JEAN de LA FONTAINE et la REFORME TERRITORIALE

Le Préfet de la MANCHE qui vient d'être nommé par le Président de la République aura fort à faire pour démêler l'écheveau des délibérations prises par les élus des collectivités locales. Leur diversité montre, à l'évidence, que chacun a sa propre analyse de la réforme territoriale. Néanmoins, nous remarquerons qu'il y a deux catégories d'élus qui se différencient : les élus des villes qui nourrissent parfois des rêves d'hégémonie et les élus des champs qui, respectueux de l'autorité, tendent à courber l'échine tout en s'interrogeant sur l'avenir de leur territoire.

A la limite, cette autorité pourrait se jouer de ces divisions pour régner et rendre un schéma qui lui vaudrait la reconnaissance de la Nation avec un département, quatre syndicats mixtes et sept grandes communautés: Avranches, Saint-Hilaire du Harcouet, Granville, Villedieu les poèles, Coutances, Saint-Lô et...Cherbourg en Cotentin: "Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de Cour vous rendront blancs ou noirs", à la différence près que les élus ne sont pas " malades de la peste", que"la méfiance est mère de la sûreté" et que la loi s'applique à tous, y compris à l'ETAT, en démocratie.

"Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs...tout marquis veut avoir des pages" mais s'il est vrai que"toute puissance est faible à moins que d'être unie" encore faut-il ne pas confondre union et fusion.

Les élus des champs ont leur bon sens. Ils savent que "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras" et, en bons normands, ils ont fait leur ce proverbe:"mieux vaut un petit chez soi qu'un grand chez les autres" non pas par peur mais parce qu'ils se souviennent que  "la chétive pécore s'enfla si bien qu'elle creva".

"Pécore", un mot qui rappelle les paysans et la ruralité pour laquelle nous avons le devoir de ne pas renoncer en se diluant dans de grands ensembles. Ce n'est ni la taille ni le nombre d'habitants qui peuvent redonner espoir à nos territoires. Les parlementaires l'ont bien compris en limitant le seuil de fusion à 5000 habitants même si on agite aujourd'hui, pour aller plus loin, la peur de perdre l'aide de l'ETAT. Seules l'unité et la participation réelle des composantes des nouvelles collectivités seront les ferments de leur développement.A cet égard la proximité est essentielle.

Diluées dans une grande communauté,les petites communes rurales du canton de Brécey auraient-elles bénéficié de deux demeures communales, d'une maison des apprentis , de gîtes d'étapes, d'une crèche, d'entreprises, de l'assainissement collectif, d'un centre intercommunal d'action sociale et j'en passe? J'en doute fortement; loin des yeux loin du coeur!

Bien d'autres petites communautés du département se sont également investies sur l'ensemble de leurs communes, tant sur le plan social et environnemental qu'économique dans un objectif de développement durable qui nécessite l'appropriation du territoire par les habitants. "Il faut s'entraider c'est la loi de la Nature" mais " l'absence est le plus grand des maux" car "qui mieux que vous sait vos besoins;apprendre à se connaître est le premier des soins". Décidément Jean de La Fontaine avait beaucoup d'avance.