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samedi 18 décembre 2010

LUC CHATEL et les RYTHMES SCOLAIRES

Il arrive d'être seul à défendre une cause ou à oser s'exprimer au risque de se marginaliser et d'apparaître rétrograde quand vous ne vous inscrivez pas dans le fil de l'histoire. A l'évidence, la commune de BRECEY, son maire et ses élus, ses enseignants et les parents d'élèves se sont  écartés du droit chemin en se liguant  contre la semaine de quatre jours pourtant choisie par l'ensemble des comités d'écoles du département de la Manche.

Pourquoi avoir préféré cette option qui n'est pas nécessairement celle de la facilité? Tout simplement parce que les écoles de BRECEY ont participé à une opération pilote et expérimentale dans les années 80 dont les résultats ont montré l'intérêt de  l'étalement de la semaine scolaire sur neuf demi journées et sur des heures pendant lesquelles les enfants sont les plus réceptifs.

Il est évident qu'à Brécey comme ailleurs les écoles auraient été dans le sens du vent si les  enseignants n'avaient pas été convaincus du bien fondé de leur choix qui ,à première vue pouvait opposer leur intérêt personnel à celui des enfants et de bien des familles, à première vue seulement car en définitive il est moins fatiguant d'enseigner dans une classe attentive que devant un groupe d'enfants moins sereins et moins concentrés.

Tous les chrono biologistes sont d'accord sur ce point : la semaine de quatre jours ne permet pas la même écoute et se révèle plus fatiguante intellectuellement et  physiquement pour le plus grand nombre d'enfants. Il aura fallu une évaluation comparative du savoir des enfants dans le Monde pour accepter l'idée que nos petits français sont loin du groupe de tête en ce qui concerne les connaissances de base.

Que de temps perdu! Que d'enfants sacrifiés! Que d'expériences inutiles! Que d'irresponsabilités! Ne cherchons pas pour autant les responsables. Ils ont pour nom Démagogie, Laxisme, Utopie, Hypocrisie. Elus et Syndicats méritent ces mêmes qualificatifs. Ils se sont joués des parents, manipulés çà et là par les chantres du "moins x mieux = plus" bien qu'ils sachent que ( - x + ) = - . Il faut en effet du temps pour assimiler. La méthode Coué, la répétition, sont utiles dans une pédagogie de masse, fût-elle primaire, une pédagogie qui se doit toutefois d'être également individuelle. Alors pour compenser le manque de temps et réduire la pression éducative, on allège les programmes pour se limiter à l'essentiel augmentant ainsi la fracture scolaire. La culture est dit-on ce qu'il reste lorsqu'on à tout oublié. Que reste t-il lorsqu'on s'est limité au minimum?

Qu'à cela ne tienne, l'Education Nationale conduira tous les enfants au baccalauréat, diplôme suprême qui certifie que les études ont été poursuivies jusqu'à l'âge adulte. En fait nous tombons dans l'égalitarisme. A vouloir l'égalité à tout prix parce que nous n'acceptons pas les différences sur lesquelles nous pourrions construire, nous amplifions les inégalités et la fracture sociale.


Fracture sociale et fracture scolaire se nourrissent de notre désir de nivellement tantôt par le bas tantôt par le haut mais dans tous les cas ce sont les plus démunis qui sont pénalisés. La semaine de quatre jours en est un bon exemple. Elle est certainement appréciée par les familles qui sont en capacité de prendre en charge leurs enfants le jour libéré, familles qui, d'ailleurs, représentent le plus souvent les parents au sein des conseils d'écoles et refusent en conscience la semaine ventilée sur neuf demi-journées, oubliant que de plus en plus de familles sont monoparentales ou sont dans l'incapacité de garder leurs enfants. Ainsi aux orphelins de 16 heures s'ajoutent les orphelins du mercredi ou du samedi à moins qu'ils ne se lèvent comme les autres jours pour aller en centre de loisirs pendant que leurs camarades jouiront d'une grasse matinée.

Luc CHATEL aura certainement fort à faire pour revenir en arrière. D'un côté il aura les syndicats d'enseignants, de l'autre les syndicats d'hôteliers et les professionnels du tourisme qui se retrouveront néanmoins pour défendre le même objectif : la durée et l'étalement des vacances alors que nous savons tous que le nombre de  familles qui ne prennent plus de vacances ne fait qu'augmenter. Qui aura la peau de l'autre?
Qui perdra? L'enfant évidemment ! A moins que les sondages ne s'en mêlent et persuadent notre ministre qu'il sortira grandi de ce dilemme.

2 commentaires:

  1. Anonyme12/20/2010

    L'OCED a publié récemment une synthèse des performances des systèmes scolaires dans le monde : http://www.oecd.org/document/43/0,3343,fr_21571361_44315115_46623851_1_1_1_1,00.html
    La France arrive en 22ème position... (http://www.oecd.org/dataoecd/52/5/46653515.pdf)

    L'autonomie locale est effectivement observée comme un facteur clé de la réussite du système scolaire, il n'est pas fait mention de l'organisation du temps de travail. On y mentionne effectivement l'équité plutôt que l'égalité. Que pensez-vous des analyses ci-dessous :

    L’OCDE a étudié les différences de résultats entre filles et garçons, ainsi que l’influence de la taille de la classe, de la rémunération des enseignants et du degré d’autonomie des établissements scolaires dans l’affectation des ressources. Elle est parvenue aux conclusions suivantes :

    Les filles lisent mieux que les garçons dans tous les pays, l’écart moyen entre les deux étant de 39 points, soit l’équivalent d’une année d’études. L’écart entre les deux sexes n’a diminué dans aucun pays depuis 2000, et s’est même creusé en Corée, en France, en Israël, au Portugal et en Suède. Cela reflète un désir de lecture décroissant chez les garçons et de la part consacrée à la lecture dans leur temps de loisir.

    Les meilleurs systèmes scolaires sont les plus équitables – les élèves obtiennent de bons résultats quel que soit leur milieu socioéconomique d'origine. Les établissements qui sélectionnent les élèves à un âge précoce selon leurs capacités affichent des écarts de performance les plus importants en fonction du milieu socioéconomique.

    Les systèmes les plus performants ont tendance à privilégier le salaire des enseignants avant de réduire la taille des classes.

    Les pays dans lesquels les élèves sont plus nombreux à redoubler tendent à enregistrer globalement de plus mauvais résultats, avec un écart particulièrement marqué entre les enfants de familles défavorisées et de familles aisées. C’est en Belgique, en France, au Luxembourg, au Portugal et en Espagne que le redoublement est le plus courant.

    Les systèmes très performants permettent aux établissements de concevoir des programmes d’enseignement et de définir des politiques d’évaluation mais n’autorisent pas nécessairement le recours à la sélection.

    Les établissements appliquant une discipline stricte et se caractérisant par de bonnes relations élèves-enseignants obtiennent de meilleurs résultats en compréhension de l’écrit.

    Les établissements publics et privés obtiennent des résultats comparables, si l’on tient compte du milieu familial.

    L’association d’une autonomie au plan local et d’une responsabilisation effective semble produire les meilleurs résultats.

    Le pourcentage d’élèves ayant déclaré lire pour le plaisir est passé de 69 % en 2000 à 64 % en 2009.

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  2. sous prétexte d'équité l'Education nationale a choisi de faire manger le même plat à tout le monde et à la même vitesse; il s'agit là d'un égalitarisme généreux mais un peu utopique qui ne profite à personne. La réussite scolaire consiste à permettre à chacun de s'exprimer à son meilleur niveau encore faut-il être en mesure d'adapter les moyens à chaque niveau et d'individualiser la pédagogie.Ce n'est pas avec des heures en plus pour les élèves en difficulté qu'il est possible de rattraper les retards. Les capacités d'attention sont souvent liées au potentiel de l'enfant.Il faut donc tenir compte de ce potentiel d'écoute et faire autrement. Les réformes qui se sont succédées depuis 30 ans n'ont rien arrangé.

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