Translate

mercredi 21 octobre 2015

Loi NOTRe : Les personnels dans la tourmente de la réforme territoriale.


Pas de panique...

Pour l’instant rien n’indique  qu’ils soient en danger.   Toutefois lorsque je lis le compte-rendu des premières réunions organisées pour discuter des fusions des communautés de communes cette question n’est  pas souvent abordée, sinon pour parler de dépenses nouvelles, car il faudra   créer des emplois pour   organiser une gouvernance qui ne pourra plus compter sur le bénévolat des élus locaux. Et oui, il en sera terminé des bonnes volontés qui font faire de sérieuses économies en cette période de disette budgétaire. La réforme territoriale passera inévitablement par une réorganisation administrative, le redéploiement des emplois et l'apport de nouvelles compétences imposées par la réglementation. On n'y coupera pas. Je vous laisse imaginer les conséquences sur les personnels employés  actuellement par  les communautés ou les communes qui vont devoir se pousser un peu pour faire de la place aux communes nouvelles.   Et l'inquiétude ne cesse de grandir dans les services des communautés vouées à disparaître au profit d'un centralisme intercommunal concentré au sein de communautés tentaculaires. Tout gigantisme entraîne inévitablement une organisation verticale, hiérarchisée, dans laquelle les relations humaines sont souvent remplacées par des ordres et des rapports virtuels qui écartent toute initiative et valorisation individuelle. Vous savez ce qu’on dit dans l’armée : «  penser, c’est déjà désobéir »…Nous n'en sommes pas (encore) là mais le personnel a toutes les raisons de s'interroger sur la gouvernance de ces nouvelles méga structures. Une réorganisation qui demande une étude préalable en concertation avec les agents. Comme l’indique L’UNADEL lire ici dans un rapport d’octobre 2015 : « S’ils changent de lieu de travail, les agents auront en effet peut-être une distance plus importante à parcourir depuis leur domicile. Ces bouleversements qui s’annoncent ne sont pas anodins. Les territoriaux s’interrogent. Devront-ils carrément déménager ? En arriver là serait un crève-cœur pour ceux qui sont attachés à une maison, et à leur territoire.   


N'oublions pas le personnel...

Associer le personnel à la réorganisation territoriale  s'imposera de facto. Il est le premier concerné. Il devra participer à la réflexion des élus pour redéfinir leur rôle dans le nouvel organigramme qui sera  créé. Une table ronde sera nécessaire pour prendre en compte les objectifs politiques de la nouvelle communauté de communes et s'oprganiser. La question des compétences se posera, bien sûr, mais la priorité sera celle de la proximité, de la réactivité et de la continuité. Et cet objectif ne pourra être atteint qu'avec la connaissance du terrain. Son patrimoine à entretenir et à gérer, ses actions, ses spécificités, et ses attentes etc. Si unifier un territoire commence par faire table rase des efforts entrepris depuis des années et qui en font sa richesse, non merci. Il ne faudrait pas non plus  revenir 20 ans en arrière en obligeant des communes trop petites et sans moyens à reprendre des compétences. Ce serait une véritable catastrophe. À ce propos, l'intérêt communautaire prévu par la loi NOTRe pour des compétences optionnelles permettra, si besoin, de respecter et de s'adapter aux acquis des collectivités pour maintenir in situ, les personnels affectés à ces compétences sans les changer d'employeur. Beaucoup d'agents s'interrogent légitimement sur leur futur lieu de travail et sur leur prochain employeur si les actions dont ils ont la responsabilité viennent à changer de maître d'ouvrage. Qu'ils se rassurent, chaque situation devra être étudiée au "cas par cas" comme l’on dit  dans les milieux autorisés; nous avons déjà su le faire pour les premières fusions.  De plus,la commission technique paritaire aura à donner son avis sur toutes les situations nouvelles dès les premiers mois de fonctionnement de la nouvelle collectivité après qu'elle ait statué sur son organigramme et sa gouvernance. Mais restons sur nos gardes, car les réglementations, aujourd'hui, changent chaque jour.
"Face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement " disait Francis Blanche... Croisons les doigts pour que nous puissions garder nos principes et nos projets et que la rupture ne nous entraîne pas vers l’abîme. François Hollande a beau déclarer dans une interview publiée mercredi 22/10/15 dans Le Chasseur Français « défendre la ruralité », on n'y croit pas trop car son intention consiste surtout à passer de la graisse dans les fusils des chasseurs. C’est toujours bon à prendre en pleine période électorale. Pour le reste, il peut toujours dire «  aimer la ruralité» , les faits nous montrent le contraire. Allez, soyons optimistes et faisons confiance  aux élus des communautés XXL. A coup sûr, ils sauront être innovants dans leur organisation  pour être efficaces et anticiper l'avenir de leurs territoires.

18 commentaires:

  1. Mr Trenet, je comprend votre inquiétude et le soin que vous prenez à préserver vos agents territoriaux est tout à votre honneur.
    Mais il va falloir qu'ils fassent des efforts et, comme dans le privé, accepter la mobilité géographique au sein de notre territoire, ainsi que de travailler différemment.
    D'autre part vous trouverez toujours des volontaires chez les élus locaux, même s' il y en à moins,
    Pour certain, c'est une vocation même lorsque l'âge de la retraite a sonné.

    RépondreSupprimer
  2. Oui bien sûr; aujourd'hui la mobilité est nécessaire. Mais attention de ne pas favoriser le déménagement des territoires. L'emploi dans l'espace rural est nécessaire. L'État déménage ses administrations... Ne les copions pas. Pour ce qui est du bénévolat des élus écartés du système, Il nous appartiendra de les y remettre d'une manière ou d'une autre. Nous innoverons.

    RépondreSupprimer
  3. Anonyme10/22/2015

    Je travaille dans le privé et ne partage pas les propos de Oscar Hotel. Les personnels territoriaux font des efforts, sont en souffrance, peu considérés. Un piètre management, des fusions à répétition font de mes ami(es) qui travaillent dans ces communautés des gens fatigués moralement. Vous souhaitez qu'ils participent au projet ? Je trouve cela formidable. ¨Personne ne devra être oublié ? La précédente fusion a oublié du monde, elle a su par contre donner aux bons petits soldats en récompense de leur bassesse, des postes où brille de mille feux dans une pyramide hiérarchique inepte, leur incompétence. Certains se sont arrangés pour s'autoproclamer Calife, s'installant sur le trône sans aucune légitimité, on voit les résultats aujourd'hui. Il n'est que d'écouter et d'observer pour comprendre les nombreux dysfonctionnements et le mal-être des gens qui travaillent dans de tels environnements. Qu'en sera-t-il demain ? Pensez-vous être en mesure d'impulser une énergie nouvelle qui redonnera place et espoir à des personnels désabusées ? Comment pensez-vous organiser cette nouvelle fusion locale ? Placerez-vous réellement l'humain au centre de la démarche ? Saurez-vous faire le ménage indispensable ? Personne n'est dupe, les personnels, mes ami(es) qui ont déjà beaucoup entendu de promesses savent qu'ils ne sont pas au bout de leur peine à moins que des élus volontaires ne s'emparent vraiment du futur schéma, loin de l'autocratie, et dans l'intérêt général.

    RépondreSupprimer
  4. SI nous voulons construire des équipes qui s'entendent et s'approprient leur collectivité, Il est nécessaire de les impliquer dans la réflexion. Le territoire a besoin d'élus et d'agents qui s'entendent, se respectent et travaillent dans le même sens

    RépondreSupprimer
  5. Anonyme10/23/2015

    Bien qu'ayant des amis aussi dans le public et ayant connu la très grande entreprise je ne suis pas tout à fait en phase avec le contributeur anonyme précédent.
    Non, comme dans le privé, tous les agents territoriaux ne sont pas compétents ou impliqués.
    Il est facile de l'extérieur de juger du management, surtout si l'on est proche de tel ou tel qui nous abreuverait de sa musique personnelle sur l'élu, sur ses collègues etc...
    Certainement les loupés ou les conflits personnels peuvent amener à des situations anormales.
    Toutefois, je pense qu'outre les résultats des ECPI, on pourrait regarder, faute d'audit possible, le taux d'abstentionnisme pour jauger le bien être des personnels.
    Les RH en géneral ne sont pas simples, déjà dans le privé ultra cadré par une règlementation inique, alors imaginez en ajoutant l'impossibilité de licenciement...
    Je crois à l'intelligence et l'implication de la majorité des cadres. Cela doit permettre de limiter le problème.
    Enfin la fusion sera peut-être aussi un outil intéressant pour bouger les postes mal attribués et complètement inefficaces.
    Mario

    RépondreSupprimer
  6. Anonyme10/23/2015

    Je suis tout à fait d’accord avec le dernier commentaire. Oui, c’est vrai, le personnel dans le privé par rapport à celui de la fonction territoriale ne répond pas aux mêmes critères. Et la première, c’est que bien nécessaires à notre vie quotidienne, ils ne produisent pas de richesse. Les formations dans la fonction publique sont souvent inadaptées et inappliquées ensuite. Sinon pour grimper un échelon de plus surtout dans les toutes dernières années avant la retraite. Laquelle n’est pas calculée sur le même mode que dans le privé. Quant à la mobilité, faire quelques kilomètres de plus ( sans embouteillages la plupart du temps) ne doit être insurmontable. Je crois que les agents dans une commune comme la votre sont chouchoutés. Le problème vient souvent de l’élu qui ne sait pas manager ses agents, et du coup, ils ne savent plus à quoi ils servent. Cette réforme si elle est bien menée devrait permettre de remettre de l’ordre dans tout ça . Mais j’en doute.

    RépondreSupprimer
  7. je suis en mesure de vous dire qu'il y a des agents très impliqués et qui ne comptent pas leur temps dans ma collectivité;;; dans d'autres aussi certainement; Bien évidemment la réforme va permettre d'utiliser toutes les compétences mais ce qu'il faut voir également c'est la démographie du territoire; A terme si les postes sont reventilés ailleurs, ceux qui les remplaceront iront habiter ailleurs; cela pourrait contribuer à une nouvelle désertification du territoire si tous les services déménagent; La population a aussi besoin de proximité. Dans toute chose , il faut un juste équilibre.

    RépondreSupprimer
  8. Anonyme10/23/2015

    on va déjà perdre la trésorerie; n'en r'ajoutons pas. d'ici peu on aura que desn seniors... les écoles perdront des enfants etc etc; ce sera la fonte des neiges.

    RépondreSupprimer
  9. Anonyme10/25/2015

    Vous avez parfaitement raison M TREHET. Taper à coups redoublés sur la fonction publique exprime outre la frustration, le manque de connaissance du travail qui s'y accomplit chaque jour. Le territoire Sud Manche emploie beaucoup de territoriaux qui font vivre par leur dépense toute l'économie induite. Les études de territoire montrent qu'une très grande partie de l'emploi est publique et que sans cette présence, le territoire se désertifierait un peu plus, encore faut il en avoir conscience et ne pas se contenter de vieilles lunes qui consistent à faire porter sur les fonctions publiques l'ensemble des maux et des frustrations dont souffrent notre pays. La sagesse de certains élus et le travail de certains salariés du public les honorent, comme partout il est des "brebis galeuses" et le privé n'échappe pas à cette règle.

    RépondreSupprimer
  10. Tout système est organisé et structuré pour répondre á un objectif prioritaire. L'enfant est au coeur du système éducatif, la personne âgée au centre du projet gérontologique etc... L'action est ciblée sur l'objectif mais mettre les acteurs, porteurs de l'action, dans de bonnes conditions favorise leur implication et l'efficacité. La gouvernance de ces nouveaux territoires devra être bien adaptée aux objectifs et se structurer pour être efficace.

    RépondreSupprimer
  11. Anonyme10/25/2015

    C'est exactement cela ! Adapter la gouvernance et... les équipes techniques aux objectifs et bien veiller à ce que les petites baronnies de certains salariés opportunistes disparaissent au profit de l 'efficacité et de l'intérêt général. Il en va de la satisfaction des citoyens et de la crédibilité des élus. En associant bonne volonté, envie de bien faire, et management juste, cette nouvelle donne devrait se transformer en réussite et pas en cauchemar comme le craignent beaucoup de ceux qui vont la vivre (ou subir)

    RépondreSupprimer
  12. Anonyme10/27/2015

    Merci monsieur Tréhet de vous intéresser à nous. Beaucoup d'opinions politiques sont motivées par des arrières pensées mais peu concernent le personnel. Nous avons des raisons de nous inquiéter quand nous observons ce qui s'est passé dans certaines fusions.

    RépondreSupprimer
  13. Anonyme11/02/2015

    La dernière fusion a généré beaucoup de tension, de conflits et de souffrance aussi. Contrairement à ce qui peut être dit !! Il a fallu placer les "petits soldats" au détriment d'agents ayant de réelles compétences. Dans ces fusions, le personnel est bien souvent oublié !! Et je trouve cela fort regrettable. A quoi sert un Audit, quand on sait que tout est "joué" d'avance. On pense aux structures, aux lieux de travail, au devenir des élus, et j'en passe... mais n'oublions pas les agents territoriaux !

    RépondreSupprimer
  14. Je ne suis pas sûr que l'audit soit la meilleure des choses à faire. Il peut être utile pour évaluer une situation mais Il ne doit pas être un alibi pour décider. L'humain doit rester au Coeur de nos décisions

    RépondreSupprimer
  15. Anonyme11/02/2015

    Vous dîtes que l'humain doit rester au Coeur de vos décisions : j'espère que cela pourra se vérifier lors de la prochaine fusion.
    Car, L'humain est trop souvent oublié dans des structures toujours grandissantes. Toutes les décisions organisationnelles sont prises en amont ; les agents territoriaux devant se soumettre à celles-ci. Ce qui mène à des situations de "ras-le-bol", de démotivation, etc...

    RépondreSupprimer
  16. Que ce soit dans ma vie professionnelle ou "politique de la cité", je ne pense m'être écarté de cet objectif lorsque j'ai eu à prendre des décisions. Une équipe se compose sur l'adhésion, la confiance et le respect

    RépondreSupprimer
  17. Anonyme11/13/2015

    A vous lire, je me dis que j'aimerai travailler au sein d'une de vos structures. Dans notre collectivité, il ne règne qu'un climat de non-respect, de non-confiance, de non-communication (et oui, il ne faut surtout pas que les agents aient trop d'informations - pas accès à la Lettre du Cadre, à la Gazette des Communes, etc... On serait capables de devenir trop intelligents !) et les compétences professionnelles de certains (Hormis la Direction qui regroupe un petit groupe de personnes) ne sont pas du tout appréciées à leur juste valeur. Il faut le vivre pour comprendre. Mais, trop de mes collègues sont au bord du Burn Out. Oui, oui, ça existe aussi dans la Fonction Publique Territoriale !

    RépondreSupprimer
  18. Hélas! Cela veut dire aussi que les élus n'ont pas toujours les commanded; c'est bien dommage.

    RépondreSupprimer