabilitation du site Gérard Chauvet président de l'association « Equilibre » veut « redonner à la filature sa fonction première » selon ses propos. Stéphanie Maubé  quant à elle entend   donner de la valeur ajoutée  à la toison de ses brebis préférées appartenant à la race des moutons de l'avranchin qui s'épanouissent dans la baie du Mont-Saint-Michel et donnent naissance à l'agneau de pré-salé tant apprécié par les fins gourmets. Pour cela, elle s'est entourée d’un réseau d'une vingtaine d'éleveurs, artisans, artistes  et sérigraphistes du grand Ouest qui souhaitent s'organiser en coopérative pour créer  une marque de laine à l'effigie  de l'avranchine. Laquelle sera tricotée localement comme jadis. Pour y parvenir, elle compte bien pouvoir récupérer le matériel, cardeuses et machines à tisser de la filature  pour utiliser la laine de ses moutons traitée dans une des dernières laveries de France située en Haute Loire. Autant dire que la tâche n’est pas aisée.

Pourquoi son projet fait-il débat?

Tout simplement parce que cette filature  née de la transformation d'un moulin à papier de la vallée de la Sée en 1897  et fermée en 1976 a été mise aux enchères  par le département au prix modique de 97700 € ; quelques offres de prix s'en suivirent pour des projets différents compliquant le choix des élus. Deux  offres étaient principalement en concurrence:
-   Claude Loisel, lui,  proposait 120800€ pour un projet visant à transformer cette ancienne filature en lieu de réception, et à réhabiliter en gîtes  la maison de maîtres au profit du Moulin de Jean de Cuves... Ce restaurant gastronomique réputé ne dispose pas de locaux  permettant d'accueillir des congrès ou séminaires d'entreprises ni de loger des convives après un bon dîner. Le prix tenait compte du fait que l'acquéreur estimait nécessaire de créer une desserte du site partant de la départementale D911 qui relie Avranches à Mortain afin d'éviter de prendre des petites voies communales non prévues pour une circulation plus importante.


-  Le projet de maître Véronique Michel-Gicquel, avocate malouine représentant la société immobilière Ventil,  s'élevait à 135000 € pour la création d'un musée. Faute de renseignements suffisants mme Michel-Gicquel était invitée par le département à revoir sa copie pour mieux définir son projet. Elle évoquait alors une idée de musée constitué à base de photographies sans pour autant approfondir son fonctionnement et son financement lequel semblait sous entendre pour les élus le soutien de collectivités territoriales. De son côté, Stephanie  Maubé indiquait que ce projet ne pouvait prétendre à son soutien. En revanche, Claude Loisel lui promettait de lui donner le matériel nécessaire à sa propre opération.

C'est ainsi que la commission permanente du conseil départemental décida de retenir la proposition de Claude Loisel et du restaurant de Jean à 120800 € ajoutant qu'il sera amené à délibérer de nouveau. Patatras, le tribunal administratif a annulé la vente le 1er juin 2018, suite à l'appel de l'avocate qui aujourd'hui complète son projet en indiquant qu'elle envisageait maintenant d'acquérir l'abbaye Blanche de Mortain où elle pourrait transférer le musée du cuivre de Villedieu-les-poèles. Le musée de l'étain étant plutôt destiné à Mesnil Tove  à la grande surprise des élus sourdins. Pour autant, que ces élus se rassurent ainsi que le propriétaire du musée du cuivre, les conseillers départementaux auront à trancher en septembre prochain au vu seulement des premières propositions. Cette avocate n’est pas sans ignorer cette question liminaire. N’empêche qu’elle laisse planer  à nouveau la tourmente sur le Sud manche qui rêve de devenir Terre d'Art et d'Histoire. Son patrimoine avec le Mont-Saint Michel le permet assurément mais en a t-il les moyens...Et ce label renforcera t-il son attractivité ? Le département dont les bas de laine sont un peu troués changera t-il d'avis en Septembre prochain ? Avouons que l'histoire est coton. Mais que notre avocate et ses amis le sachent, les conseillers départementaux sauront se faire un avis personnel. Ce ne sont pas des moutons.

samedi 28 juillet 2018

Ecoparc: les bons comptes font les bons amis


Le 22 février 2018, le président de la communauté d'agglomération  présentait en séance plénière la cession de l'écoparc du "Chêne au loup" au bénéfice de la société Ecoparc (créée 5mois plus tard le 3 juillet). Il indiquait dans son propos : «  qu'il fallait trouver des moyens intelligents pour avoir des recettes durables," ajoutant que la vente de l'écoparc pouvait nous "donner la capacité  d'investir sur d'autres projets", nos  moyens financiers actuels étant insuffisants... J'approuve. Encore faut-il que cette cession permette  à tous les partenaires d'être gagnants, les contribuables notamment.
C'est pourquoi, l’ancien prof que je suis, selon les mots du président qui ne manque jamais de me le rappeler comme si c’était une tare, tente de  vous démontrer que la cession de l'écoparc est une affaire immobilière qui ne rapportera aucun bénéfice financier à l'agglomération dans la situation actuelle et que l'optimisme des uns n'a d'égal que l'inquiétude des autres  face au déroulement du projet et à ses éventuelles conséquences. Aux dernières nouvelles un effort vient d'être fait pour la société TLD Pro si j'en crois le résumé de la conférence de presse. Elle pourra rester sur le site. C'est  un progrès mais ce n'est pas suffisant. 
Oublions pour l'instant toutes les hypothèses de surcoûts susceptibles d'être engendrés par le bâtiment qui sera construit sur le site de la Huberdière au profit de Sogetrel, société à laquelle nous tenons et n'épilogons pas sur le remboursement des subventions de l'Etat qui seraient en cours de négociation . Bornons nous seulement à entrer dans les chiffres de la vente de l'écoparc  et à les analyser pour mieux les comprendre. Tout d'abord  la recette votée il y a 5 mois  reste toujours de 6,569.000 d'euros à plus ou moins 10% ajoute t-on aujourd'hui, soit une marge de 1,2 millions d'euros pour négocier. Cette somme couvrirait l'achat  et l'aménagement des terrains, l'achat des bâtiments occupés à l'exception de celui de TLD PRO, le remboursement d'une partie des subventions du département, et les frais liés à la SEM Sénergie dont le rachat des actions de trois actionnaires privés, l'un d'entr'eux étant également actionnaire de la SAS SENERGIE 9.

Analysons ces chiffres  en est en toute objectivité.

Le coût global de l'écoparc, dans sa situation actuelle, pour la communauté et sa société d'économie mixte a été de 13.333.882 € hors toitures financées par la société Cap Solar (bacs acier + panneaux photovoltaïques). Le coût de ces toitures a été de 12 millions d'€
La communauté a financé l'achat des terrains et leur aménagement pour un coût de 4.524.574 €. 
La construction des coques réalisées par la SEM dans le cadre d'un bail à construction avec la communauté s'est élevée à 5,5 millions d'euros. La SEM a perçu 5,2 millions d'euros de Cap Solar au titre de la PTF ( Proposition Technique et financière payée  à EDF Option  d'Achat par la SEM) qu'elle a revendue à cette société et au titre du bail emphytéotique signé pour 20 ans avec Cap Solar pour la gestion des toitures et la production d'énergie (4,8MW).
Les aménagements des coques pour l'accueil des entreprises financés eux aussi par la communauté ont coûté 3.309.308 €.

Le coût total a donc été de 13.333.882€ hors toitures photovoltaiques. Son financement s'est effectué de la manière suivante :

  Subventions Etat et Département :                    : 1.896.000 €
  Cap Solar via la SEM.                                       :  5.200.000€
   Emprunt SEM                                                   :     300.000€
  Emprunt communauté de la communauté.          : 5.937.882       
            ( Les loyers annuels des 6 entreprises  implantées: 136.135 )

En conséquence la recette de la vente ne libérera que 631.138 € . Elle couvrira seulement le remboursement d'une partie des subventions demandée par le département (355.000€) et le rachat des actions de 3 partenaires privés de la SEM (277.000€).

Avec cette recette, la communauté aura deux alternatives: celle de rembourser ses emprunts (5.937.882€)  ou celui de continuer à payer les annuités d'emprunt, sachant que les annuités correspondantes à 2millions d'emprunt ne pourront  plus être couvertes par les loyers qui seront désormais perçus par la société Écoparc. Notons toutefois que cette analyse n'a pas pris en compte le fait que la société Écoparc ne pourra acquérir le bâtiment de la société TLD Pro, titulaire d'une location vente.

Rappelons surtout, que la fraction des 5/20 èmes des coques (1.300.000€) dont la communauté est désormais propriétaire ( bail à construction de 20 ans) n'a pas été prise en compte dans le prix de vente, ni même l'emprunt de la SEM (300.000€), ni l'achat de la PTF à la SEM (plus de 280.000€) par CAP SOLAR)... La valeur comptable des coques ne peut donc pas être considérée comme nulle pour la SEM. Aujourd'hui, compte tenu de la différence de prix (1.900.000€) entre le bâtiment prévu sur l'écoparc pour Sogetrel et celui que la communauté veut lui construire sur le site de la Huberdière montre bien que la valeur marchande des coques aurait dû être évaluée à son juste prix. Lors d'un premier conseil d'administration de la SEM,  les experts comptables avaientt estimé la valeur des coques  à 3.880.000€ pour la SEM, somme qui avait été votée à l'unanimité par les actionnaires publics et privés. Nous en sommes à la gratuité désormais.

Coup de théâtre aujourd'hui dont nous nous félicitons, nous apprenons que la société écoparc financerait à l'euro près les dépenses supplémentaires: surcoût bâtiment Sogetrel, remboursement éventuel des subventions d'État. Ira t-elle jusqu'à financer les 5/20ème des coques dont la communauté est propriétaire. Y compris l'emprunt de la SEM réalisé pour la construction des coques, et la vente de la PTF qui a contribué à financer ces mêmes coques? En bons normands, les élus de la communauté souhaiteront probablement avoir  des certitudes. Le campus Remade est alléchant mais il ne doit pas être un mirage. En attendant, les 5,5 millions de coques qui bénéficiaient à la communauté pour faciliter l'implantation de nouvelles entreprises, vont tomber dans l’escarcelle de la Société immobilière Écoparc. Un tel cadeau est-il convenable? Si les bâtiments Sogetrel étaient réintégrés sur l'écoparc, les 1,9millions de dépenses supplémentaires inutiles, ce surcoûi couvrirait les 5/20èmes des coques (1,3m€), la PTF (280000€) et l'emprunt de 300000€ de la SEM; la situation serait bien différente d'autant que cette construction est loin d'être faite compte tenu des recours qui ne manqueront pas d'être déposés. Affaire à suivre et bienvenue à Remade si le prix de vente tient compte de ces conditions.









jeudi 19 juillet 2018

Mise au point sur l'ecoparc du "Chêne au loup"

Depuis quelque temps, la vente de l'Ecoparc de la communauté d'agglomération à la société Ecoparc de Matthieu Millet  anime à tort ou à raison les conversations. Dernièrement un article de La Manche Libre a fait réagir sur Facebook le président de l'agglo sur quelques chiffres erronés. En ce qui me concerne il me semble en effet souhaitable de mettre un peu plus de transparence dans ces données financières. Qu'ils soient pour ou contre, les élus ont le devoir de s'approprier les données de cette vente.
Genèse de l'Ecoparc 

La SEM Séenergie a été créée pour favoriser le développement durable et les énergies renouvelables sur le territoire. Après la création de petites centrales sur des batiments communaux, elle nous a proposé la centrale photovoltaique de 4,5MW au chêne au loup à Tirepied. Elles obtient d'abord un contrat d'achat avec EDF à 42centimes d'euros le kw d'électricité fourni. Compte tenu des difficultés des banques en 2011 qui prêtent à 7%, la communauté de communes de Brécey part sur un projet PPP (partenariat public privé)

1) la communauté acquiert les terrains et les aménage. Elle confie le permis de construire des 24 batiments à une équipe d'architecte et à un cabinet d'études environnemental (loi MOP)
2) La SEM bénéficie d'un bail à construction de la communauté pour la construction des coques 

( fondations-charpentes-couvertures recouvertes de panneaux  photovoltaiques).
Ce bail a une durée de 20 ans. La communauté  deviendra propriétaire de l'écoparc à la fin de ce bail.
3) La société Cap Solar, filiale de Langa Solar,  bénéficie d'un bail emphitéotique de la SEM pour l'exploitation des panneaux photovoltaiques qu'elle a placés sur les toitures en bac acier qu'elle a financées.


Coûts et  rapports financiers entre les partenaires 

La communauté finance les terrains (30 hectares) et les travaux d' aménagement (réseaux, voirie..); le coût est d'environ 4,5 millions d'€ dont il faut déduire les 750000 euros de subventions de l'Etat et du département.
La SEM finance la construction des coques grace à l'avance de location de CAP SOLAR et à son rachat à la SEM du contrat d'achat de vente d'électricité à EDF. Elle percoit un total de 5,2 millions d'€ auxquels elle ajoute un emprunt de 300000€. Les coques valent donc 5,5 m€, non comptabilisées dans la vente.
Cap Solar finance les toitures, bac acier et panneaux photovoltaisues pour un coût voisin de 12 millios d'euros. Depuis, Engie a racheté Langa Solar, holding de Cap Solar.

Objectifs de l'écoparc
Accueillir des entreprises qui s'inscrivent dans la politique de développement durable  du val de SÉE (Social- Économie-Environnement). Cet objectif est prévu de s'étaler sur le moyen terme. Il doit permettre d'accueillir 2 à 3 entreprises par an entre 2014 et 2025. Six entreprises y sont implantées fin 2016. Trois autres souhaitent s'y implanter en 2017, ainsi qu'une structure de formation. Tout projet est abandonné en mai 2017 pour celui de Matthieu Millet et sa société Écoparc créée le 3 juillet 2018.
 Les aménagements de coques sont financés par emprunt par la communauté de communes. Ces emprunts sont couverts par les recettes des loyers des entreprises dont les baux prennent aussi la taxe foncière en compte et l'entretien de l'écoparc (50centimes d'euros/m2/mois pour les bureaux et 30centimes/m2 pour les ateliers.) Le coût d'aménagement de 4 coques pour une surface de 4750 m2 à été de 3,5 millions d'€ soit un coût moyen de 700€/m2 (ateliers+bureaux) dont il faut déduire les subventions du contrat de territoire (département) ou de la DETR (État). Deux coques étant réservées pour des parkings couverts, il restait  donc 18 coques à aménager début 2017, environ 28000 m2. 

En conséquence c'est la communauté et non  la SEM  qui a bénéficié des subventions pour ces aménagements. En revanche une convention a été faite entre la SEM et la Communauté. La SEM loue les terrains à communauté et celle-ci loue les coques à la SEM. La communauté en est déjà  propriétaire pour 5/20 ème de sa valeur, soit 1,3 millions d'euros + emprunt de 300000€.  Une délibération a été prise afin que la communauté finance l'assurance des coques et la taxe foncière des coques qui lui est remboursée par les entreprises implantées, taxe foncière qu'elle retouche en partie de l'État et à laquelle s'ajoute la taxe foncière et IFER de Cap Solar d'un montant total de plus de 50000 euros. On comprend mal que le paiement de la taxe foncière soit une cause de conflit entre la communauté d'agglo et la SEM. C'est en effet le preneur qui paie la taxe qui lui est reversée en partie par l'Etat et par les entreprises implantées; la communauté (le bailleur)  perçoit des deux cotés. De plus, à  elles seules, les taxes de Langa Solar couvrent largement cette dépense.

Conditions de la vente de l'écoparc.

Récapitulons: dépenses communautaires
                                                      Terrains et aménagements:          4,5m€
                                                       Aménagements des coques:        3,5m€
                       Dépenses de la SEM
                                                       Construction des coques.   :        5,2m€ ( recette Cap Solar)
                                                        Emprunt SEM complémentaire: 0,3m£

                                                         Total valeur écoparc                :13,2m€

Prix de vente du site à la société  Écoparc de Matthieu Millet. 6,55 m€. C'est la somme qui devrait entrer dans les caisses de la communauté. Qu'en sera t'il en réalité si les négociations engagées avec les partenaires ne sont pas satisfaisantes? 
Remboursement  actionnaires privés de la SEM, taxes et factures dues à la SEM : 450000 environ .    dont 220000 euros pour le retrait de trois actionnaires privés. Le retrait de la communauté de     Villedieu est compensé par le rachat de ses parts par l'actionnaire privé restant ( notons que la SEM est privée de ses principales recettes n'étant plus sollicitée pour son Assistance à Maitrise d'Ouvrage et sa commercialisation depuis le 1er janvier 2017... AMO qui aurait pu éviter bien des problèmes rencontrès depuis  )                                 
       Remboursement subvention département:  355000
                                   Subvention. ÉTAT         : 1.000000 en cours de négociation
       Surcout batiment Sogetrel                    .      1.800000 si négociation négative
       Négociation des départs d'entreprises implantées sur l'écoparc titulaires d'une location vente ou d'une promesse de vente (terrains et batiments à fournir pour un loyer identique)
      Estimation.                                                     1200000
    
                          Total:                                          4.805000

Dernièrement dans un message SMS , Matthieu Millet me rappelle qu'il s'est engagé pour compenser les pertes à l'euro près. Dans ce cas, il devrait compenser les éventuelles pertes non comptabilisées dans le prix de vente à hauteur de 4.000000 d'euros ou moins si les négociations promises réussissent.
Enfin en ce qui concerne  la promesse de reprise de 2281164 euros H.T. pour des marchés  avec des entreprises engagées avec la communauté, elle ne peut pas être comptabilisée dans le budget de la communauté . De plus quelques unes de ces entreprises  titulaires de ces appels d'offres pensent à se faire indemniser si ce n'est déjà fait .
Qu'adviendra t-il de ce projet si la société Ecoparc ne compense pas ces pertes éventuelles. D'abord ellles réduiront d'autant la recette espérée de la communauté. La recette réelle risque même de ne pas couvrir les emprunts engagés pour l'achat et l'aménagement des terrains qui n'ont été évalués par les domaines qu'à 2 millions d'euros. De plus si les sociétés qui disposent d'une location vente ou d'une promesse de location vente ne sont  pas indemnisées à une hauteur suffisante pour retrouver un même batiment à un coût identique que celui pratiqué sur l'écoparc nous pourrions nous trouver dans une impasse d'autant que c'est à la communauté de négocier avec elles et non à la société Ecoparc. Autant de questions qu'il nous appartient de nous poser.
Le projet  doit être gagnant-gagnant entre tous les partenaires. A l'évidence, un achat des 18 coques restantes serait la bonne solution. Ce serait de la sagesse. Pour ma part je suis favorable à l'implantation de Remade dans de saines conditions; chacun connaît mon engagement pour le développement économique. Mais nous devons être également attentifs aux finances de la communauté d'agglomération et au respect des entreprises présentes sur le site avec lesquelles nous nous sommes engagés. La parole de l'élu doit être crédible.






vendredi 6 juillet 2018

Les faits ont raison de la rumeur





Désolé d’être rabat-joie mais dans le dossier complexe qu'est l'Écoparc tout est prétexte à exacerber les tensions pour des objectifs inavoués et il se pourrait bien que le beau projet relayé par la presse, nous ait entraîné à la légère    dans des dépenses financières qui n'ont pas été estimées à leur juste valeur.  Pour le contribuable lambda, sans les connaissances économiques et juridiques, il a y de quoi s'y perdre. Quant à l'élu, si on ne lui dit pas tout, il n'a plus qu'à suivre les événements pour ne pas déplaire . Mais une chose est sûre: l'argument selon lequel "l'écoparc coûte cher" pour justifier qu'on s'en débarrasse a fait long feu; il ne tient plus lorsque nous comparons le coût de l'aménagement d'une coque de l'écoparc avec celui d'une construction nouvelle qui peut s'avérer le double. Le chef d'entreprise acquéreur, lui, l'a bien compris. "Un projet couillu" s'est-il plu à dire. C'est sûr, il fallait oser,  mais je  compte sur lui pour qu'il nous aide à lever quelques  problématiques liées à son projet économique afin que la communauté  puisse tout de même dégager quelques bénéfices   d'une transaction que nous découvrons mal engagée financièrement au fil du temps ,  la collectivité devant faire face à des dépenses , à des remboursements où à des indemnisations imprévues dans le budget annoncé.

Tout d'abord, il serait bien de changer le sort des six entreprises occupantes des 4 premiers bâtiments aménagés, dont l'une d'elles est titulaire d'un contrat de location vente et une autre d'une promesse de vente, si la communauté ne veut pas faire chou blanc financièrement en les dédommageant pour s'installer ailleurs dans un équipement identique...,  également pour celui de l'entreprise candidate en 2017 pour deux bâtiments de l'écoparc  qu'il était question d'implanter sur le site voisin de La Huberdière pour un coût hors de portée. Le monde des affaires n'est pas altruiste, nous le savons,, mais ils n'est pas bien de forcer le destin en se jouant «d' économistes en herbe",   tentés de faire un coup politique sans en connaître  les conséquences économiques,  financières et humaines. Une telle affaire exige transparence,  vérité et respect à l'égard de tous les partenaires. 

Quand la rumeur change de camp...

A l'inverse , la rumeur se nourrit du silence. C'est ainsi qu'à force de mettre le couvercle sur la marmite, il arrive qu'elle explose. Le rôle d'un premier adjoint  n'est pas d'attendre l'incident.. Il se doit d'être un partenaire constructif et d'avoir le recul nécessaire pour être de bon conseil  sur les actions engagées afin d' éviter des erreurs ou des  fautes qui peuvent placer la communauté et son président dans des situations susceptibles de mettre à mal  des projets essentiels pour le territoire. Encore faut-il qu'il soit écouté et que les conseils donnés ne le positionnent pas  dans une fausse situation d'opposant des lors qu'ils ne conviennent pas. Chacun sait que la franchise n'est pas toujours payante. Bien sûr, personne ne détient la vérité; en revanche l'expérience  s'acquiert au fil du temps et à la lumière des difficultés rencontrées et parfois de ses propres erreurs. Il faut être humble en matière de savoir. C'est pourquoi je me suis toujours entouré d'équipes compétentes en matière de constructions et de développement économique. 

Pour autant, nous pouvons concevoir que  des erreurs soient faites par manque de pratique et de savoir ."Que celui qui n'a jamais péché lui lance la première pierre" Toutefois, ne pas les assumer en cherchant  les fusibles qui n'auraient pas fonctionné, des administratifs ou des collègues, ne me semble pas  responsable. On a le droit de ne pas savoir  que la spécialisation des marchés publics ne permet pas  aux financements d'un marché d'être réemployés sur un autre projet sans mise en concurrence... . De même , on a le droit d'ignorer que lancer un projet d'envergure sans avoir obtenu le permis de construire et sans affichage de celui-ci est illégal, et que c'est faire fi des recours éventuels des riverains. Mais on ne se lance pas seul dans une telle aventure d'autant qu'elle engage la collectivité dans des dépenses importantes qu'elle devra financer même si le projet n'aboutit pas. Et on ne donne pas le change   en accusant un maire de faire obstacle  à un projet de construction dans sa commune dès lors qu'il a été saisi de la non conformité réglementaire par ses habitants. Il a le devoir de faire respecter la loi chez lui. Il faut le savoir également. Que de choses à apprendre! Cela dit, j'espère vivement que le développement économique de notre territoire ne sera pas entaché par ces péripéties et que nous reviendrons à une sérénité positive. Nous avons besoin d'emplois et de recettes nouvelles sans prendre dans la poche des contribuables. Puissent tous nos projets économiques réussir .et la communauté pouvoir faire confiance en l'avenir.

ATTENTION: à la lecture de nombreux commentaires, les échanges deviennent éminemment polémiques et politiques, polémique administrative et économique... La confrontation est importante sur un tel sujet, j'en conviens, pour atteindre la vérité et éviter les erreurs. Mais je ne publierai pas les messages constituant une atteinte à la dignité des personnes du fait de leurs origines, de leur sexe, de leur religion ou de leur engagement politique ou social. Par ailleurs tous faits cités doivent être verifiables sous peine d'engager la responsabilité de leurs auteurs.

 


vendredi 29 juin 2018

La France va manquer de talents





Et la croissance, bordel !

Ainsi s'exprime Richard Yunh qui nous annonce 1,2% de croissance pour la France alors que les Etats-Unis en prévoient 2,5. C'est mieux qu'hier mais ça manque d'ambition ajoute-t-il quand en même temps le cabinet Korn Ferry nous prévoit un manque à gagner de 175 milliards d'euros pour la France.  Celle-ci se trouvant parmi les 4 pays les plus touchés par le manque de talents et de salariés qualifiés si l’on en croit l'étude The Global Talent Crunch qui a analysé la situation de 31 pays. On estime qu'il pourrait en manquer 1,5 millions en 2030. Les secteurs les plus touchés étant les services financiers, les services aux entreprises, les médias et les télécommunications. Mais que l’on se rassure, Bien que vulnérable, la France est cependant loin d’être la seule touchée par le phénomène. En Allemagne, le manque à gagner atteint la somme colossale de 516 milliards d’euros d’ici à 2030, soit 14% du PIB, selon l’étude. Une pénurie qui s’explique aussi par la démographie vieillissante outre-Rhin. Une raison pour laquelle Merkel a fait marcher l’aspirateur à immigration.  La pauvreté qui ne cesse d'augmenter aurait-elle un lien avec l'orientation et la formation? Sûrement,  mais les entreprises sont aussi mises en cause bien que beaucoup d'entre elles se heurtent à des verrous qui compliquent leur développement et ne les incitent pas à innover. Selon Gérald Bouhourd. “ Loin d’être obnubilées par des questions fiscales, les entreprises s’implantent et créent de l’emploi là où les compétences et les talents se trouvent”, explique-t-il. Face à la pénurie de talents dans un territoire donné, les entreprises n'hésiteront pas à délocaliser leur centre de décisions et leurs sièges sociaux. On ne le répétera jamais assez : l'innovation est le moteur du progrès et du développement en économie comme ailleurs. En politique également où l’on se contente trop souvent d'être des gestionnaires du quotidien, peu enclins à anticiper l'avenir. Or c'est bien d'imagination, d'anticipation et d’audace dont nous avons besoin pour découvrir et former des talents sur nos territoires car les entreprises créent et s'implantent là où elles trouvent les compétences techniques et la capacité d'adaptation  et d'apprentissage. D'où l’intérêt d’identifier des profils avec non seulement des compétences techniques mais surtout des “softs-skills” (capacité d’adaptation et d’apprentissage notamment) toujours selon Gérard Bouhourd. Soyons innovants me disait récemment un chef d'entreprise qui a cassé les codes dans son établissement, me faisant l'éloge du « bordel organisé »  qu'il venait d'instituer chez lui pour donner libre cours aux idées et à la création de ses employés. Finie l'obsession du contrôle mortifère de ses agents et l'organisation managériale trop rigide. Place à l'autonomie, à la participation et à la performance. A titre d’exemple, une expérience menée en Allemagne pourtant réputée pour son conservatisme managérial montre qu’un groupe autonome qui gère son emploi du temps, son travail, et ses idées est plus performant que le modèle formaté dans les autres départements de la même entreprise.
Les chefs d'entreprises doivent se préparer à faire évoluer leur gouvernance.

Le Plan d'Action pour la Croissance et la Transformation (PACT) du gouvernement va les y inciter dans les prochains mois pour leur permettre de grandir et de créer des emplois. Les seuils applicables aux PME vont êtres enfin simplifiés car ce sont les entreprises de taille intermédiaires qui créent le plus d'emplois. Elles  sont 5800 ETI en France quand il y en a 12500 en Allemagne. Ce PACT est le fruit d'une méthode inédite de dialogue et de co-construction. Il a l'ambition  de replacer les entreprises au centre de la société en associant mieux les salariés à leur gouvernance, et à leurs résultats par le développement de l'intéressement et de la participation. Enfin, sur le papier car la France reste campée sur ses valeurs administratives hypocrites et les casses têtes qui vont avec. Les PME croulent sous la paperasserie et les tracasseries de toutes sortes. Il est temps de donner un grand coup de balais la dedans. De l’audace bong sang. D’après Korn Ferry responsable industrie certes les entreprises doivent jouer leur rôle mais c’est aussi à ’Etat de se saisir de la problématique. Selon lui, "seuls les Etats sont en mesure d’avoir un impact dessus”. C’est donc au gouvernement  de résorber l’écart entre le système scolaire et le monde de l’entreprise, qui requiert plus que jamais de la transversalité en termes de compétences, ainsi qu’une forte agilité. Mais l'État ne peut être le seul à rechercher les meilleures conditions de la croissance et du développement. Les territoires ne doivent pas perdre de vue  que les chefs d'entreprise créent et s'implantent là où se trouvent  les compétences techniques et la formation professionnelle. Une étude menée par Agnès Duroni révèle que  six entreprises sur dix estiment manquer de talents pour grandir. Ce sentiment est plus prononcé dans les entreprises de plus grande taille et en croissance. Contrairement aux grands groupes, le talent ne se confond pas avec le haut potentiel ou le top manager, mais fait plutôt référence aux compétences, tous niveaux hiérarchiques confondus, pour les dirigeants de PME et ETI. La pénurie de talents dans ces entreprises concerne d’abord les profils non cadres : 72% des répondants manquent de profils opérationnels (ouvriers qualifiés, chauffeurs, techniciens, comptables, conducteurs de travaux, informaticiens…) et 41% de profils commerciaux. Il est urgent de retrousser nos manches surtout la nôtre.




samedi 23 juin 2018

"Pas de pognon pour les pauvres"




Après les sans dents, voici les sangsues de pognon.
Emmanuel Macron est coutumier des déclarations provocantes. En voici un petit florilège : Aux salariés de GM&S en Corrèze: " Y’en a certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils peuvent pas avoir des postes là-bas, parce qu’il y en a qui ont les qualifications pour le faire, hein ». Et il n’oublie pas les femmes :  «  il y a dans cette société une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées ». Sa vision des français ( enfin ceux du peuple) nous en apprend beaucoup sur le respect qu’il leur porte comme avec cette déclaration : « avec la relance des autocars les pauvres voyageront plus facilement ». C’est sûr qu’il ne doit pas en prendre souvent des autocars. Et des bourdes de ce genre il en a d’avance. On aurait pu apprécier un avant-goût de son style pendant sa campagne à propos de la colonisation. De la belle facture.. Il ne se passe pas un mois sans qu’il nous concocte une formule dont il a le secret. Souvent en direction des mêmes d’ailleurs. Cette fois c’est au pognon qu’il s’en prend. Rassurez-vous pas à celui des riches, ceux - là sont Persona grata, mais à ceux d’en bas, qui n’ont souvent même pas de quoi « s’offrir un billet d’autocar ». En déclarant : « que nous distribuons trop de pognon aux français dans la précarité sans résultat » il insulte les allocataires du RSA qui pour la plupart ne demandent qu’une chose : se sortir de la m… Des propos inconvenants de la part d’un président,
Le casse toi pauv’con de Sakozy est dépassé.
Même s'il aborde un vrai sujet : "comment sortir des millions de français de la précarité "; dans sa bouche ce n’est que de la démagogie, du racolage en direction des électeurs de Vauquier et Lepen, de la France des cadres, des commerçants, des petits patrons qui ont souvent du mal à se payer un salaire. Pour beaucoup, ceux qui pensent que filer du fric à des « fainéants », est malvenu, Macron est dans le vrai. "Enfin un président qui parle comme on pense." Comme sa prise de position dans l’affaire de l’Aquarius pour laquelle il s’est emporté contre «  les donneurs de leçons" après avoir donner une leçon contradictoire à l'Italie. Un pavé dans la cour de Matteo Salvini qui n’a pas apprécié les rodomontades de Jupiter version française qui lui a répondu derechef : «  Accueillez des migrants et ensuite on parlera ». Alors, dire qu’on dépense trop de pognon pour les sans dents c’est du pipi de chat à côté de ses dérapages diplomatiques.  Déclarer que : que donner du pognon aux pauvres ne les rend pas moins pauvres c’est enfoncer une porte ouverte. Sauf qu’il n’est pas question d’enrichissement dans cette affaire; ses copains du CAC 40 s’en chargent, mais de survie nuance ! Les chômeurs et les allocataires du RSA sont loin d'être tous des fainéants. C’est vrai que la France fait face à des réalités financières qui l'obligent à faire mieux avec le budget qu'elle consacre à la solidarité. La faute à qui ? Depuis plus de trente ans, nous avons distribué «  le pognon » comme dit Macron n’importe comment au nom de la paix sociale pensait un autre président qui se disait socialiste.. Belle stratégie en effet, depuis trois décennies le budget lié à la solidarité ne cesse d'augmenter aussi bien au niveau de l'État que du département. Le conseil départemental, chef de file pour le social, se doit d'assumer les charges qui lui ont été transférés par les gouvernements qui se sont succédés sans que rien ne change. Depuis le 1er janvier 2002, conformément à la loi du 20 juillet 2001, la gestion de l'APA (Allocation Personnalisée d'Autonomie) est confiée aux départements en substitution de la Prestation Spécifique Dépendance (PSD), créant une dépense de 4 milliards d'euros dès 2005 pour l'ensemble des départements, plus 7,3% par rapport à 2004. La France ne cessant de vieillir, la dépense continuera de croître les années suivantes. Depuis le 1er janvier 2004, suite à la loi du 18 décembre 2003, c'est au tour du RMI, aujourd'hui RSA, de passer dans les mains des conseils généraux. Après 2005 le FAJ (Fonds d'Aide aux Jeunes) puis le financement des CLIC ( Centres Locaux d'Information et de Coordination) et du FSL (Fonds de Solidarité pour le Logement)  seront transférés également. Inutile de dire que les promesses de l'État de compenser ces dépenses à l'Euro près était une fumisterie de plus. 

Et, par conséquence  les départements virent leur épargne fondre comme neige au soleil au fil des années au détriment de l'aménagement du territoire et du soutien aux collectivités. Fort de ce constat, en 2015, nous n'avions pas d'autres solutions que d'innover avec la commission solidarité dont les dépenses approchaient  les 47% du budget de fonctionnement du département qui approche les 500millions d'euros pour la Manche. La priorité fut mise alors sur le préventif moins onéreux que le curatif. La prévention de la dépendance est devenue ainsi un objectif prioritaire dans le plan autonomie pour le " bien vieillir chez soi". En matière de RSA, il s'agissait de favoriser le retour à l'emploi en incitant les allocataires à ne pas s'ancrer dans un système d'assistanat dévalorisant. La chasse aux profiteurs fut décidée, de même qu'un partenariat d'entreprise avec Cap Parrainage et la création de contrats aidés départementaux,  l'allocation RSA étant transformée en salaire pour favoriser la formation et le retour à l'emploi. Encore faut il  trouver un travail à ces accidentés de la vie qui baignent parfois dans l’assistanat depuis plus d'une dizaine d'années. La prévention à la dépendance réduit les dépenses de l’APA et la politique menée pour la réinsertion des allocataires en diminue  le nombre. C'est ainsi qu'avec quelques millions d'économies dans son budget , le conseil départemental de la Manche   a pu inclure en fonctionnement dans ses contrats de services signés avec les communes, centres des bassins de vie, et les gros bourgs, un volet solidarité  à hauteur de 10 % de l'enveloppe globale. C'est ainsi qu'une commune du Sud Manche pourra envisager de proposer du sport adapté pour favoriser l'inclusion de quelques personnes handicapées. C'est ainsi qu'une autre va pouvoir engager un référent séniors. C'est ainsi qu"il a été possible de créer quelques postes d"AED (Aide Educateurs à Domicile) pour aider les familles et éviter des placements d'enfants onéreux, une autre forme de prévention dans le domaine de l'enfance qui permet de faire mieux sans dépenser plus. Sans doute était-ce aussi l'idée d'Emmanuel Macron mais il y avait d'autres façons de le dire.



samedi 16 juin 2018

Allez la France




Qu'ils soient sportifs ou non les français restent patriotes lorsqu’il s’agit de défendre leurs couleurs. Panem et circenses, ça na pas changé depuis la Rome antique; le sport est un jeu et un facteur d'oubli, d'espérance et d'unité un exutoire dont notre pays a besoin dans un moment où les fractures politiques l'affaiblissent. Alors quand son équipe de foot est engagée dans une compétition comme la coupe du monde  il est uni derrière elle, espérant retrouver l’euphorie de 1998 où le 12 juillet , contre toute attente, la France remportait la coupe du monde contre le Brésil par 3 à 0. Pour la première fois aussi, dans l’euphorie de ce grand jour, les joueurs sont hissés au rang de héros nationaux. Un tel succès dépasse le cadre sportif; il devient un évènement sociologique que l’état se charge de récupérer. Pour l’exécutif c’est toujours bon à exploiter; Jacques Chirac l’avait bien compris en devenant le premier des supporters français, unanimes pour légitimer le métissage avec un slogan devenu célèbre : la France black-blanc-beur. Tous les qualificatifs y passent : France multiculturelle, la réussite du métissage, le moteur de cohésion nationale etc . Enfin, sur le papier car « tout ça n’est qu’un mythe » écrira Emmanuel Blanchard chercheur en sciences politiques dans un article du Monde en 2016. Mais en juillet 1998 les français oublient pour un temps la couleur du type qui court derrière le ballon. Quelques mois auparavant c’était encore un étranger et , par la grâce d’un championnat, c’est un Français qui gagne.Les lampions éteints c’est une autre affaire. C'est ainsi, le sport efface les différences. La coupe du monde comme  les jeux Olympiques et bien d'autres compétitions ont cette faculté de rassembler les peuples dans un esprit national quelles  que soient les racines et les couleurs de peau. Vingt ans nous séparent de cet exploit, les mentalités ont évolué même si d’aucuns doutent encore de la composition de l’équipe de France. Désolé, mais ils sont bien Français nés sur le sol du coq gaulois pour la plupart. Point barre.

Didier Deschamps, né à Bayonne au pays basque
Hugo Lloris, né à Nice de parents catalans,.
Steve Mandanda, né à Kinshasa au Zaire. Il avait deux ans quand ses parents arrivent à Evreux
Alphonse Areola, né à Paris originaire des Philippines
Benjamin Mendy, né à Longjumeau, origine sénégalaise
Djibrill Sidibé, né à Troyes, origine Malienne
Samuel Umtiti, né à Yaoundé, double nationalité, franco-camerounaise
Adil Rami, né à Bastia, double nationalité, franco-marocaine
Raphael Varane, né à Lille,origine martiniquaise
Benjamin Pavard, né à Maubeuge.
Lucas Hernandez, né à Marseille.
Ngolo Kante, double nationalité. Franco-malien
Paul Pogba, né à Lagny sur Marne, origine Guinéenne
Stephen Nzonzi, né à Colombes de père congolais et de mère française.
Blaise Matuidi, né à Toulouse, origine Angolaise
Corentin Tolisso, Franco-Togolais
Nabil Fékir, né à Lyon, origine algérienne.
Presnel Kimpembe, né à Beaumont sur Oise, de père congolais et de mère haitienne.
Florient Thauvin, né à Orléans.
Antoine Griezmann, né à Macon, d’origine allemande par son père, portugaise par sa mère
Ousmane Dembélé,né à Vernon,d’origine malienne
Kylian MBappé, né à Paris, d’origine  camerounaise et algérienne
Olivier Giroud, né à Chambéry, 2 grands pères français et 2 grands mères italiennes.

Près de 20 origines différentes qui prouvent que la France est une terre d'accueil, ouverte sur le monde. Une terre qui donne une chance à tous ses ressortissants d'où qu'ils viennent. N’oublions pas que ce sont les Danois, Norvégiens qui, voilà 1000 ans, ont fait la Normandie et la France. Plus près de nous au tournant du XIXè siècle, ce sont les Polonais, Italiens, Espagnols Portugais qui ont participé à sa construction souvent dans des conditions difficiles.  Aujourd'hui, ils viennent du  Maghréb et d'Afrique qui ont vu naître l'humanité et que nous avons colonisés. Ils sont aussi la composante de la France, un pays qui  a besoin de Chercheurs, de cadres, de sportifs et d'artistes. Dans les années 20 les Picasso, Matisse, Chagall, Modigliani, Foujita, Soutine ont fait de Paris la capitale mondiale des arts. Et n'oublions pas nos savants; Albert Schweitzer,  Marie Curie, André Lwoff,  célèbres prix Nobel, ont été la fierté de la France.

Le football est certainement  le sport le plus cosmopolite à l’instar des Wisnieski,  Kopa, Platini Zidane lesquels ont porté au plus haut les couleurs de notre nation.. Mais attention! L'équilbre est fragile. Certes, la France est humaniste et accueillante  ; elle est une terre d'asile et de solidarité mais elle se doit d'exiger en contrepartie le respect de sa culture et de sa laicité  et  inscrire sa générosité dans la limite de ses moyens pour être profitable à tous sous peine  d'accentuer des dépenses  qui ne cesseraient de s'accroître et de générer une précarité qui laisserait ainsi une voie royale aux partis populistes qui de : black blanc beur versent plutôt dans un bleu blanc rouge d'exclusion.  Les français sont en permanence dans la contradiction. Ils brûlent le lendemain ce qu’ils ont adoré la veille.

En attendant si on rêvait un peu à une deuxième coupe du monde.  Allez les bleus.

samedi 9 juin 2018

L'attractivité de la Manche : vaste chantier.





La Normandie a une identité  qu'elle tient de son histoire ancienne et récente, de sa géographie, de son économie. La Manche également, même si, voici une dizaine d'années, un cabinet d'études, bien rémunéré,  souhaitait l’affubler d’un drôle de sobriquet : «  Normandie Armoricaine ». Et tout y est passé, de la Manche en " presqu'une îlle " comme la désignait une ancienne pub du département à West Normandy ( facile à trouver sur Internet ) pour arriver enfin à se prendre en mains avec "Latitude Manche", une agence composée d'élus et de chefs d'entreprise née de l'envie collective de révéler les attraits de ce département qui est loin de n'être qu'une presqu'île du Cotentin,   sauf pour Areva et EDF qui y ont élu domicile  avec son EPR qui n’en finit plus de finir. Mais  peut-on  comparer Areva à une PME bien qu'elle fasse la richesse de son territoire?  Sûrement pas, d'abord parce qu'une PME bien gérée n’aurait jamais embauché une directrice comme Anne Lauvergeon. De 2 milliards nous en sommes à 7 et ce n’est pas fini. Pendant ce temps  les Chinois ont lancé le leur    grâce à notre transfert de technologie.

Le Mortainais et l'Avranchin, quant à eux, ont gardé leur image de territoires  agricoles, bien ancrés en pays normand et manchois que beaucoup auraient  aimé en faire les marches de la Bretagne. Notre cousinage avec cette dernière comporte des différences à commencer par sa langue, et son unité quand il s'agit de faire front et de se vendre. On peut faire confiance à nos amis bretons. Ils vont même jusqu'à récupérer l’image du Mont-Saint-Michel et du Sud Manche en étendant leurs cartes sur la Normandie . Chacun pourra comprendre que les élus de la Communauté d'agglomération  qui vient de regrouper 14 anciens cantons du Sud Manche aient souhaité accolé Mont-Saint-Michel à Normandie, pour se donner une identité, pariant sur la notoriété du monument . De là à savoir si ce nom rendra le territoire plus attractif pour autant, c’est une autre paire de manches sans mauvais jeu de mots. Si la merveille bien plantée dans le sédiment fait la fierté de notre patrimoine architectural national, elle n’en demeure pas pour autant la préoccupation principale des habitants de cette collectivité de 89000 âmes. L'identité d'un territoire ne fait pas toujours son attractivité, même si  un nom célèbre et prestigieux comme celui du Mont-Saint-Michel est un vecteur en termes de notoriété. À l’instar des  Bretons avec l’ex département des côtes du Nord, les élus de l'Avranchin et du Mortainais ont  compris l'importance le leur nom . En le remplaçant il y quelques décennies par : côtes d'Armor ils ont donné une  image un peu plus " glamour " à leur département. Du coup, hausse de la fréquentation touristique. Une bonne façon aussi de conforter leur lobbying  déjà très actif.

 La main-d’oeuvre est aussi l'une des composantes de l'attractivité et du développement économique; elle peut même en être le moteur mais pas que. Les instituts supérieurs en plasturgie d'Oyonnax et d'Alençon ont créé une main-d’oeuvre qui a été une chance pour ces territoires. Comme les 71  pôles de compétitivité créés en France  depuis 2004 ils ont été à la fois des centres de formation et de recherche porteurs de synergies économiques territoriales. Ce sont de véritables leviers pour la croissance et la création d'entreprises  nouvelles en matière d’innovation. La Normandie s’y est inscrite dans un partenariat régional autour de 7 pôles. Le pôle TES de Caen est une référence dans le secteur de la technologie numérique. Dans les domaines de la santé, du tourisme, de la collectivité et de l'agriculture connectée. Il en est de même du pôle Hippolia. Il fédère plus de 140 membres. Ils donnent ainsi une image créatrice et une attractivité à la Normandie et aux territoires qui les portent. Le parent pauvre c’est le Sud Manche, trop éloigné du centre universitaire de Caen, il n'a pas été intégré dans la formation Supérieure comme ont pu l'être Cherbourg et Saint-Lô. D'où l'idée de la petite Communauté du Val de Sée  en 2014, de créer un centre de l'entreprenariat pour participer au développement économique de la Basse-Normandie et du Sud Manche  face à la Haute Normandie mobilisée autour du pôle économique que représente la Seine. L’idée était d’apporter une orientation " technologies nouvelles et bio-matériaux" avec incubateur, pépiniaire, séminaire et salons, en partenariat avec des acteurs du secteur économique. La fusion des communautés a laissé sur le bord de la route cette initiative sans lui donner suite pour répondre à d'autres priorités.... Reste à espérer que le projet de bois bio sourcé et thermoformable qui émergeait du projet : le Selun, sera conduit à son terme d'une manière ou d'une autre. Pour la carte postale, le Sud Manche vante son caractère rural et littoral; il est un élément pour l'économie touristique et l'attractivité des seniors qui veulent vivre en paix leur retraite. Après tout l'économie résidentielle est aussi importante si nous savons l'utiliser. En revanche  l'environnement de ce territoire peut devenir un atout si nous savons nous en servir en y mettant les moyens. Une écovallée dans un environnement protégé peut devenir attractive pour les entreprises dans une société qui souhaite s'inscrire dans le développement durable. C'était le choix du Val de Sée. Ce pourrait être celui de la Sélune que l'on devra renaturer .

On n’attire pas les mouches avec du vinaigre 

Croire en son territoire. Qui connaît par exemple en France le centre hippique de Dragey ? Pourtant il a permis d'accueillir les championnats du monde. Par manque d’idées ou d’audace de telles réalisations restent ignorées du grand public alors qu’une campagne de communication appropriée serait de nature à les faire rayonner  plus efficacement qu’avec un slogan. Novea en est un autre exemple en matière de formation dont l'intérêt est aussi de garder notre potentiel créateur dans le Sud Manche. L'attractivité ne se décide pas d’un claquement de doigts Il faut s’en donner les moyens financiers et humains pour séduire des chefs d'entreprises, et des jeunes entrepreneurs. Il ne suffit pas de leur vanter notre proximité avec le Mont-Saint-Michel et sa baie. Ni de leur vendre de la qualité de vie comme un poncif. Si c’est un facteur qui demeure important leur préoccupation est ailleurs. Il faut une offre en matière de moyens de transports, en infrastructures de communication, en immobilier d'entreprise de qualité et accessible. Quand on sait que dans les cartons de la SNCF germe le projet de supprimer l’arrêt du train à Villedieu, quand la poste et les administrations se retirent des centres bourgs, quand  nos villes sont désertes après 21h, quand on doit jongler avec les horaires pour voir un film (et en VO c’est encore plus dur), quand aucune salle de spectacle est de nature à accueillir des spectacles d’envergure, quand un réseau radiotéléphonique et Internet est en berne, quand une offre en parcours de soins se raréfie, il n'est plus l'heure d'attendre l'élection prochaine; il faut relever la tête, se creuser l'esprit pour innover et trouver les moyens sans perdre les rênes de l'économie.

retrousser nos manches.

Longtemps considérée comme la terre d’élevage par excellence, la Manche s’est un peu endormie à l'ombre de son agriculture et de ses filières  traditionnelles puis du nucléaire qui fut une aubaine financière. Endormie, elle a laissé le train de l’innovation et de la modernité lui passer sous le nez jusqu'à la fin des années 80, oubliant la formation alors qu'elle était aux manettes régionales et disposait d'une présence nationale.  Nous en vivons les conséquences aujourd'hui. La Manche s'est réveillée depuis avec la volonté de se donner les infrastuctures indispensables à son développement. Elle s'est engagée dans le développement durable avec les énergies renouvelables, l'éolien, le photovoltaique, l'hydrogène, et la méthanisation et la protection de son environnement.  La loi NOTRe a changé la donne en  retirant la compétence économique aux départements. La Manche a compensé cette faute de Flamby en soutenant par des contrats de territoire et de proximité et un fond d'intervention rural, ses communes  et ses communautés. C'est sur elles que repose désormais l'avenir de la Manche; elles doivent savoir construire ensemble, avec le département , une politique complémentaire qui évite des redondances égotiques. Mais pour cela, les élus manchois ne doivent pas être des manchots.