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vendredi 21 août 2015

Agriculture: un combat pour la France.


Le bonheur n'est plus dans le pré.

En France, on dénombre 515 000 exploitations agricoles, pour une superficie utilisée de 28 millions d’hectares, soit près de 16% des terres cultivées de l’Union européenne. (1). Derrière ces chiffres, ce sont 922 000 Français qui tirent le revenu de ce secteur de façon régulière. En 2014, le solde de la balance commerciale s'élevait à moins 57,2 milliards en France. Ce déficit ne faisant que s'accentuer depuis 2004  quand celui de l'Allemagne grimpe vers les sommets. En 2013 l'écart avec la France plafonnait à 259 milliards... Ce n’est plus un trou, c’est un  abîme.
En 2014 toujours, son excédent est passé à 217 milliards. Pas besoin d’avoir fait de grandes études pour faire le calcul. Il  a augmenté de 15 milliards... « Une paille » comme on dit dans le langage populaire. Sauf que cette paille là ne fait pas rire les agriculteurs.   Le monde agricole est en colère; il tente de réveiller l’exécutif qui préfère s'attaquer aux collectivités en réduisant leurs capacités d'investissements qui ne cessent de baisser, plutôt que de prendre le taureau par les cornes et le cochon par la queue pour les sortir du lisier dans lequel ils pataugent. Ah…Bien sûr, nous pourrions nous féliciter d'avoir eu une balance commerciale agricole et agroalimentaire  excédentaire de 9 milliards à l'aube de l’année 2015. Oui, mais avec un recul de 2 milliards par rapport à 2013. C’est un peu conduire une voiture avec les yeux bandés. J'ai déjà eu l'occasion de m’exprimer sur les 177millions d'euros de  déficit pour les tomates, et celui de la sylviculture et de la pêche. Un comble pour un territoire qui possède une façade maritime couvrant les 3/4 de nos frontières. Mais aujourd'hui c'est l'ensemble des exportations agricoles qui prennent l’eau à la vitesse d’un cheval au galop. Pourtant,  côté du ministère de l’agriculture on ne s’affole pas.


La fin des vaches grasses…


Le Foll, sait que la partie ne sera pas  facile au sein d'une Europe dans laquelle ses prédécesseurs se sont contentés de négocier des aides à l'agriculture plutôt que de se battre sur les causes sociales de la concurrence européenne. Sous le règne de Chirac, et même avant, on  a sponsorisé le monde agricole. Les agriculteurs ont bien profité de la PAC qu'ils ont longtemps placée sur leur livret pensant que cette manne était une rente à vie. Bien évidemment, les politiques sont restés silencieux sur le sujet. Que n’auraient-ils pas fait pour s’attirer les faveurs du monde paysan. Alors oui, le réveil est brutal. Aujourd’hui on leur dit que  la restructuration de l'agriculture européenne se fait à leurs dépens, et que les subventions européennes attribuées à la France pour son agriculture n’étaient qu’un écran de fumée pour leur cacher ce qui se tramait à l’Est avec la restructuration de l'industrie allemande qui tournait à plein régime, et dont l'excédent commercial fait aujourd’hui sa richesse. L’Allemagne n’avait pas besoin de subventions pour son agriculture dans la mesure où nous lui permettions d'avoir une main-d’oeuvre étrangère à bas prix, Polonaise et Tchèque en particulier. Le coq gaulois peut encore chanter les deux pattes sur son fumier mais pour combien de temps? Les poules allemandes, elles, caquettes gentiment bien au sec. Il faut dire que l'essor de la volaille allemande a été considérable ces dernières années. Il plafonne actuellement. Ouf…Une bouffée d’air pour nos poulets qui résistent assez bien. Patatras ce sont les dindes qui ne s'exportent plus. Moins 13,6% en 2013. Quand ça veut pas ça veut pas… Côté cochon c’est pas mieux. Sur les quatre premiers mois de l'année 2015, l'exportation de la viande de porc enregistre une perte de 100 millions d'euros alors que le volume a augmenté de 2%.

La faute des Russes

Comme toujours, il faut un  coupable… Même si la fermeture du marché russe a contribué à ce déficit ( auquel il faudra bien ajouter  qu’on le veuille ou non les deux milliards ( ..) de remboursement à Poutine pour ses deux Mistral restés à quai). Bref, les belles années sont bel et bien derrière nous. Nous payons au prix fort l’incompétence des nos dirigeants politiques. Ce n'est plus d'un mistral dont il est question mais d’un tsunami qui risque de balayer comme un fétu de paille nombre d'installations des jeunes agriculteurs qui ne pourront plus faire face à leurs investissements... Il n’y a rien  d’étonnant à ce que la Manche, département laitier et producteur de viande par excellence, ait été l'un des premiers à s'embraser. Et c’est d’autant plus inquiétant, quand on connaît l'esprit normand plus enclin à construire qu'à détruire. C’est un vent mauvais qui se soulève en France dont l'agriculture a toujours été jusqu'alors source de richesses et d'équilibre.   À l'approche des élections régionales les électeurs sont désabusés ils en ont assez des atermoiements, des mensonges permanents et des querelles des partis au détriment de l'économie du pays.



(1) source Cabinet d’études économiques pour les initiatives vertes.

6 commentaires:

  1. Anonyme8/21/2015

    Merci pour cet article. C'est aussi pour la France que nous nous battons car si l'agriculture française devient déficitaire, vaut mieux déposer le bilan. Nos gouvernements successifs s'en sortaient politiquement en se vantant des subventions européennes qu'ils obtenaient pour l'agriculture. Nous ne sommes pas des mendiants. On demande seulement que nos productions soient payées á leur juste prix.

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  2. L'agriculture est un bastion de notre économie qui est vital. Nous avons déjà perdu la bataille de la mer alors que nous sommes la seconde puissance maritime après les États Unis... Sachons défendre ce qui nous reste.

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  3. Anonyme8/23/2015

    Il ne faut pas les victimiser. Vous dénoncez les politiques mais vous faites pareil. Le monde agricole a bien profité des aides et leur patrimoine s’est développé plus rapidement par rapport à la classe ouvrière et même des cadres qui font souvent un travail aussi difficile sinon plus pénible. Il est temps de nous attaquer aux vrais problèmes. L’agriculture n’est pas la France.

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  4. Il faut m'expliquer "quand vous faites pareil". Conclure que l'agriculture n'est pas la France... C'est oublier tout de même qu'elle est un pan essentiel de son économie. Si elle devenait déficitaire au niveau des échanges commerciaux ce serait un une régression effroyable pour le budget de la France. N'oublions pas non plus qu'un emploi agricole , c'est aussi 7 emplois induits.

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  5. Anonyme8/24/2015

    Varoufakis, pro européen et ex ministre grec, expliquait ce matin chez Bourdin que les accords validés par la France sont systématiquement retoqués par la technocratie bruxeloise.

    Ce qui vaut pour les dettes et l'euro l'est très certainement pour l'agriculture (voir les décisions iniques concernant la pêche).

    Cette technocratie que l'on appelait la ploutocratie il n'y a pas si longtemps dans notre histoire est de retour, plus puissante que jamais. Elle nourrit et se nourrit du sentiment anti-parlementaire et jette les démocraties dans le chaos. Elle n'est comptable de rien devant personne.

    Quelles sont vos solutions Mr Trehet ? Croyez vous que la compétitivité se gère localement ?
    Nous soutenons nos paysans et toutes les formes d'agricultures dès lors qu'elle respecte la santé humaine. Pourtant, à part aller ressortir la guillotine de la prison de Coutances, je ne vous aucun moyen de faire plier le mammouth européen.

    Bonne journée

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  6. Je ne vous donne pas tort. Récemment le sénateur Bizet disait en préfecture qu'il ne sera pas possible de revenir sur l'arasement des barrages de la Sélune compte tenu des directives européennes.. Nous marchons sur la tête en effet. En fait c'est la démocratie au niveau de l'Europe qui ne marche pas. Plus on s'éloigne du terrain, plus l'administration est puissante face à des élus parfois un peu dépassés par les questions traitées.

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