Cette
rentrée scolaire est sans surprise. Les effectifs de l'académie de Caen ne
cessent de diminuer. Les écoles et les collèges perdent plus de 1500 enfants;
les lycées sont encore épargnés mais cela ne saurait durer car on nous annonce
la même diminution chaque année d'ici 2020; le calcul est vite fait: la baisse
approchera les 10000 élèves; elle touchera principalement les zones rurales et
les petits établissements, ce qui fait dire au recteur que la cartographie des
collèges devra impérativement être revue. Il ne sera plus possible de maintenir
des établissements de 100 à 200 cent élèves dans lesquels le même
enseignement ne peut être proposé sous peine de faire une
discrimination inacceptable entre les établissements dans une période de
pénurie de moyens.
Cette
restructuration scolaire attendra 2017; mais si nous analysons celle des 10
circonscriptions du département de la Manche (
anciennes inspections primaires) qui nous sont proposées pour cette rentrée scolaire,
nous pouvons déjà imaginer ce qu'elle engendrera. Aux dires de
l'Education Nationale, deux critères ont orienté cette réorganisation:
l'évolution des effectifs et la cartographie des nouvelles Communautés de
communes . SI l'on considère le nombre de communes possédant encore une école ,
il faut admettre que cette nouvelle carte des circonscriptions s'imposait; 336
communes sur 601 n'ont plus d'écoles; cela n'implique pas pour autant la présence d'une
école sur les 265 autres communes car le département est parsemé de RPI dont
l'espérance de vie est réduite (regroupement pédagogique intercommunal sur deux
voire trois communes.). On en comptait 99 en 2013-2014. Bref, l'étude de cette nouvelle carte des inspections primaires nous montre que deux
territoires subissent une désertification majeure : le Mortainais au sud-est , le marais de Carentan et le Plain Cotentin au centre-nord. Ainsi, la circonscription
du Mortainais s'étend désormais jusqu'à Percy et regroupe 27 communes avec
écoles. La circonscription de Carentan remonte jusqu'à Barneville et les
Moitiers d'Allonne; elle descend jusqu'à Pont Hébert à deux pas de Saint-Lô.
Le
pire est certainement à venir.
La
réforme territoriale y contribuera, notamment avec la création des communes
nouvelles. Ici et là, des maires ayant une école se sont refusés à se regrouper
avec d'autres communes possédant également une école pour éviter que le
Directeur Départemental de l'Education ne les piège en les mettant devant
l'obligation de n'avoir qu'une école par commune nouvelle. C'est un risque en
effet. D'autres maires s'interrogent sur le risque de perdre des enfants au
bénéfice d'une commune nouvelle regroupant des communes dont étaient
originaires des élèves de leur école. Autant de questions pertinentes au vu de
la baisse d'effectifs. Mêmes interrogations pour des élus de communautés disposant
d'un petit collège. N'auront-ils pas à subir les mêmes obligations au sein des
nouvelles communautés de communes disposant de plusieurs petits collèges. Hier,
Léon Jozeau Marigné, président du conseil général de la Manche, soutenait
l'idée d'un collège par canton. Celui d'Isigny-le-Buat porte son nom en
reconnaissance. Aujourd'hui le rectorat aurait plutôt l'intention de réduire le
nombre de collèges par communauté, à charge, pour les élus des communautés et
du département, de s'organiser pour répartir les élèves sur les établissements
épargnés par les coupes sombres. En gros : débrouillez-vous… Dans le Sud
Manche par exemple, la communauté du Mortainais possède deux collèges publics
et deux collèges privés pour 15500 habitants. Les deux établissements publics
réunis n'ayant pas plus de 350 élèves, il serait tentant d'en supprimer un, celui de Sourdeval évidemment. Aux
mêmes causes les mêmes effets avec Avranches - Le Mont Saint Michel qui dispose
de six collèges publics pour 1500 élèves environ. Une redistribution des élèves
permet d'obtenir 4 établissements de 400 élèves. Hypothèse d'école sans doute
mais les élus ruraux doivent rester très vigilants. Ils doivent savoir qu'en
acceptant de se plier aux diverses pressions ils risquent de faire le jeu
d’intérêts inavoués dans le but de créer de « grandes
baronnies » Sans projet, les territoires ruraux seront à la merci d'une
politique construite à la calculette. Quand je dis baronnies je suis naïf, car
ce sont de véritables duchés qui se dessinent. Et déjà, voilà qu’on parle d'une communauté du Grand Cotentin...
Autant dire que même les Communes nouvelles n'auront plus rien à faire ni
à dire. Une fois encore, cette réforme territoriale a mis la charrue avant les
bœufs. Tout ça pour des raisons politiques sans en avoir préalablement
consulter les principaux acteurs de terrain que sont les élus.
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