Mieux , il a eu l'intention de participer au défilé
contre le mariage gay. Catholique, socialiste, conseiller général, Jean Michel Houllegate a succédé à Bernard
Cazeneuve, maire de Cherbourg, lorsque celui-ci a été choisi par François
Hollande pour entrer au gouvernement. A droite,
les partisans du mariage gay ont gloussé et savouré ; la gauche, quant à
elle, a jugé qu'il s'agissait là d'une infidélité irresponsable,
particulièrement dommageable pour un pouvoir en mal de popularité. C'était une
trahison.
Il fallait s'y attendre. Pour avoir seulement proposé de
remplacer le mot mariage par celui d'Alliance pour l'acte civil destiné à
donner l'égalité à tous les français qui veulent s'unir pour officialiser leur
amour, j'ai eu moi même à subir le reproche de quelques amis socialistes, bien
qu'indépendant. Qu'en aurait-il été si j'avais défilé? Jean Michel HOULLEGATTE
est loin d'être inconscient ou provocateur. Il n'est pas plus suicidaire. En
revanche, il a le courage de défendre
ses valeurs culturelles et religieuses. Il a estimé qu'il avait le devoir de se
faire entendre sur un sujet qui met en
cause ses convictions profondes pendant que bien d'autres se taisent pour ne
pas prendre le risque de la critique ou du rejet politique.
L'affirmation du soi est toujours dangereuse en politique. Beaucoup d'élus le savent . C'est même le B. A. BA de la
politique: se soumettre ou se démettre. Exprimer ses opinions ou défendre
certaines amitiés quand elles dénotent et peuvent faire de l'ombre n'est pas la bonne
voie à prendre lorsqu'on a des ambitions ; il faut plaire au plus grand nombre;
pour autant, un tel comportement, sans calcul, qui vise à défendre des idées auxquelles on
croit sincèrement, mérite le respect; c'est si rare de nos jours de mettre sa
conscience en adéquation avec ses positions et ses actes.
Jean Michel HOULLEGATTE a choisi d'être en harmonie avec
lui-même en brisant un silence pesant; d'autres ont préféré casser le miroir
qui leur permet de se regarder en face. C'est un choix . Ce n'est probablement
pas une choix sage mais garder l'estime de soi est certainement à ses yeux un
objectif plus important qu'un avenir politique. C'est une satisfaction
personnelle que tout le monde n'a pas la capacité de s'offrir. Il faut non
seulement en avoir le courage mais également les moyens, ceux que seuls le
caractère et l'indépendance morale et intellectuelle nous donnent. C'est la
chance des âmes fières dont le plus grand mobile est l'estime de soi; jean
Jacques Rousseau ne pensait pas autrement mais ce n'était que rêverie d'un
penseur solitaire... Un handicap en démocratie qui impose d'adhérer aux idées
majoritaires du parti et de se taire.
En définitive, Jean Michel HOULLEGATTE ne participera pas
au défilé. C'eût été téméraire. Les partis se moquent des consciences. Pour
autant, il s'est exprimé et s'est fait largement entendre. C'est probablement
mieux ainsi car si le sacrifice est l'amour propre d'un cœur généreux, il peut
être aussi considéré comme une forme d'égoïsme. JMH se montre charitable en
restant à Cherbourg dimanche 13 janvier
Placer ce débat sur le plan de l'homophobie ne permet pas de discuter; nous ne devons pas faire de procès d'intention à ceux qui revendiquent un acte civil qui donnerait les mêmes droits mais ne s'appellerait pas mariage... Alliance par exemple. Connaissant JM Houllegate je peux vous assurer qu'il n'a pas de leçon de tolérance à recevoir. François Hollande aurait du saisir cette occasion pour renforcer sa position en permettant à la population de donner son avis sur une question de société et de culture; il a été élu difficilement grâce à l'antisarkosysme et non sur un tel sujet; lorsqu'il était dans l'opposition il a réclamé fréquemment un référendum. Il avait ici une chance de renforcer son autorité et de réunir les français que les politiques se plaisent à diviser autour d'une question qui méritait de la hauteur. Que risquait-il vraiment?
RépondreSupprimerJe viens de répondre à un commentaire anonyme dont j'ai manqué la publication ; je tiens à m'en excuser auprès de la personne concernée.
RépondreSupprimerS'afficher contre le mariage homosexuel et avoir le courage de porter ses convictions profondes jusqu'à aller manifester aurait pu être considéré comme un acte politique et éthique responsable. Mais aller au bout de ses idées et assumer ses valeurs est sans doute un acte difficile et paradoxal pour JMH qui a fait le choix d'une famille politique qui revendique des idées contraires aux siennes. Encore faut-il faire le bon choix de sa famille politique ; choix qui n'est jamais uniquement conscient on le sait bien...
RépondreSupprimerIl en est de même des choix d'objet d'amour... Dans la mesure où l’on admet avec Freud l’idée de la bisexualité originelle de l’enfant, comment expliquer la restriction et la limitation qui interviennent par la suite ?
Il faut sans doute accorder une large place aux influences culturelles et sociales, évidemment déterminantes dans le développement psychique de l’individu.
L’hétérosexualité est à mon sens bien plus culturelle que naturelle : elle est effet de discours et construction. On pourrait trouver dans l'histoire bien des éléments pour expliquer comment s’est constituée cette mythologie de la passion amoureuse hétérosexuelle érigée comme absolu, et devenue progressivement hégémonie hétérosexuelle, pour ne pas dire hétérosexisme. Mais il faudrait aussi montrer, parallèlement, l’effacement systématique du désir homosexuel dans cette même culture : c’est cette entreprise de censure à laquelle s’attacha tout l’Occident chrétien. Que de refoulement !
Culturellement et politiquement il est sans doute beaucoup plus facile de se positionner du côté de la norme...
Si, ce commentaire à été publié sur le post " le mariage homosexuel divise la FRANCE "; je n'ai pas fait la relation avec cet article
RépondreSupprimerLe choix d'une famille politique se fait sur des idées politiques. Dieu n'est pas César et inversement; c'est la force de notre démocratie de dissocier les deux; certes culture n'est pas religion mais nous parlons pourtant de culture judéo chrétienne.
RépondreSupprimerMaintenant, la question de la sexualité est une chose; celle de la reproduction en est une autre; personne ne conteste que deux êtres de même sexe ont le droit de s'aimer et de vivre ensemble avec les mêmes droits qui peuvent faire l'objet d'un acte civil similaire à celui du mariage. Pour ma part , je ne suis pas contre l'adoption; je pense qu'un enfant peut être plus choyé dans une famille homosexuelle que dans un orphelinat. En revanche un enfant ne doit pas devenir un produit; il ne faut pas contourner la nature; permettre à un couple d'homme d'enfanter par mère porteuse est une question d'éthique. L'enfant est un fruit naturel. Ne pas ouvrir la porte à la fabrication d'enfants.
Un référendum, n’importe quoi ! Les Français ont voté le 6 mai, ils avaient le choix point. Le gouvernement a toute légitimité pour faire adopter des lois. De plus, faire un référendum alors que la droite s’est assise sur celui du traité Européen en 2005. Les Français l’ont refusé, Sarkozy est passé par l'Assemblée. C’est drôle, ces mêmes attardés cathos ne sont pas descendus dans la rue lorsqu’il s’est agi de contrer l’idée stupide d’un référendum contre les chômeurs. Toujours du même Sarkozy d'ailleurs... La société est en marche, rien ne l’arrêtera. Et tant pis pour les intégristes de la banlieue ouest. Qu’ils restent avec leurs idées rétrogrades.
RépondreSupprimerVous avez raison; le gouvernement à toute légitimité pour faire adopter des lois
RépondreSupprimerLa question du mariage gay aura eu au moins le mérite de renforcer l'unité d'une droite qui était divisée et de faire réfléchir des citoyens qui auraient pu voter Hollande par anti sarkozysme
RépondreSupprimerDans le commentaire prédédent , j'ai noté que ce partisan du mariage gay parlait de ces attardés cathos; cela dénote aussi d'un certain sectarisme agressif. C'est dommage; le débat sur votre blog est toujours serein et intéressant. Je le suis avec intérêt chaque semaine. Je vous en félicite. Jean Claude V.
RépondreSupprimerJean Claude V dénonce « l’agressivité « d’anonyme », qui dans son article dénonce les intégristes cathos. Bien sûr, ils ne sont pas tous comme cela, n’empêche qu’une bande d’illuminés entonnait du : je vous salue Marie à tue tête, pendant qu’Yves Benedetti Président de l’œuvre Française (une organisation d’extrême droite plus dangereuse que le FN) prônait pour une repénalisation de l’homosexualité. Belle leçon de tolérance en effet !
RépondreSupprimerFrançois Legendre
Je suis d'accord avec vous; tout ce qui est excessif est méprisable.l'extémisme inculte est à nos portes et la politique politicienne ne favorise pas l'apaisement. Mais nous devons prendre garde de ne pas nous y associer même si cela peut nous exaspérer.Il m'arrive souvent de dénoncer des abus et des critiques systématiques qui divisent les français.Je le fais en conscience pour tenter de faire avancer la réflexion.Ce n'est pas si simple; mais nous devons convenir que le respect de soi passe par celui des autres en évitant l'amalgame. Pour autant l'intégrisme religieux, intellectuel ou politique est à combattre.
RépondreSupprimerJe voudrais apporter quelques précisions sur votre commentaire concernant les couples d'hommes qui pourraient enfanter via une mère porteuse et "fabriquer" des enfants. Pour votre information, la PMA ou procréation médicalement assistée est légale et autorisée en France pour les femmes hétérosexuelles. la nouvelle loi permettrait aux femmes homosexuelles d'en profiter. Il n'a jamais été question d'autoriser la GPA, qui est la gestation pour autrui. Elle est interdite en France, quelquesoit l'orientation sexuelle ....
RépondreSupprimerEt c'est heureux. En ce qui concerne la PMA, elle est en effet permise en France et c'est une bonne chose. L'enfant étant le fruit de l'amour au sens affectif du terme, il serait dommage qu'un couple stérile ne puisse en profiter. En revanche l'octroyer à une femme homosexuelle c'est reconnaître le droit à un enfant. On ne voit pas pourquoi un homme homosexuel n'y aurait pas droit. C'est alors l'ouverture sur la PNA et les mères porteuses. Nous sommes alors loin du fruit de l'amour. L'enfant devient un objet. C'est d'ailleurs la crainte des parlementaires , à droite comme à gauche.
RépondreSupprimer