Profitant
d'un peu de temps libre en ce mois d'août, je me suis mis à trier les documents
et les livres d'une abondante collection privée que j'ai accepté d'entreposer
dans une annexe de la mairie de Brécey à la demande des héritiers et des
responsables d'associations intéressés par ces ouvrages. Un travail
laborieux mais d’une grande richesse en termes de documentation sur le patrimoine de
nos territoires. Tout y est : l'histoire, les sciences, la culture, la
santé, la politique et l'économie. Une source pour les chercheurs et
matière à monter une très belle exposition. Les archives de presse sont
nombreuses, elles couvrent tout le 20ème siècle, de la guerre 14-18 à nos jours.
Le plus surprenant ce sont sans doute les scandales financiers qui ont émaillé la France depuis la fin du XIXè siècle jusqu’à nos jours. Du scandale de Panama en 1890, du conseiller Prince en 1934 en passant par l’affaire Stavisky la même année. Escroqueries, malversations, maquillages de comptes ont éclaboussé le monde économique et politique depuis plus de cent-ans. Et ça continue avec l’affaire Madoff ou DEXIA qui n’a rien à lui envier avec la plus grosse faillite bancaire qui a coûté 6,6 milliards à la France; et maintenant Lafarge que l’on tente de dissimuler sous le sceau du fameux : secret défense. Le monde des affaires a toujours été le théâtre de scandales financiers retentissants. Ceux qui partent du bas de l’échelle et connaissent une ascension fulgurante ont parfois du mal à rester en haut. Pour s’y maintenir, certains n’hésitent pas à franchir le Rubicon et se compromettre. Le plus médiatisé est sans doute Bernard Tapie. Entre 1984 et 1995, ses démêlés avec la justice vont défrayer la chronique mais pas que. Les scandales comme ceux du Carrefour du développement, de la MNEF, de l’affaire Dumas sont liés avec le monde des affaires.
N’empêche que le dossier qui retrace l'évolution politique et sportive du propriétaire du Phocéa, ce superbe quatre mâts acheté en 1984 à la veuve d'Alain Colas, disparu en mer en 1978 est de loin le plus épais et le plus frais dans nos mémoires.. L’ascension fulgurante de Bernard Tapie a fait couler beaucoup d’encre. Ce fils d ’ajusteur fraiseur issu d’une famille modeste en éblouit plus d’un. Entre ceux qui découvraient avec envie qu'il est possible de réussir en venant d’en bas, et ceux d’en haut, les capés, qui voyaient d’un sale œil que l’on puisse ravir leurs privilèges sans sortir de l’ENA, Tapie fait tache. Sa grande gueule leur cloue le bec , les obligeant à ronger leur frein. Il critique les diplômés: " le système de l'élite qui sait et du peuple qui ne sait pas, ça ne marche plus" clame t’il. Pas étonnant que les ouvriers le soutiennent. 19% d'entr'eux disaient vouloir voter pour lui aux européennes. Son entrée fracassante sous les ors de la république lorsqu’il fut nommé ministre de la ville en 1992 par François Mitterand dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy fût son apogée. Bien que Mitterrand lui impose d'abandonner les affaires pour entrer en politique, ses adversaires en profitent pour lui coller des casseroles bien reluies par la presse. Il ne pouvait être question qu'il prenne la mairie de Marseille en 2014. On sonne l’hallali; commence alors un véritable bras de fer avec la justice et l’homme d’affaires. Entre l'establishment et le bateleur médiatique, entre les créanciers et leur débiteur". Porté par sa gloire, Tapie oublie que les services de l'État sont autonomes et indépendants. Même s'il arrive à quelques ministres de tenter de les utiliser pour faire obstacle à un adversaire émergent. En 2017 Fillon n'y a pas coupé. Dès lors, la justice ne le lâche plus. Elle marquera le premier but qui le fera tomber. En 1993, l’homme d’affaires Bernard Tapie alors président de l’Olympique de Marseille, est accusé d’avoir truqué un match contre Valenciennes en corrompant des joueurs. Condamné à 165 jours de prison, le 28 novembre 1995, il est libéré sous conditions le 25 juillet 1997. Bien qu’il déclare à sa sortie que son expérience de la prison : « était épouvantable, c’est tout ce qu’on peut imaginer… » il n’en perd pas sa rage de vaincre au cours de ces mois difficiles : « Je m’étais entraîné, préparé, parce que je voulais leur montrer que je savais pourquoi ils m’y mettaient : ils voulaient me mettre KO ». N’empêche que tout soupçon devient une arme pour tuer des ambitions gênantes. Les générosités sont oubliées. Il devient l'homme à abattre d'autant qu'il a la faveur de 25% de la population marseillaise. Trop tard, le sort de Bernard Tapie est scellé. Même les plus fidèles supporters de l’homme d’affaires se détournent de lui. À commencer par les politiques et ceux qui ont « croqué » du Tapie pendant plus de dix ans. Rien d’étonnant de la part de certains hommes politiques qui ont un immense talent pour prendre la poudre d’escampette dès que ça commence à sentir la fumée. Reste que Bernard Tapie aura marqué la vie politique et économique de la France de la dernière moitié du XXè siècle.
Aujourd'hui, le rappel de son nom sert désormais à mettre le doute sur des espoirs économiques qui peuvent sembler insolents au regard de la situation des entreprises françaises. Son histoire nous conduit néanmoins à penser, à défaut d'en tirer une morale, que le succès ne doit pas monter à la tête ni se traduire par une ostentation démesurée et tapageuse. Que derrière l’apogée il y a parfois la chute. Que l’amitié comme le soutien des politiques est éphémère; elle ne dure au mieux que le temps d’un mandat, au pire elle se défait à la faveur d’une campagne de presse retentissante. Dans toute chose il faut être clairvoyant, savoir raison garder et ne jamais mépriser ses interlocuteurs. En France, toute réussite fulgurante étonne; elle éblouit les uns ou devient suspecte aux yeux des autres. C’est ainsi, ce vieux pays judéo-chrétien a les pieds campés dans la terre. Il préfère la modération à la démesure, la sagesse à l'imprudence. Et rappelons nous, pour n'avoir pas écouté les recommandations de son ingénieux père, Dédale, et s'être laissé grisé par son vol, Icare s'est brûlé les ailes en se rapprochant du soleil. Il tomba dans la mer.
Le plus surprenant ce sont sans doute les scandales financiers qui ont émaillé la France depuis la fin du XIXè siècle jusqu’à nos jours. Du scandale de Panama en 1890, du conseiller Prince en 1934 en passant par l’affaire Stavisky la même année. Escroqueries, malversations, maquillages de comptes ont éclaboussé le monde économique et politique depuis plus de cent-ans. Et ça continue avec l’affaire Madoff ou DEXIA qui n’a rien à lui envier avec la plus grosse faillite bancaire qui a coûté 6,6 milliards à la France; et maintenant Lafarge que l’on tente de dissimuler sous le sceau du fameux : secret défense. Le monde des affaires a toujours été le théâtre de scandales financiers retentissants. Ceux qui partent du bas de l’échelle et connaissent une ascension fulgurante ont parfois du mal à rester en haut. Pour s’y maintenir, certains n’hésitent pas à franchir le Rubicon et se compromettre. Le plus médiatisé est sans doute Bernard Tapie. Entre 1984 et 1995, ses démêlés avec la justice vont défrayer la chronique mais pas que. Les scandales comme ceux du Carrefour du développement, de la MNEF, de l’affaire Dumas sont liés avec le monde des affaires.
N’empêche que le dossier qui retrace l'évolution politique et sportive du propriétaire du Phocéa, ce superbe quatre mâts acheté en 1984 à la veuve d'Alain Colas, disparu en mer en 1978 est de loin le plus épais et le plus frais dans nos mémoires.. L’ascension fulgurante de Bernard Tapie a fait couler beaucoup d’encre. Ce fils d ’ajusteur fraiseur issu d’une famille modeste en éblouit plus d’un. Entre ceux qui découvraient avec envie qu'il est possible de réussir en venant d’en bas, et ceux d’en haut, les capés, qui voyaient d’un sale œil que l’on puisse ravir leurs privilèges sans sortir de l’ENA, Tapie fait tache. Sa grande gueule leur cloue le bec , les obligeant à ronger leur frein. Il critique les diplômés: " le système de l'élite qui sait et du peuple qui ne sait pas, ça ne marche plus" clame t’il. Pas étonnant que les ouvriers le soutiennent. 19% d'entr'eux disaient vouloir voter pour lui aux européennes. Son entrée fracassante sous les ors de la république lorsqu’il fut nommé ministre de la ville en 1992 par François Mitterand dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy fût son apogée. Bien que Mitterrand lui impose d'abandonner les affaires pour entrer en politique, ses adversaires en profitent pour lui coller des casseroles bien reluies par la presse. Il ne pouvait être question qu'il prenne la mairie de Marseille en 2014. On sonne l’hallali; commence alors un véritable bras de fer avec la justice et l’homme d’affaires. Entre l'establishment et le bateleur médiatique, entre les créanciers et leur débiteur". Porté par sa gloire, Tapie oublie que les services de l'État sont autonomes et indépendants. Même s'il arrive à quelques ministres de tenter de les utiliser pour faire obstacle à un adversaire émergent. En 2017 Fillon n'y a pas coupé. Dès lors, la justice ne le lâche plus. Elle marquera le premier but qui le fera tomber. En 1993, l’homme d’affaires Bernard Tapie alors président de l’Olympique de Marseille, est accusé d’avoir truqué un match contre Valenciennes en corrompant des joueurs. Condamné à 165 jours de prison, le 28 novembre 1995, il est libéré sous conditions le 25 juillet 1997. Bien qu’il déclare à sa sortie que son expérience de la prison : « était épouvantable, c’est tout ce qu’on peut imaginer… » il n’en perd pas sa rage de vaincre au cours de ces mois difficiles : « Je m’étais entraîné, préparé, parce que je voulais leur montrer que je savais pourquoi ils m’y mettaient : ils voulaient me mettre KO ». N’empêche que tout soupçon devient une arme pour tuer des ambitions gênantes. Les générosités sont oubliées. Il devient l'homme à abattre d'autant qu'il a la faveur de 25% de la population marseillaise. Trop tard, le sort de Bernard Tapie est scellé. Même les plus fidèles supporters de l’homme d’affaires se détournent de lui. À commencer par les politiques et ceux qui ont « croqué » du Tapie pendant plus de dix ans. Rien d’étonnant de la part de certains hommes politiques qui ont un immense talent pour prendre la poudre d’escampette dès que ça commence à sentir la fumée. Reste que Bernard Tapie aura marqué la vie politique et économique de la France de la dernière moitié du XXè siècle.
Aujourd'hui, le rappel de son nom sert désormais à mettre le doute sur des espoirs économiques qui peuvent sembler insolents au regard de la situation des entreprises françaises. Son histoire nous conduit néanmoins à penser, à défaut d'en tirer une morale, que le succès ne doit pas monter à la tête ni se traduire par une ostentation démesurée et tapageuse. Que derrière l’apogée il y a parfois la chute. Que l’amitié comme le soutien des politiques est éphémère; elle ne dure au mieux que le temps d’un mandat, au pire elle se défait à la faveur d’une campagne de presse retentissante. Dans toute chose il faut être clairvoyant, savoir raison garder et ne jamais mépriser ses interlocuteurs. En France, toute réussite fulgurante étonne; elle éblouit les uns ou devient suspecte aux yeux des autres. C’est ainsi, ce vieux pays judéo-chrétien a les pieds campés dans la terre. Il préfère la modération à la démesure, la sagesse à l'imprudence. Et rappelons nous, pour n'avoir pas écouté les recommandations de son ingénieux père, Dédale, et s'être laissé grisé par son vol, Icare s'est brûlé les ailes en se rapprochant du soleil. Il tomba dans la mer.
Bien analysé. Une chose en plus : chacun doit rester à sa place. La politique a besoin de l'économie mais chacun acteur doit rester à sa place pour garder sa liberté de reflexion et de choix. Dédale était un bon conseiller, un créatif. Encore fallait-il qu'il soit écouté
RépondreSupprimerOn en revient toujours à la même chose.
Vous savez l'histoire se répète en permanence. Les mêmes causes créent toujours les mêmes effets.Les mêmes volontés d'exister amènent à prendre des risques et à emprunter des raccourcis dangereux.Une fois dans le labyrinthe, on ne peut plus en sortir. Didier D.
RépondreSupprimerPure coïncidence ces lectures estivales avec un focus sur Bernard TAPIE ? Ou inspiration liée à la cession de l'ecoparc et à l'investisseur en bénéficiant ?
RépondreSupprimerLa morale d'une histoire peut s'appliquer à beaucoup de monde, y compris à soi-même. Dedale et Icare ne datent pas d'aujourd'hui. Le monde politique peut être concerné comme le monde économique. D'une manière générale, pour avoir fréquenté le monde des arts, les plus grands artistes étaient les plus simples et les plus discrets.
RépondreSupprimerRéponse à Monsieur Tréhet.
SupprimerD'une manière générale, pour beaucoup fréquenter le monde social (et non pas uniquement artistique), les plus "grands" sont les plus simples et les plus discrets, tous milieux confondus, avec d'ailleurs à mon goût une pointe prononcée pour le milieu dit "populaire", mot parfois utilisé avec un léger accent méprisant aussi idiot qu'inutile et totalement injustifié.
Catherine,🖐️🙂
Les "plus grands" ? Du point de vue des érudits ?
SupprimerJe pense que cette appréciation variera en fonction du niveau intellectuel, et de la sensibilité de chaque observateur.
En milieu rural tout ce qui est signe extérieur de richesse est symbole de réussite (méga gros tracteur, grosse voiture, etc). Votre crédibilité en découle généralement.
Pour contourner cette problématique les élus ont de tout temps occupé l'espace médiatique local.
Du coup le citoyen local, qui cherchera toujours le raccourci intellectuel, s'arrêtera au paraître et donc aux faux-semblants.
Constater le mode de raisonnement de ses voisins n'est pas péjoratif. Le zapper pour ne pas paraître méprisant ne résoud pas les problèmes.
Cdt
Quel esprit....C'est de l'humour je suppose...
SupprimerJe veux le croire...
Vous ne pensez pas que Sarkozy a brulé ses ailes par son comportement et que Macron se prenant pour Jupiter est en train d'en faire autant?
RépondreSupprimerC'est cette société consumériste qui est en train de ce brûler les ailes
RépondreSupprimerBelle histoire que celle de Minos qui avait demandé à Dédale de lui faire un labyrinthe pour enfermer le minautore, ce monstre humain à tête de taureau, né d'un accouplement peu ordinaire. Dedale, avec icare, ne sachant plus sortir du labyrhinte après avoir tué le minotaure, trouva tout de même une solution en se faisant des ailes avec les plumes d'oiseau tombées dans le labyrhinte et unies par de la cire. Icare en fit les frais; dedale s'en est sorti mais dans cette affaire, le minautore issu de cette fusion inopportune en fit les frais. Toute fusion qui donne un monstre est sans espoir à moins de faire des sacrifiés. JCL.
RépondreSupprimerParleriez vous de la communauté d'agglomération née de la fusion de cinq comcom. Un monstre qui lui aussi est enfermé dans un non projet dont il ne peut rien sortir. Quelle déception!!!!
RépondreSupprimerMerci Bernard de vos lumières et de tout ce que vous avez fait pour les collectivités, le territoire, les entreprises, la culture, l'éducation, le sport, en fait tout ce qui concernait vos citoyens. Vous étiez et resterez à tout jamais, un humaniste, c.à.d un homme qui aimait les gens et a passé sa vie à leur rendre service ....
RépondreSupprimerReposez en Paix.
N.Leroux.