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mardi 23 juin 2015

La Manche s'embrase...



Après la fête de la musique, c'est une drôle de fête de la Saint Jean qui a illuminé la campagne manchoise pour célébrer l'arrivée de l'été... À ceci près que la joie  ne régnait pas parmi la trentaine d'agriculteurs  de la vallée de la Sée qui s'étaient réunis pour embraser un monticule de terre à l'extérieur de l'écoparc. En fait, toute la Manche a vécu la colère des producteurs de lait dans la nuit du 22 juin. Du Cotentin au Sud Manche sur une quarantaine de sites. Voici quelques années, c'était l'APLI qui prenait les rênes de la contestation. Aujourd'hui c'est au tour de la FDSEA de se faire entendre.
Alerté par la gendarmerie de l'arrivée d'une dizaine de tracteurs chargés de bois et de pneus. Je me suis rendu sur l'écoparc, inquiet des conséquences éventuelles d'un tel feu de bengale à proximité des bâtiments couverts de panneaux photovoltaïque. Conscients de leurs responsabilités, les pyromanes avaient pris leurs précautions pour éviter tout accident. Mais peut-on contrôler un feu quand il y a du vent ? alors que faire, rien, sinon dialoguer avec les éleveurs pour comprendre les raisons de leur colère.
 
"Dans les années 80, disait l'un d'entre eux, on payait trois litres de fuel avec un litre de lait.  Aujourd'hui, il faut trois litres de lait pour payer un litre de fuel".  La raison est simple : les laiteries ont baissé leur prix d'achat. Aujourd’hui un litre de lait est payé 25 à 30 centimes d'euros à l'agriculteur... alors qu’Il était acheté 2 francs voilà trente ans.  Dans le même temps, la baguette de pain est passée  d'un franc à un euro. six fois plus. "Tout à augmenter me dit un autre,, la réparation du tracteur qui  coûtait 600 francs ( environ 95€ ) avant le passage à l’euro il faut maintenant débourser 6000€".
Et d'ajouter : "sans compter que les producteurs de soja dont on a besoin sont devenus des financiers qui spéculent sur notre dos, la tonne est passée de 210 á 400€ en quelques jours. .À quoi servent nos politiques"... Des bons à rien..." Conclut-il.
Comment les blâmer, alors qu'on assiste impuissant à la crise du porc avec les conséquences  que l'on connaît  sur les abattoirs français . À qui la faute, à ceux qui ont laissé se construire l'Europe sur des inégalités sociales et des dérogations inacceptables concernant l'emploi et les salaires? Sans aucun doute. Comme en 2009, nos producteurs de lait se trouvent dans la même situation face aux laiteries qui ont le pouvoir de vie ou de mort sur eux. En se défendant, c'est aussi l'économie de la Manche qu'ils protègent, sachant qu'un emploi agricole induit sept emplois. Quand à savoir si leurs méthodes d'action les aideront pour être entendus c’est une autre affaire. Mais comme en France le dialogue social passe par l’affrontement... Aujourd'hui l'OPNC (Organisation des Producteurs Normandie Centre) créée pour discuter avec Lactalys entend pouvoir convaincre son partenaire industriel. Encore faut-il pour cela que ses membres restent unis et que ses représentants se préparent à un bras de fer du genre : pot de terre contre pot de fer... Les normands ne sont pas les bonnets rouges mais la colère est la même, et Le Foll n'est pas Ségolène Royal...
En attendant, nos jeunes producteurs de lait restent endettés sans pouvoir renégocier leurs emprunts. Ils continuent de bosser 70 heures par semaine pour toucher le montant du RSA une fois les charges et les impôts payés. Les 35 heures, c’est pas pour eux. Alors, les 32 heures de Taubira font un peu tache dans la situation actuelle de la France et de son agriculture sinistrée.

16 commentaires:

  1. Anonyme6/23/2015

    N'est ce pas le début d'une contestation nationale, parfois un petit rien sert de déclencheur aux autres. Aujourd'hui de part la politique de notre gouvernement nombre de nos concitoyens ont perdu leur emploi et se trouve dans la détresse, la politique de l'autruche n'a qu'un temps. Le réveil peut être brutal si les sans dents se réveillent. Aujourd'hui tout le monde subit cette incompétence .... ne regardons pas nos agriculteurs comme des excités mais pas comme des personnes qui clament leur détresse. Posons nous la question, "Est ce que j'accepterai de travailler pour rien ou presque rien".... moi non, alors soyons aussi solidaire et compréhensif.

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  2. Soyons solidaires en effet. C'est objectif de ce texte

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  3. Anonyme6/23/2015

    D'accord, mais avouez que c'est un secteur qui a été le plus aidé au cours de ces dernières années surtout entre 1975 et 2005. Seulement voilà, Chrirac n'est plus là. Ce qui ne saurait justifier de les laisser tomber aujourd'hui et encore moins de les spolier comme le font les laiteries. La fin des quotas laitiers en rajoute une couche. Une mesure qui n'était pas nécessaire. Le mal est profond, et il ne va que s'amplifier.Les belles années sont terminées.

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  4. Anonyme6/23/2015

    Bonjour,
    La solidarité s'entend de façon bilatérale...
    On ne voit pas très bien le rapport entre un centre de développement durable et les escrocs de l'agro-alimentaire qui rackettent les producteurs de lait. La question reste quand même "comment empêcher l'industrie et la grande distribution d'acheter au moins cher avec les règles de l'OMC ?" ; c'est à dire que peut faire le législateur ici ?
    Enfin, je note qu'ils doivent bien se marrer à Paris dans les administrations centrales et dans les ministères ; finalement ils ne sont jamais au nombre dans les dommages collatéraux.
    La France n'est plus gouvernée par le Politique, mais par les comptables et les matheux issus des grands Corps d'Etat, adossés au grands argentiers.
    Le Politique est devenu un fusible qui n'est plus obsédé que par son image. Nous arrivons donc à 2 situations :
    1- quand c'est de la compétence nationale un groupe d'excités peut bloquer tout développement qui révèle la dualité entre politique et administration ; contre l'intérêt général ;
    2- quand c'est du ressort européen ou corrélé au droit supra-national, là on peut mettre le pays à sang avec la majorité, il ne se passe plus rien et cela révèle l'absence du pilote (politique) dans l'avion (TAFTA, PAC, MONNAIE, DETTE, etc...).
    On s'aperçoit alors que l'administration cherchera toujours à se situer en solution 2 ; là ou elle est le moins visible et le moins exposée...
    Soutenons toutes les formes d'agriculture qui répondent à des besoins réels (de niche, ou de masse). Mais avant tout demandons à nos politiques de reprendre le contrôle des administrations nationales et européennes.
    Bon courage à nos producteurs !
    cdt
    Nico

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  5. Anonyme6/23/2015

    C'est facile de foutre le bordel quand on est pas content. Mais pourquoi à l'Ecoparc qu'ils aillent foutre le feu ailleurs. Devant un ministère par exemple. Et puis, quel rapport a ce lieu avec l'agriculture. Sauf celui peut être d'exprimer des rancoeurs par rapport à cette belle réalisation.Et ils odent dire qu'ils maîtrisent le feu ces imbéciles.

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  6. Le choix du terrain n'était pas lié á l'écoparc mais à son exposition. Les agriculteurs ont du se retirer d'un rond point compte tenu de sa proximité avec l'A84...á la demande de la gendarmerie. Les agriculteurs ont été favorables à l'écoparc; ils le sont aussi au projet de tomates; pour autant je reconnais que la proximité de l'écoparc m'a inquiété et que j'ai pensé un peu comme vous quand j'ai su leur action. Je m'y suis d'ailleurs rendu aussitôt d'autant que le feu et les toitures photovoltaïque auraient pu faire mauvais ménage. Tout est bien qui fini bien mais j'ai eu chaud même à 20 mètres du brasier.

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  7. Anonyme6/23/2015

    Tiens la lecture du dernier commentaire me fait penser que ce soir à 20h le feu n'est pas éteint et que la fumée est rabattue sur le lotissement du chêne au loup, côté Pont sous Avranches...
    Vu comment çà pu le caoutchouc cramé quand on pense les voisins doivent être heureux.

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  8. Anonyme6/23/2015

    Triste constat d'une politique agricole négligée. Les prix du lait, de la viande et des céréales sont payés à la baisse à leurs producteurs alors que le prix à l'étal ne changent pas. Nous n'avons jamais vu le prix du pain baisser lorsque le blé était payé au plus bas ! Où vont les marges ? Les laiteries certainement mais aussi et surtout la grande distribution qui fait la pluie et le beau temps.
    N'oublions pas que les agriculteurs nourrissent la population. Que ferons nous lorsque cette espèce aura disparu ?
    Les primes se sont imposées à eux. Ils n'ont pas eu d'autres choix que de les accepter pour compenser le manque à gagner mais soyez sûrs qu'ils préféreraient recevoir le fruit de leur labeur.
    Le droit de grève existe mais difficile à exercer pour certaines professions. Non, ce n'est pas facile de "foutre le bordel". Comment exprimer son mécontentement ?
    Je ne peux pas vous laisser les traiter d'imbéciles sinon que dire des enseignants qui privent nos enfants du savoir, des routiers qui bloquent nos routes, des conducteurs de trains ou pilotes d'avions qui anéantissent la population ? Eux aussi seraient-ils des imbéciles ? Je ne le pensent pas.
    Certes la méthode n'est pas au goût de tous mais ils doivent se faire entendre. Le seront ils ? Je n'en suis pas sûr.
    Quant aux 32h de Mme TAUBIRA, ils ne changeront absolument rien sinon d'appauvrir encore un peu plus une majorité de nos concitoyens et petites entreprises. Que Mme TAUBIRA redescende sur Terre.

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  9. Anonyme6/24/2015

    Monsieur Tréhet vous défendez les agriculteurs mais lisez Ouest France de ce matin... Vous constaterez leur ingratitude. F.B.

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  10. Anonyme6/24/2015

    Monsieur Tréhet,je suis artisan et pourrais vous faire part de ma surprise lors de mon dernier relevé RSI j'ai pu noter une différence de 1300 euros alors que mon chiffre d'affaire est exactement le même que l'année d'avant... ,Mais à quoi bon il faut bien de l'argent pour continuer à payer les "intouchables "que sont les fonctionnaires et les retraités!

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  11. Ce n'est le propos que d'un agriculteur que nous connaissons bien pour ses débordements verbaux, parfois mal venus. Ce sont de tels messages qui discréditent parfois le monde agricole. Il faut de la sagesse et de la tolérance. Il ferait bien d'analyser les causes initiales du malaise paysan.il verrait que certaines responsabilités remontent á quelques années ..Cancun,Doha,Hong Kong... Je l'ai également entendu décrier les producteurs de porc de CAP 50... Le monde agricole s'en sortira dans l'unité. Ce genre de message est très négatif pour lui même et son syndicat. Dommage.

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  12. le commentaire de notre lecteur artisan, montre que la France va mal et que tous les secteurs économiques sont touchés... Le RSI est une calamité. Pour autant évitons de trouver des coupables autres que l'État. Les fonctionnaires ont la sécurité du lendemain ; c'est un fait mais beaucoup sont indispensables au pays et ne perçoivent pas un salaire enviable. Quant aux retraités, beaucoup ont à peine de quoi vivre, y compris les retraités artisans. Ne généralisons pas.

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  13. Anonyme6/24/2015

    Tout le monde fait des raccourcis faciles...
    Les agriculteurs ont des gros tracteurs => ils ont de quoi payer et l'accès facile au crédit. Ceci masque la situation des jeunes agriculteurs qui ne peuvent investir et les anciens qui au travers de GAEC sont goulus de foncier au détriment des premiers.
    J'ai lu ici un agriculteur rappeler qu'un emploi génère 7 emplois... De qui se moque t-on ? Les emplois induits et indirects existent pour tout type d'activité.
    Moi je constate au maximum 1,5 ETP direct maximum pour 100ha exploités...
    Quant à l'autre dans le journal qui vous accuse de pas aller assez vite sur l'ecoparc, si j'ai bien suivi le blog vous avez déjà 2 bâtiments occupés avec plus de 40 ETP cumulés... Donc ramenés aux 25ha consommés, y a pas photo.
    De la même façon les 30 et quelques ha à Brécey avec 120 ETP et les saisonniers, y a pas photo non plus. Alors ils vont dire : "bouhhh pas bien l'intensif". On croirait entendre les ecolo bobo, ou les alternatifs, chantres de la décroissance qui paralysent le pays, alors qu'ils sont les premiers à faire du mono intensif.
    Bref, quand on est égoïste, qu'on pense qu'à sa "gue..le", faut pas être surpris d'être incompris de la masse.

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  14. Anonyme6/24/2015

    Après moi le déluge.
    Pas besoin de sortir de Saint Cyr pour comprendre que sans activité, pas d'emplois, et donc moins ou pas de clients pour acheter les produits dérivés, valorisés de l'industrie agro-alimentaire (et accessoirement toxiques...) ; donc moins de débouchés pour l'agriculture.
    L'agriculture est dans un cercle vissieux :
    D'un côté elle doit lutter contre des productions issues de pays où la vie et donc les salaires sont 3 fois inférieurs.
    De l'autre elle cherche à consommer de plus en plus de surfaces avec le moins de charges possibles ; et donc le moins d'emplois possibles (à cause des charges pour ceux qui suivent pas lol).
    La seule solution semble être dans la mécanisation et l'industrialisation... Je sais les puristes vont fulminer, mais à part les impôts des gens à redistribuer pour compenser les marges pas d'autre issue.
    A moins d'expliquer au français moyen qu'on lui baisse les impôts et qu'on valorise d'autant la chaîne de production. Mais là encore ceux qui n'ont pas le sou seront pénalisés et comment s'assurer que l'industrie joue le jeu en n'achetant pas polonais ou ukrainien ?
    Donc un bon boxon Kafkaïen...

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  16. Anonyme6/27/2015

    Je suis tombé par hasard sur votre blog. Originaire de la Manche je m'intéresse toujours á ce département bien que retraité dans le Sud de,la France, un pays où l'on ne peut plus rien faire. Quand ce n'est pas l'administration er ses règlement qu'elle donne le sentiment d'appliquer avec jubilation, ce sont des groupes de mercenaires qui viennent foutre le bazard en s'attaquant aux projets qui réussissent et á l'emploi. Je dis mercenaires car je pense á tous ces désoeuvrés qui, assistés par la société passe son temps á " l'emm....," . Je veux bien comprendre les agriculteurs mais ce genre d'action ne les sert pas. Ce n'est pas digne. A. Delalande.

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