Le rapport Queyranne inquiète
A l'heure où la France est au bord de l'asphyxie le
rapport Queyranne propose de lui prendre son oxygène; il veut tenter d'économiser 3 milliards sur le dos de l'économie. Le CNC, Centre National du Cinéma, qui renferme une manne financière sur laquelle les gouvernements successifs lorgnent depuis des années, et les Chambres
de commerce bénéficieront de la première tonte; après tout, la victoire sur l'exception culturelle vaut bien une petite récompense et il n'y aurait rien de malsain à ce que Bercy se fasse un film sur le dos des créateurs et exploitants en se rappelant au bon souvenir des administrateurs de la rue de Lubeck. La seconde coupe concernera des
domaines plus sensibles, les agricarburants et le livret de développement
durable, le LDD, un fonds destiné aux PME qui
contribue également, pour une petite partie seulement, à financer les prêts des usagers
pour des travaux d'économie d'énergie; aussi grave, on envisage l'installation d'un
guichet unique et de retirer aux territoires, à l'exception des régions, les moyens d'intervenir en
faveur des entreprises, quitte à perdre en proximité et en réactivité, quitte à se passer de l'implication des élus
locaux pourtant soucieux de contribuer au développement de leurs collectivités. L'économie et l'emploi ont besoin de l'engagement de toutes
les forces vives du pays et non de l'organisation institutionnelle froide et
normée d'un guichet unique dont le bon
sens économique et social n'est pas toujours avéré.
Bref, le retour à la croissance n'est pas pour demain, même si les déclarations optimistes de Michel Sapin nous invitent à être optimistes: " même avec une croissance plus faible que celle que nous escomptions les politiques de l'emploi nous permettront d'inverser la courbe du chômage d'ici fin 2013". Pour autant, çà et là des économies s'imposent; c'est indéniable; mais le risque est grand de déséquilibrer une
politique en touchant à quelques unes de ses bases. Ainsi, "quand le bâtiment va
tout va a t-on coutume de dire". Certainement; ce vieil adage ne sort pas du néant; il
s'est forgé sur du vécu et répond à des besoins sociaux et économiques
évidents. Mais voilà, on n'est pas à cela près d'une contradiction. En
supprimant le LDD, le gouvernement prendrait la responsabilité de réduire à
néant son ambition de favoriser les travaux de rénovation énergétique et
amputerait les Plans Départementaux de l'Habitat (PDH) d'un levier utile pour
l'obtention d'éco-prêts et d'éco-PTZ; les certificats d'énergie (CEE) ne suffiront
plus à motiver les petits propriétaires de s'engager dans des travaux coûteux
d'autant plus que, la plupart du temps, ce sont les distributeurs d'énergie qui
les récupèrent pour les conseils qu'ils prodiguent avec leurs partenaires obligés. Fort heureusement, il reste le CODEVAIR moins rémunéré mais entièrement
consacré aux prêts immobiliers écologiques via le Prévair de banques
coopératives comme la BPO qui assure la transparence de sa gestion, la finalité écologique
de l'argent et son utilisation
régionale.
L'argent est fait pour circuler
C'est ainsi; les entreprises locales devront attendre le retour de la
croissance; la France et ses collectivités géreront la pénurie pendant que les citoyens
paieront la note énergétique à défaut d'impôts nouveaux. A vrai dire, les gouvernements se
suivent et se ressemblent. Quand il y a le feu, il faut l'éteindre, renoncer à
ses engagements ou, mieux, trouver des coupables... Les nantis, les patrons, les
fonctionnaires, les élus, les assistés, les chômeurs, les étrangers, l'Europe
... Et tant d'autres. Pour autant ce
n'est pas le guichet unique qui sauvera l'économie s'il réduit les acteurs
économiques au rôle de spectateur. Il y certainement mieux à faire... Fédérer,
coordonner, faciliter , innover, créer et, pourquoi pas, trouver sur son propre
territoire une organisation qui lie
usagers et entreprises dans une économie nouvelle où la monnaie retrouve sa
place et sa vraie valeur, non pas celle de la spéculation mais celle des
échanges. Bernard Lietaer*, architecte de l'ÉCU qui a mené à la monnaie
européenne unique, bien qu'adepte des monnaies régionales complémentaires qui
fleurissent partout dans le monde,
s'interroge :"Est-ce que l'argent moderne est en cohérence avec nos
besoins et valeurs d'aujourd'hui?"
professeur à l'Université de Berkeley
spécialiste des questions monétaires internationales
bravo pour cet article; la spéculation mettra notre économie à genoux alors que les monnaies complémentaires régionales basées sur l'échange résisteront. La monnaie unique est nécessaire dans une économie mondialisée mais elle ne doit pas nous mener par le bout du nez. Nous l'avons créée pour établir des liens économiques et sociaux dans nos sociétés; nous devons redonner cette finalité à l'argent par la création de nouveaux dispositifs. Arnaud CH.
RépondreSupprimerLa balance commerciale de la France est de moins 80 milliards d'euros - contre plus 300 pour l'Allemagne -, il y a fort à parier qu'une des raisons pour laquelle la note française reste correcte et que les taux soit en grande partie liée à la très forte capacité d'épargne des français. Toucher à cette épargne semble effectivement risqué de ce point de vue. L'autre piste abordée par ARnaud CH qui consiste à la mise en place de monnaie locale complémentaire est effectivement une bonne idée puisqu'elle permet - via une monnaie réservée à l'échange donc déflationniste - de stimuler une capacité de travail non utilisée pour le bien de la communauté
RépondreSupprimerNavré, je n'ai pas réussi à publier le 2 ème commentaire pour une question technique. M'en excuser et merci de le refaire
RépondreSupprimerJ'envisage de faire des travaux pour l'isolation de ma maison . A qui dois-je m'adresser pour les CEE? R.Scott
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