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jeudi 18 août 2011

Les communes rurales et la RURALITE ont-elles encore un AVENIR?



Tous les "politiques" jurent sur leurs grands dieux,  lorsqu'ils sont sur le terrain, que la ruralité est leur priorité, mais les faits ont tendance à prouver le contraire. En confidence, beaucoup estiment que la réforme territoriale n'a pas été prise par le bon bout - sénatoriales obligent - et qu'elle aura, à terme, des incidences négatives sur la ruralité.

Qu'est-ce que la ruralité? Au premier janvier 2009,  la FRANCE comptait 36 783 communes, soit 40% de l'ensemble des communes de l'Union Européenne. Avec ses 601 communes, le département de la Manche est, bien entendu, concerné par la question.

A priori, l'analyse des chiffres donne la réponse; elle est éloquente... et elle favorise la culpabilisation et le silence des agneaux.

84% des communes de la Manche ont moins de 1000 habitants; 24%, soit 144 communes, en ont moins de 200. Pour autant, la FRANCE n'est pas en reste:  le pourcentage de communes de moins de 1000 habitants est seulement de 74% mais celui des communes de moins de 200 habitants est de 27%, soit 9932 communes. La comparaison devient intéressante  lorsque l'on compare les populations qui vivent dans ces territoires ruraux.

Les 501 communes manchotes de moins de 1 000 habitants représentent 37,6% de la population totale du département alors qu'elle est de 15,3% seulement sur les 74% des communes françaises de moins de 1000 habitants.  La campagne manchoise est donc beaucoup plus peuplée que la campagne française... largement plus du double.

Qu'importe! BERCY a vite évalué le prix de revient de cette ruralité.  En additionnant les indemnités des élus, le salaire des secrétaires à mi-temps ou à tiers temps et les charges de fonctionnement, on arrive à plus de 500 millions d'euros et bien plus encore si l'on ajoute la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) que l'ETAT n'aurait plus à donner si ces communes étaient supprimées. Ce n'est pas une vue de l'esprit. Le document du SENAT adressé par Jean BIZET aux élus locaux est clair à ce sujet; il évoque la possibilité de transférer la DGF des communes vers les communautés de communes, si les élus sont d'accord. C'est donc bien dans l'esprit du législateur.

Bref, à elle seule, la suppression des communes de moins de 200 habitants représenterait à peu près le budget de l'Elysée,  soit environ 120 à 130 millions d'euros. Leur suppression permettrait aussi d'augmenter les impôts locaux des contribuables de ces communes souvent très inférieurs (50% parfois, voire plus) à ceux des chefs lieux de canton qui offrent très souvent tous les services de proximité .

De Paris, on a sans doute tendance à penser que les ruraux sont des petits veinards. Ils ont la nature, la sérénité, le logement moins cher et paient moins d'impôts.

Evidemment, 85% de la population française habitant dans des communes de plus de 1 000 habitants, il est facile de les faire adhérer comme un seul homme à une politique de regroupement des petites communes... toutefois, c'est la chance de la ruralité, il eut été mal venu d'aller dans ce sens sans prendre le risque de faire passer le Sénat à gauche.

Le législateur à préféré ne pas prendre de risques et commencer par le regroupement des communautés de communes. Il réglera la question des communes rurales d'une autre manière... plus perfide assurèment. Très vite, elles seront étranglées financièrement et leur dilution dans de grandes EPCI les fera disparaître d'elles mêmes.

De fait, 80 à 90% des communes rurales ne seront plus représentées que par un seul élu. Le "pauvre" sera noyé dans des instances pléthoriques où il faudra être bon orateur pour se faire entendre... si toutefois l'ordre du jour et le temps  le permettent. Très vite, beaucoup d'élus auront le sentiment d'être inutiles, de perdre leur temps et tout espoir d'un quelconque développement de leur commune... ainsi, c'est toute la ruralité qui se retrouvera sur la sellette.

Il n'est pas simple d'argumenter pour la défense de la ruralité alors que la FRANCE est dans la tourmente financière. Mais nous sommes en droit de nous interroger sur le devenir de notre socièté. Quelle socièté voulons nous? Si nous comparons le budget social d'un département urbain, le CALVADOS par exemple, dont la densité de population  (122h/km2) est supérieure à celle de la France (109h/km2) avec celui de la Manche (83h/km2) nous constatons un coût social par habitant de 13% supérieur pour le Calvados. C'est énorme quant on sait que le budget social s'approche souvent des 60% du budget départemental et que celui des communes urbaines, souvent important, s'y ajoute.

Il est donc démagogique de laisser penser que les collectivités rurales coûtent cher à la Nation. C'est oublier que les impôts locaux couvrent les indemnités des élus ruraux et le salaire de la secrétaire qui assurent eux-mêmes bien des tâches confiées à des fonctionaires dans les cités urbaines... Ils sont souvent assistants sociaux le week-end et la nuit, juges de paix et conciliateurs et, bien souvent, pompiers de service...

En fait, la ruralité est une société humaine où chacun se connaît, s'entr'aide et prend en compte l'isolement et la précarité des personnes. Nous sommes loin de l'anonymat des grands ensembles et de leurs déviances que nous vivons chaque jour à la UNE des médias.

Soucieux de l'avenir de leurs territoires, les maires ruraux auront certainement envie de faire savoir leurs inqiètudes à l'occasion des prochaines sénatoriales; cela fait partie des inconnues du scrutin.

4 commentaires:

  1. Anonyme8/18/2011

    En tant qu'elu d'une commune rurale, je pense que la réunion de petites communes était a faire avant la reforme des communautés pour leur donner plus d'existence. J.C

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  2. Anonyme8/19/2011

    Vous avez raison; le nombre de communes en France ne peut-être comparé avec les autres pays européens; la densité de l'Allemagne est de 235h/km2, celle du Royaume Uni,240 et pour l'Italie 195.La France est un pays rural même si 50% de ses habitants vivent sur un peu plus de 10% de son territoire.

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  3. bernard trehet8/19/2011

    Le déséquilibre s'accroit entre l'urbain et le rural; la densité de la France était de 115 en 2008 et la population se concentre autour des villes. Doit-on favoriser cette évolution?

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  4. Anonyme8/22/2011

    Je vous invite a lire le mensuel Paysans...son dernier article confirme votre propos P.R.

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