Le bonheur n'est plus dans le pré.
En
France, on dénombre 515 000 exploitations agricoles, pour une superficie
utilisée de 28 millions d’hectares, soit près de 16% des terres cultivées de
l’Union européenne. (1). Derrière ces chiffres, ce sont 922 000 Français qui
tirent le revenu de ce secteur de façon régulière. En 2014, le solde de la
balance commerciale s'élevait à moins 57,2 milliards en France. Ce déficit ne
faisant que s'accentuer depuis 2004 quand celui de l'Allemagne grimpe
vers les sommets. En 2013 l'écart avec la France plafonnait à 259 milliards...
Ce n’est plus un trou, c’est un
abîme.
En
2014 toujours, son excédent est passé à 217 milliards. Pas besoin d’avoir fait
de grandes études pour faire le calcul. Il a augmenté de 15 milliards... « Une paille » comme
on dit dans le langage populaire. Sauf que cette paille là ne fait pas rire les
agriculteurs. Le
monde agricole est en colère; il tente de réveiller l’exécutif qui préfère
s'attaquer aux collectivités en réduisant leurs capacités d'investissements qui
ne cessent de baisser, plutôt que de prendre le taureau par les cornes et le
cochon par la queue pour les sortir du lisier dans lequel ils pataugent.
Ah…Bien sûr, nous pourrions nous féliciter d'avoir eu une balance commerciale
agricole et agroalimentaire
excédentaire de 9 milliards à l'aube de l’année 2015. Oui, mais avec un
recul de 2 milliards par rapport à 2013. C’est un peu conduire une voiture avec
les yeux bandés. J'ai déjà eu l'occasion de m’exprimer sur les 177millions
d'euros de déficit pour les tomates, et celui de la sylviculture et de la
pêche. Un comble pour un territoire qui possède une façade maritime couvrant
les 3/4 de nos frontières. Mais aujourd'hui c'est l'ensemble des exportations
agricoles qui prennent l’eau à la vitesse d’un cheval au galop. Pourtant, côté du ministère de l’agriculture on
ne s’affole pas.
La
fin des vaches grasses…
Le
Foll, sait que la partie ne sera pas
facile au sein d'une Europe dans laquelle ses prédécesseurs se sont
contentés de négocier des aides à l'agriculture plutôt que de se battre sur les
causes sociales de la concurrence européenne. Sous le règne de Chirac, et même
avant, on a sponsorisé le monde
agricole. Les agriculteurs ont bien profité de la PAC qu'ils ont longtemps
placée sur leur livret pensant que cette manne était une rente à vie. Bien
évidemment, les politiques sont restés silencieux sur le sujet. Que
n’auraient-ils pas fait pour s’attirer les faveurs du monde paysan. Alors oui,
le réveil est brutal. Aujourd’hui on leur dit que la restructuration de l'agriculture européenne se fait à
leurs dépens, et que les subventions européennes attribuées à la France pour
son agriculture n’étaient qu’un écran de fumée pour leur cacher ce qui se
tramait à l’Est avec la restructuration de l'industrie allemande qui tournait à
plein régime, et dont l'excédent commercial fait aujourd’hui sa richesse.
L’Allemagne n’avait pas besoin de subventions pour son agriculture dans la
mesure où nous lui permettions d'avoir une main-d’oeuvre étrangère à bas prix, Polonaise et Tchèque en particulier. Le coq gaulois peut encore chanter les deux pattes sur son fumier mais pour combien de temps?
Les poules allemandes, elles, caquettes gentiment bien au sec. Il faut dire que l'essor de la volaille allemande a été
considérable ces dernières années. Il plafonne actuellement. Ouf…Une bouffée d’air pour nos
poulets qui résistent assez bien. Patatras ce sont les dindes qui ne
s'exportent plus. Moins 13,6% en 2013. Quand ça veut pas ça veut pas… Côté
cochon c’est pas mieux. Sur les quatre premiers mois de l'année 2015,
l'exportation de la viande de porc enregistre une perte de 100 millions d'euros
alors que le volume a augmenté de 2%.
La
faute des Russes
Comme
toujours, il faut un coupable…
Même si la fermeture du marché russe a contribué à ce déficit ( auquel il
faudra bien ajouter qu’on le veuille ou non les deux milliards ( ..) de remboursement à Poutine
pour ses deux Mistral restés à quai). Bref, les belles années sont bel et bien
derrière nous. Nous payons au prix fort l’incompétence des nos dirigeants
politiques. Ce n'est plus d'un mistral dont il est question mais d’un tsunami
qui risque de balayer comme un fétu de paille nombre d'installations des jeunes
agriculteurs qui ne pourront plus faire face à leurs investissements... Il n’y
a rien d’étonnant à ce que la
Manche, département laitier et producteur de viande par excellence, ait été
l'un des premiers à s'embraser. Et c’est d’autant plus inquiétant, quand on connaît
l'esprit normand plus enclin à construire qu'à détruire. C’est un vent mauvais
qui se soulève en France dont l'agriculture a toujours été jusqu'alors source
de richesses et d'équilibre. À l'approche des élections régionales les électeurs
sont désabusés ils en ont assez des atermoiements, des mensonges permanents et
des querelles des partis au détriment de l'économie du pays.
(1) source Cabinet d’études
économiques pour les initiatives vertes.
Merci pour cet article. C'est aussi pour la France que nous nous battons car si l'agriculture française devient déficitaire, vaut mieux déposer le bilan. Nos gouvernements successifs s'en sortaient politiquement en se vantant des subventions européennes qu'ils obtenaient pour l'agriculture. Nous ne sommes pas des mendiants. On demande seulement que nos productions soient payées á leur juste prix.
RépondreSupprimerL'agriculture est un bastion de notre économie qui est vital. Nous avons déjà perdu la bataille de la mer alors que nous sommes la seconde puissance maritime après les États Unis... Sachons défendre ce qui nous reste.
RépondreSupprimerIl ne faut pas les victimiser. Vous dénoncez les politiques mais vous faites pareil. Le monde agricole a bien profité des aides et leur patrimoine s’est développé plus rapidement par rapport à la classe ouvrière et même des cadres qui font souvent un travail aussi difficile sinon plus pénible. Il est temps de nous attaquer aux vrais problèmes. L’agriculture n’est pas la France.
RépondreSupprimerIl faut m'expliquer "quand vous faites pareil". Conclure que l'agriculture n'est pas la France... C'est oublier tout de même qu'elle est un pan essentiel de son économie. Si elle devenait déficitaire au niveau des échanges commerciaux ce serait un une régression effroyable pour le budget de la France. N'oublions pas non plus qu'un emploi agricole , c'est aussi 7 emplois induits.
RépondreSupprimerVaroufakis, pro européen et ex ministre grec, expliquait ce matin chez Bourdin que les accords validés par la France sont systématiquement retoqués par la technocratie bruxeloise.
RépondreSupprimerCe qui vaut pour les dettes et l'euro l'est très certainement pour l'agriculture (voir les décisions iniques concernant la pêche).
Cette technocratie que l'on appelait la ploutocratie il n'y a pas si longtemps dans notre histoire est de retour, plus puissante que jamais. Elle nourrit et se nourrit du sentiment anti-parlementaire et jette les démocraties dans le chaos. Elle n'est comptable de rien devant personne.
Quelles sont vos solutions Mr Trehet ? Croyez vous que la compétitivité se gère localement ?
Nous soutenons nos paysans et toutes les formes d'agricultures dès lors qu'elle respecte la santé humaine. Pourtant, à part aller ressortir la guillotine de la prison de Coutances, je ne vous aucun moyen de faire plier le mammouth européen.
Bonne journée
Je ne vous donne pas tort. Récemment le sénateur Bizet disait en préfecture qu'il ne sera pas possible de revenir sur l'arasement des barrages de la Sélune compte tenu des directives européennes.. Nous marchons sur la tête en effet. En fait c'est la démocratie au niveau de l'Europe qui ne marche pas. Plus on s'éloigne du terrain, plus l'administration est puissante face à des élus parfois un peu dépassés par les questions traitées.
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