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dimanche 18 mars 2012

Les sondages font-ils l'opinion?


"Bonjour Monsieur Pigeon, avez vous deux minutes à m'accorder?" C'est par ces mots aimables qu'un interlocuteur anonyme vous pose la sonde...
                                                    "VOTRE AVIS NOUS INTÉRESSE"

A 45 jours du premier tour, les instituts de sondages jouent les chauffeurs de salle avant l'entrée officielle des candidats. De là à en déduire qu'ils manipulent les électeurs, c'est un raccourci un peu simpliste, mais qu'il ne faut pas écarter. Les sondages d'opinion d'apparence anodins sont en vérité éprouvés pour prendre la température, notamment,  avant une échéance électorale. Ils peuvent avoir une influence chez les plus indécis. Ce tropisme qui consiste à se tourner au dernier moment en direction de celui ou celle qui recueille les meilleurs sondages n'est pas nouveau. Avec le risque de se tromper et d'accorder sa voix pour un candidat aussi flou que les rêves évanescents qu'ils caressent. Alors oui, dans ce cas, les sondages Peuvent avoir une influence sur les électeurs les moins éclairés politiquement. En revanche,  ils n'ont qu'une portée limitée sur le reste de la population ou dans des proportions infimes; la question est alors de savoir quel est l'importance de cette population dite éclairée. Certains sondages nous disent que près de 50% des électeurs hésitent encore. A vrai dire c'est une chance pour les candidats car nous pouvons penser que tout n'est pas joué.

                                               "NOUS ALLONS L'EXPLOITER"
Bien sûr, on peut toujours s'interroger sur la neutralité des instituts de sondage et celle des médias, nous ne pouvons ignorer les objectifs économiques des uns ou des autres ni leurs relations ( voire parfois leur collusion avec les partis et le pouvoir. C'est le cas de l' IFOP, qui fût un temps présidé par Laurence Parisot. Elle en est d'ailleurs l'actionnaire majoritaire aujourd'hui. Et il y a les "investisseurs" commeVincent Bolloré, l'ami de Nicolas Sarkozy , qui détient l'intégralité du capital de CSA. Propriétaire entre autres choses de la chaîne Direct 8 qui emploie au passage la journaliste Valérie Trierweiller, compagne de François Hollande.On ne sait jamais! Un homme qui est à la tête d'un groupe de presse avec des titres comme Directmatin.fr, Directsport etc.. qui génère plus de 7000M€, doit savoir ménager sa monture. De même, le principal actionnaire de Libération, Edmond de Rotschild Investment Partners gère BVA. Benoît Hamon, porte parole du PS a été directeur du planning stratégique d'IPSOSQuant à l'Institut LH2, anciennement Louis Harris, il a des rapports bien connus avec le nouvel observateur. Pour la petite histoire, en 2009, la cour des comptes a révélé que l'Elysée finançait les sondages d'Opinion Way publiés par le Figaro. Et de s'étonner sur le bien fondé de la dépense de l'Elysée pour d'autres sondages à tel enseigne qu'André Vallini s'est interrogé pour lancer une commission d'enquête pour le PS. Il faut savoir en effet que beaucoup de propositions politiques ne sont faites qu'après avoir été sondées auprès de la population. Pas étonnant quelles nous soient annoncées au compte gouttes.

 C'EST L'HEURE DES BOOKMAKER
 Aussitôt après le meeting de Villepinte , l'IFOP de Laurence Parisot s'est empressé d'en connaître l'impact sur la campagne de Nicolas Sarkozy; avec 28,5% il reprenait la tête.. Dès le lendemain, avec SOFRES TNS le cavalier Hollande, avec 30%,  reprenait quatre longueurs d'avance sur le cheval de Laurence . C'était sans compter avec Opinion Way et le CSA de Bolloré et BFMTV qui les remettaient à égalité à 27,5 puis  28%.  Ne soyons pas dupes.  Les meilleurs scores de Nicolas Sarkozy ont toujours été obtenus par ces deux instituts de sondages. A l'inverse , les meilleurs résultats de François Hollande sont donnés par LH2 et IPSOS avec plus de 30%. Le dernier en date de LH2, redonne 3 encolures à Hollande que l'IFOP efface aussitôt avec le JDD. Ce n'est qu'un constat,  mais ces observations étaient déjà identiques en 2007. Ségolène Royal était au plus haut avec LH2 et Nicolas Sarkozy avec IFOP. Pour autant, les parieurs ne doivent pas désespérer; quelques montures sont parties avec de lourds handicaps  mais de nombreux obstacles restent à franchir dans ce STEEPLE CHASE ; ils permettent tous les espoirs. C'est aussi l'heure des book maker au sein desquels  l'UMP devenu le PMU entend reprendre les rênes de la situation qui ne se joue pas seulement sur le terrain. C'est en coulisses que les choses se décident.
       ET LE TEMPS DES MEDIAS ET des ETATS- MAJORS
Petits arrangements en coulisse
Les français ne doivent pas se laisser prendre au jeu et rester attentifs. Rappelons nous l'influence qu'ont eus en leur temps les humoristes et les caricaturistes des médias, celles des marionnettes du bébête show de TF1 ou celle des guignols de Canal+., notamment celle qui a rendu Chirac si sympathique auprès des jeunes au point de favoriser sa réélection en 2002. En vérité, une campagne présidentielle se gagne en activant les relais d'opinion et les réseaux. Un show aussi clinquant que celui de Villepinte ne saurait remplacer le travail de terrain des hommes de l'ombre. Les accords entre "amis" ,c'est en coulisses que ça se passe.Parfois ça dérape, comme le montre ce témoignage filmé en 2009 par France 24 dans lequel Jean Luc Mélanchon, ancien du PS, raconte cette histoire édifiante d'un arrangement entre lui et Hollande lors du congrès PS de Brest en 1997 selon l'express.fr...  Dans ce film, on l'entend dire: " moi c'est fini, tu fais ton truc tout seul, tu te mets le score que tu veux parce que moi je ne participe pas à ton truc" et Hollande de répondre:" Oh, allez tu ne vas pas discréditer le parti. Bon, alors comment on arrange ça? " - "On l'a arrangé comme on dit, lui 85% , moi 15%; de cette façon Hollande avait plus pour sa motion au congrès et moi plus pour la mienne et on s'est quittés en s'embrassant sur les joues." Bref, les états majors savent aussi manipuler les sondages à leur profit. De bons sondages au mauvais moment peuvent faire repartir une course avant d'entamer la dernière ligne droite.
                     L'ELECTION PRESIDENTIELLE NE SERAIT-ELLE QU'UN JEU  ? 
Les instituts de sondage connaissent très bien les français qu'ils savent friands  de joutes politiques,  de débats animés à la télé, et de violences verbales. Tous les coups sont bons. Mélanchon et bien d'autres l'ont compris. Les médias en raffolent; ils en profitent chaque jour en les aliénant un peu plus avec les attaques des uns et des autres et des statistiques, vraies ou supposées. Chacun doit prendre parti et jouer gagnant. Du pain et des jeux... on met quelques malheureux dans l'arène ; affamés, les fauves feront le reste ,oubliant pour un moment qui les a oubliés. 



Henri Frédéric AMIEL
Henri Frédéric AMIEL, écrivain Suisse romand, écrit dans son journal intime, en 1871, "l'esprit français préfère la clarté à la vérité.... les mots aux choses, et la rhétorique à la science... ils ne comprennent rien, quoiqu'ils ergotent sur tout. Habiles à distinguer, à classer, à pérorer, ils s'arrêtent sur le seuil de la philosophie... ils ne sortent de la description que pour s'élancer dans des généralisations précipitées." toutes faites, pourrions nous ajouter, par des groupes de pensées vers lesquels les sondages tentent de les orienter pour les sécuriser en les privant de leur libre pensée.
 Bonjour Monsieur Pigeon,
avez vous deux minutes à m'accorder?"




L'inconscient conduira alors monsieur Pigeon à se rattacher aux majorités, bien pensantes puisqu'elles sont majoritaires, oubliant que  deux de ces majorités en ont déjà plumé bien d'autres à d'autres époques.

               

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