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samedi 13 août 2016

panique au bourg


Du rêve à la réalité

Hier encore, l’on prônait un retour à la nature, au cadre de vie ou comment « mettre les villes à la campagne » pour paraphraser Alphonse Allais. Un rêve de citadins actifs qui se voyaient déjà travaillant les doigts de pieds en éventail grâce aux nouvelles technologies favorisant le télé travail. Nombre d’élus y a cru aussi, tout comme les agents immobiliers qui ont flairé la  bonne aubaine en fourguant à prix d’or de vielles bâtisses au prétexte facile  qu’elles avaient « du potentiel ». Les anglais nous ont bien aidé en restaurant de nombreuses friches. De ce point de vue, la Manche n’a pas été laissée pour compte mais très rapidement, force a été de constater que les choses ne se sont pas passées comme on l'imaginait. À moins d'avoir pris les choses en mains comme nous avons tenté de le faire dans notre commune pour réduire le nombre de pancartes à vendre qui pendouillaient défraichies sur des vitrines désafectées et éviter en même temps qu'elles ne soient reprises par quelques retraités ruraux soucieux de se rapprocher des commerces pour vivre une vieillesse heureuse au pays. Ou bien encore de placer quelques économies pour en tirer profit... Une illusion de terriens qui croient en la valeur de la terre et de la pierre. Très vite chacun s'est rendu compte que le mode de vie des néo-ruraux n'était pas celui des autochtones. On peut vivre au village sans pour autant le faire vivre. Le commerce local s'est essoufflé. De vitrines à vendre en habitations de proximité puis en logements précaires nous sommes très rapidement passés à des logements vacants inadaptés à l'accueil de personnes âgées soucieuses de sécurité et de proximité. En même temps un autre exode rural s'affirme, orchestré celui-là par les services de l'État, qui lui portent l’estocade avec la réforme territoriale, et la réglementation de l'urbanisme. Les commerces continuent de fermer les uns après les autres, les médecins se font rares et, pour consulter un spécialiste il faut attendre parfois 8 mois. Cette situation concerne la grande majorité des départements français mais elle est plus sensible dans les secteurs les plus ruraux comme celui du sud manche par exemple où la désertification rurale s'accompagne de l'affaiblissement de l'artisanat et de l'emploi sachant que ce n'est pas la qualité du réseau radio téléphonique et maintenant la mauvaise réception télé depuis le passage à la TNTqui arrangeront les choses. Quelles que soient leurs qualités et leurs volontés, les élus n'ont pas toutes les cartes en mains pour ralentir une évolution qu'ils subissent avec un sentiment d'abandon des "politiques". Il faut se rendre à l'évidence, le constat est déprimant malgré les annonces permanentes de jours meilleurs.

La désertification, une gangrène qui ronge la ruralité

 "La Presque totalité des 15000 communes rurales ou isolées de France sont rongées par la dévitalisation de leur centre qui va en s'accélérant" assure Le Monde (05/08/2016). On assiste à une métropolisation de notre pays que France Stratégie se plait à encourager: "dans un contexte de rareté budgétaire... Il faut investir moins dans les territoires intermédiaires...". Selon Emmanuel Ducasse, expert du marché immobilier du Crédit Foncier, " les transactions se concentrent dans à peine 3000 communes". Et maintenant  avec le passage de la carte communale et du P.O.S au PLU puis au PLUI, Plan Local d'Urbanisme Intercommunal, l'urbanisation de leurs communes risque d' échapper aux maires. À moins que les chargés de l'urbanisme des Communautés de communes et des présidents de SCOT s'entendent pour prendre en compte leurs doléances et leurs projets. Encore faut-il que les réglementations qui s'empilent comme des mille feuilles le leur permettent.

Bientôt des bourgs fantômes


En attendant on constate que la vacance des logements n'a cessé d'augmenter ces 10 dernières années: "elle est passée à 8,8% dans ces 15000 communes avec des pics à plus de 15% dans plusieurs d'entr'elles... Une augmentation qui dépasse les 33%. En 2013, le taux de logements vacants était de 8,1% dans la Manche (7% en 2010), le pays de la Baie détenant le record avec 37% pour 35% pour le pays du Cotentin, 14% pour le  Coutançais et 14% pour le Saint Lois en 2009).  Seules, 57 communes (32%)  des 184 communes du pays de la baie n'ont pas eu d'augmentation de 1999 à 2009*. Quant aux logements vacants de la Manche, ils représentaient 37%de la vacance bas-normande. Ces   chiffres n'ONT cessé d'augmenter ces dernières années  malgré les nouvelles constructions, mais celle-ci se sont bien raréfiées  avec la crise. À l'évidence on ne pourra pas faire l'économie d'une réflexion approfondie sur la politique intercommunale de l'urbanisme pour mettre un frein à un exode rural dont les conséquences se répercutent toujours sur l’éducation par la suppression de classes et d'écoles notamment.
Face à ce constat alarmant, le département de la Manche va engager des contrats de bourg avec une soixantaine de communes (pôles ruraux) visant à favoriser leur revitalisation dans le cadre de projets locaux d'autonomie susceptibles de rompre l'isolement social des personnes âgées, de développer la silver économie, de réinvestir l'habitat rural libéré et de dynamiser le commerce local. De leur côté, les communautés issues de la loi NOTRe auront également à s'interroger sur la meilleure politique à mener pour renforcer la cohésion sociale et territoriale des collectivités qui en  seront membres s’ils ne veulent pas voir leurs communes se transformer en villes fantômes. Entre nous, si l'idée des communes nouvelles doit rester d'actualité pour mutualiser les moyens et réduire les dépenses de la France, je crains que si la réflexion n'est pas organisée à une échelle suffisante, seul l'État tirera quelques bénéfices de la création de ces nouvelles collectivités.

*taux de vacance 2010, sources INSEE
CC Avranches-Le Mont Saint Michel: 8%
CC Val de Sée: 9%
CC Saint James: 10%
CC Mortainais: 11%
CC Saint Hilaire du Harcouet: 12%
Département de la Manche: 7%

7 commentaires:

  1. Tout à fait vrai et navrant ! Quand on traverse la France on constate des villages déserts voire abandonnés .Quelle Ruralité pour demain ?!!!!!!

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  2. Anonyme8/13/2016

    C'est pas tout à fait vrai pour Brécey.E.P.

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  3. Oui nous avons acquis des magasin pour les geler, les louer ou les revendre; ça a bien marché. De plus en donnant un cadre de vie et d'accueil satisfaisant, des privés se sont mis à restaurer en appartements de grandes demeures. Mais c'est un combat permanent car la vacance est présente dans les logements du centre et le nombre d'habitants par logement s'y réduit. Il est nécessaire de construire pour maintenir la démographie à flot. Tout cela est un vrai challenge. Le privé que nous avons aidé (OCM,CDHAT,OPAH..)nous a bien suivi. C'est une chance.

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  4. Anonyme8/15/2016

    Créer et maintenir de l'emploi c'est très bien, mais il faudrait qu'employeurs et employés jouent le jeu d'habiter et de s'approprier le territoire que vous avez su rendre attractif à tous niveaux.

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  5. C'est à nous élus de favoriser l'émergence de réseaux de chefs d'entreprises qui s'approprient et développent leur territoire. À nous également de savoir le rendre attractif par un cadre de vie et une communication qui repose sur nos forces et nos atouts. A nous aussi de favoriser l'implantation des familles. L'emploi et le cadre de vie sont les deux conditions essentielles ainsi qu'une politique d'urbanisation adaptée aux attentes d'une population qui a besoin de modernité et de nature. C'est pourquoi l'implantation de la fibre numérique devient l'une des priorités.

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  6. Anonyme8/15/2016

    bonsoir,
    Entièrement d'accord avec votre article et dernière remarque. L'emploi et l'économie sont les principaux nerfs de la guerre. Brécey a pu continuer son attractivité par le biais des actions sur l'économie, le logement, le social et son accés facilité à l'A-84. A l'instar de ce que vous décriviez dans votre précédent article, les élus se doivent de rendre attractif leur territoire.
    - continuer à œuvrer pour pousser les jeunes à poursuivre leurs études (CLAS, Soutien scolaire,
    - rendre le territoire attractif (offre sportive et culturelle) mais surtout axer notre énergie sur l’économie :
    - Aides aux artisans
    - Développement des communications (Internet, téléphonie mobile et transport => A84 vers le mortainais)
    - Facilitateurs de projet -il est inacceptable de voir comment le projet "tomates" est traité à plus haute échelle politique).
    -Favoriser l’esprit entrepreneurial (création de pépinière sur l’éco-parc et aide à l’installation)

    j'apprécie chez vous cette constance (à travers le divers articles et actions) qui prouve que la solution se cache dans notre volonté d'agir sur l'économie et l'attractivité du territoire. la fusion des communauté de communes peut être considérée comme un crise. ce dernier mot se traduit par risque et opportunité. A vous et nous d'en faire une formidable chance pour le Sud-Manche.
    XT

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  7. Anonyme8/16/2016

    Vous êtes à la veille d'un vrai challenge pour l'avenir du Sud Manche. Je souhaite vraiment que la politique ne vienne pas tout gâcher car tous ces résultats exigent qu'un vrai projet soit mis en place sur notre territoire qui n'attire du monde que pendant les vacances... Et encore. Je peux vous dire en connaissance de cause que le mois d'aout va être un des moins bons de ces 10 dernières années. LH.

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