OU VA BLANQUER ?

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Le ministre de l’éducation ancien directeur général de l’ESSEC, après avoir été celui  de l’Enseignement scolaire avant d’être tour à tour   recteur de l’académie de Guyane et de l’académie de Créteil, Jean Michel Blanquer est aussi auteur à ses heures. Dans son livre : «  L’avenir de notre pays se joue à l’école » il y passe en revue les carences de notre système scolaire, il veut dit-il « sortir des caricatures » et « arrêter les bêtises » comme le titre LE POINT. Bien, sauf qu’il semble se perdre un peu dans les rythmes scolaires le cher Blanquer. Comme tout nouveau ministre, il veut marquer son empreinte avant d’être débarqué il finissent toujours comme ça ! Ce serait  dommage... Mais son idée de laisser revenir aux 4 journées pour 80% des écoles en septembre 2018 ne me semble pas opportune... En fait   il a fait le choix de se mettre en contradiction avec ses propres convictions pour donner « la  liberté aux élus » communaux de choisir la semaine scolaire qui leur convient le mieux. Dans le genre je vous refile une patate chaude, et au diable toutes les études en chronobiologie qui ont montré l'importance des 9 demi-journées dans les acquisitions scolaires. Un truc  pour ne pas se mettre à dos les élus locaux.  En permettant ce retour en arrière il fait des heureux et c'est une bonne façon pour surfer sur la vague des sondages légèrement en hausse depuis la mort de Johnny. Il en faut peu !  Cette décision arrange bien l'État et les collectivités  qui espèrent bien faire des économies financières; les parents quant à eux espèrent retrouver des enfants moins fatigués. Une aubaine pour les enseignants qui vont gratter une 1/2 journée de présence en moins à l'école. Qu'importe si les écoliers concernés n'auront plus que 144 jours de classe ( ponts et grèves non décomptés), l'un des temps scolaires les plus resserrés en Europe... Qu'importe si les résultats scolaires ne cessent de se dégrader et font reculer la France dans le classement PISA, la fameuse enquête internationale qui compare les acquis scolaires des enfants de 72 pays. La France y obtient la 26ème place pour la culture scientifique et les mathématiques et la 19ème  pour l'écrit et la lecture. Triste palmarès avec 495 points en sciences elle n'est qu'à 2 points au dessus de la moyenne,  loin derrière les pays asiatiques qui cumulent les premières places avec la Finlande, 5ème, et le Canada, 7ème. C'est Singapour qui décroche la première place suivi par le Japon, 2ème, l'Estonie, 3ème, Taïwan, 4ème, Macao, 6ème, puis le Vietnam, Honkong et la Chine. Quant au Royaume-Uni, l'Allemagne et les Pays Bas ils sont à la 15ème place et les USA à la 25ème.  Seules, l'Espagne, 28ème, l'Italie, 34ème,  et la Grèce 43ème empêchent la France d’être la lanterne rouge en étant loin derrière elle. Ne cherchons pas  les raisons de ces classements en s’interrogeant sur les conditions de l'enquête, la formation des enseignants ou le niveau familial les réponses sont ailleurs. En obligeant ses écoles à ouvrir 190 jours, la Finlande, modèle européen, permet à ses écoliers d'avoir des  journées d'enseignement  moins longues. Elles commencent à 8h pour se terminer vers 13 ou 14h, une demi-heure seulement étant réservée au déjeuner et les cours ne durant que 45 minutes. Les écoles du Japon, elles, sont ouvertes, 5jours 1/2 par semaine soit 210 jours par an et une  trentaine de jours supplémentaires sont consacrés à des activités sportives et culturelles, voyages etc.. Au Canada les cours ont lieu du lundi au vendredi mais ne commencent qu'à 9 heures compte tenu du temps de transport scolaire. En Estonie l'année scolaire a 175 jours de classe et dure du 1er septembre au 30 juin vacances comprises. Au Vietnam on rigole des résultats de la France dont les méthodes ont été abandonnées. L'enseignement y est dispensé du lundi au samedi, soit le matin de 7h à 11h soit l'après midi de 13 à 17h compte tenu du nombre d'élèves mais globalement la moyenne journalière est de 4h pour éviter le bachotage.

La réussite scolaire et l'éducation n’est pas uniquement une question de durée de scolarité; elles relèvent aussi des méthodes, des contenus et de la capacité du système éducatif  à prendre en compte les qualités  intrinsèques de chaque enfant. Mais il est évident que la modularisation de l'enseignement est plus simple à organiser lorsque le temps n'est pas restreint. Sans compter que nous ne nous posons pas la question de savoir comment sont occupés ou gardés les enfants sur leur temps de liberté lorsque les deux parents travaillent. Les gamins risquent de devenir les laisser pour compte du mercredi avec le risque d'être  livrés à eux mêmes avec la solution de facilité : être scotchés devant la télé. En fait Jean Michel Blanquer, dont les premières décisions sont allées dans le bon sens, ne va pas jusqu'au bout de son raisonnement.  Le ministre s’est pourtant fixé comme objectif de   transmettre le savoir. L'éducation doit transmettre des valeurs, favoriser l'autonomie et l'épanouissement des enfants. Le sport et les activités culturelles en font partie. Des vecteurs qui participent à la confiance en soi dont tout être à besoin pour réussir et s'engager dans la vie. C'est pourquoi j'ai toujours considéré que l'action des collectivités en faveur de l'enfance et de la jeunesse devait être complémentaire de celle de l'école afin de prendre en compte les inégalités socio-économiques de la France que l'évaluation PISA met pourtant en évidence. En ratiboisant le nombre de jours de classe  pour les porter à 144 c’est tout le contraire qui va se produire. Bravo.