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dimanche 2 juin 2013

LE BAC : Un passe pour pôle emploi ?

On n'y échappe pas, les journalistes appellent ça  des marronniers pour désigner un événement qui se reproduit chaque année.  Et comme nous sommes en juin, c’est l’examen du baccalauréat qui fait la Une de l’actualité. Au moins, pendant ce temps là, on oublie le mauvais temps, les mauvais sondages, le chômage etc…Et bien, pas vraiment;
Tendance Ouest a su enrichir son marronnier des chiffres alarmants du chômage qui venaient de tomber pour traiter un vrai sujet au cours d'un débat auquel j'ai eu le plaisir de participer. Les bacheliers sont-ils épargnés par le chômage? .

Vaste programme : Avec plus de 70 bacs différents et plus de 80 spécialités, a t-il encore une valeur ? N'est-il pas devenu un sésame qui ouvre la porte d'entrée du chômage ? À l’heure ou l’on rappelle les valeurs de la république sur les frontons des écoles : Liberté Égalité Fraternité  nous sommes en droit de nous demander si le baccalauréat reste l'examen qui incarne le mieux l'égalité. Un bac de série S du Lycée Henri IV a t-il la même valeur que celui obtenu dans un obscur établissement de Seine St Denis. Si par bonheur il est assorti d’une mention ( ils étaient 8% à en avoir une en 2012) c'est la porte ouverte à une brillante carrière pour le premier, pour le second, l'avenir du bachelier de cet établissement reste incertain.

Le bac à marche forcée

Ayons d'abord le courage de regarder les choses en face, en nous posant la question sur la  réelle qualité de ce diplôme. Dans les années cinquante il y a avait 60% de réussite au bac général; en 2012 ils étaient 89,6%, tous bacs confondus. Formidable, la jeunesse française est sur la voie de la réussite. Mais ce morceau de papier, délivré au plus grand nombre, ne serait-il qu'un assignat sans valeur? Ouvre t-il la porte au succès? Grave erreur probablement car les exigences ne sont pas les mêmes qu'hier. Par comparaison, un élève en classe de certificat d'études en 1920 était éliminé avec cinq fautes d'orthographe en dictée; aujourd'hui un élève peut en faire 25 dans un texte sans qu'il soit inquiété. Les difficultés seront pour demain. Comment trouver un job dans ces conditions?
  
  
Le modèle Allemand

Outre Rhin, et outre-quiévrain, les choses sont plus simples et plus équitables. La   fin des études secondaires en secondaire I en Allemagne est sanctionnée par un diplôme (ABITUR) équivalent de notre baccalauréat, mais basé sur un contrôle continu tout au long de l’année; il permet d'enter à l'Université.  Le secondaireII , lui, s'ouvre sur le professionnel. La Belgique ne s’embarrasse pas d’examen; un certificat  remis aux élèves atteste la fin de leurs études . Pour le coup, les élèves Allemands et Belges sont-ils moins performants que les Français ? assurément non. Sans parler du coût financier que représente l’organisation de l’épreuve du bac par élève ( près de 90euro) une bagatelle ! Tout le monde s'accorde à dénoncer un mode d’éducation dépassée qui débouche sur la désillusion et le chômage, malgré les moyens qui lui sont accordés. En vingt ans le nombre d'élèves, en France,  a baissé de plus 500000 alors que celui des enseignants, dont les qualités ne sont pas à mettre en cause, a progressé en même temps de plus de 30000, mais personne n’a le courage de s’attaquer au problème. Trop difficile à résoudre pour les brillants pédagogues qui se succèdent. Pendant ce temps la France a décroché et a été doublée par une vingtaine de pays. Elle doit se remettre en cause et vite.. Très vite !    

 Finissons-en avec la pensée unique
Non, tous les enfants ne sont pas égaux. Non, tous n’ont pas les mêmes capacités ni la même forme d'intelligence. Non, la réussite scolaire ne se résume pas à l'obtention du baccalauréat... comprenons que l'égalitarisme est une doctrine utopique source d'échec... Exigeons de l'éducation qu'elle replace l'enfant au coeur du système et le prenne en charge avec ses différences pour lui permettre de se réaliser. Quand les idéologues de l'éducation auront compris que l'échec scolaire n'est pas une question de niveau intellectuel mais d'adéquation entre les résultats, la compréhension, les aptitudes et les goûts de l'enfant... Alors le système éducatif sera enfin en mesure d'atteindre ses objectifs, dès lors, bien entendu, qu'il saura orienter chaque enfant dans le cursus qui lui convient pour s'épanouir et vivre dignement sans passer le tiers de sa vie professionnelle au chômage.

Le tableau noir

En 2011, le taux de chômage des titulaires du baccalauréat  au cours des 4 années suivant son obtention était de 18,4%; il est de 11,2% pendant les six années suivantes ... Que dire des 29% d'une classe d'âge qui ne l'ont pas obtenu? Que dire également des 90000 bacheliers entrés à l'Université , plus de 20%, qui sortent chaque année de l'enseignement supérieur sans diplômes? Pour ceux qui s'inscrivent en Faculté, seuls 39,5% décrochent une licence en 3 ou 4 ans. Moins d'un tiers la bouclent en trois ans. Quand aux bacheliers titulaires d'un bac professionnel qui se sont risqués à suivre une licence, seulement 10% l'obtiennent en 3,4,ou 5 ans. Évidemment, c'est beaucoup mieux dans les classes préparatoires; 85% passent en seconde année et intègrent des écoles d'ingénieurs ensuite... Mais tous n'y sont pas acceptés !. De tels résultats sont édifiants. Ils sont à l'origine de la déconfiture économique de la France, de la déprime des français , de la fracture sociale et du coût exorbitant du chômage.  26% des bénéficiaires du RSA n'ont pas vraiment de formation et 40% ont un niveau CAP,BEP.. (Le niveau n'est pas diplôme faut-il le rappeler)... 17% ont un niveau bac et 16% "planent" au-dessus. J’entends déjà les commentaires : «  Vous enfoncez des portes ouvertes nous savons  qu'il y a un lien entre la formation et le chômage et que le système éducatif n'assume pas sa tâche. D’accord, mais après, que faisons nous ?

Le manque d’audace des politiques

Et si la réponse était, pour commencer, de donner un bon coup de balais en virant tous ces idéologues et autres inspecteurs cacochymes porteurs du virus de l'égalitarisme. Au mieux, les mettre en quarantaine pour préserver notre jeunesse de leur vision sclérosante d’une éducation basée sur le résultat à tout prix, et non sur l’intelligence et la valeur de l’individu. La cuvée du baccalauréat de 2013 ne vaudra pas plus que celle de 2012. Une piquette de plus qui servira pour beaucoup à remplir les casiers des demandeurs d’emploi. Pour les faire patienter, on pourra toujours leur apprendre comment remplir les formulaires d'embauche ou du R.S.A. Pendant ce temps, en Allemagne, les jeunes sont au boulot parce que le système scolaire a su les orienter au moment opportun vers les filières porteuses, qui   convenaient à leur qualités... Filières ? que dites-vous là monsieur..  c’est un mot banni de notre vocabulaire. En France, nous préférons requalifier les métiers et le tour est joué ! « Vous serez technicienne de surface madame », avouez que ça une autre allure sur un CV que femme de ménage non ? Oui, mais aurais-je une formation évolutive pour m’élever vers un autre métier ? – Ah..là, vous en demandez trop, nous sommes en France; avec un baccalauréat de petite série ne vous attendez pas à progresser.

Que l’on se rassure, en France l'égalité est une question de vocabulaire. La  professeur(e) forme des écrivaines pendant que la sapeuse éteint le feu au côté de son collègue pompier. Et après ça, vous allez dire que nous n’avançons pas. Ça fume dans le cerveau de nos dirigeants, mais c'est La France toute entière qui se consume à petit feu pendant qu'ailleurs on allume la flamme des enfants en leur donnant un savoir dont ils tireront profit et feront  bénéficier leurs pays. L'enfant n'est pas un panier qu'on remplit disait Rabelais; on semble l'avoir oublié. Vraiment, notre mal est profond, et le temps nous est compté. Chaque jour qui passe est un jour perdu.
Qui va mettre les mains dans le cambouis pour remettre la mécanique en marche, à l’instar du garagiste René Monory, maire de Loudun, créateur du Futuroscope de Poitiers; il fut un bon ministre de l'Education Nationale en 1986 sous l'ère Mitterrand et Chirac alors 1er ministre. Au fait, il avait commencé à travailler comme apprenti à 15 ans, avec en poche un brevet élémentaire et un brevet industriel. Comme Sacha Guitry, André Malraux, Antoine Pinay, Pierre Bérégovoy ou Emile Zola qui a passé deux fois le bac sans l'obtenir, il a su nous montrer que rien n'est perdu dans la vie quand on a du talent même s'il n'est pas sanctionné par un diplôme. Encore faut-il savoir détecter ce talent!

5 commentaires:

  1. Anonyme6/03/2013

    Et Michel Drucker... Et bien d'autres.. Heureusement qu'il y a beaucoup de créateurs pour beaucoup non bacheliers

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  2. Anonyme6/03/2013

    Je partage complètement votre analyse. Je pense en effet que le bachelier d'aujourd'hui vaut moins qualitativement que celui des années 50 et 60. Cette distribution du diplôme pour le diplôme ne mène à rien dans la mesure ou il n'ouvre aucune porte s'i il ne comporte pas de mention. Mais c'est avant tout la mentalité de certains recruteurs qu'il faut changer. Comment supporter que l'on demande deux ans d'expérience professionnelle à un môme de 18 ans qui n'a aucun diplôme en poche. J'aimerais savoir combien de ces chefs d'entreprises ont au moins un certificat d'études primaires?

    cordialement

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  3. Depuis les TUC en 1981 en passant par les emplois jeunes, les emplois tremplins, les CAE et bien d'autres contrats j'ai employé beaucoup de jeunes qui ont profité de formation sur le terrain. Pour la plupart , ils sont toujours dans les services locaux et donnent entière satisfaction. Pour autant il y a de jeunes diplômés très compétents, fort heureusement.

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  4. Anonyme6/04/2013

    L'Education ne reconnait ni le talent ni la personnalité; j'ai été collé au bac deux années de suite; je suis aujourd'hui chef d'entreprise; j'ai 35 ans et plusieurs entreprises avec 12O emplois. Un ami m'a donné le gout d'entreprendre que l'éducation ne donne pas. elle critique plutôt les patrons.C'est dommage! par contre votre section sportive m'a donné confiance.Jerome

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  5. Anonyme6/24/2013

    Vous avez totalement raison. La preuve, l’Académie préconise maintenant de noter maintenant sur 24. C’est dire le niveau des candidats !!!

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