"Guérir de l’addiction au pognon" dirait Mélanchon .
À chaque élection c’est toujours le même refrain; les partis de gauche conspuent ceux qui s’enrichissent comme si c’était la clé pour résoudre le problème des bas salaires.Et voilà François Hollande se lançant dans des diatribes pour chasser sur les terres de Mélanchon oubliant, comme le souligne Serge Ferderbush dans son article dans Atlantico, que :" Les communistes commencent par inquiéter un grand nombre d’électeurs modérés. Et la pusillanimité qu’on ressent chez François Hollande lui donne l'image d'une proie pour une extrême-gauche avec laquelle il aura du mal à traiter sans être bousculé". Et il y a effectivement lieu de s’inquiéter des déclarations de ce tribun néo-stalinien. Au terme de sa "marche citoyenne" le 18 mars dernier, n’a t’il pas clamé sur la place de la Bastille, « qu’il croit fermement dédiée à la révolution française » vouloir convoquer une Assemblée constituante pour une "VIe République sociale, laïque et écologique" et mettre "fin aux privilèges du capital". Profitons-en, au passage, pour rafraîchir la mémoire à cet apprenti révolutionnaire en lui rappelant que la colonne dite de juillet a été érigée par le roi Louis-Philippe,. Son édification en 1830 fait référence à la révolution libérale des trois glorieuses contre le régime corrompu de Charles X et sa tentative de coup de force au moment des «ordonnances de Saint Cloud». C’est pourtant gravé sur la colonne. Mais le camarade Mélanchon galvanisé par les 100 000 agitateurs de banderoles aux cris de ", "Révolution citoyenne" et de "résistance, résistance" n’en a cure, et il se garde bien de dire également que ce sont les Communards qui la bombardèrent le 24 mai 1871. Le sait-il au moins ? Pas question de décevoir, il faut maintenir la pression. "Nous sommes le drapeau rouge, nous allons faire de cette élection une insurrection civique", lance-t’il, lyrique. Ses attaques virulentes contre le néo libéralisme économique, les élites, les riches ("au-delà de 360.000 euros de revenu annuel, je prends tout"). Ces propos acétiques que l’on croyait appartenir à un autre âge ressurgissent à la faveur de la politique d'austérité en Europe. Pour cet ancien socialiste qui a fait alliance avec le Parti communiste et ramasse, au passage, des égarés perdus dans la mouvance extrémiste, la montée dans les sondages est du pain béni...En revanche, la social-démocratie, que Hollande aimerait représenter, prend du plomb dans l'aile. Il est probable que les Instituts de sondages en rajoutent à dessein mais nous sommes prévenus.
ENCORE UNE FAUSSE BONNE IDEE
Même si 61% des français estiment que Hollande a raison de s’attaquer aux revenus les plus élevés, en particulier ceux du CAC 40, surtout en période d’austérité, avouons tout de même que cette annonce de les taxer à 75% a des relents de 1981. Sans parler de l’inefficacité d’une telle mesure qui ne rapportera rien, sinon la fuite des capitaux. Nous sommes tous d’accord que d’entendre, et de lire, à longueur de temps les résultats financiers des sportifs ( faute de leurs scores parfois médiocres ) ou des parachutes dorés des génies de la finance que l’on récompense pour leur incompétence a de quoi nous faire vomir. En revanche, s’en apercevoir à quelques mois des élections prête à nous faire rire. Cela fait des années que les dieux du stade roulent en Ferrari. C’est plus rapide pour aller placer leur argent en Suisse, à Monaco ou au Lichtenstein. Ne les blâmons pas. Après tout, ce sont des gosses issus pour la plupart des banlieues défavorisées, qui ont basculé dans un autre monde du jour au lendemain, pour avoir su travailler avec leurs pieds, quant leurs parents n’ont jamais pu se payer des vacances en travaillant de leurs mains. Certains parlementaires comme le député local d'Avranches, Gwenael Huet, pensent que ce type de mesure va tuer le football français qui risque de voir le fleuron de ses joueurs partir à l’étranger. De ce côté, qu’il se rassure, ils y sont déjà ! D'autres estiment que les délocalisations des entreprises vont s'accélérer et que les créateurs s'exileront vers des pays qui ne les spolient pas. Cet ostracisme à l’égard des sportifs, et des stars du show biz qui gagnent des millions d’euros n’est qu’un leurre de plus pour séduire les plus crédules. Les achats compulsifs pour des maillots de foot, ou des places de concert payé à prix d’or, sont le résultat d’une société consumériste qui participe à verser des salaires exorbitants à des joueurs, des chanteurs ou des acteurs. Alors, taxer les enfants de la balle et de la baballe à 75%, pour tout dire, cette société là s'en fiche un peu. Là, ou le bât blesse, c’est lorsqu’un entraîneur comme Raymond Domenech qui s’est discrédité auprès de ses joueurs et a ridiculisé la France aux yeux du monde entier, est remercié par la Fédération Française de Football en empochant un chèque de 975000 € pour le prix de son silence... Une bagatelle qui représente tout de même le tiers de la subvention annuelle que verse l'Etat à la FFF. Domenech peut désormais être carpe diem en toute sérénité. Il ne risque pas de s’attirer les quolibets de la gentry parisienne puisqu’il en fait partie. ni les patrons du CAC 40.
A titre de comparaison, les 50 patrons les mieux payés perçoivent une rémunération moyenne annuelle de 3,4 m€. ; il n'y a rien de choquant au regard des salaires des footballeurs sinon que ces derniers font, en plus, des « ménages » à 100 000€ l’heure dans des spots de pub ou dans des magazines. qui peuvent les abonder avec la publicité. A combien émargeait Zidane? Il était pourtant adulé . Rien de comparable avec l'affection que portent les français à leurs brillants patrons! Tout cela est bien attristant. Même si la situation économique était florissante, de tels rémunérations ne seraient pas justifiées. Constater une telle démesure et ne rien faire serait affligeant. Pour autant , prélever 75% relève de la spoliation et de la démagogie dans la mesure où nous savons que la France n'en tirera pas bénéfice. Alors que faire? Étrangement, cette relation à l’argent ne semble pas affecter les autres pays européens qui traversent cependant les mêmes turbulences que nous. Si non pires. . En Espagne par exemple, pourtant en plus mauvaise posture financière que nous, le Réal de Madrid et le FC Barcelone attribuent des salaires vertigineux: 13m€ â Christiano Ronaldo ,8,5 m€ au français Karim Benzema et 10,5 m€ à Lionel Messi. Franck Ribery obtient 5m€ â Munich et Gourcuff comme Pastore palpent près de 4m€ à Lyon comme au PSG où la plupart des salaires voisinent les 200000 €, loin derrière celui de leur entraineur, Ancelloti, qui culmine à 500000€ nets par mois. Bien sûr, tous les joueurs professionnels de Ligue I, en France, ne sont pas à ce niveau, mais la plupart flirtent avec les 45000 € par mois, au moins dix fois plus que la plupart des ingénieurs français... Pas étonnant, d'ailleurs, que beaucoup d'entre eux s'exilent!
Sans faire d’empathie, il conviendrait de s’intéresser aux revenus colossaux engendrés par les clubs au titre des droits de retransmission. Quand les droits du football augmentent... les recettes de l'Etat aussi. Depuis 2000, le code général des impôts s'est enrichi d'une "contribution sur la cession à un service de télévision des droits de diffusion de manifestations ou de compétitions sportives". Appelée aussi "taxe Buffet", du nom de l'ancienne ministre ( PC ) des Sports. Cette contribution équivaut à 5% du montant des droits effectivement cédés. Pour 2012, l'Etat envisage de recouvrer 43 millions d'euros avec cette astuce fiscale. Cette somme est versée au centre national pour le développement du sport. Ainsi, les sports les plus riches, comme le football et le rugby, financent des sports plus anonymes. Quant on sait que Canal+ et à la chaîne qatarie Al-Jazira Sport investissent 510 millions d'euros par an dans le cadre de l'appel d'offres sur les droits audiovisuels de la L1 pour la période 2012-16 ça doit nous interpeller sur les masses financières qui circulent, et ne pas nous étonner quant aux salaires redistribués aux joueurs. Une somme pourtant inférieure aux 668 millions d'euros que perçoit annuellement la Ligue de football professionnel jusqu'en 2012. Sans parler des droits dérivés, des abonnements pour Canal+, de la panoplie du parfait supporter, des millions d’euros dépensés par les clubs, des entrées dans les stades etc.. qui y a-t-il donc de choquant alors de payer les joueurs en proportion des sommes qu’ils rapportent..?Aux Etats-Unis, par exemple, une star du Baseball comme Barry Bonds de la Major League gagne dix fois le salaire d’un Zidane ou d’un Henri…Et tous les Américains trouvent ça normal. Au pays du dollars, on ne crache pas dans la soupe. Chacun à sa chance de gagner beaucoup d’argent.
L’HYPOCRISIE DES BOBOS
Clairement, la proposition socialiste signifie tout simplement le retour d'un bouclier fiscal, supprimé il y a un an par le gouvernement de François Fillon. Si la différence entre le plafonnement de 50% établi par Nicolas Sarkozy en 2007 et le plafonnement de 85% est importante, il indique une forme de marche arrière ( une de plus ) de la part du candidat Hollande. Décidément, la gauche a du mal avec ses institutions. Hollande, sait-il au moins que dans la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789 qui a valeur constitutionnelle, l'impôt est justifié "pour l'entretien de la force publique et pour les dépenses d'administration". Or, de l'aveu même du candidat socialiste, sa proposition ne vise pas à "rapporter un seul euro au budget de l'Etat"...Encore une bourde.
Cela dit, La France doit-elle se mettre en marge des autres pays de la communauté européenne, et même du monde, dans la mesure où même la Chine, pays communiste s’il en est, prône l’économie de marché donc, le capitalisme. Et ils savent de quoi ils parlent. Ces propos irréfléchis de la part d’un candidat qui prétend conduire les affaires de la France et se frotter à l’économie mondiale démontrent à l’évidence beaucoup de candeur que MELENCHON saura exploiter. Mais au delà de cette prise de position, c'est la démonstration criante que l’Europe souffre cruellement d’une politique commune en matière Économique et sociale.
EXPLORER DES PISTES
L’idée d’inciter les milliardaires en shorts, certains artistes et autres grands patrons à adopter une attitude altruiste (et non moins spontanée) en reversant un don substantiel à l’Etat histoire de contribuer individuellement à l’effort national dans les domaines sociaux, économiques ou environnementaux mérite que l’on y réfléchisse. Pourquoi ne pas imaginer ici un lotissement social au nom de Benzema ou de Gourcuff qui percevraient les dividendes de leur don, investissements non imposables mais obligatoires, ou là un fonds souverain servant à la création ou à la reprise d’entreprise et, par là même,au maintien ou à la création d'emplois? Nous serions alors dans une situation de partage valorisante pour le citoyen donateur. Une mesure qui ne s’appliquerait toutefois que pendant le vivant de ce dernier. Le retour sur investissement n’étant pas transmissible à sa descendance.
En revanche, l'idée d’un capital donné à l'Etat pour des projets ciblés choisis et personnalisés plutôt qu'un impôt n’est pas nouveau, et ça porte un nom : Mécénat. A ceci près que le donateur perçoit des dividendes ou des loyers sur ses dons correspondant à l'impôt dont il aurait du s'acquitter. Dans les années 1920, des mécènes comme Furtado, ont construit à Paris et en province des logements sociaux, des dispensaires, des maisons ouvrières, des salles à l’hôpital Salpetrière, des logements pour jeunes filles, des bateaux soupe populaire à Bordeaux etc. Sauf que cette vision simpliste de l’économie n’est pas du goût des pourfendeurs du capital qui n’y trouvent pas leur compte auprès des militants. Plutôt se radicaliser. De plus, une bonne taxe permet de boucher des trous sans fonds. C’est une manne providentielle pour mener des opérations improbables.
ÉPILOGUE
Les historiens écriront plus tard : « pourquoi Sarkozy n’a pas eu cette idée dès 2007. Il avait les moyens de le faire ». D’ici là, peut-être seront nous tous égaux et... paupérisés. Melenchon aura mis le parti socialiste en tutelle qui distribuera gratuitement des billets pour aller voir des matchs de foot, disputés par des salariés fonctionnaires du ballon, dans un Stade d’ Etat financé par nos impôts.
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