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jeudi 13 août 2015


  Valognes... y a pas urgence...?


Il nous manquait un feuilleton de l’été dans l’actualité. C’est chose faite, avec comme acteur principal : l’hôpital de Valognes. Le scénario est simple, mais il fallait y penser: la fermeture pure et simple des urgences. Cette fermeture est illégale dénonce Patrick Pelloux président de l’amuf,  un syndicat dont la mission est de défendre les structures d’urgences, l’hôpital public et même plus globalement le service public. Manque de pot, dans sa tournée des popotes dans les hôpitaux de province en difficulté qui lui tiennent à cœur, « une démarche de démocratie participative » comme le qualifie le célèbre médecin, celui de Valognes n’en fait pas partie.

L’ARS et la manière

L’Agence Régionale de la Santé a des objectifs très clairs en matière de gestion. À commencer par ses directions successives qui ont été confiées à des managers qui ne connaissent pas grand chose du secteur médical. Qu'importe, puisque leur mission est de s’attaquer aux recettes pour gagner du fric en réduisant de façon drastique les dépenses médicales. C'est ainsi que les urgences ont été placées parmi les premières cibles à dégraisser. Ce funeste plan ne date pas d’hier et concerne de nombreux départements... Dans le Gers, dans l’Yonne comme à l’hôpital d’Auxerre. Ce ne sont que des exemples, car tout les hôpitaux sont concernés. Et comme il fallait un établissement « pilote » en la matière, c'est Valognes, dans le nord cotentin en Basse Normandie, qui a été choisi. Jeudi 13 août ,en plein période estivale, les services d'urgence et le SMUR ont été fermés. En cause, un déficit de médecins à l'hôpital de Cherbourg auquel celui de Valognes est rattaché. Il faudrait 25 médecins pour que ces services fonctionnent correctement 24h/24h sur les deux sites  alors qu'ils n'en disposent que de 15. Bref, le numéro des urgences ne répond plus. Une telle décision  n’est pas appréciée par la population de Valognes à commencer par le premier magistrat  de la ville : Jacques Coquelin, qui ne décolère pas. Avec les élus des cinq communautés de communes concernées: soit près de 100000h il monte au créneau pour se dresser contre cette décision qui tire le signal d’alarme sur le désert médical, mais pénalise  de nombreux malades ; ils vont devoir  mettre de 30 à 40 minutes pour rejoindre l'hôpital de Cherbourg. N'oublions pas non plus le problème économique lié à la fermeture du service des urgences sur l'attractivité d'un territoire déjà fragile. J’aimerais que l’on m’explique; la France n'est pas en première place en Europe au niveau des dépenses de santé au point de chercher à les diminuer, en dépit du fait qu’elle est la plus généreuse en matière de prise en charge des soins par l'État. Pour brouiller les pistes on multiplie les agences sanitaires qui remplacent l'Etat dans son rôle d'organisation et de contrôle de la santé et multiplient la gabegie comme le souligne le rapport d'Yves Bur et plus encore le rapport de l'Inspection générale des Finances de septembre 2012. Il montre que les 1440 agences (environ une myriade...) de l'Etat représentent 20% du budget de l'Etat et que des gisements d'économies sont à la portée d'un gouvernement s'il avait le courage d'affronter les lobbies et les rentes de situation. Ces agences, qui emploient près de 450 000 personnes, coûtent chaque année 50 milliards d'euros.  Toujours est-il que Marisol Touraine a mis dans sa seringue un poison, celui de la fermeture d'un certain nombre de services d'urgences, à commencer par celui de l'Hôtel Dieu prévu le 4 Novembre prochain. Fermer en plein Paris un service qui accueille 45000 personnes par an il fallait oser, alors que dans le même temps on va dépenser des millions d'euros pour une salle de shoot qui ne guérit personne comme le souligne Serge Ferderbush (DVD)  : L'hôpital, dont la philosophie même est d'offrir une structure thérapeutique à des malades, devient ainsi le réceptacle des arrières-pensées politiques des partisans de la dépénalisation de la consommation de drogue. écrit-il sur son blog

La ruralité encore attaquée


In fine il vaut mieux commencer en silence dans les milieux ruraux vieillissants, plutôt qu'à Paris. Et tant pis si le département de la Manche a été l’un des premiers à innover en  mettant en place des bourses d'études intéressantes pour encourager l'implantation de jeunes médecins sur son territoire. Pour mémoire, il faut savoir que : La Manche a perdu près de 13% de ses médecins libéraux depuis l'an 2000 et près de 24% d'entre eux ont plus de 60ans. Cette chute s'est réduite depuis 2007 et se trouve un peu compensée par l'augmentation des spécialistes mais tous les généralistes n'exercent pas en libéral. Et je ne parle pas des délais d’attente pour obtenir un rendez-vous. Selon les études de Jean Denis Rault, on compte, en 2015, 509 spécialistes et 625 généralistes dont 339 libéraux avec une densité de 67,88 généralistes pour 100000h. Ce qui place la Manche à la 43ème position sur 105 départements. L’Orne étant 18ème avec une densité de 59/100000h. "Quand je me regarde je me désole mais quand je me compare je me console" disait Talleyrant. Il ne s'agit point de se comparer mais de dresser le bilan de la démographie médicale en Basse Normandie, amélioré par les résultats du Calvados liés surtout á la présence du CHU à Caen. Pour autant, le nombre de médecins en France reste stable (276354) soit +1,3% en 2014 du fait du nombre de médecins formés à l'étranger et du nombre de médecins retraités toujours en activité. Ainsi la moyenne  d'âge des médecins est de 53 ans pour les hommes et 49 pour les femmes qui représentent 58% des nouveaux inscrits...qui ne s'engagent pas en majorité dans le libéral. Tout cela n'est pas fait pour nous rassurer sachant que le consumérisme est croissant et que la revendication des soins pressants ne cesse d'augmenter.. . Un phénomène de société que la générosité française conforte. Plus de 18millions de patients sont passés cette année dans les services d'urgences.  On compte encore un peu plus de 700 services d’urgences pour un coût de fonctionnement de plus d'1,5 milliard. Une somme importante si l'on considère toutes les bobologies non vitales qui les encombrent. Le côté positif c’est  que les urgences permettent souvent des actes de prévention et que le préventif n'a pas de prix au regard du curatif. Le budget du ministère de la santé a été de 179,2 milliards en 2014; ce n'est pas sur les services d'urgences qu'on va faire de grosses économies. Ceci étant, acceptons l'idée que les finances ne sont pas les seules raisons des difficultés de ces services qui ont besoin de plateaux techniques complets et complexes pour être performants. La pénurie des anesthésistes réanimateurs pose de réels problèmes d'autant que 2000 départs ont été annoncés pour la période 2009-2020, soit 44% des effectifs. Certains établissements font déjà recours à des médecins intérimaires dont le coût est prohibitif. Pas très Hippocrate tout cela, mais c'est ainsi; notre société a changé et le monde médical avec. Il va falloir s'adapter.   

5 commentaires:

  1. Anonyme8/13/2015

    Réforme territorial, réforme des administrations, de la santé, de l'éducation... Tout va dans le même sens... La désertification des territoires ruraux. JPL

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  2. Anonyme8/13/2015

    Tout le monde est certain à force de l'entendre qu'il faut réformer pour réduire la dépense.
    On confié donc à l'administration le soin de le faire ; c'est à dire d'introduire les notions d'optimisation, de modernisation et d'efficacité (rendement).
    Donc cette dernière décide systématiquement de détruire les emplois dits "productifs" pour ne pas éclaircir ses rangs.
    Manque de bol les productifs sont les seuls justifiant des recettes...

    De la même façon on lance des grandes réformes pour réduire les coûts.... mais avec le même nombre de fonctionnaires ; donc les mêmes charges.
    Finalement la seule économie se fera sur le secteur privé en rationnalisant/regroupement les achats... (comme si çà n'était déjà pas possible).
    Et comme çà ne marche pas on empile les strates.
    Le pompon : vous créez des syndicats en charge de se substituer à l'initiative privée et aux services publics existants ; sans pouvoir réduire les effectifs de ces derniers bien entendu...
    Le syndrome du verre brisé

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  3. Tout á fait : non seulement cela ne va pas réduire les dépenses mais plus grave encore les investissements des collectivités vont diminuer. Ce sera catastrophique pour les enterprises locales. Le batiment souffre déjà...ce sera pire demain. La politique ne s'apprend pas dans les livres.

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  4. Anonyme8/16/2015

    D'où la notion de blanc bonnet et bonnet blanc... et le desamour in fine des citoyens pour le politique.
    Ce dernier est devenu inutile petit à petit depuis De Gaulle quand le vrai pouvoir a changé de mains.

    Si l'on regarde bien personne ne semble s'étonner que l'alternance à gauche permet à chaque fois à l'État central de finaliser ce que même la droite n'aurait jamais osé avec autant de violence :
    Liquidation des actifs
    Destruction des sources de recettes
    Suppression des investissements productifs
    Augmentation des impôts et taxes pour compenser
    Limitation des avantages sociaux

    À votre avis si je gère un bar et que mon comptable m'oblige à licencier le serveur, vendre la cafetière pour réduire les charges électriques, accessoirement vendre les tables en marbre pour les remplacer par des tables en plastique pour retrouver des liquidités, supprimer les contrats de dépôt vente pour éviter les immobilisations financières, etc. que se passera t-il ? Vous croyez honnêtement que je ferai plus de chiffre d'affaire ? Ma marge sera meilleure certes mais je n'aurai plus de quoi faire vivre ma famille...

    Certains diront que c'est simpliste comme image, n'empêche que si l'on réfléchit bien c'est quand transposable.

    Bonne journée

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  5. Anonyme8/17/2015

    J'entend les personnes qui commentent votre article s'en prendre de nouveau à l'Etat.

    L'origine du problème vient surtout des professionnels eux mêmes, avec entre autre le numérus clausus et surtout la liberté de s'installer.

    Nous idolâtrons nos "chers" médecins ... et ils le savent.

    Une profession à commencer à comprendre que cela jouer à leur encontre (j'ai bien dit commencer), celle des dentistes.
    En effet, quoi de mieux que de créer la pénurie pour mieux valoriser (financièrement) sa patientèle pour la revendre au plus fort au moment de la retraite venue. Sauf que le coup de bâton est généralement terrible,
    Car quel intérêt pour un nouveau praticien d'acheter au prix fort une patientèle alors que la pose d'une plaque, d'un fauteuil en leasing et le tour est presque joué, la demande étant tellement importante que l'agenda se remplira vite.

    Alors, nos idylles bien pensantes se sont dits, "débridons" notre numérus clausus". D'ici quelques années, post formations, nous allons retrouver un seuil acceptable de praticiens avec le vain espoir que les conditions d'installations se durcissent et nécessitent ... le rachat d'une patientèle.

    Je ne travaille pas pour la gloire, vous ne le faites pas non plus ... nos chers médecins encore moins.

    Attachons nous à ne pas mettre les différents Conseils de l'Ordre au dessus de toutes les lois, faisons de nos instances représentatives (Assemblée nationale, ...) des représentants du peuple et non pas composés pour la moitié d'énarques et de l'autre ... de médecins.

    Bonne journée.

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