Cancer... Pour un diagnostic précoce à Avranches

Le département de la Manche a la chance de bénéficier du développement de la médecine nucléaire à la polyclinique de Saint Martin des Champs, juste retour des choses quant on sait ce qu'il accueille sur son territoire : le centre de retraitement de la COGEMA à Beaumont Hague et la centrale nucléaire à Flamanville, l'EPR demain. Pour autant, l'État pourrait faire mieux  si le plateau technique de la polyclinique pouvait avoir bientôt accès à la Tomographie par Émission de Positons (TEP) dénommée également PET pour Positon Emission Tomography en anglais. Ce serait une très grande avancée médicale. 

Le TEP est une méthode d'imagerie médicale pratiquée par les spécialistes  en médecine nucléaire qui permet la reconstruction tridimentionnelle de la distribution du glucose marqué au Fluor-18, sachant que les tumeurs se distinguent dans notre organisme par leur gourmandise en glucose. Cette technique repose sur " le principe général de la scintigraphie qui consiste à injecter un traceur radio-actif, le fluor-18 ici, dont on connaît le comportement et les propriétés biologiques pour obtenir une image du fonctionnement d'un organe ou la présence d'une cible moléculaire. C'est ainsi que la radioactivité du fluor-18, une fois accroché au glucose permet sa détection par la caméra TEP et, par là même, celle de l'activité des cellules cancéreuses qui, se multipliant en permanence, exigent de ce fait plus d'énergie et une consommation bien plus élevée de glucose par rapport aux cellules normales. D'autres traceurs peuvent aussi utilisés; la F.Choline, par exemple, est indiquée pour la recherche du cancer prostatique et celle du carcinome hépatocellulaire. Depuis 2014, d'autres traceurs fluorés sont utilisés pour détecter les plaques amyloides qui recouvrent les synapses nerveuses à l'origine de certaines démences et de la maladie d'Alzheimer.Évidemment le TEP ne peut s'imposer que dans les hopitaux ou cliniques qui disposent de plateaux techniques complets en spécialistes et en matériels. 

 La polyclinique de Saint Martin des Champs : un plateau technique remarquable qui comprend:

    *la médecine nucléaire avec une caméra à scintillation double tête, 2 médecins nucléaires et 2 successeurs qui attendent l'installation d'un TEP-TDM

     *la radiologie avec un TDM (scanner), une IRM et bientôt un 5ème radiologue.

  *la radiothérapie avec 2 accélérateurs linéaires dont un en renouvellement permettant la radiotherapie stéréotaxique. Notons que la radiothérapie a besoin  des données du TEP-TDM pour réaliser des irradiations ciblées qui évitent les dommages collatéraux. La radiothérapie dispose aussi de 2 médecins radiothérapeuthes, de 2 médecins cancerologues et d'un interne.

      *une équipe d'anatomopathologie (histologie) envisage une accreditation

Notons aussi que la performance de ce plateau est liée à la concertation pluridisciplinaire permanente de toute l'équipe positionnée au rez de chaussée de l'établissement et à la gestion par un PACS commun permettant l'accès en ligne des  images ainsi que leurs archivages partagés.

Enfin, la situation géographique de la polyclinique est située à mi- chemin ( 100kms à peine) des cyclotrons de CAEN et RENNES,  deux sources qui garantissent un approvisionnement du positon F-18 dont la demi vie est de 2heures seulement.

 l'installation d'un équipement TEP- TDM s'impose dans  le Sud Manche, d'autant que la Basse Normandie n'en dispose que d'un seul situé au CHU de Caen ce qui porte les délais d'attente à près d'un mois voire plus et crée une fuite de 80 à 90% des prescriptions du TEP-TDM vers Rennes. De plus l'implantation d'un tel équipement  sur un plateau technique de la Manche comme celui de la polyclinique, l'un des plus complets en médecine nucléaire, permettrait de se rapprocher du ratio d'équipements par million d'habitants,

( 2,49) prévu dans les schémas régionaux d'organisation des soins ( SROS 2012-2017) en France métropolitaine. Nous en sommes loin actuellement: Il est de 0,68 pour la Basse Normandie alors qu'il vient d'atteindre 2,74 TEP/million d'habitants en France. Une fois encore la Basse Normandie est largement sous dotée par rapport à ses besoins reconnus. Toutefois, une 2ème TEP étant en cours d'installation au centre François Baclesse de Caen et deux autres  en projet pour la Basse Normandie il serait incomprehensible que l'Agence Régionale de Santé (ARS) ne donne pas au plus vite son autorisation pour la polyclinique de Saint Martin des champs.

Le préventif est moins coûteux que le curatif.

Évidemment, une telle autorisation est toujours approchée en termes de coût. Pour un TEP, il est estimé à 1 million d'euros supplémentaire en fonctionnement  pour la sécurité sociale. Une paille quand on analyse le budget de la sécu... et les dépenses pour d'autres examens moins performants ou des traitements anticancéreux inefficaces qui nous amènent inexorablement vers des soins palliatifs onéreux (2000€/jour). En 2014, les dépenses de médicaments anticancéreux  s'élevaient à 1,549 milliards d'euros en plus des prestations d'hospitalisation de court séjour et 1,433 milliards d'€ pour les médicaments délivrés en ville alors que les remboursements des examens TEP-FDC coûtaient  95,697 millions d'€ en 2015. L'analyse des économies pourrait porter aussi sur bien d'autres domaines comme celui des longs transports ambulanciers mais n'oublions pas les objectifs de la médecine qui se doit d'être en mesure, autant que faire se peut, de prendre les cancers à la racine par des dépistages précoces et préventifs de lésions précancéreuses ou de métastases avant même que le patient n'en ressente les premiers symptomes. A bien des égards le cancer est une maladie curable. Des estimations indiquent qu'approximativement 50% des cancers, quels qu'ils soient, peuvent être détectés à l'état embryonnaire. Bien que le cancer ait distancé les pathologies cardiovasculaires, les décès pour cause de cancer ont diminué en Amérique où la prévention dite secondaire que nous évoquons ici ne cesse de progresser. 

La Basse Normandie est aussi présente  et s'est beaucoup investie dans la recherche nucléaire médicale. Le département de la Manche est une nouvelle fois à ses côtés  dans la société d'économie mixte SAPHYN qui participe au financement du projet d'Hadronthérapie (près de 130 millions d'€) avec L'association ARCHADE qui regroupe l'Ensicaen, le CHU, le centre François Baclesse et l'Université associés au CNRS pour une recherche qui évolue et donne de grands espoirs pour le traitement des cancers radiorésistants et inopérables au stade d'évolution loco régional.

Aussi, chacun comprendra que la Manche se sente en  droit de réclamer sa part en soutenant cette demande d'autorisation de la polyclinique de Saint Martin des Champs qui souhaite acquérir ce TEP-TDM pour renforcer son plateau médical et favoriser la prévention.

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