L’avenir, c’est
du passé en préparation
Pierre Dac
En pleine révolution industrielle
au tournant du 19ème siècle, la Sée, petit fleuve
côtier qui serpente dans la vallée, a vu se développer de nombreuses
entreprises qui profitèrent de l'énergie hydraulique pour
prospérer, d'où son nom de vallée des cent moulins. La seconde moitié du XXè
siècle annonce le déclin de ces industries qui ferment les unes après les
autres. Que reste t’il aujourd’hui de ce passé glorieux, pas grand chose. La Sée
s'est endormie dans le lit de son bocage normand en ayant comme principal
compagnon les saumons qui lui font remonter le temps. La vallée tire ses
ressources des nombreuses exploitations agricoles dédiées
principalement à l'élevage bovin et à la production laitière, mais
pour combien de temps encore ? On se souvient de la récente crise laitière qui a fait disparaître plusieurs exploitations.Telle une gangrène, la
désertification rurale ronge peu à peu le territoire dont seuls
quelques élus tentent encore de nous faire croire à un sursaut. Le métier
d’agriculteur ne ressemble en rien avec ce qui se pratiquait il y a encore
dizaine d’années. La ruralité a perdu son mentor en la personne de
Jacques Chirac et les agriculteurs doivent désormais faire face à une mondialisation féroce. Le métier est complexe, exige des
compétences multiples: savoir investir, tenir les comptes, s'y connaître en
chimie. Sans
parler des subventions de la politique agricole commune qui ne sont pas toujours
bien vécues. "Petit à petit, les paysans se sont fait fonctionnariser:
aujourd'hui, leur salaire, ce sont les primes qu'ils n'ont pas
demandées; ils voudraient simplement une juste rémunération de leur travail, mais pas
d'assistanat". Un discours que se gardent bien de leur déverser les politiques préférant
entretenir le flou. Bulletin de vote oblige.
Ceux qui ont hérité de leur ferme
subissent une pression supplémentaire: ils se doivent de réussir, pour
transmettre à leur tour. "Celui qui échoue signe la fin du patrimoine, il est
responsable de la rupture générationnelle" Conséquence, le nombre
d’exploitations agricoles ne cesse de chuter entraînant dans leur dégringolade
la fermeture des écoles et des commerces de proximité et, par voie de conséquence le déclin des communes et de la ruralité que la loi ALLUR vient amplifier.
Dès
la fin des années 80, la commune de Brécey puis la vallée de la Sée relèvent le
défi et parient sur le développement économique. L'émergence de nouvelles
entreprises (Aptar Stelmi, Reverdy, Agrial, AToll etc..) , l'extension de quelques sociétés "historiques" (Alphonse James, Rémi James, Leforgeais, Terre d'ici, LTP Loisel et quelques autres) et la présence d'un artisanat solide redonnent
l'espoir. L’emploi se développe, et le territoire est réinvesti grâce à
une politique de l'habitat volontariste. Frappé de plein fouet par la crise des
subprimes en 2008 , la collectivité ne se laisse pas abattre pour autant sachant que le développement économique n'est pas affaire de chance; il relève d'une politique
rationnelle qui exige confiance et créativité et s'inscrit dans une
démarche partenariale dans lesquelles les compétences sont associées pour
atteindre des objectifs communs.
L’indispensable
diversification
Aujourd'hui l'avenir semble
s’éclaircir malgré certaines réformes dont on ne comprend pas toujours les
objectifs réels ou supposés à défaut d'en voir les effets. À
Brécey Aptar STELMI a obtenu son permis de construire dans les meilleurs délais
pour permettre son extension grâce à l'action concertée entre l'État et ses
services et avec le concours des collectivités. Les extensions de deux autres
entreprises importantes de la vallée sont également à l'étude avec, à la clé,
plus d'une cinquantaine d'emplois. Quant à l'écoparc du Val de Sée, un projet ambitieux qui a misé
sur le développement durable, il se révèle porteur d'un espoir
considérable. Déjà, avant même que la commercialisation ne soit
vraiment engagée, une dizaine de chefs d'entreprises extérieurs
manifestent leur intérêt pour ce complexe et leur implantation dans le Sud
Manche. Ces perspectives représentent près de deux cent emplois supplémentaires.
Une bouffée d’oxygène qui devrait faire respirer un grand nombre
d’habitants en réinsérant des hommes et des femmes, éloignés de l'emploi depuis
longtemps. Pour preuve, le 25 juillet dernier une entreprise nationale et un
groupe hollandais, rencontrés à Brécey se disent disposés à investir dans 20
hectares de serres chauffées par un réseau de chaleur innovant pour la
production de tomates sous serres. Reste à convaincre la SAFER que
j’ai sollicité par courrier pour les convaincre à mettre à la
disposition de ces entrepreneurs ,40 hectares de terres à terme dont 20ha
dès a présent. Une fois de plus, l’alliance entre État et collectivités locales
ont été mises à contribution pour relever ce défi, qui générerait 7 emplois par
hectare, soit 120 pour les 17 premiers hectares exploités. Ce qui n’est pas
rien. J'entends déjà d'ici les persiflages des sceptiques et des pseudos "
conservateurs" qui n’ont pas tout compris, ou ne veulent pas comprendre la
nécessité d’opérer une diversification économique. Rompre avec certaines
pratiques et traditions ne signifie pas tirer un trait sur notre culture. Les
exemples sont nombreux notamment dans les domaine de l'habitat, des énergies et
de l'agriculture. L’audace et le volontarisme sont la seule issue pour sortir la
France de sa torpeur, à condition toutefois que l'Etat et les élus fassent front
commun pour s'opposer aux lobbys qui ne cherchent qu'une chose : protéger leurs
intérêts. Le département de la Manche s'est lancé lui aussi dans une politique de rupture avec un vaste
programme de stockage de l'énergie. L'écovallée de la Sée lui a emboîté le pas; nous en observons aujourd’hui les
premiers effets. Nous ne sommes qu’au début d’une grande aventure, mais la partie
n’est pas gagnée. Il reste du chemin à parcourir pour surmonter les obstacles. J'ai néanmoins la faiblesse de croire que la réunion des volontés et des
intelligences est la réponse. "N'ayez pas peur" nous disait Jean-Paul
II. En cela il rejoint Marc Twain et les adeptes de l'innovation de rupture:" ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait", le pr. Jean Mathiex n'hésitant pas à dire qu'en économie "un révolutionnaire, c'est un terroriste qui réussit".
Il faut en effet savoir rompre avec le quotidien. Vous avez rompu dans votre établissement avec la règle institutionnelle. Parisien vous m'avez pris avec mes difficultés dans votre internat. Remis en selle, J'en suis sorti Chirurgien dentiste contre tous les avis.. La France n'a rien innové depuis longtemps. La rupture c'est Apple, le cd-ROM , l'imprimante à jet d'encre etc. Le partenariat public privé est aussi une rupture mais innover avec le privé n'est pas dans les mœurs. Pierre
RépondreSupprimerEn France on n'a pas de pétrole mais on a des idées...On connaît la suite. Non seulement nous sommes en panne d'essence, et nous n'avons aucune idée pour nous en sortir
RépondreSupprimerbien à vous
Bonjour Monsieur TREHET,
RépondreSupprimerToujours en action pour votre secteur ! Merci de donner des paroles rassurantes et les actes sont bien là lorsque nous pouvons voir tous ces bâtiments qui sortent de terre depuis des champs ! Le chêne aux loups n'est pas encore assez connu même des populations locales ! à la presse de diffuser et aux politiques de tous niveaux de faire activer leur réseaux pour se mobiliser autour de l'emploi : seul personne ne peut rien, mais l’intérêt public de faire avancer l'économie pour tous est-il encore une valeur défendue par nombre de politiques ! "C'est au pied du mur que l'on voit le maçon" dicton populaire qui ne fait pas toujours recette, ceux qui travaillent le plus ne sont pas souvent récompensés, aussi le message de Pierre est à féliciter ! et continuons vers des actions communes ! à bientôt voir revoir ;
Je profite de votre blog pour relancer encore ce que je fait depuis quelques jours d'activer tous les réseaux possible pour voter sur Internet au Projet de développement durable d'AGROCHANVRE, et obtenir si nous sommes bien placés une aide du mécénat d'AXA, c'est un peu notre obole aussi autant la récupérer : http://partagerproteger.axa.fr/index.html et merci
bonne journée à toutes et tous
Alain
C'est super si vous n'avez pas de bâtons dans les jambes car le monde agricole risque de vous en mettre.Jean sans Terre... Un vrai normand
RépondreSupprimerNous allons bien voir. Pour l'heure un responsable agricole m'a téléphoné pour me dire qu'on ne pouvait pas rejeter un tel projet. C'est déjà positif en soi
RépondreSupprimerFélicitations. Je viens de voter pour votre projet d'écoparc qui a été présélectionné par la fédération des ÉPL. Je vous souhaite plein succès. André Parent
RépondreSupprimerJe ne suis pas de la Manche,mais j'ai voté pour votre projet sur le site entreprendre,par ailleurs très bien. C'est à Vous?
RépondreSupprimerRené de cambrais
Merci; l'écoparc fait partie des 3 projets retenus pour le thème "aménagement du territoire"; c'est déjà une récompense en soi car les deux autres projets présélectionnés sont portés par des SEM dont les moyens n'ont rien à voir avec les nôtres. Toutefois la meilleure récompense sera le nombre d'emplois créés pour le territoire. Bien à vous
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