Translate

dimanche 26 février 2017

La désertification rurale est-elle inéluctable?




Le salon international de l’agriculture vient d’ouvrir ses portes sur fond de crise agricole que rien ne semble endiguer. Une sinistrose qui a commencé depuis la fin des années 60.  Tous les gouvernements qui se sont succédés depuis 50 ans ont eu beau se pencher au chevet du malade,ils ne lui ont jamais révélé le mal qui le ronge. Il s'agit là d'un phénomène endogène, même s'il a été accentué par des choix  politiques et des réglementations bruxelloises. Choix  dont le secteur a pu un peu tirer profit au bon temps de la Chiraqui mais aujourd’hui c’est la descente aux enfers.

Rappel historique

Sur le plan de la démographie, en 1831, à l'aube de la révolution industrielle, la Manche comptait 591284 habitants  soit 1,82% de la population de la France qui n’avait que 32569000 hab. Ce pourcentage a bien changé; il n'est plus que de 0,74% aujourd'hui.
Le bassin de vie du Val de Sée a, quant à lui, bénéficié de cette révolution industrielle grâce à l'énergie hydraulique de son petit fleuve côtier qui se jette dans la baie du Mont-Saint-Michel. Avec la vallée de la Touques, celle de la Sée devient l'un des territoires les plus industrialisés de Normandie au 19ème siècle.  Le XXe siècle et ses technologies nouvelles aura tôt fait de ramener la vallée de la Sée à son socle économique initial : l'agriculture, laquelle a subi sa révolution ces cinquante dernières années. La surface agricole utilisée (SAU) par exploitation a été multipliée par 7. La moyenne des SAU actuellement approche les 70ha. Dans le même temps la création des GAEC (Groupement Agricole d'Exploitation en Commun) se sont multipliés portant beaucoup d'exploitations à plus d'une centaine d'hectares voire plus grâce à la mécanisation partagée. Ainsi, la mutation agricole s'ajoutant à d'autres facteurs qui ne cessent de s'accumuler, la désertification se poursuit inexorablement sur les territoires ruraux depuis 1962.
Certains ex-cantons ont perdu près de 50% de leurs habitants : Saint Pois est passé de 4751 à 2835, Le Teilleul de 4822 à 2881, Juvigny le Tertre de 4173 à 2434, Mortain de 7471 à 5853, Sourdeval de 6264 à 4506... Avec, en prime, la suppression  de deux collèges, de plusieurs écoles et la réduction des circuits du ramassage scolaire du département sous couvert de faire les économies que lui impose l'État dont les dotations ne cessent de diminuer. Bien sûr, çà et là des élus se sont efforcés d'agir pour compenser le retrait de l'État . Mais face à certaines décisions administratives dont le but est de concentrer les services, ils sont bien démunis. Pour preuve, depuis le 1er décembre 2016,  seules les mairies qui disposeront du matériel de recueil pourront délivrer les cartes nationales d'identité à l'instar des passeports. À condition que les secrétaires de mairie soient formés à l’utilisation des logiciels et des appareils de prise biométrique. C’est pas le cas dans les petits bourgs.  Tout ceci pour dire que les orientations  ne tiennent même pas compte de la nouvelle organisation des territoires imposée par la loi NOTRe. Nous pourrions évoquer également bien d'autres causes à l'origine de la désertification rurale sur lesquelles les élus ont peu de pouvoir : comme le désert médical, le vieillissement et le desserrement de la population, la formation et le départ des jeunes, le flux migratoire négatif qui augmente le déficit naturel et les réseaux de communication médiocres. Comment une entreprise peut elle envisager de s'implanter en milieu rural si elle ne dispose ni du téléphone portable ni de la fibre optique pour son fonctionnement. La situation semble d'autant plus préoccupante que l'État continue de spolier les communes se fichant comme d’une guigne des conséquences.

En 2017, 50% des communes rurales qui étaient chef-lieu de canton avant la réforme des cantons ne bénéficieront plus de la dotation attribuée au titre de bourg centre. Nombre de communes de la Manche seront impactées bien qu'elles aient toujours à financer les emprunts qu'elles ont contractés pour financer leurs écoles ou des équipements structurant leurs bassins de vie. Question : devront-elles augmenter leurs impôts au risque de chasser leurs habitants que la loi Allur s'est déjà chargée d'empêcher de s'installer dans nombre de hameaux ou choisiront-elles de ne plus investir?  Oui, nous sommes en droit de nous inquiéter sur l'avenir des territoires ruraux et  à plus d'un titre, d'autant que la précarité s'y développe à grand pas. Reste à savoir si les communes nouvelles auront les moyens financiers et la volonté d'enrayer ce déclin? J'en doute. Les communautés de communes et d'agglomération seront-elles solidaires? Penser global pour agir local ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a pourtant urgence car seul le développement économique peut nous sortir de l'impasse. Tout le monde en est conscient.  Mais, bien entendu, il faudra que les élus de ces nouvelles collectivités soient vigilants pour que le fonctionnement ne soit pas privilégié au détriment de l'investissement économique.

4 commentaires:

  1. Anonyme3/04/2017

    Moi, je peux vous dire que quand j'entend certains élus, les territoires ruraux vont se transformer en Éden pour bourgeois et résidences secondaires. Ne rêvons pas.JD, un élu rural

    RépondreSupprimer
  2. Anonyme3/05/2017

    Il y a un paradoxe.comment défendre une politique de revitalisation économique en conservant une agriculture sous perfusion.sans la sacrifier, il faut regarder les choses en face.la manche à plus que jamais besoin de se tourner vers l'avenir et se trouver un nouveau souffle.

    RépondreSupprimer
  3. C'est un vrai sujet mais je pense qu'il est possible d'opérer une mutation économique sans avoir à sacrifier une agriculture qui est encore positive dans la balance commerciale de la France. En revanche l'agriculture doit se montrer ouverte à cette évolution ce qui a été globalement le cas dans la vallée de la Sée où les perte d'emplois agricoles ont été largement compensés ce qui n'a pas été le cas partout.

    RépondreSupprimer
  4. Trop tard pour corriger les fautes: Pertes... Compensées

    RépondreSupprimer