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dimanche 16 juin 2013

L' Economie est au tapis; peut-elle se relever?


Le rapport Queyranne  inquiète

A l'heure où la France est au bord de l'asphyxie le rapport Queyranne propose de lui prendre son oxygène; il veut tenter d'économiser 3 milliards sur le dos de l'économie. Le CNC, Centre National du Cinéma, qui renferme une manne financière sur laquelle les gouvernements successifs lorgnent depuis des années, et les Chambres de commerce bénéficieront de la première tonte; après tout, la victoire sur l'exception culturelle vaut bien une petite récompense et il n'y aurait rien de malsain à ce que Bercy se fasse un film sur le dos des créateurs et exploitants en se rappelant au bon souvenir des administrateurs de la rue de Lubeck. La seconde coupe concernera des domaines plus sensibles, les agricarburants et le livret de développement durable, le LDD, un fonds destiné aux PME  qui contribue également, pour une petite partie seulement, à financer les prêts des usagers pour des travaux d'économie d'énergie; aussi grave, on  envisage l'installation d'un guichet unique et de retirer aux territoires, à l'exception des régions, les moyens d'intervenir en faveur des entreprises, quitte à perdre en proximité et en réactivité, quitte à se passer de l'implication des élus locaux  pourtant soucieux de contribuer au développement de leurs collectivités. L'économie et l'emploi ont besoin de l'engagement de toutes les forces vives du pays et non de l'organisation institutionnelle froide et normée  d'un guichet unique dont le bon sens économique et social n'est pas toujours avéré.

Bref, le retour à la croissance n'est pas pour demain, même si les déclarations optimistes de Michel Sapin nous invitent à être optimistes: " même avec une croissance plus faible que celle que nous escomptions les politiques de l'emploi nous permettront d'inverser la courbe du chômage d'ici fin 2013". Pour autant, çà et là des économies s'imposent; c'est indéniable; mais le risque est grand de déséquilibrer une politique en touchant à quelques unes de ses bases. Ainsi, "quand le bâtiment va tout va a t-on coutume de dire". Certainement; ce vieil adage ne sort pas du néant; il s'est forgé sur du vécu et répond à des besoins sociaux et économiques évidents. Mais voilà, on n'est pas à cela près d'une contradiction. En supprimant le LDD, le gouvernement prendrait la responsabilité de réduire à néant son ambition de favoriser les travaux de rénovation énergétique et amputerait les Plans Départementaux de l'Habitat (PDH) d'un levier utile pour l'obtention d'éco-prêts et d'éco-PTZ; les certificats d'énergie (CEE) ne suffiront plus à motiver les petits propriétaires de s'engager dans des travaux coûteux d'autant plus que, la plupart du temps, ce sont les distributeurs d'énergie qui les récupèrent pour les conseils qu'ils prodiguent avec leurs partenaires obligés. Fort heureusement, il reste le CODEVAIR moins rémunéré mais entièrement consacré aux prêts immobiliers écologiques via le Prévair de banques coopératives comme la BPO qui assure la transparence de sa gestion, la finalité écologique de l'argent  et son utilisation régionale.

Combattre l'épargne pour produire de la croissance

 Le développement économique ne peut se suffire de fausses bonnes idées . Il est le résultat d'un équilibre entre l'offre et la demande qui, toutefois, restent tributaires de la disponibilité de la monnaie et des politiques publiques. La faiblesse conjoncturelle de la consommation peut avoir des causes diverses, souvent liées, même si elles peuvent sembler contradictoires. L'épargne est bien entendu la première accusée; elle est  un refuge  sécurisant pour le consommateur en attente de jours meilleurs pour investir; la monnaie ne jouant plus son rôle initial de lien économique, le législateur est alors tenté de réguler le marché en supprimant des livrets d'épargne ou en réduisant leurs intérêts; c'est une idée  mais il oublie que le contribuable moyen vit au présent; il choisira inconsciemment de s'installer dans la précarité énergétique ( près de 8 millions de français) si des aides publiques substantielles ne l'incitent pas à investir pour demain. Tous n'ont pas un master économique en poche.
L'argent est fait pour circuler

C'est ainsi; les entreprises locales devront attendre le retour de  la croissance; la France et ses collectivités géreront la pénurie pendant que  les citoyens paieront la note énergétique à défaut d'impôts nouveaux. A vrai dire, les gouvernements se suivent et se ressemblent. Quand il y a le feu, il faut l'éteindre, renoncer à ses engagements ou, mieux, trouver des coupables... Les nantis, les patrons, les fonctionnaires, les élus, les assistés, les chômeurs, les étrangers, l'Europe ...  Et tant d'autres. Pour autant ce n'est pas le guichet unique qui sauvera l'économie s'il réduit les acteurs économiques au rôle de spectateur. Il y certainement mieux à faire... Fédérer, coordonner, faciliter , innover, créer et, pourquoi pas, trouver sur son propre territoire une organisation  qui lie usagers et entreprises dans une économie nouvelle où la monnaie retrouve sa place et sa vraie valeur, non pas celle de la spéculation mais celle des échanges. Bernard Lietaer*, architecte de l'ÉCU qui a mené à la monnaie européenne unique, bien qu'adepte des monnaies régionales complémentaires qui fleurissent partout dans le monde,  s'interroge :"Est-ce que l'argent moderne est en cohérence avec nos besoins et valeurs d'aujourd'hui?"

*Bernard LIETAER, économiste et universitaire Belge
                                          ancien directeur de la Banque Nationale Belge
                                       membre du Club de Rome
                                       professeur à l'Université de Berkeley
                                       spécialiste des questions monétaires internationales
En 2003: "j'entrevois un crash dans les 5 ou 10 ans" .... en 1995,le volume des devises échangées au niveau mondial est de 1,3 billion de dollars par jour; ce qui est 30 fois le PIB journalier de tous les pays réunis (OCDE). Le PIB annuel des Etats Unis est échangé dans le marché tous les trois jours... Sur ce volume, seulement 2 ou 3% ont à voir avec du commerce ou de l'investissement réel; le reste prend place dans le cyber-casino spéculatif mondial"


4 commentaires:

  1. Anonyme6/16/2013

    bravo pour cet article; la spéculation mettra notre économie à genoux alors que les monnaies complémentaires régionales basées sur l'échange résisteront. La monnaie unique est nécessaire dans une économie mondialisée mais elle ne doit pas nous mener par le bout du nez. Nous l'avons créée pour établir des liens économiques et sociaux dans nos sociétés; nous devons redonner cette finalité à l'argent par la création de nouveaux dispositifs. Arnaud CH.

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  2. Anonyme6/16/2013

    La balance commerciale de la France est de moins 80 milliards d'euros - contre plus 300 pour l'Allemagne -, il y a fort à parier qu'une des raisons pour laquelle la note française reste correcte et que les taux soit en grande partie liée à la très forte capacité d'épargne des français. Toucher à cette épargne semble effectivement risqué de ce point de vue. L'autre piste abordée par ARnaud CH qui consiste à la mise en place de monnaie locale complémentaire est effectivement une bonne idée puisqu'elle permet - via une monnaie réservée à l'échange donc déflationniste - de stimuler une capacité de travail non utilisée pour le bien de la communauté

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  3. Navré, je n'ai pas réussi à publier le 2 ème commentaire pour une question technique. M'en excuser et merci de le refaire

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  4. Anonyme6/17/2013

    J'envisage de faire des travaux pour l'isolation de ma maison . A qui dois-je m'adresser pour les CEE? R.Scott

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