Translate

samedi 22 septembre 2012

Goldman Sachs : Ange ou démon


Les français s'interrogent sur leur avenir; les uns, pessimistes ou destructeurs à dessein, pensent que le déclin est inévitable, qui plus est avec un tel gouvernement. D'autres espèrent   dans le changement ou bien encore, s'ils ont des capitaux, se préoccupent de les mettre à l'abri. Pendant ce temps, les pouvoirs de l'Eurozone découvrent leur incapacité à gouverner indépendamment de ceux qui détiennent le vrai pouvoir, celui de l'argent. Les réalités transforment le plus grandes candeurs.

 Les faits sont là. Les hommes de main de la banque d'affaires, Goldmann Sachs, ont pris les rênes. Ils ont désormais l'emprise directe ou indirecte sur les démocraties européennes comme ce fût le cas aux USA, notamment pendant la crise financière des subprimes. Mario Draghi, vice président de GS pour Europe , est désormais président de la Banque Centrale Européenne; Mario Monti, conseiller international de GS en 2005, sénateur à vie, est premier ministre en Italie; Loukas Papadimos, nouveau premier ministre grec sur pression de l'UE, était gouverneur de la banque de Grèce quand ce pays est entré dans la zone euro avec des comptes falsifiés par GS à hauteur de 60O millions d'euros. Nous pourrions également citer bien d'autres membres éminents de cette sulfureuse banque: Otmar Issing fût membre du conseil d'administration de la Bundesbank et de la BCE; Antonio Borges dirigeait encore récemment, la section européenne du FMI; Petros Christodoulou gère l'agence de la dette gouvernementale grecque; rappelons nous aussi du sauvetage de l'Irlande par Peter Sutherland qui amena l'UE à réduire les taux d'intérêt du pays dont il fût ministre de la justice.
Goldmann Sachs a de longs tentacules qui s'étendent partout dans le monde, des tentacules qui se cachent aussi derrière de nombreuse banques paravant qui en dépendent. Ainsi sommes nous en présence d'un Titan, d'un Prométhée moderne, face à des pouvoirs, faits d'eau et d'argile, qui tiendront selon son bon vouloir à moins qu'il ne décide, dans son intérêt, de les soutenir et de les guider vers le savoir et la réussite.

L'histoire ne nous engage pas à l'optimisme. Le rôle de Goldmann Sachs dans la crise des subprimes en 2007 et dans la chute de Lehman Brothers a été largement dénoncé ;L'Etat américain lui sauve la peau en venant au secours de la compagnie d'assurances AIG à laquelle elle était intimement liée. Détenant plus de 15 milliards de dollars de subprimes, à l'aube de la catastrophe financière, GS invente le fonds Abacus dans lequel elle met une grande partie de ses produits toxiques qu'elle vend à ses clients; en même temps, elle spécule à la baisse sur ses mêmes produits. Une enquête sénatoriale sévère démontrera la supercherie et entrainera une procédure judiciaire à laquelle le ministère de la justice vient de mettre fin :" il n'y a pas de bases solides pour engager une procédure  criminelle contre Golman Sachs ou ses employés". La messe est dite! Ses "moines banquiers" pourront continuer de jouer avec leurs client qu'ils surnomment "les bouffons".
Pour autant, cette mégabanque, " sans enseigne, ni agences, ni visages" survit et prospère grâce à ses clients; capable de survivre à toutes les crises, elle donne confiance et  se rend indispensable en tissant une toile dont elle a le contrôle. La création du M.E.S. "Mécanisme Européen de Stabilité" créé par le parlement européen et ratifié par la France le 21 février 2012 permet la gestion des crises financières de la zone euro a été une grande victoire pour Goldmann Sachs et tous les créanciers. Cette organisation intergouvernementale qui siège à Strasbourg est dirigée par un conseil des gouverneurs (ministre des finances de chaque Etat) et un conseil d'administration constitué de non élus nommés par les gouverneurs. Seules l'Allemagne et la France ont droit de veto. Le MES dispose d'un capital de 700 milliard d'euros alimenté par les 17 États signataires qui représentent 90% des dettes. Ce fonds de sauvetage permanent est évidemment un bol d'air pour les gouvernements endettés qui peuvent bénéficier d'une prêt immédiat à un taux de 1%, mais il constitue également une grande sécurité pour les banques et Goldmann Sachs dont les taux varient très largement (Grèce:18%; Portugal:11,9; Hongrie 8,53; Irlande 8,51; Italie:7,06..). Cela dit, les risques ne sont pas les mêmes pour les Etats, le pourcentage des contributions étant de 27,14% pour l'Allemagne et de 20,38 pour la France; il nous est alors facile de comprendre les réticences des allemands qui auront, comme les autres états, 7 jours pour renflouer les caisses, si besoin.

En revanche, le MES est une aubaine pour Goldmann Sachs qui a signé pour plus de $ 2,000 milliards d'assurances,"dont un montant gardé secret de dettes de pays de l'eurozone; si  un pays comme l'Italie venait à cesser de rembourser ses dettes, nombre de banques deviendraient insolvables et le garant des dettes y perdrait des plumes. L'Europe a-t-elle les moyens de prendre un tel risque? Pour l'heure elle a considéré que Goldmann Sachs était un mal nécessaire mais que se passerait-il si des pays venaient à refuser de financer le MES. Goldmann Sachs a montré qu'elle était capable de survivre à toutes les crises... hier avec l'argent des américains.  Espérons que demain, elle n'abusera pas des contribuables européens.

5 commentaires:

  1. Anonyme9/22/2012

    0. Olivier Pjanic9/17/2012
    0. 1/3 Je trouve votre article Mr Tréhet très intéressant, puisqu’il met en lumière la situation suicidaire dans laquelle nous sommes. En allant plus loin, il pose deux problèmes. D’abord à qui profite le MES, à part aux banques d’investissement. Ensuite, à quoi sert vraiment l’euro puisqu’au lieu d’être un moyen, il devient une finalité (et pour qui ?)
Le MES, est un ogre financier qui a pour but de remplacer le FESF (Fond Européen de Stabilité Financière) et le MESF (Mécanisme Européen de Stabilité Financière). La différence avec ces derniers est que ce nouveau mécanisme n’a aucun fondement juridique dans les traités de l’UE. D’où la nécessité de le faire exister par le pacte budgétaire, le TSCG (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance). Ce n’est plus un traité européen (deux Etat ne l’ont pas ratifiés : République Tchèque et Royaume-Uni) mais un traité intergouvernemental, ce qui en fait une différence et des conséquences énormes. Cependant, il pourra utiliser des organismes de l’Union (Cour de justice, Commission..) pour appliquer ses modalités. Certes la partie visible de l’iceberg nous montre qu’il sera là pour aider les pays en difficultés, faire un début de fédéralisme européen en quelque sorte. Il prêtera des fonds aux Etas en difficultés financières qui auront du mal à emprunter sur les marchés financiers. En revanche la partie cachée de l’iceberg nous dissimule beaucoup de cotés obscures, d’où peut-être l’absence de débats lors de son vote, et encore moins sur le pacte budgétaire (TSCG) et sa règle d’or qui sont intimement liés. Le MES aura, et il faut bien en être conscient, le

    RépondreSupprimer
  2. Anonyme9/22/2012

    statut d’institution financière internationale basé dans un paradis fiscal qui est le Luxembourg. Il bénéficiera d’une immunité juridique totale ainsi que pour les personnes qui le composent. En fait il pourra attaquer mais personne ne pourra l’attaquer. Comme vous l’avez dit, ce sont les Etats qui souscriront à ce capital mais de manières irrévocables et inconditionnelles.
Comme vous l’avez justement signalé, son capital sera de 700 milliard d’€, et la France qui pèse 20,5% devra verser 142,7 milliards d’€ (en 5 ans par tranche de 20%). 142 milliards, c’est le double du budget de l’Education nationale pour notre pays ! Et donc pour financer et donner autant dans le capital du MES, la France sera obligée d’emprunter sur les marchés financiers (à des taux que nous connaissons). Cependant, le capital du MES risque d’être très vite dépassé si nous devions secourir l’Espagne, le Grèce, l’Irlande le Portugal et l’Italie. D’où l’autorisation pour le MES (qui n’a pas de licence bancaire) de pouvoir emprunter sur les marchés financiers afin de faire levier en empruntant 3 voire 4 fois son capital. Mais là, un gros problème se pose. Pour emprunter, le MES sera soumis aux agences de notation. L’Allemagne et les Pays Bas qui représentent 32% de son capital ont toujours leur triple A. En revanche, les autres pays sont soumis à la défiance des marchés. D’où le risque que le MES subisse aussi cette inquiétude des marchés et qu’il ne soit plus noté triple A. Par conséquent, une question se pose : comment le MES remboursera sa dette si les pays contributeurs qui sont de fait débiteurs, sont en difficulté et que le taux grimpe ? Nous pouvons déjà tirer une première conclusion : Le MES au lieu d’être un remède, n’est qu’un aggravateur, puisqu’au lieu de sortir notre si belle zone euro et les Etats qui la composent de l’emprise des marchés, il ne la renforcera encore plus. Et de ce fait, les banques qui empruntent à la BCE à 1% prêteront au MES à des taux plus importants (bénéfices). Et donc le MES prêtera aux pays à des taux plus importants afin de supporter les charges de la dette toujours plus grandissantes. Les banques, et je vous rejoins là encore pour Goldman Sachs, s’en mettront encore plein les poches.

    RépondreSupprimer
  3. 0. Olivier Pjanic9/17/2012
    0. 2/3 Pour que le MES s’applique, il faut voter le TSCG. Si nous votons ce dernier, nous nous infligeons une camisole et nous perdront notre pouvoir budgétaire. Je m’explique. Nous accepterons que le montant maximum de notre dette ne doit pas dépasser 60% du PIB (aujourd’hui environ 86% du PIB). Nous accepterons aussi que le montant maximum du déficit budgétaire ne dépasse pas 3% du PIB (aujourd’hui un peu plus de 7%) et ceci quel que soit la situation économique. Mais à cela s’ajoute la fameuse « règle d’or », à savoir que le budget devra être équilibré ou en excédent. Alors dans ce cas, que le budget de fonctionnement soit équilibré je le conçois puisque des économies doivent être faites, et que le gaspillage cesse. En revanche cela implique que l’investissement le soit aussi. Du coup comment allons-nous pouvoir investir dans l’avenir, dans les nouvelles énergies, notre défi écologique de demain, ainsi que la recherche et tout ceci sans pouvoir emprunter. Il est absurde de devoir financer l’investissement à long terme avec les recettes du moment. Du coup, on ne pourra investir dans l’avenir car emprisonnés dans une austérité obligatoire. A ce niveau, la Chine qui met tous les moyens nécessaires (pouvoir budgétaire, contrôle de sa monnaie), dans 30 ans sera nettement plus en avance que nous dans les domaines tels que la R et D et autres projets avant- gardiste.
Donc cette « règle d’or » (de plomb devrions nous dire) sera garantie dans le processus budgétaire national. Elle sera considérée comme respectée si le déficit structurel (déficit calculé hors variation) atteint 0,5% du PIB. Aujourd’hui en France il est de plus 90 milliards d’€ et le ramener à 0,5% obligerait à faire une économie de plus de 80 milliards d’€. Donc je suppose des coupes drastiques et dans le même temps une récession avec ce que cela implique et engendre. 
Les gouvernements, après avoir perdu toute marge de manœuvre en matière monétaire (l’Euro monnaie unique qu’on ne peut dévaluer) abandonnent le levier de la politique budgétaire ! Il est fou en période de crise pour un Etat de se priver de son arme budgétaire. 
D’ailleurs pour enfoncer le clou, si cette règle des 3% n’est pas respectée, une amende allant jusqu’à 0,1% du PIB pourra être infligée au pays ne la respectant pas. Est-ce logique de sanctionner financièrement un Etat qui a déjà des difficultés financière. On marche sur la tête !
Cette récession engendrera une réduction des recettes fiscales et par conséquent cela rendra encore plus difficile la réduction de déficit que l’austérité était censée défendre.

Alors oui, le MES et son pacte budgétaire ne profitent pas aux Etats mais bien aux banques. Au lieu d’aider les Etats de la crise, il ne fera qu’accentuer cette dernière. Combien d’argent avons-nous donné pour aider la Grèce ? Qu’en est-il aujourd’hui ? C’est mettre de l’argent dans un puits sans fond.
Vient le deuxième point, à savoir à quoi sert vraiment l’Euro ? 
On nous avait vendu l’Euro comme la solution, que sa zone serait une des plus riche de la planète afin de concurrencer les Etats-Unis, la Chine et son communisme qui cache son ultra-capitalisme. 
L’Euro, à part avoir appauvri les peuples et enrichi les Banques n’a pas fait avancer ce pour quoi il était fait. Où sont les projets communs que nous devions avoir. Où est la fraternité des peuples quand on voit a haine qui se dégage, en accusant les uns de « feignants et de profiteurs » et en rétorquant aux autres qu’ils sont des « nazis ». Elle est bien loin l’idée du général. Ne parlant même pas de la politique agricole de la zone euro qui est un scandale. Alors oui, on ne dit que rien n’est parfait, qu’i faut du temps pour que l’euro se mette en place. 10 ans c’est déjà pas mal, surtout quand on voit les dégâts engendrés.

    RépondreSupprimer
  4. 0. Olivier Pjanic9/17/2012
    0. 3/3 Vous allez me dire, comme certains le préconisent, qu’il faut plus d’Europe et essayer d’aller vers une Europe fédérale. Cela impliquerait, comme nous le faisons dans notre pays, que les régions riches payent pour les régions pauvres. Cela voudrait dire que l’Allemagne paye pour la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. Une folie, puisque cela voudrait dire que l’Allemagne consacre chaque année entre 8% et 12% de son PIB. Chose impossible.
La solution, je pense, est de sortir de l’Euro. De démonter l’Euro et de retrouver des monnaies nationales. Cela aurait pour conséquence de pouvoir dévaluer, l’Euro est une monnaie trop chère. Nous pourrions éviter l’hémorragie des délocalisations en redevenant plus compétitif (avec une politique favorisant pour les PME en divisant par exemple l’impôt sur les bénéfices pour les entreprises qui réinvestissent en France). 
Mais sortir de l’Euro, c’est aussi sortir de lois antiéconomiques que nous inflige l’Union Européenne. Faire du protectionnisme intelligent en taxant les pays qui nous concurrence basés sur l’esclavage humain et qui ne respectent aucune norme environnementale. Les taxer, instaurer des droits de douane. On ne peut les concurrencer puisque nous n’avons pas les mêmes armes. La concurrence est bonne mais quand elle est loyale ! D’autre pays, l’Argentine, le Brésil, les Etats-Unis, la Corée du sud le pratiquent déjà, pourquoi pas nous. D’ailleurs les seuls pays de l’Europe qui sont en croissance sont ceux qui ne sont pas dans la zone euro. Et ce ne sont pas des pays isolés, sous-développés. Ils arrivent, bien qu’étant des « petits » pays, à concurrencer la Chine ou les USA.
Cela aussi nous permettrait de pouvoir retrouver le droit de notre création monétaire en supprimant la loi de 1973. La banque de France pourrait prêter à l’Etat à taux 0% pour les grand projets (investissement) au lieux de le faire sur les marchés financiers et les taux d’intérêts ( 50 milliards par an). Il faut savoir d’ailleurs que ce sont les banques (usuriers à certains niveaux) qui ont le pouvoir de la création monétaire (fiduciaire). A ce sujet, il serait bon aussi de séparer les banques d’investissement des banques de dépôts. Pourquoi les PME qui souhaitent emprunter ne le peuvent plus, et pourquoi l’argent que nous plaçons est joué dans le casino de la bourse. Le rôle des banques est d’être un acteur majeur de l’économie. D’ailleurs ces dernières monopolisent les bénéfices mais collectivisent les dettes. Tant qu’elles ne seront pas séparées elles nous prendront toujours en otage, comme en 2008. Nous serons obligés de les aider pour qu’elles puissent recommencer leur course au bénéfice à 2 chiffres.
Pour conclure et pour ne pas monopoliser votre si bon blog, nous allons vers une période de plus en plus difficile et beaucoup d’économiste sont unanimes pour dire qu’en juin 2013 nous serons à 500 000 chômeurs supplémentaires. Il n’y a plus que les politiques et les journalistes qui croient encore à l’Euro (affectif, croyance, dogme). Pas un banquier français, anglais, allemand ou suisse (raison, technique) ne croit encore à sa survie (CF : Jacques Sapir). Alors oui l’Euro profite aux nébuleuses comme Goldman Sachs mais en aucun cas aux peuples européens. Une autre Europe est possible, une Europe des nations, des peuples, avec des projets communs et non plus comme aujourd’hui en agonie, dirigée par des gens non-élus. La solution est devant nous. « Quand le sage montre la Lune, l’imbécile regarde le doigt » disait Confucius.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je m'attendais à votre réponse et vous en remercie. Elle complète très bien mon acticle côté danger à terme. Pour l'heure la bourse remonte... Ce n'est pas pour cela que l'horizon se dégage pour le contribuable

      Supprimer