Le
salon international de l’agriculture vient d’ouvrir ses portes sur fond de
crise agricole que rien ne semble endiguer. Une sinistrose qui a commencé
depuis la fin des années 60. Tous
les gouvernements qui se sont succédés depuis 50 ans ont eu beau se pencher au
chevet du malade,ils ne lui ont jamais révélé le mal qui le ronge. Il s'agit là
d'un phénomène endogène, même s'il a été accentué par des choix politiques
et des réglementations bruxelloises. Choix dont le secteur a pu un peu tirer profit au bon temps de la
Chiraqui mais aujourd’hui c’est la descente aux enfers.
Rappel
historique
Sur
le plan de la démographie, en 1831, à l'aube de la révolution industrielle, la
Manche comptait 591284 habitants soit 1,82% de la population de la France
qui n’avait que 32569000 hab. Ce pourcentage a bien changé; il n'est plus que
de 0,74% aujourd'hui.
Le
bassin de vie du Val de Sée a, quant à lui, bénéficié de cette révolution
industrielle grâce à l'énergie hydraulique de son petit fleuve côtier qui se
jette dans la baie du Mont-Saint-Michel. Avec la vallée de la Touques, celle de
la Sée devient l'un des territoires les plus industrialisés de Normandie au
19ème siècle. Le XXe siècle et ses technologies nouvelles aura tôt fait
de ramener la vallée de la Sée à son socle économique initial : l'agriculture, laquelle a subi sa révolution ces cinquante dernières années. La surface
agricole utilisée (SAU) par exploitation a été multipliée par 7. La moyenne des
SAU actuellement approche les 70ha. Dans le même temps la création des GAEC
(Groupement Agricole d'Exploitation en Commun) se sont multipliés portant
beaucoup d'exploitations à plus d'une centaine d'hectares voire plus grâce à la
mécanisation partagée. Ainsi, la mutation agricole s'ajoutant à d'autres
facteurs qui ne cessent de s'accumuler, la désertification se poursuit
inexorablement sur les territoires ruraux depuis 1962.
Certains
ex-cantons ont perdu près de 50% de leurs habitants : Saint Pois est passé de
4751 à 2835, Le Teilleul de 4822 à 2881, Juvigny le Tertre de 4173 à 2434,
Mortain de 7471 à 5853, Sourdeval de 6264 à 4506... Avec, en prime, la
suppression de deux collèges, de plusieurs écoles et la réduction des
circuits du ramassage scolaire du département sous couvert de faire les
économies que lui impose l'État dont les dotations ne cessent de diminuer. Bien
sûr, çà et là des élus se sont efforcés d'agir pour compenser le retrait de
l'État . Mais face à certaines décisions administratives dont le but est de concentrer
les services, ils sont bien démunis. Pour preuve, depuis le 1er décembre
2016, seules les mairies qui disposeront du matériel de recueil pourront
délivrer les cartes nationales d'identité à l'instar des passeports. À
condition que les secrétaires de mairie soient formés à l’utilisation des
logiciels et des appareils de prise biométrique. C’est pas le cas dans les petits
bourgs. Tout ceci pour dire que
les orientations ne tiennent même
pas compte de la nouvelle organisation des territoires imposée par la loi
NOTRe. Nous pourrions évoquer également bien d'autres causes à l'origine de la
désertification rurale sur lesquelles les élus ont peu de pouvoir : comme le
désert médical, le vieillissement et le desserrement de la population, la
formation et le départ des jeunes, le flux migratoire négatif qui augmente le
déficit naturel et les réseaux de communication médiocres. Comment une
entreprise peut elle envisager de s'implanter en milieu rural si elle ne
dispose ni du téléphone portable ni de la fibre optique pour son
fonctionnement. La situation semble d'autant plus préoccupante que l'État
continue de spolier les communes se fichant comme d’une guigne des
conséquences.
En 2017, 50% des communes rurales qui étaient chef-lieu
de canton avant la réforme des cantons ne bénéficieront plus de la dotation
attribuée au titre de bourg centre. Nombre de communes de la Manche seront
impactées bien qu'elles aient toujours à financer les emprunts qu'elles ont
contractés pour financer leurs écoles ou des équipements structurant leurs
bassins de vie. Question : devront-elles augmenter leurs impôts au risque
de chasser leurs habitants que la loi Allur s'est déjà chargée d'empêcher de
s'installer dans nombre de hameaux ou choisiront-elles de ne plus
investir? Oui, nous sommes en droit de nous inquiéter sur l'avenir des
territoires ruraux et à plus d'un
titre, d'autant que la précarité s'y développe à grand pas. Reste à savoir si
les communes nouvelles auront les moyens financiers et la volonté d'enrayer ce
déclin? J'en doute. Les communautés de communes et d'agglomération seront-elles
solidaires? Penser global pour agir local ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a pourtant urgence car seul le développement
économique peut nous sortir de l'impasse. Tout le monde en est conscient.
Mais, bien entendu, il faudra que les élus de ces nouvelles collectivités soient vigilants pour que le fonctionnement ne soit pas privilégié au détriment de l'investissement économique.
Moi, je peux vous dire que quand j'entend certains élus, les territoires ruraux vont se transformer en Éden pour bourgeois et résidences secondaires. Ne rêvons pas.JD, un élu rural
RépondreSupprimerIl y a un paradoxe.comment défendre une politique de revitalisation économique en conservant une agriculture sous perfusion.sans la sacrifier, il faut regarder les choses en face.la manche à plus que jamais besoin de se tourner vers l'avenir et se trouver un nouveau souffle.
RépondreSupprimerC'est un vrai sujet mais je pense qu'il est possible d'opérer une mutation économique sans avoir à sacrifier une agriculture qui est encore positive dans la balance commerciale de la France. En revanche l'agriculture doit se montrer ouverte à cette évolution ce qui a été globalement le cas dans la vallée de la Sée où les perte d'emplois agricoles ont été largement compensés ce qui n'a pas été le cas partout.
RépondreSupprimerTrop tard pour corriger les fautes: Pertes... Compensées
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