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lundi 1 juin 2015

La communauté de communes du val de Sée prend le Relais

  

Les biffins des temps modernes.



Jadis, on les appelait des chiffonniers. Dans les grandes villes comme à Paris, on les voyait poussant un landau rempli de vieux vêtements qu’il revendaient au marché aux puces. Avec l’arrivée des fripes bon marché fabriquées en Asie que l’on jette à peine portées, la biffe est devenue une industrie à part entière. Exit le clochard livré à lui-même, place aux entreprises solidaires dans la collecte et le tri ; elles ont pour objectif de le réinsérer. Cette activité s’est offerte un lifting, et une honorabilité mais qu'en est-il sur le terrain? Il semblerait que pour la bonne cause on se batte encore comme des chiffonniers....
Répondant favorablement au souhait du département de la Manche d’accueillir le Relais sur son territoire afin d' y construire un centre de tri de déchets textiles,  je ne m’attendais pas à engager un bras de fer avec les industriels de ce secteur.  Tout semblait pourtant clair,  le Relais est une société bien connue dans le monde de l'insertion; son implantation dans le Sud Manche n'a rien de concurrentiel. Son projet  n'ayant comme autre objectif d’être au plus près de son gisement et de décongestionner son centre de tri d'Acigné ( 35) . Du coup, la Manche pouvait se targuer de lutter contre l'exclusion en ralentissant la progression constante du nombre de bénéficiaires du RSA.  Son coût représente tout de même 10% de son budget annuel… tout en participant au développement durable avec le recyclage des déchets textiles dont seulement 20% du gisement est exploité. Une équation simple, que n’importe quel économiste sensé est capable de comprendre. Enfin, c’est ce que je croyais, d'autant que d'un côté, il y a l’État qui prône à grand renfort d’annonces la nécessité d'être solidaire pour réduire le chômage. Hélas de l'autre, il arrive que des individus  n’aient qu’une vision comptable de la misère. L’appât du gain, passe parfois avant l'intérêt des individus et des territoires.

Dès mes premières rencontres fin 2013 avec les élus responsables de l'insertion par l'économie, puis avec les services de l'État en 2014, je pressentais déjà quelques craintes des uns ou des autres de voir  une concurrence s'installer par rapport à Normandie TLC (ex COBANOR), une  société de même nature que le Relais,présente sur le département voisin du Calvados, laquelle  bénéficie d'un large soutien de la Région et l'État, par l'octroi d'emplois aidés (80% des salariés). Inquiétudes incompréhensibles, dans la mesure où cette société  ne collecte que 3200 tonnes de textiles sur un gisement normand de plus de 35000 tonnes. Certes, nous avons déjà assisté sur nos territoires à des concurrences entre associations intermédiaires soucieuses de se développer mais nous sommes là seulement face à l'ambition d'une structure d'obtenir le monopole dans sa Région au risque d'appauvrir certains de ses territoires.

La solidarité n'est pas un jeu; l’on ne peut jouer avec la misère et la précarité.

 Toujours est-il que nous sommes en 2015 et que le  centre de tri demeure à l'état de projet, alors que la collectivité s’est engagée pour concevoir les constructions de bâtiments et évaluer leur coût pour permettre au Relais d’établir son business plan, comme il le lui était demandé par  la Direccte ( direction régionale des entreprises et de la concurrence). Patatras, les données ont changé. « Il est devenu nécessaire de faire une étude pour analyser l'impact de l'arrivée du Relais dans le Sud Manche ». C’est nous prendre pour Candide, pour ne pas dire autre chose, quand on sait que le gisement de textiles est loin d'être exploité par cette ambitieuse société caennaise. Prévue initialement au premier trimestre 2015, pour un résultat en mars, les choses se présentent mal puisqu'on apprend que cette étude n’est pas encore lancée. Cerise sur le gâteau, le Relais devra répondre à un appel à projet pour 2016. Et voilà comment le département de la Manche en est venu à organiser une rencontre entre tous les partenaires le 20 mai dernier. Une réunion que le président de Normandie TLC demandait d'annuler. À quel titre ? J'ai du manqué un chapitre. Pour autant voilà une attitude qui en dit long...
À l’issue de cette journée, les participants sont repartis rassurés avec la promesse  de proposer ce projet au CDIE de décembre 2015 où l'État et le département sont présents. Si un accord est conclu, il restera à la Direccte à partager ses moyens pour apporter son aide en permettant la création de 20 emplois solidaires (50% au lieu de 80)...  Si l'État bien sur les lui attribue. Je sais, ça fait beaucoup de si pour la Communauté de communes et les manchois qui devront encore attendre encore près de 18 mois pour travailler au centre de tri textile du Sud Manche... Si entre temps le Relais ne renonce pas... En attendant, le RSA a encore de beaux jours devant lui. On a prévu 8% d'augmentation au budget 2015 du département... 4 millions de plus!!!         

1 commentaire:

  1. Anonyme6/02/2015

    question importante pour le département qui ne dispose pas suffisamment de sociétés insertion; l'Etat se doit d'être neutre et équitable dans ses aides; le Calvados et mieux servi que la Manche d'une manière générale JH.L

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