Qui
fait quoi ?
On
le sait, le développement économique sera désormais l'affaire de la Région et
des communautés de communes... Est-ce un bien, est-ce un mal ? l’avenir le
dira, car l'éloignement du centre de décision, à Rouen à 150km de la Manche
n'est pas nécessairement une bonne affaire. Nous risquons de faire tapisserie
dans les salons de la mégapole de la Seine. Une préoccupation d’autant plus
grande qu’elle est justifiée par la composition les listes qu'on nous propose. À gauche comme À droite j'ai beau chercher, il n’y figure aucun expert économique dont notre
département aura pourtant grand besoin. Ce constat sert d'alibi aux
élus qui soutiennent la création de grandes communautés XXL,
estimant qu'il faudra une certaine taille pour peser auprès des nouvelles
régions. Tous les arguments sont bons pour défendre l'idée que plus
la collectivité est grande, plus elle est respectée et plus elle a de poids et
de moyens pour se développer. Comme le souligne André Laignel, maire d’Issoudun (
FG) : ni le nombre d'habitants, ni la superficie d'un
territoire ne font la puissance d'une région. Empiler des budgets n'apporte
rien à l'emploi et à l'économie s'ils sont consacrés à des investissements
dispendieux et non-productifs, comme on a trop souvent l’occasion de le
constater. L'investissement économique doit être la priorité des Communautés de
communes. Il permet d'obtenir des recettes nouvelles et favorise la
création d'emploi. Par la même, il réduit la précarité et permet de développer l'habitat
et le cadre de vie. Mais attention, le
soutien et l'arbitrage du Conseil départemental disparaissant en matière
économique, la concurrence peut s'instaurer très vite entre communautés d'un
même département. Elle existe déjà, mais elle risque de s'amplifier si nous n'y
prenons garde. Certes, la concurrence est stimulante elle permet d’avancer et
de progresser. La vie est un combat qui nécessite de se remettre en
question en permanence. Mais pour progresser encore faut-il définir les
règles et s'inscrire dans une politique où l'intérêt général prime sur
l'intérêt particulier. Fut-il celui d'une nouvelle communauté ambitieuse.
Concurrence
oui, arrangements non.
Quelques
exemples illustrent déjà cette crainte : le projet de tri sélectif à
l'écoparc du Val de Sée, proposé par le Relais département, s'est
heurté au monopole normand de COBANOR, société du Nord Cotentin, aujourd'hui TLC Normandie dont le patron ambitionne de faire une OPA sur la Région. Il est clair qu'il a beaucoup œuvré auprès de ses amis pour torpiller le projet et faire barrage à toute implantation d'entreprise dans la Manche.
Récemment encore une association bien pensante intervenait en faveur de cette société sans connaître les tenants et aboutissants de l'affaire. Une idiotie quand on sait que TLC ne trie que 10 á 15% des 30000 tonnes de la
Région. Cette volonté de s'approprier le marché des tissus et vêtements à trier
et à retraiter va à l’encontre du code de déontologie de ces entreprises qui se
disent "solidaires". En vérité, elles font de la « précarité
business ».
Dans
un autre domaine: l'élevage dans la Manche. Ce secteur subit de plein fouet le
choc de la concurrence étrangère,voire celle de la Bretagne. Je ne reviendrai
pas sur les difficultés que cela engendre pour les derniers abattoirs de notre
département. Pour autant, les élus du Cotentin poursuivent leur idée de
construire une nouvelle structure d'abattage à Carentan pour remplacer celle de
Cherbourg que leur Collectivité doit renflouer annuellement pour boucler son
budget. Ce qui n’est pas son rôle faut-il le rappeler. En rapprochant l'abattoir de
Cherbourg du centre et Sud Manche où les AIM tentent de relever la tête pendant
que l'abattoir de Saint Hilaire du Harcouet s'efforce de survivre grâce à
l'entreprise de transformation qui l'accompagne sur son site, les élus du
Cotentin prendraient le risque d'affaiblir celui du Sud Manche.
Point positif de la réforme sur le plan économique: nous pouvons imaginer que les implantations de nouvelles entreprises sur une grande Communauté de communes seront plus nombreuses et qu'elles profiteront à toutes ses communes et à leurs habitants. Enfin j'espère... À supposer toutefois qu'une partie des recettes nouvelles profite à l'ensemble du territoire de la Communauté en matière d'habitat et de cadre de vie, faute de quoi nous assisterions à une désertification rapide du milieu rural. Déjà qu'il est attaqué de toutes parts. L'habitat se développant généralement là où il y a de l'emploi, il sera nécessaire en effet d'avoir une politique qui n'oublie pas la ruralité. Si tel est l'esprit des élus qui souhaitent se regrouper au sein d'une grande Communauté de communes, alors oui, il sera possible d'espérer le développement économique du Sud Manche. Mais pour y parvenir il faut que nous soyons organisés pour accueillir et accompagner les créateurs de richesses. Ce sera un vrai challenge.
Point positif de la réforme sur le plan économique: nous pouvons imaginer que les implantations de nouvelles entreprises sur une grande Communauté de communes seront plus nombreuses et qu'elles profiteront à toutes ses communes et à leurs habitants. Enfin j'espère... À supposer toutefois qu'une partie des recettes nouvelles profite à l'ensemble du territoire de la Communauté en matière d'habitat et de cadre de vie, faute de quoi nous assisterions à une désertification rapide du milieu rural. Déjà qu'il est attaqué de toutes parts. L'habitat se développant généralement là où il y a de l'emploi, il sera nécessaire en effet d'avoir une politique qui n'oublie pas la ruralité. Si tel est l'esprit des élus qui souhaitent se regrouper au sein d'une grande Communauté de communes, alors oui, il sera possible d'espérer le développement économique du Sud Manche. Mais pour y parvenir il faut que nous soyons organisés pour accueillir et accompagner les créateurs de richesses. Ce sera un vrai challenge.
on peut vous faire confiance pour développer l'économie plus largement mais n'oubliez pas que l'implantation d'une entreprise c'est aussi de la taxe foncière pour la commune d'accueil. le risque concerne aussi les artisans locaux qui ont toutes les chances d'être écartées des gros projets
RépondreSupprimerC'est en effet une vraie question pour les communes rurales dont les recettes sont susceptibles de baisser. En revanche on parle d'augmenter la DGF des communes centres des communautés; Qu'en sera t'il lorsqu'elles auront rejoint une grande communauté; Je n'ai pas la réponse. Je sais que le Sénat s'intéresse à ce sujet.
RépondreSupprimerBonsoir monsieur,
RépondreSupprimerJe découvre votre page, ou blog, bref, je prends connaissance de votre réflexion, pertinente et argumentée. Le problème de notre beau département est avant tout la fuite de ses forces vives, des jeunes, dont l’unique sujet de conversation - une fois le sésame que représente, encore, le bac en poche - est « tu vas où toi ? A Rennes ou à Caen ? ». Il ne sert pas à grand chose de soulever le problème de l’emploi dans un département qui ne compte pas d’université où les jeunes pourraient se former, se rencontrer, établir des liens solides, et rester. Notre population vieillissante fait naître une sémantique qui n’est pas signe de dynamisme : silver economy, par exemple, traitée dans plusieurs articles parus dans la presse comme une ouverture possible…. Souffrez que je sois un peu dubitative sur cette problématique… Vous me trouverez un peu hors sujet, mais je suis convaincue que tant que nos jeunes iront ailleurs, notre rayonnement, influence, poids, resteront négligeables. Je suis à votre disposition pour échanger, à votre convenance, sur ces points. Szilvi.
L'avenir d'un territoire est dans sa jeunesse. Vous avez raison pour la formation. Celle qui lui est proposée dans la Manche ne l'incite pas à y rester. Si des formations spécifiques liées à l'informatique ne sont pas crées au lycée de Mortain oú Il y a l'Acome et Novea je ne donne pas cher de sa pérennité. Cela dit inévitablement les jeunes ne pourront trouver toutes les formations dans la Manche. Il faut donc trouver les bons moyens de les faire revenir dans nôtre département après leurs études. J'entend y travailler. Je suis à votre disposition pour en parler
RépondreSupprimerAvec plaisir. Je pense notamment au savoir faire, encore vivant, à Villedieu des métiers de la chaudronnerie, à moins de 3h de train de la capitale qui pourrait abriter un pôle "design" ... Vous voyez ? Un pôle des savoirs numérique, vous avez raison de l'évoquer, aux alentours de Mortain.... des exemples : il y en a plusieurs. faut juste prendre le temps d'étudier la question, sérieusement. Et la question n'est pas, me semble t-il, de faire revenir les jeunes, mais de les faire rester. Szilvi.
SupprimerPeut-être faut-il copier le système Suisse qui permet à 70% des jeunes de partir vers l'apprentissage et de remonter l'échelle sociale par la formation pour finir là ingénieur, ici directeur, voir ministre...
RépondreSupprimerTout l'inverse du système col-blanc français qui laisse partir les meilleurs à l'étranger, perd des potentiels endogènes, et surtout ne s'adapte pas à la décentralisation des territoires...
Enfin quel intérêt de mettre une université éventrée des métropoles si on a pas de pôles de recherche, de pôles technologiques et donc d'entreprises hightech à proximité ? Regardez les Bretons...
j'adhère totalement; le système éducatif français a des qualités mais à vouloir faire monter tout le monde au sommet par la même échelle, il se trompe. On appelle cela de l'égalitarisme; L'orientation scolaire ne s'occupe ni des goûts ni des aptitudes; C'est le mal français lié à trop d'idéologie.
RépondreSupprimerEncore un loupé pour la publication d'un commentaire qui m'interrogeait sur le pouvoir d'un conseiller général dans tout cela. Réponse: Il faut toujours relativiser son pouvoir dans quelque domaine que ce soit. En revanche l'économie doit être l'une des principales préoccupations d'un Président de communauté de communes. Il doit connaitre son seuil d'incompétences et s'entourer en conséquence pour réussir.
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