La RETRAITE à 60 ans vue du SUD-MANCHE

Des économistes éclairés s'interrogeaient sur la durée  de la crise, conditionnée par la vitalité économique de l'Amérique, la parité du dollar, et l'avenir de notre continent... Dans ce contexte, la situation du Sud-Manche et du territoire rural a certainement fort peu d'importance pour l'avenir de la FRANCE. Ses habitants ont néanmoins tout lieu de s'interroger pour tenter de comprendre quel est le bien fondé de cette bataille qui s'est engagée, entre l'ETAT, les partis politiques et les syndicats, autour de la réforme des retraites.

La retraite à 62 ans ou son maintien à 60 ? L'âge du départ en retraite semble en effet fondamental. Sur le terrain cela nous paraît, en revanche, bien illusoire et bien éloigné de nos préoccupations locales; nous ne sommes, probablement, pas en mesure de comprendre.

Cependant nous avons la capacité d'observer et de nous interroger. Avec une durée de cotisation  de 41 annuités et 6 mois, nous voyons mal la grande majorité des jeunes s'arrêter de travailler à 62 ans. Combien d'entre eux commencent à travailler à 20 ans?

Quelques repères...
Il faut savoir qu'en 2008, 64% d'une génération était bachelière... que l'âge d'obtention du diplôme est de 18 ans et 6 mois pour le baccalauréat général, 19 ans et 5 mois pour le baccalauréat technologique et 21 ans et 5 mois pour le baccalauréat professionnel. Si l'on ajoute à cet âge la durée du chômage des jeunes avant d'entrer dans le monde du travail, nous avons vite fait de constater qu'ils devront hélas travailler bien au delà des 62 ans. Evidemment on ne parle pas des jeunes qui n'ont pas eu le baccalauréat. Bien sûr! Il faut alors aller fouiller dans les statistiques de pôle emploi pour constater que ce sont les jeunes sans formation qui sont le plus touchés.

Quelles réalités aujourd'hui ? 

Vivre dans la vallée, c'est aussi côtoyer en permanence la précarité, celles des ouvriers et des employés qui ne pourront se suffire d'une retraite partielle à 60 ans pour vivre décemment, celle des séniors qui, déjà, sont partis en retraite avec un pécule dérisoire face à l'augmentation du coût de la vie et aux charges qui ne cessent de s'accumuler: traitement des ordures ménagères, eau, assainissement, impôts locaux qui, très rapidement, vont devoir compenser le manque à gagner du à la réforme de la taxe professionnelle.

Mais que sera demain?

A l'évidence, demain, ce n'est pas d'un départ à la retraite à 62 ans dont nous parlerons mais du quand on pourra, de l'âge qui permettra de vivre correctement et d'aider ceux de sa famille qui seront restés à l'écart du monde du travail ou auront été frappés par le handicap ou la maladie.

Il  y aura bien sûr des privilégiés et quelques nantis mais ces français n'existent pas dans la vallée de la Sée. Le monde rural y est composé d'agriculteurs inquiets pour leur avenir face à la crise du lait. Tiendront-ils déjà jusqu'à 60 ans? Les employés et les ouvriers savent que la retraite d'un SMIC les obligera à poursuivre leur carrière professionnelle s'ils en sont capables, sous peine de percevoir le minimum vieillesse.

Quels sont les points à défendre?

Cette population là ne comprend pas que l'on puisse engager une bataille sur une date de départ à la retraite qui ne concernera presque personne. En revanche chacun peut reconnaître qu'il soit nécessaire d'entrer dans le détail des modalités du départ en retraite, de s'intéresser à la question de la pénibilité des métiers ou bien encore à la situation de la femme qui a fait une double carrière si nous ajoutons celle de la responsable du foyer.

Faire face à la crise ensemble !

Bref, vue de notre vallée, ce débat d'actualité nous semble un peu éculé alors que tous les autres pays du continent ont déjà repoussé l'âge du départ en retraite, largement pour certains d'entre eux. Nous sommes entrés dans un conflit formel dont le principal enjeu n'est pas seulement social. La situation économique  et sociale que nous traversons mériterait certainement un peu plus de consensus...