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samedi 10 mars 2012

Présidentielles : Les jeux sont-ils faits?


Tous les sondages pour le second tour se recoupent: 16 points séparent Hollande (58%) de Sarkozy (42%) ; ceux du premier tour ne sont guère meilleurs; ils s'effilochent pour le candidat président qui se tasse à 23%, à 8% seulement de Francois Bayrou et Marine Le Pen. Les prétendants sont aux abois.
Emportée par l'euphorie des sondages, la garde rapprochée de François Hollande se voit déjà sous les ors de la République. Les appétits sont grands. Paradoxalement, les plus gloutons n'ont pas le plus grand estomac. Qu'importe, on distribue les gâteaux. Hier nous avions un président premier ministre, demain nous aurons un premier ministre président avec une Martine Aubry qui a remis dans son mouchoir ses discours enflammés d'hier. Chacun se souvient de son ironie à l'égard de François Hollande et de ses accusations... "non à une gauche molle" ou bien encore "J'ai trouvé qu'il y avait des points de flou... Ma grand mère disait: "quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup". Elle n'y allait pas avec le dos de la cuillère la "petite mère du peuple". Elle lui reprochait même d'utiliser des mots de droite. C'est peut-être l'explication du soutien de Jacques Chirac pour ce corrézien dont le moral était dans les chaussettes.

            Je me voyais déjà...




François Hollande a déjà réfléchi à la composition de son équipe; il faudra qu'il ne soit pas ingrat! A coup sur, les laudateurs qui ont fait les beaux jours du printemps 81  vont réapparaître au palais avec quelques poils blancs et rides en plus. Laurent Fabiusse voit déjà en grand chambellan à défaut des affaires étrangères très convoitées par Delanoé notamment, qui aimerait se faire oublier et quitter la mairie de Paris dont il a vidé les caisses. Jack Lang,lui, rêve encore de culture, bien qu'à son âge il ne se sente pas l'âme de défiler avec les Drag Queen. Cela dit, Francois Hollande a promis le changement et la parité...Jean Yves Le Drian est pressenti à la défenseHarlem Désirà l'intérieur.Que proposera t-il à A. Montebourg après ce qu'il a dit de lui en 2007? A qui remettra t-il le perchoir? Considérant parfois les femmes comme des perruches, il n'aura pas l'outrecuidance de  l'offrir à Ségolène? Elle n'est pas la seule à vouloir le pouvoir... Cécile Duflot, Clémentine Autin, Najat Vallaud-Belkacem, la nouvelle vague, et bien d'autres... Bon courage François, les candidats ne vont pas manquer! Il faudra beaucoup de maroquins pour satisfaire tout le monde après 10 années de disette.


Je ne suis pas le candidat d'un parti clame Francois Hollande. Ces propos dans la bouche de celui qui fut pendant 10 ans secrétaire général du PS ne trompent personne; surtout avec une Martine Aubry aux manettes. Depuis le 1er congrès de Tours (SFIO), le 25 décembre 1920, la rhétorique est restée la même . Il y a bien eu quelques aménagements, histoire de dépoussiérer l'ensemble, mais sur le fond l'idéologie n'a pas beaucoup changé à la tête du PS  dont le pluralisme l'éloigne de la social-démocratie défendue par Manuel Valls, Moscovici et Bernard Cazeneuve... François Hollande manie bien l'art de la contradiction et nous rappelle Aragon, le virtuose de la double pensée, qu'il qualifiait de "mentir vrai", ce qu'Orwell appelait le "newspeak" dans la langue de Shakespeare, ou langue de bois dans celle de Voltaire et d'Hugo.Les français semblent amnésiques; auraient-ils oublié l'expérience des années 81, 82, 83 ?  C'est à désespérer de la conscience politique de nôs compatriotes. Martine Aubry a ôté de sa mémoire les déclarations de son père, le brillant Jacques Delors,qui déclarait le 17 octobre 1983, dans l'express, à propos du chômage: "comment faire pour que de massives suppressions d'emplois ne soient inéluctables?"
30 mois après l'élection de Francois Mitterrandla croissance est proche de zéro. Trois cent mille postes sont supprimés en 1984. La dette atteint 400 milliards et progresse de 65 milliards par an ce qui oblige la France à ne plus emprunter jusqu'en 1986... Les promesses d'un avenir radieux se concrétisèrent par une croissance du chômage jamais connue jusqu'alors et de nombreuses années d'immobilisme. La faiblesse de Jospin et le manque de courage de Chirac retardèrent les décisions qui auraient pu nous épargner une crise dans laquelle s'est englué Nicolas Sarkozy, aveuglé par ses certitudes et son obstination qu'il paie au prix fort aujourd'hui. Pour autant, l'antisarkosisme  ne doit pas nous conduire à un choix par défaut. Nous nous devons de réfléchir avant de nous jeter dans les bras d'un chef de parti sans expérience dont les propos ne peuvent nous rassurer tant ils sont porteurs d'illusion. On n'affronte pas la finance internationale en fustigeant le capitalisme à Paris et en allant à Londres pour rassurer les banquiers de la City. On ne conduit pas une politique sans tenir compte des réalités. Un système éducatif qui ne marche pas avec 30.000 enseignants en plus pour 500.000 élèves en moins doit nous conduire à une saine réflexion avant de promettre 60.000 postes que nous n'avons pas les moyens de financer. De telles promesses peuvent nous conduire à des situations qu'il ne nous sera plus possible de maitriser. Plus que jamais "la prudence est mère de sureté"

             La France de la Sagesse

De son côté, le mouvement UMP est au crépuscule de son histoire. Le cœur n'y est plus; on fait feu de tous bois. Hier Guéant nous met les mains dans la viande Hallalaujourd'hui pour faire l'équilibre, on embarque les juifs dans la polémique avec la viande Casher et Fillon emboîte le pas en ajoutant que la pratique d'abattage est d'un autre âge. La cacophonie qui règne dans les rangs de l'UMP inaugure mal une réélection à telle enseigne que Nicolas Sarkozy pense désormais à la défaite et à sa reconversion. Jamais une Campagne présidentielle n'aura présenté un visage aussi pitoyable. "Il est un moment où la politique s'arrête, les intérêts politiques, les intérêts de camp ou de parti, et où commence la défense de l'essentiel, la défense du monde que l'on veut transmettre aux enfants" a déclaré Francois Bayrou, le seul candidat qui place cette campagne au niveau des idées. S'adressant à Nicolas Sarkozy, il a lancé: "Nous sommes la société, nous sommes la civilisation, celle qui refuse de faire de l'étranger et du chômeur les coupables de nos maux (...), de faire du faible le responsable des mauvais choix des forts"

Il est temps, il est urgent de revenir à un niveau politique qui nous honore et non l'inverse, de se rapprocher de philosophes, de sociologues et d'historiens dont les pensées ont fait de la France un pays réfèrent, celui des droits de l'homme et du citoyen. Près de nous, Raymond Aron, disparu en 1983,  fut l'un d'entr'eux. Claude Lévy Strauss, de l'Académie Française, écrivit à son sujet: "Raymond Aron fut pour beaucoup d'entre nous, et deviendra pour d'autres, un incomparable professeur d'hygiène morale et intellectuelle. Rien, mieux que ses livres et ses articles, ne peut mettre en garde contre les ambitions des grandes théories, les séductions et les périls de l'esprit de système, les malfaisances de l'idéologie." Puissent nos candidats s'en inspirer à défaut d'en appliquer les règles. Puissent les électeurs faire le tri du bon grain de l'ivraie pour sécuriser leur avenir.
Dans ce cas tout est encore jouable.

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