La mutualisation au menu
Comment ne pas succomber au projet ambitieux de réduction des structures de ce millefeuille des collectivités territoriales et des économies financières qui en découlent? Sur le papier du moins car, si le menu est alléchant pour s'attirer les faveurs des français, on s'aperçoit en l'ouvrant qu'il ne sera pas du goût de tout le monde. En entrée, on annonce moins d'élus, moins d'indemnités, moins de dépenses superflues... En plat de résistance, une farandole de projets structurants, servie avec efficacité et égalité de parts entre les territoires... ça ouvre l'appétit des plus gourmands mais très vite les choses se gâtent; le plat n'étant pas préparé par de grands chefs, il se révèle indigeste et les premières bouchées passent mal pour les fins gourmets . A l'approche de l'addition des élections communales et intercommunales, bien des maires s'interrogent sur l'utilité de leur prochain mandat dans le contexte géopolitique qu'on leur présente, sans qu'ils aient pu vraiment participer à la redéfinition de leurs territoires. Chacun y voit l'amorce d'une recentralisation à marche forcée dans laquelle l'administration risque de se substituer à la démocratie de proximité; non opposés à la réduction de leurs compétences ni au regroupement de communes, souvent trop petites pour avoir les moyens d'agir, ils hésitent à faire un chèque en blanc. Et de s'interroger sur leur présence au sein de communautés de communes pléthoriques qui n'aura plus d'intérêt... Pour s'en convaincre, ils leur suffit de se pencher sur le fonctionnement des pays qui font la chasse aux élus pour atteindre leur quorum. Chacun comprendra que cette perspective n'est pas faite pour les rassurer. Les élus reniflent l'entourloupe de cette fumeuse restructuration des communautés dans laquelle le chef cuisinier a placé le dessert avant l'entrée. Il nous affirme que la mutualisation des compétences et des moyens entrainera des économies financières. Par chance, Mère Nature, qui a si souvent inspiré Jean de La Fontaine, nous ramène à la prudence.
Comment ne pas succomber au projet ambitieux de réduction des structures de ce millefeuille des collectivités territoriales et des économies financières qui en découlent? Sur le papier du moins car, si le menu est alléchant pour s'attirer les faveurs des français, on s'aperçoit en l'ouvrant qu'il ne sera pas du goût de tout le monde. En entrée, on annonce moins d'élus, moins d'indemnités, moins de dépenses superflues... En plat de résistance, une farandole de projets structurants, servie avec efficacité et égalité de parts entre les territoires... ça ouvre l'appétit des plus gourmands mais très vite les choses se gâtent; le plat n'étant pas préparé par de grands chefs, il se révèle indigeste et les premières bouchées passent mal pour les fins gourmets . A l'approche de l'addition des élections communales et intercommunales, bien des maires s'interrogent sur l'utilité de leur prochain mandat dans le contexte géopolitique qu'on leur présente, sans qu'ils aient pu vraiment participer à la redéfinition de leurs territoires. Chacun y voit l'amorce d'une recentralisation à marche forcée dans laquelle l'administration risque de se substituer à la démocratie de proximité; non opposés à la réduction de leurs compétences ni au regroupement de communes, souvent trop petites pour avoir les moyens d'agir, ils hésitent à faire un chèque en blanc. Et de s'interroger sur leur présence au sein de communautés de communes pléthoriques qui n'aura plus d'intérêt... Pour s'en convaincre, ils leur suffit de se pencher sur le fonctionnement des pays qui font la chasse aux élus pour atteindre leur quorum. Chacun comprendra que cette perspective n'est pas faite pour les rassurer. Les élus reniflent l'entourloupe de cette fumeuse restructuration des communautés dans laquelle le chef cuisinier a placé le dessert avant l'entrée. Il nous affirme que la mutualisation des compétences et des moyens entrainera des économies financières. Par chance, Mère Nature, qui a si souvent inspiré Jean de La Fontaine, nous ramène à la prudence.
L'acacia manipule la fourmi...
En biologie la
mutualisation désigne une association équilibrée et fructueuse entre des
partenaires... Un accord gagnant-gagnant en quelque sorte. L'histoire de l'association entre l'acacia, corne de
bœuf, d'Amérique centrale et cette petite fourmi qui est affectée d'une carence
digestive nous montre que toute vérité n'est pas à prendre pour du bon pain. Adulte, la fourmi ne fabrique plus l'invertase, un enzyme dont elle a
besoin pour fracturer le saccharose en deux molécules, le glucose et le fructose
que son organisme peut absorber. La voilà ainsi fort dépourvue étant incapable d'assimiler
le sucre de table. Qu'à cela ne tienne, l'acacia produit cet enzyme pour lui apporter le glucose
et le fructose dans son nectar. En échange de la nourriture et du gîte que lui fournit l'acacia dans ses épines creuses, la fourmi s'engage à protéger l'acacia de ses prédateurs herbivores qui craignent
ses terribles morsures; même l'éléphant s'en détourne.
Une entente admirable: "je te nourris, je te loge, tu me défends". Mais l'histoire qui n'aurait pas échappé à La Fontaine s'il l'avait connue, a ses revers; des études récentes ont prouvé la fausse générosité de l'acacia, car c'est lui qui est responsable du fait que la fourmi perd sa capacité de produire son invertase lorsqu'elle passe de l'état larvaire à celui d'adulte. Le nectar de la plante possède une chitinase qui inhibe la production d'invertase de l'insecte au fur et à mesure que la jeune ouvrière s'en nourrit Elle devient alors accro à ce nectar sans saccharose au point qu'elle ne peut plus digérer ce sucre s'il n'est pas fracturé en glucose et fructose. La fourmi devient dépendante et esclave de l'acacia, obligée de le défendre, sa mort entraînant la sienne. Cette métaphore pour illustrer notre situation s'arrête là.
Nos communes ne sont pas toutes des fourmis ... Encore que..! A vouloir trop économiser on finit par se ruiner avant de sombrer. En revanche, si nous considérons la solidarité de proximité produite par tous les élus locaux, surtout en milieu rural, dont le bénévolat sur le terrain n'a d'égal que leur dévouement, nous pourrions y voir une quelconque ressemblance avec la fourmi car leur rôle est indispensable dans une société qui tend vers l'individualisme. Si cette solidarité venait à disparaître faute de combattants, il n'y aurait que des perdants; les remplacer deviendrait nécessaire. Par qui? Par des fonctionnaires sociaux, bien sûr, présents seulement pendant les jours ouvrables . La population à la peine en ferait évidemment les frais. D'un autre côté, les communautés ne sont pas non plus des Acacias; elles n'ont pas d'épines creuses... Encore que... !
Les représentants de communes seront logés à la même enseigne, non pas dans des épines mais sur des strapontins pour la plupart d'entre eux.. Ils ne disposeront pas de ces enzymes qui leur donneront le temps et le droit à la parole. Ne rêvons pas... Des assemblées plénières de 80 à plus de 100 délégués communaux, voire plus, ne faciliteront pas le dialogue et la concertation... idem pour les commissions, fussent-elles moins pléthoriques. A moins de leur accorder des jetons de présence si l'on veut remplir une salle, j'imagine mal le nombre d'hommes et de femmes qui pourront se libérer de leur travail pour venir faire tapisserie à l'une de ces réunions. Oui, assurément, il faudra mutualiser, agrandir les équipes administratives et les rassembler sur un même pôle pour suppléer l'absence des élus et coordonner toutes les actions sur un territoire plus étendu. Il y aura certainement des gagnants, souvent les mêmes, mais la dépendance à un pouvoir centralisé risque fort d'ulcérer toutes les fourmis qui portent la charge en permanence sur le terrain. De fait, l'acacia s'épanouira mais à quel prix?
Une entente admirable: "je te nourris, je te loge, tu me défends". Mais l'histoire qui n'aurait pas échappé à La Fontaine s'il l'avait connue, a ses revers; des études récentes ont prouvé la fausse générosité de l'acacia, car c'est lui qui est responsable du fait que la fourmi perd sa capacité de produire son invertase lorsqu'elle passe de l'état larvaire à celui d'adulte. Le nectar de la plante possède une chitinase qui inhibe la production d'invertase de l'insecte au fur et à mesure que la jeune ouvrière s'en nourrit Elle devient alors accro à ce nectar sans saccharose au point qu'elle ne peut plus digérer ce sucre s'il n'est pas fracturé en glucose et fructose. La fourmi devient dépendante et esclave de l'acacia, obligée de le défendre, sa mort entraînant la sienne. Cette métaphore pour illustrer notre situation s'arrête là.
Nos communes ne sont pas toutes des fourmis ... Encore que..! A vouloir trop économiser on finit par se ruiner avant de sombrer. En revanche, si nous considérons la solidarité de proximité produite par tous les élus locaux, surtout en milieu rural, dont le bénévolat sur le terrain n'a d'égal que leur dévouement, nous pourrions y voir une quelconque ressemblance avec la fourmi car leur rôle est indispensable dans une société qui tend vers l'individualisme. Si cette solidarité venait à disparaître faute de combattants, il n'y aurait que des perdants; les remplacer deviendrait nécessaire. Par qui? Par des fonctionnaires sociaux, bien sûr, présents seulement pendant les jours ouvrables . La population à la peine en ferait évidemment les frais. D'un autre côté, les communautés ne sont pas non plus des Acacias; elles n'ont pas d'épines creuses... Encore que... !
Les représentants de communes seront logés à la même enseigne, non pas dans des épines mais sur des strapontins pour la plupart d'entre eux.. Ils ne disposeront pas de ces enzymes qui leur donneront le temps et le droit à la parole. Ne rêvons pas... Des assemblées plénières de 80 à plus de 100 délégués communaux, voire plus, ne faciliteront pas le dialogue et la concertation... idem pour les commissions, fussent-elles moins pléthoriques. A moins de leur accorder des jetons de présence si l'on veut remplir une salle, j'imagine mal le nombre d'hommes et de femmes qui pourront se libérer de leur travail pour venir faire tapisserie à l'une de ces réunions. Oui, assurément, il faudra mutualiser, agrandir les équipes administratives et les rassembler sur un même pôle pour suppléer l'absence des élus et coordonner toutes les actions sur un territoire plus étendu. Il y aura certainement des gagnants, souvent les mêmes, mais la dépendance à un pouvoir centralisé risque fort d'ulcérer toutes les fourmis qui portent la charge en permanence sur le terrain. De fait, l'acacia s'épanouira mais à quel prix?
Belle métaphore
RépondreSupprimerVous auriez également pu établir un parallèle avec le système féodal : un seigneur qui contrôle un large territoire auquel sont soumis des grands vassaux qui rendent hommage sans sourciller, puis la myriade d'écuyers qui espère gravir la pyramide et décrocher un fief ou une charge plus importants...
Et enfin, j'allais oublier, les sujets ! Oui, les sujets et non les citoyens que l'on flatte ou que l'on méprise suivant la météo électorale.
Ma culture est plutôt scientifique mais j'aime beaucoup me référer aux normands. En matière administrative, ils n'étaient pas mauvais. Avaient-ils l'art de la manipulation? Cela devait sans doute être plus direct.
RépondreSupprimerSi les plantes se mettent à manipuler les animaux, on est pas sorti de l'auberge car des plantes on en trouve pas mal aussi à l'assemblée. Hélène L.
RépondreSupprimerLes plantes vertes nous donnent de l'oxygène; c'est déjà ça. Quant à l'acacia il a des propriétés médicinales; c'est probablement pour cela que la fourmi accepte de le protéger quitte à en être dépendante. Voyons le bon côté des choses.
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