Du Grand Guignol à l'Élysée

Les plus jeunes ne savent pas toujours ce que le terme Grand Guignol indique. C’était une petite salle de théâtre inaugurée en 1896 où l’on y mettait en scène des histoires macabres, qui vont devenir au fil des années la référence pour désigner la pagaille ou le grand n’importe quoi. Un siècle plus tard, en 1981 il  fut racheté   pour servir à l'ENSATT, l'Ecole Nationale Supérieure d'Arts et Techniques du Théâtre. Deux ans plus tard, en 1983, alors que la droite touche le fond, François Hollande le monsieur « petite » blague » entre en politique par la comédie. Il joue alors le rôle de CATON, pseudonyme adopté par André Bercoff, journaliste de son état pour jeter un pavé dans la mare qui éclabousse la droite avec son best-seller : " la reconquête". Francois Hollande prête sa voix à Caton se faisant passer pour un grand dirigeant de la droite lors d’une interview diffusée sur CANAL+ à la grande stupeur de Michel Charasse présent sur le plateau qui n’en croyait pas ses oreilles. L'histoire est inouïe; elle pousse la manipulation politique au rang de grand art, sous la houlette d’un pro : Jacques Attali alors conseiller de François Mitterrand au sein de la cellule de l'Élysée qui n’avait pas encore écrit « Verbatim ». 

François Hollande est un comédien.

On se souvient tous de son  "Moi Président" qui a subjugué 50% des français. Oui mais voilà, le « moi » en Psychanalyse freudienne et Kleinienne s’organise autour du narcissisme ; le principe étant d'établir un système défensif et adaptatif entre la réalité externe et les exigences pulsionnelles. Le surmoi de son inconscient a plongé le pays dans une situation proche du chaos politique, sans altérer pour autant son pouvoir de nuisance en matière de manipulation. Il faut reconnaître que l’élève a eu un maître à penser en la personne de François Mitterand. Ce roi  du mensonge et des coups tordus s’était  illustré en montant un faux attentat en 1959 contre sa personne qui se terminera piteusement dans les jardins l’observatoire. 

Hollande c’est différent.  C’est une sorte de Don Salustre de Ruy Blas à la sauce   Gérard Oury dans son film : " la Folie des grandeurs". Ce Don Salustre là, incarné par le grand Louis de Funès ourdit un plan pour se venger des grands d’Espagne qui l’ont humilié à la face du Roi. Notre Salustre 2017 contraint à l'abdication par les frondeurs de sa propre famille politique dont certains sont prétendants à l’accession du pouvoir suprême ne cessent de lui savonner les marches pour qu’il dérape plus vite. Mais comme dans le film «  la folie des grandeurs » notre Salustre a son Blaise pour lui servir de torpille en la personne de Don Macron. Un jeune ambitieux qui accumule les bourdes historiques, la dernière en date portant sur la Guyane. En déclarant que c’est une Ile, il commet une erreur géographique, grave, la Guyane n'est pas une île mais un territoire français situé sur le continent américain. Il n’est pas à ça près, 

en décembre dernier, notre « Kennedy » franchouillard  avait qualifié « d'expatriée » une mère française résidant en Guadeloupe. On comprend mieux comment il est parvenu  à mettre « En Marche »  les déçus de Salustre et même les vieux caciques qui n’ont jamais brillé sous la droite. Ils n'ont jamais brillé par leur culture. Cela dit, c'est la preuve que l'ENA a des manques dans sa formation. Souvenons nous de Bruno Le Maire lorsqu'il était ministre de l'agriculture. Ce n'était pas mal non plus.

Hollande reprend le costume de Caton l'ancien.

En coupant l'herbe sous le pied de ses « amis », Hamon, Peillon etc.. il lui reste, encore, à gérer les primaires de la droite pour faire émerger le plus fragile des candidats. Celui dont on possède quelques peaux de bananes que l’on pourra glisser  sous ses pieds le moment venu. Mais pour ça, il faut qu’il gagne. Les médias et les sondeurs s'en chargeront en manipulant l’opinion. Bingo, c'est Fillon, qui remporte contre toute attente les primaires de la droite, revenant du diable vauvert où les premiers sondages l'avaient mis... Sa posture rigide et son discours de rigueur et de moralité aux accents gaulliens vont alors conforter l'OPA qui se monte contre lui. Son discours fait mouche, il séduit les nostalgiques de la France anti-système, de l’immigration, de l’avortement et de l’antisémitisme. Mais le rêve va virer au cauchemar un beau matin du 8 février quand un satané palmipède "déchaîné" révèle la face cachée du grand donneur de leçons. Don Salustre se délecte, il tient sa vengeance  jouant de son art une nouvelle fois pour manipuler et  piéger  "amis" et  adversaires. L’affaire Fillon nous renvoie à celle de DSK, lequel  s'interroge encore  sur ce qui lui est arrivé au Sofitel de New York le 14 mai 2011, cinq mois avant les primaires de la gauche. Nous, on commence à s'interroger sinon à comprendre, mais un peu tard.