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samedi 5 septembre 2015

Rentrée scolaire et réforme territoriale





Cette rentrée scolaire est sans surprise. Les effectifs de l'académie de Caen ne cessent de diminuer. Les écoles et les collèges perdent plus de 1500 enfants; les lycées sont encore épargnés mais cela ne saurait durer car on nous annonce la même diminution chaque année d'ici 2020; le calcul est vite fait: la baisse approchera les 10000 élèves; elle touchera principalement les zones rurales et les petits établissements, ce qui fait dire au recteur que la cartographie des collèges devra impérativement être revue. Il ne sera plus possible de maintenir des établissements de 100 à 200 cent élèves dans lesquels   le même enseignement ne  peut être proposé sous peine de faire une discrimination  inacceptable entre les établissements dans une période de pénurie de moyens.
 
Cette restructuration scolaire attendra 2017; mais si nous analysons celle des 10 circonscriptions du département de la Manche ( anciennes inspections primaires) qui nous sont proposées pour cette rentrée scolaire, nous pouvons déjà imaginer ce qu'elle engendrera.  Aux dires de l'Education Nationale, deux critères ont orienté cette réorganisation: l'évolution des effectifs et la  cartographie des nouvelles Communautés de communes . SI l'on considère le nombre de communes possédant encore une école , il faut admettre que cette nouvelle carte des circonscriptions s'imposait; 336 communes sur 601 n'ont plus d'écoles; cela  n'implique pas pour autant la présence d'une école sur les 265 autres communes car le département est parsemé de RPI dont l'espérance de vie est réduite (regroupement pédagogique intercommunal sur deux voire trois communes.). On en comptait 99 en 2013-2014. Bref, l'étude de cette nouvelle carte des inspections primaires nous montre que deux territoires subissent une désertification majeure : le Mortainais au sud-est , le marais de Carentan et le Plain Cotentin au centre-nord. Ainsi, la circonscription du Mortainais s'étend désormais jusqu'à Percy et regroupe 27 communes avec écoles. La circonscription de Carentan remonte jusqu'à Barneville et les Moitiers d'Allonne; elle descend jusqu'à Pont Hébert à deux pas de Saint-Lô.

Le pire est certainement à venir.

La réforme territoriale y contribuera, notamment avec la création des communes nouvelles. Ici et là, des maires ayant une école se sont refusés à se regrouper avec d'autres communes possédant également une école pour éviter que le Directeur Départemental de l'Education ne les piège en les mettant devant l'obligation de n'avoir qu'une école par commune nouvelle. C'est un risque en effet. D'autres maires s'interrogent sur le risque de perdre des enfants au bénéfice d'une commune nouvelle regroupant des communes dont étaient originaires des élèves de leur école. Autant de questions pertinentes au vu de la baisse d'effectifs. Mêmes interrogations pour des élus de communautés disposant d'un petit collège. N'auront-ils pas à subir les mêmes obligations au sein des nouvelles communautés de communes disposant de plusieurs petits collèges. Hier, Léon Jozeau Marigné, président du conseil général de la Manche, soutenait l'idée d'un collège par canton. Celui d'Isigny-le-Buat porte son nom en reconnaissance. Aujourd'hui le rectorat aurait plutôt l'intention de réduire le nombre de collèges par communauté, à charge, pour les élus des communautés et du département, de s'organiser pour répartir les élèves sur les établissements épargnés par les coupes sombres. En gros : débrouillez-vous… Dans le Sud Manche par exemple, la communauté du Mortainais possède deux collèges publics et deux collèges privés pour 15500 habitants. Les deux établissements publics réunis n'ayant pas plus de 350 élèves, il serait tentant d'en supprimer un, celui de Sourdeval évidemment. Aux mêmes causes les mêmes effets avec Avranches - Le Mont Saint Michel qui dispose de six collèges publics pour 1500 élèves environ. Une redistribution des élèves permet d'obtenir 4 établissements de 400 élèves. Hypothèse d'école sans doute mais les élus ruraux doivent rester très vigilants. Ils doivent savoir qu'en acceptant de se plier aux diverses pressions ils risquent de faire le jeu d’intérêts inavoués  dans le but de créer de « grandes baronnies » Sans projet, les territoires ruraux seront à la merci d'une politique construite à la calculette. Quand je dis baronnies je suis naïf, car ce sont de véritables duchés qui se dessinent. Et déjà, voilà qu’on parle  d'une communauté du Grand Cotentin... Autant dire  que même les Communes nouvelles n'auront plus rien à faire ni à dire. Une fois encore, cette réforme territoriale a mis la charrue avant les bœufs. Tout ça pour des raisons politiques sans en avoir préalablement consulter les principaux acteurs de terrain que sont les élus.




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