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Peinture de G.FOUACE |
Grâce à la Manche, la Normandie se classe en tête des régions Françaises avec une production annuelle de 35000 tonnes d'huîtres de pleine mer, réputées pour leurs qualités depuis des siècles. Elles firent la richesse des côtes gauloises et le plaisir des romains et gallo romains jusqu'à l'arrivée des barbares. Sénèque aimait en déguster des centaines par semaine. Pline en disait" les huîtres si tendres si juteuses si succulentes si délicieuses que le poète ne pourrait meilleure comparaison pour une charmante jeune fille". Avec L'arrivée des vikings, les hommes du nord, les produits de la mer reprirent toute leur importance dans le menu des normands, mieux placés que quiconque pour apprécier les vertus de notre coquillage . Vatel lui redonna une place d'honneur sur la table de Louis XIV tandis que Jean de La fontaine la faisait entrer en poésie; Guillaume Fouace, peintre du Cotentin, l'immortalisait deux siècles plus tard, dans de superbes natures mortes ; mais son célèbre "plateau d'huîtres" n'aurait pas suffi aux besoins de Casanova, plus intéressé par les propriétés aphrodisiaques de la chaire voluptueuse de l'animal que par ses qualités organoleptiques et nutritionnelles. Il faut se souvenir qu'Aphrodite, la déesse de l'amour, a émergé de l'océan à dos d'huître pour donner naissance à Éros.
Considéré comme produit de luxe, l'huître est peu consommée par les français qui, en moyenne, ne mangent que 3kg de coquillages par an; en revanche, ceux qui connaissent les nombreuses vertus de cet aliment basse consommation le dégustent sans compter associant plaisir et santé . Je me souviens de cette manchoise anémiée qui subissait des glossites à répétition. "J'ai le sentiment" disait-elle "que je souffre moins lorsque je mange des huîtres". Rien d'étonnant leur richesse en acide folique (vit B9) leur donne un rôle important dans les carences en fer et la prévention contre les troubles nerveux, dépressions et asthénies. Associée à la vitamine B12, réputée anti anémie elle réduit aussi les risques de maladies cardio vasculaires.
L'huître , médicament naturel et universel
Les propriétés nutritionnelles de l'huître ne s'arrêtent pas là. Par sa richesse en protéines, une dizaine d'huîtres équivaut à 100 grammes de viande. Avec un taux faible de lipides mais une présence appréciable d'acides gras insaturés elle participe efficacement à la lutte contre les dépôts de cholestérol dans les parois vasculaires et abaisse le taux des triglycérides. De pleine mer, l'huître creuse manchoise possède tous les sels minéraux et une grande palette d'acide aminés qui, associés aux vitamines C,( importante bien que très rare dans le monde animal) B1,B2,A,D,PP, acide folique, biotine, B12, en font un aliment exceptionnel pour les gourmets
soucieux de bonne santé, de sensualité .... et du plaisir que la dopamine est sensée leur donner.
L'huître est également le reflet de
son territoire. Chaque cru a ses caractéristiques gustatives. Les huîtres de
Saint Vaast, sur la côte Est du Cotentin est appréciée pour son goût noisette;
celles de la côte Ouest de la Manche (Gouville, Blainville ...) profitent d'une
mer pure et des plus grandes marées d'Europe; elles bénéficient d'un parfum
très iodé et sont d'une très grande finesse. Ainsi, l'huître s'apprécie commun bon
vin; chaque cru la personnalise par son apparence, son goût, son odeur, sa
texture ou sa consistance à la différence près que l'ivresse et les dégâts
n'arrivent pas au troisième verre, bien au contraire. Quelques fanas, dont la
santé resplendit, en dégustent plusieurs douzaines par semaine... dans un régime
basse calorie...
Le conseil général de la
Manche n'ignore pas l'intérêt alimentaire et économique de l'huître. Voici plus
de trente années, il créait le SMEL, ( Synergies de la Mer et du Littoral ) avec un budget de près d'un million d'euros dans
l'objectif de mettre à disposition des professionnels une équipe de chercheurs
capables d'associer empirisme et évolution des techniques et de veiller au bon
équilibre des milieux. car l'ostréiculture de la Manche est une filière
économique qui ne se limite pas à la seule commercialisation des huîtres
adultes. Les côtes de la Manche sont un des principaux bassins naisseurs de
France; leurs écloseries alimentent en naissains de nombreux ostréiculteurs
français. Frappée actuellement par une mortalité liée à un virus herpès, l'huître bénéficie de toutes les attentions. Le
Département de la Manche et le SMEL se sont associés à IFREMER et à l'Université de Caen pour
mutualiser leurs moyens dans un CRH (centre de référence de l'huître) dont les
résultats ouvrent des pistes intéressantes pour une économie ostréicole qui, à terme, ne peut compenser ses pertes par une intensification de la production au risque d'amplifier ses difficultés. Les fins gourmets peuvent être rassurés. Demain, encore, ils auront le plaisir "d'embrasser la mer en mangeant des huîtres".
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Peinture de Guillaume FOUACE |
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je témoigne; les huitres sont excellentes pour la déprim. Suzanne
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