JEAN BIZET renonce au Département de la Manche

Fuite ou abandon?  Pour le moins c'est une sage décision. Certes, elle vient un peu tard car elle lui a valu, voici plusieurs mois, d'être épinglé par les médias pour être l'un des meilleurs exemples de cumul de mandats parmi les parlementaires. A la veille des sénatoriales il vaut mieux s'alléger pour être plus crédible. On ne peut le lui reprocher ni le taxer d'abandonner le département où on ne le voyait plus qu'à quelques séances pleinières.

Cela dit, une responsabilité  au sein  de la commission européenne peut justifier amplement ce renoncement même si  Jean François  Legrand démontre tous les jours qu'il est possible de mener de pair plusieurs présidences nationales et la présidence du Conseil Général  tout en étant présent, actif et efficace sur le terrain.

Jean Bizet ne quitte pas le navire pour autant  même si cela peut en avoir l'apparence. Président du Pays de la Baie du Mont Saint Michel, il aura encore beaucoup à faire pour compenser la suppression des collèges et des administrations,  la suppression des barrages et revitaliser un territoire touché par la crise laitière qu'il justifie en quelques mots: "c'était inéluctable" ou bien encore " l'avance de l'Allemagne sur la France en matière agricole". Inéluctable semble un peu court; quant au retard de la France,à qui le doit-on?

Néanmoins, Jean Bizet fait bien de se libérer d'une partie de ses  responsabilités locales car il aura beaucoup

à faire pour expliquer les objectifs d'une réforme territoriale trés contestée sur le terrain et au Sénat. Sans sa voix et deux ou trois autres ,elle n'aurait pas été adoptée.

Dire aujourd'hui aux grands électeurs que "cette réforme n'est pas faite pour les élus mais pour les habitants" relève d'un manque total de considération des élus. Laisser penser qu'ils sont en grande partie responsables du déficit de la France est tout simplement de la provocation. Leur faire avaler que la réduction de moitié du nombre de communautés de communes sera porteur d'économies, c'est aussi les prendre pour des naifs. Il leur a prouvé le contraire avec la fusion du Pays du Mortainais et celui de l'Avranchin en Pays de la Baie du Mont Saint  Michel dont le nombre d'adminstratifs est trois fois plus important que la moyenne des effectifs des PAYS EN France.

Qui plus est, en transformant l'association en Syndicat Mixte de Pays, il a ajouté une strate supplémentaire au mille feuille administratif dénoncé par Nicolas Sarkosy. Cette nouvelle structure de fonctionnement a un budget de 1,3 millions d'euros que les communautés devront payer à terme lorsque les subventions disparaitront. Déjà,d'ailleurs, il annonce que les subventions européennes risquent de s'évaporer en 2O13. Sera t-il là pour trouver l'argent qui manquera? Tout ceci est bien contradictoire!

Respectueux de leurs parlementaires, les élus ne sont pas pour autant naifs. Le cidre doux du Teilleul que le sénateur du Mortainais nous fait boire peut nous mettre un certain temps en hypnose mais il devient  indigeste pour nombre d'élus qui n'hésitent plus à se faire entendre. Nous pouvons comprendre que quelques parlementaires  UMP reprennent ,sur le terrain, l'argumentaire de l'Etat mais ils auront fort à faire pour convaincre.

Il restera alors la menace que nous entendons ici ou là: "les collectivités qui refuseront de fusionner n'auront plus de subventions d'Etat". J'avoue que c'est un argument de poids mais face aux incidences des réformes sur la démocratie participative qui doit être le moteur du développement durable, j'ai le sentiment que notre bon sénateur risque de prêcher dans le désert. Cela lui demandera certainement beaucoup de temps et de pédagogie. La méthode  Coué lui sera très utile.