La main sur le coeur...

Qu'il soit de droite, de gauche, du centre ou d'ailleurs, le citoyen français a suivi dimanche 5 mars un remake de la prise du fort du Trocadéro qui, en 1823, avait consacré la victoire d'un corps expéditionnaire de 95000 hommes chargé de remettre en selle le monarque Ferdinand VII. Dans cette version 2017, les rôles ont été attribués à  François Fillon et à une cohorte de 45000 figurants Républicains, bien décidés, malgré le temps, à témoigner leur fidélité et leur soutien à celui qu'ils souhaitent hisser de gré ou de force à la plus haute fonction, sur le trône chancelant d'une démocratie attaquée et manipulée de toutes parts . Et tant pis pour les erreurs légales que beaucoup d'autres ont faites, seul le projet compte, un projet dont la France a grand besoin. Même le temps s'était mis de la partie pour alimenter à grosses gouttes la chronique    d'une   candidature à laquelle  les ténors des républicains ne croient plus, à tel point qu'ils ont pris la poudre d’escampette  les uns après les autres pour éviter la Bérézina dont ils seraient les premières victimes. Une grande partie de l’équipage a débarqué, laissant seul le Capitaine tenir la barre d’un vaisseau bientôt fantôme. Pour un peu, cet abandon nous rendrait  le candidat Fillon sympathique . Nous serions même tentés de  le plaindre et d' admirer son courage pour se tirer de la situation dans laquelle il s'est mis en voulant laver plus blanc que blanc, tout en sachant cependant que le courage est une vertu qui d'un point de vue moral doit être guidé par le sens de la justice. 

La démocratie vit un cauchemar

"La  justice est lâche" écrivait récemment François Hollande. En voilà un qui ne manque pas de culot, lui qui a écrit : «  un président ne devrait pas dire ça »; il peut la remercier au contraire de ne pas l’avoir poursuivi . Mais peut-’on juger l’inconscience de notre président? Lui le chantre d’une démocratie hypocrite.  Quant à la droite qui  refuse d'assumer ses erreurs et ses divisions ce n'est pas mieux: elle a bafoué la démocratie française héritée du siècle des lumières, rongée par les coups bas et les appétits les plus vils. La décadence du système politique français est semblable à ce qu’il fut  dans les années 30. Les institutions de la Ve république mises en place par le général De Gaulle ont été dévoyées par des élus incapables d'imposer les réformes nécessaires à la France, incapables de construire une Europe égalitaire, incapables de se soustraire à des idées partisanes,  démagogiques et auto destructives.

La France est à la fin d'un cycle au cours duquel la gauche et la droite ont tellement vampirisé la démocratie qu'elles en explosent , libérant   dans la sphère politique une pluie d'étoiles filantes plus éphémères les unes que les autres. Cela n'arrange pas la stabilité de la France évidemment. Et l’on s’étonne que les électeurs perdent leurs repères et renoncent à se rendre aux urnes, sauf à prendre le risque de se laisser happer par la mélodie d'une sirène montante. Les en dissuader éviterait que  notre pays ne plonge dans " le brouillard d'une nuit " qu’il lui sera très difficile de dissiper.