Économie: le temps des magiciens

C’est désormais très tendance, depuis q’un investisseur, a posé son dévolu sur l'Ecoparc chacun y va de son petit couplet. Ici pour justifier cette opération, là pour y donner son avis avec plus ou moins de talent.  Le dernier en date a été relevé lors des voeux du jeune maire de Saint Laurent de Cuves qui en profite pour qualifier sa parcelle :  « de bon coin du Sud Manche》. Mince,. moi qui m'évertuais à faire de toute notre agglo le bon coin de Normandie je vais devoir revoir ma copie..mais passons c'est essentiel  qu'un élu soit le chantre de son territoire s'il n'en profite pas pour faire la leçon à ses collègues. Du coup, je me vois obligé de recoiffer  mon ancienne casquette d'enseignant pour donner un cours de rattrapage à ce jeune édile. Et c’est nécessaire, car étant à la communication de l'agglo  il serait fichu  de mettre  par terre le développement économique sur notre territoire avec la  démonstration orientée qu'il s'est plu à faire . Pour commencer, replaçons dans leur contexte ses propos repris par le correspondant du journal Ouest France (8/1). En lisant l’article on y voit la preuve qu'il ne s'agit pas d'un dérapage verbal mais bien d'une réelle volonté de convaincre, de plaire ou de nuire. Pour ma part je pencherais plutôt vers la dernière hypothèse. Mais en fait, ne nuit-il pas qu'à lui-même?

"..l'Ecoparc...dit-il, certains sont pour, d'autres contre. Bof, rien de bien nouveau; j’entends ça depuis le début du projet. En revanche là où ça devient carrément risible - pour ne pas dire triste - c’est quand il déclare ( sic)  : « Il faut savoir qu'aujourd'hui, c'est la collectivité qui doit financer l'aménagement des coques, soit environ 600000 à 700000€ en moyenne l'unité, pour les entreprises qui souhaitent s'y installer. C'est très bien si elles restent jusqu'à extinction des remboursements dus et c'est ce que nous avons fait chez nous avec James. et Leforgeais. Mais nous avons découvert qu' AM.... n'était au chêne au loup que pour un petit moment et j'éviterai de parler de certaines autres activités." Il a manifestement séché les cours le jeune élu, et il savonne la planche sur laquelle il se tient car il était vice-président de la CDC du Val de Sée à cette époque, et qui plus est à l'économie. Il participait toutes les semaines au bureau, et les baux ont été votés par tous les élus dont il faisait partie. Pourquoi ce retournement? !   Et de rétorquer  : "il faut savoir qu'aujourd'hui c'est la collectivité qui doit financer". Il oublie ( ou ignore) que les ateliers de rotation ont été créés par le Conseil général  à une époque où il devait encore être à la maternelle. Et que c'est son "patron" qui a subventionné l'aménagement de ces coques à hauteur de 28%, entre 2014 et 2017 et que le loyer couvre intégralement l'emprunt ?  Sans parler de l'État qui soutient aussi cette politique avec la DETR? Quant à se vanter de ses deux entreprises qui ont bénéficié d'un atelier de rotation depuis qu'elles sont installées, c'est une satisfaction dont peuvent se féliciter les maires qui l'ont précédé car soutenir l'économie présente toujours des risques. Sur 215000 entreprises créées en 2002, 48% avaient disparu en 2007, 5 années après. En fait l'atelier de rotation qui a été réalisé dans sa commune pour la société James  a été vendue à cette société dans les deux ou trois années qui suivirent ce qui faisait disparaître les risques mais la commune perdait l'avantage d'en garder la propriété en cas d'échec. Ce n'était donc plus un atelier de rotation proprement dit. De plus, Il s’empêtre entre le passé simple et le passé compliqué car les années n'ont pas toutes été roses pour cette entreprise malgré les   qualités de son dirigeant et les aides qu'il a pu recevoir à quelques  moments critiques. Aussi faut-il éviter de se vanter quand on parle économie et bien maîtriser ses dossiers avant de donner des leçons. 

Ouvrez votre livre à la page 1 mon garçon que lisez-vous ?: C’est Bernard Tréhet qui a aidé la société Leforgeais et son pédégé à s'implanter à Saint Laurent de Cuves en lui montant son dossier alors qu’il voulait s'installer à Brécey ou à Sainte Cécile. Elle aussi fait partie de ses réussites. Quant à la société AM.... dont vous parlez sans savoir, elle occupe 400m2 de locaux qui sont convoités par un structure de formation ce qui , voyez vous, donne du sens au mot rotation.

Sortez maintenant votre livre d’économie.

Et recherchez comment financer des salles de sport de 5 millions d'euros ou des écoles de musique de 3millions qui n'ont que des charges de fonctionnement sans prendre dans la poche du contribuable. Vous apprendrez qu'il est nécessaire de trouver des recettes nouvelles et que seule l'économie peut vous en apporter avec la CFE, la CVAE, les taxes foncières et l'emploi qui permet de développer de l'habitat lequel génère à son tour de nouvelles taxes. Avez vous une autre proposition pour financer de tels projets que je considère souhaitables pour l'attractivité du Sud Manche, sachant qu'ajoutés les uns aux autres ils sont largement aussi coûteux voire plus, que les aménagements des 18 coques qu'il reste à faire sur les dix ans à venir,  aménagements qui généreront en toute sécurité ces nouvelles recettes économiques. Tout ça fait beaucoup d'ignorance. Je sais que ce n’est pas nécessaire d’avoir fréquenté la fac et d'avoir fait science éco pour être maire, les diplômes ne sont pas une garantie, loin s'en faut. Un autodidacte obtient souvent de meilleurs résultats, mais pour ça il lui faut  ce petit plus qui lui permet de valoriser son bon sens et d' éblouir ses administrés et la presse sans mettre en cause ses collègues. Sinon, ça fait désordre.

Une petite dernière avant l’intérro ? 

Notez que les toitures photovoltaïques rapportent elles aussi de l'argent à la collectivité, IFER et taxe foncière. Que le nombre d'emplois créés sur le Val de Sée pendant la crise entre 2008 et  2013 (367 pour 9000 habitants alors que le Sud Manche n'en créait que 190 dans le même temps , Val de Sée compris). Pour autant,  je vais, de ce pas, oublier une telle intervention médiatique   aux accents démagogiques. Après tout, mon jeune collègue tente à s’imposer dans la doxa du moment. En revanche je suis plus inquiet pour l’avenir, car si l’on voulait casser définitivement tout le tissu économique de la Vallée de la Sée, que l'on a construit ensemble c’est comme ça qu’on s’y prendrait.  Et quelle image donnons nous de la politique une nouvelle fois? 

La démocratie c'est la confrontation des idées. Cette confrontation fait avancer quand elle est constructive mais une logorrhée qui n'apporte que des critiques n'est pas faite pour convaincre des partenaires économiques. Ce jeune maire est membre "d'une équipe jeune et dynamique", qui veut faire entendre sa voix c’est bien normal. Mais attention de ne pas tomber sous le coup des «  fake news » pour défendre un projet comme celui d'un éventuel campus qui doit pouvoir convaincre par lui même sans dénigrer une politique qui a fait ses preuves sur le Val de Sée dans le cadre d'un projet territorial qui n'avait rien de personnel. Allez, n'insistons pas et oublions cet épisode car chacun sait sur notre territoire que nombre de collectivités ont bénéficié de projets structurants qui montrent que nous avons toujours été attentifs au développement harmonieux et équilibré de la vallée de la Sée.