La loi est la loi,
même si elle est parfois contestable et inappropriée; pour ma part, il en est ainsi,
me semble t-il, de la réforme
territoriale et de la fusion des collectivités, notamment des communautés de communes; elle a mis la charrue avant les bœufs au risque de mettre à mal la
ruralité et la démocratie de proximité au bénéfice de grandes collectivités
dans lesquelles l'administration aura beau jeu de prendre les rênes. De l'avis d'une grande
majorité d'élus, l'État aurait du avoir
le courage de s'en prendre d'abord aux petites communes dont l'action politique, il faut bien l'avouer,
est souvent réduite à sa plus simple expression. Elle se limite à l'état civil, lorsque la mairie
est ouverte, au repas des personnes âgées, une fois par an, et à l'entretien
d'un patrimoine constitué des locaux municipaux, d'une une école désaffectée la plupart du temps et transformée
en salle de convivialité ou en appartements, et à une église ouverte principalement pour les
enterrements.
Ce n'est pas le choix qui a été fait par le gouvernement. Les
sénateurs étant élus par les 36.000 maires de France et une partie des
conseillers municipaux, il a d'abord pensé aux conséquences politiques et à la couleur du sénat; elle a
néanmoins viré au rose. Nicolas Sarkozy pouvait s'en mordre les doigts. Dans le département
de la Manche, trois sénateurs ont été choisis par un peu plus de 1.500 électeurs désignés par les conseils
municipaux des 603 communes, rurales pour la plupart; plus de 15% n'ont même pas
100 habitants; la commune de Reignéville bocage, par exemple, a 28 habitants et sa mairie est
située dans la sacristie de l'ancienne église, alors que celle de Taillepied
(29 hab), dont parle Barbey d'Aurevilly dans "Un prêtre marié", est
située sur le territoire de Saint Sauveur le Vicomte... Cette commune est gérée de
père en fils par la même famille. Bien sûr ce n'est pas propre à ce département. En France la commune de Châteauvieux les
fossés a 7 habitants; elle gère un budget de 17.000 euros, pour partie
l'indemnité du maire.
La politique a ses raisons que la raison ne connait pas;
c'est bien connu! Mais c'est ainsi; Il faut savoir l'accepter et trouver les
moyens de ne pas la subir en la rendant positive. Ce n'est pas toujours simple
lorsque l'administration préfectorale s'en mêle avec des parlementaires et des
maires de grandes communes qui ne rêvent que de s'agrandir au sein de
communautés urbaines. L'élu de base a du bon sens et entrevoit bien les risques mais il a également le sens
du devoir et le respect de l'autorité qui connaît et applique la loi, selon ses
convictions ou ses intérêts.
Dans la vallée de la Sée, petit fleuve côtier que de
nombreux français connaissent pour y avoir vu le mascaret lors de la montée de
la mer dans la baie du Mont Saint Michel, les élus des communautés de communes
de Brécey et Juvigny le Tertre et de quatre communes du canton de Saint Pois,
Saint Laurent de Cuves, Mesnil Gilbert, Lingeard et Saint Michel de Montjoie
n'ont pas suivi le mouvement général; ils ont choisi de constituer une nouvelle
communauté d'environ 10.000 habitants seulement; cette décision leur permet de rester dans une collectivité à taille humaine et de
s'unir afin de poursuivre ensemble le développement économique d'un territoire
qu'ils ont engagé depuis des années, sans attendre la loi, dans le cadre de
contrats territoriaux solidaires, respectueux de l'environnement et soucieux
d'apporter aux habitants un cadre de vie
dans lequel ils peuvent s'épanouir sereinement.
La taille d'une collectivité n'est pas toujours synonyme
de développement. En revanche, l'appartenance à un territoire, l'unité et la
convivialité associées à la créativité permettent de s'identifier et de
s'impliquer dans une démarche constructive où le partage et la reconnaissance
de l'autre apportent la confiance nécessaire au travailler ensemble. La
gouvernance devient alors le moteur du dynamisme, de la synergie des volontés
et de la mutualisation des compétences. Fusion ne devient pas absorption,
encore moins dilution, mais plus simplement addition des différences et des
complémentarités qui permet à chacun de s'exprimer et d'ajouter sa pierre à
l'édifice dès lors qu'elle se conjugue avec proximité. Certes, la vallée de la
Sée est un territoire rural discontinu,
mais il est tramé par un "fil bleu" porteur d'une image qui
l'identifie au sein d'un bassin de vie structuré par des équipements sociaux,
éducatifs, culturels et sportifs de qualité et attractifs.
Ainsi, dès le 1er janvier 2013, la nouvelle communauté de
communes du Val de Sée concrétisera la réforme territoriale dans une logique de neutralité financière pour les contribuables et les
collectivités l'objectif n'étant pas de répartir les charges sur un plus grand
nombre d'habitants mais de créer de
nouvelles richesses pour un développement harmonieux et équilibré du territoire
autour d'un pôle, la commune de Brécey en l'occurence, qui ne pourrait se
satisfaire d'être un oasis dans un désert. En appréhendant toutes les incidences d'une
réforme territoriale pour mieux l'adapter aux spécificités de leur territoire, les élus du val de Sée ont
pris sans crainte leur avenir en mains,
forts de la confiance qu'ils ont acquise depuis des années dans les actions communes qui
ont jalonné leur projet de territoire. Seul, un projet permet de comprendre et de se lancer avec confiance dans une aventure risquée qui sera sans retour.
la crainte des élus ruraux, c'est de voir leurs impots s'envoler;leurs habitants profitent des structures urbaines mais ils ne veulent pas participer
RépondreSupprimerCe propos ne s'applique pas à tous les élus; je ne rencontre pas ce comportement sur mon territoire mais il est évident que, jusqu'ici, l'effort le plus important a été porté sur Brécey qui n'est pas perdant si l'on considère l'évolution démographique du canton et de la commune de Brécey; En ce qui concerne la fusion des collectivités locales de la Vallée de la Sée, nous avons néanmoins veillé à ce qu'elle n'ait pas d'incidence financière sur les contribuables et les communes qui bénéficieront d'une compensation financière pour neutraliser toute incidence des taux sur leurs budgets.
RépondreSupprimerLa suppression autoritaire des petites communes serait à mon avis une catastrophe pour le monde rural et une décision stupide. Celles-ci constituent avec la famille le dernier rempart structurant face au dicta de l'administration et des Préfets, bref du Bonapartisme dont la France souffre depuis tant d'années. Supprimer les écoles rurales comme à Cuves, soit 3 postes pour 45 enfants et dépenser des millions d'euros à Saint-Michel de Monjoie pour une poignée de gamins pas sages montre à quel point la politique du tout pour les uns et rien pour les autres nous coûte un maximum d'argent. Brécey a la chance d'être un chef lieu de Canton central mais que dire de Saint -Pois tiraillé entre Juvigny, Brécey, Sourdeval, Saint-Sever et Villedieu, de Saint-Sever enclavé dans la Manche entre 2 cantons du Calvados et 6 cantons du Centre et du sud-Manche ? Beaucoup de communes que les Préfets ont sommé de se regrouper avaient voté démocratiquement contre les décisions arbitraires de ces fonctionnaires de luxe, fonctionnaires que l'on peut facilement révoquer comme à Saint-Lô en 2007. Ces villages qui avaient une âme ont perdu depuis, je peux en témoigner, leur dernier commerce, leur école et leurs associations culturelles et sportives, ce qui a conduit de nombreux enfants à l'échec scolaire et certains adolescents oisifs à des peines de prison. Ceci aurait pu être évité si l'école et le club de foot de la commune avaient perduré. Tout est désormais imposé par les prétendus intelligents, les Bobos de gauche et de droite qui prennent dans nos poches l'argent nécessaire à la réalisation égocentrique de leurs seuls projets. Non, les conseillers municipaux ruraux ne sont pas des imbéciles, il faut simplement les laisser agir démocratiquement sans confisquer leurs décisions au profit de celles des fonctionnaires de l'État qui massacrent la ruralité depuis des années sous la pression des seigneurs locaux.
RépondreSupprimerQuelques exemples de bêtise humaine : des encombrants qui partent de Saint-Sever, vont à Bayeux et reviennent à Cuves (bonjour les économies d'énergie...) - Un gîte construit à Champ du Boult et qui concurrençait l'ancien centre d'accueil de Saint-Michel de Montjoie situé à 3 kilomètres (résultat : chômage) - Des écoles fermées car les élèves d'un département ne peuvent aller dans l'autre - Des enfants qui n'ont pas droit aux réductions et au transport pour se rendre à la piscine de villedieu car ils sont de Fontenermont ou de Saint-Aubin alors que leurs communes sont situées à 10 minutes de cette piscine – A l'inverse, des habitants proches de Champ du Boult mais qui habitent dans la Manche et doivent se rendre à la déchetterie de Villedieu – La forêt de Saint-Sever, ancienne forêt d'Avranches qui ne fait pas partie du Pays de la Baie alors qu'on y aperçoit le Mont-Saint-Michel – Le massif granitique bêtement coupé en 2 entre Pays de Bayeux et Pays de la Baie, ce qui rend sont exploitation culturelle très compliquée – Des boulangeries rentables fermés car elles sont entre deux cantons qui s'ignorent (Saint-Sever et Saint-Pois) etc, etc. Bref, le bon sens est vraiment très loin des préoccupations de nos politiques.
Si des Communes veulent s'auto-détruire, c'est à leur conseil municipal qu'en revient la décision et certainement pas aux fonctionnaires de la Préfecture.
Vous savez combien je vous apprécie Monsieur Tréhet mais là, je ne suis pas du tout, du tout d'accord avec vous, la démocratie est un bien trop précieux pour que l'on puisse le brader aux marchants d'illusions !
La suppression autoritaire des petites communes serait à mon avis une catastrophe pour le monde rural. La commune constitue avec la famille le dernier rempart structurant face au dicta de l'administration et des Préfets, bref du Bonapartisme dont la France souffre depuis tant d'années. Supprimer les écoles rurales comme à Cuves, soit 3 postes pour 45 enfants et dépenser des millions d'euros à Saint-Michel de Monjoie pour une poignée de gamins pas sages montre à quel point la politique du tout pour les uns et rien pour les autres nous coûte ,elle, un maximum d'argent. Brécey a la chance d'être un chef lieu de Canton central mais que dire de Saint -Pois tiraillé entre Juvigny, Brécey, Sourdeval, Saint-Sever et Villedieu, de Saint-Sever enclavé dans la Manche entre 2 cantons du Calvados et 6 cantons du Centre et du sud-Manche ? Beaucoup de communes que les Préfets ont sommé de se regrouper avaient voté démocratiquement contre les décisions arbitraires de ces fonctionnaires de luxe. Des villages qui avaient une âme ont perdu depuis leur dernier commerce, leur école et leurs associations culturelles et sportives, ce qui a conduit de nombreux enfants à l'échec scolaire et même certains adolescents oisifs à des peines de prison. Ceci aurait pu être évité si l'école ou le club sport et loisir de ces communes avaient perduré. Tout est désormais imposé par les élus prétendus intelligents qui prennent dans nos poches l'argent nécessaire à la réalisation égocentrique de leurs seuls projets. Non, les conseillers municipaux ruraux ne sont pas des imbéciles, il faut simplement les laisser agir démocratiquement sans confisquer leurs décisions au profit de celles des fonctionnaires de l'État qui massacrent la ruralité depuis des années sous la pression des seigneurs locaux. Bien sur il faut se regrouper sur des projets d'envergure mais pas toujours avec les mêmes partenaires et selon la description des besoins.
RépondreSupprimerSi des Communes veulent s'auto-détruire, c'est à leur conseil municipal ou à leur population d'en décider et certainement pas aux fonctionnaires de la Préfecture.
Vous savez combien je vous apprécie Monsieur Tréhet mais là, je ne suis pas du tout, du tout d'accord avec vous, la démocratie étant à mes yeux un bien trop précieux.
Je comprends très bien votre propos dans la mesure où j'ai souvent écrit pour défendre la ruralité. Je prêche d'ailleurs par l'exemple en partant du principe qu'une commune rurale sans moyens n'a plus aucun avenir dans les communautés qu'on voudrait nous imposer. Quel sera l'avenir de la commune d'Equilly (154h) dans la future communauté de Granville (44000h)? Comme vous le savez, la communauté de communes de Brécey, 6148 habitants aujourd'hui, a programmé et réalisé des projets dans toutes ses communes membres, même à La Chapelle Urée(130H) où un restaurant a été créé avec succès et un centre artistique etc.. demain avec une communauté à taille humaine nous pourrons encore aménager notre territoire sans tout centraliser à Brécey. D'ailleurs la progression démographique de Brécey a bénéficié de ce cadre de vie ainsi que l'ensemble du canton.D'autres exemples confortent mon propos:un gîted'étape au Petit Celland (160H), une maison des apprentis aux Cresnays (253H) une demeure communale à Cuves et à Tirepied, une entreprise AviOUEST au Grand Celland, un commerce à Braffais, l'assainissement collectif dans 7 communes de la vallée de la Sée grâce à l solidarité de Brécey au sein de la communauté etc... je vous comprend Ô combien
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