Présidentielles: à l'aube d'une ère nouvelle ?

Le suspense entretenu par les médias nous faisant croire à une possible victoire du FN a été construit comme un scénario de fiction.   Nul  besoin d'être prophète pour prévoir l’issue finale de ce second tour. Surtout après la piteuse prestation de Marine Lepen lors du débat avec Emmanuel Macron. Mais ouf, c’est terminé. La situation dans laquelle ces présidentielles nous ont plongées est la résultante du quinquennat désastreux de François Hollande qui a conduit le pays dans le doute et le désespoir avec à la clef un rejet massif des partis traditionnels. Nous avons approché tous les dangers, mais par chance le pire a été évité. Imaginons, ou plutôt non, une confrontation Melenchon- Le Pen   nous serions à coup sûr aujourd'hui dans l'abîme le plus profond dont nous aurions de grandes difficultés à nous sortir. Fort heureusement nous n'en sommes pas là, mais la remontée à la surface n'est pas gagnée car nombre de nageurs ne manqueront pas d'appuyer sur la tête de la nouvelle coqueluche d'une nation abîmée par 40 années de réformes démagogiques. Dernièrement, un professeur certifié en mathématiques me sollicitait pour un emploi, écoeuré de voir un grand nombre de ses élèves obtenir le bac scientifique avec une moyenne de 5/20 en mathématiques. Pas étonnant qu'on retrouve ces jeunes bacheliers à Pôle Emploi alors qu’un grand nombre d'entreprises peinent à trouver des employés qualifiés. Fort d'un tel constat qui caractérise le déclin de la France, nombre d'électeurs ont surmonté leur déception du premier tour pour emboîter le pas aux marcheurs d'Emmanuel Macron mais vers quel horizon? Les résultats du 2ème tour de ces présidentielles sont un bon indicateur.

Analysons les résultats dans la Manche.

Au premier tour Macron devance Le Pen avec 74797 voix pour 308902 votants, soit 13062 voix de plus. Avec 61735 voix, elle se place en 3ème position derrière Fillon (64989 voix) et elle devance Melenchon (41350 voix). Un score qui écrase celui du PS Hamon (19277) suivi de près par Dupont Aignan (17102 ). Les abstentions s'élèvent à 70227 électeurs, les blancs se limitant à 5639 et les nuls à 2291. Les petits candidats n'obtiennent que 11938 voix.

L'analyse des résultats du second tour

Comparés à ceux du premier tour les résultats du 7 mai sont révélateurs, même si le pourcentage obtenu par Emmanuel Macron (67,23%) est une une belle victoire.  Il y a tout lieu de penser en effet que les législatives, (11 et 18 juin)  prochain, seront un obstacle que notre nouveau Président ne franchira pas sans de nombreux reniements à droite comme à gauche. Et pour cause !

Premier constat: les abstentions ont augmenté de 12575 voix  soit +17,9% un chiffre jamais atteint depuis le scrutin présidentiel de 1969. Les blancs et nuls approchent les 9% des inscrits (plus de 4 millions), soit 11,28% des votants (+25482 entre les deux tours) un record pour une présidentielle.  Si nous ajoutons ces refus de choisir aux 12575 nouvelles abstentions nous obtenons un chiffre conséquent d'électeurs refusant les deux candidats (38057) qu'il nous appartiendra de prendre en compte pour analyser les reports de voix: +101895 pour Macron et +24398 pour Le Pen.

Évidemment, je n'imagine pas beaucoup de voix de gauche se reportant sur Le Pen dans mon analyse. Probablement sont-elles pour la grande majorité issues de l’électorat de François Fillon et de Nicolas Dupont Aignan (64989+17102 = 82091) ce qui reviendrait à dire que 29,72% des voix traditionnelles gaullistes et Les Républicains se seraient reportées sur Marine Le Pen. Pourcentage diminué  des quelques voix de Melenchon  qui se seraient perdues sur Marine. Quant au report vers Macron, les 19271 voix de Hamon et celles de Melenchon (51134) ne suffisent pas pour expliquer le phénomène. Il en manque 31490 au compteur qui proviendraient de la droite soit 38,35%. Bien sûr le report des voix n'est pas mathématique. De même, il est possible d'imaginer que le report des voix vers Le Pen ne s'est pas effectué dans les mêmes proportions du côté de Fillon et Dupont d'Aignan. Pour autant, si l'on ajoute les 24398 voix supplémentaires de Le Pen et les 31490 voix que la gauche n'a pu donner à Macron, nous n'obtenons pas le score initial de François Fillon et Nicolas Dupont Aigan (82091). Il manque 26205 voix. Est-ce à dire qu'elles  se retrouvent dans les abstentions, les bulletins blancs ou les nuls. Ce n'est pas impossible. En tout cas nous ne devons pas en être loin. Bref, si l'on considère les orientations des électeurs de droite lors de ce 2ème tour des présidentielles et le fait que François Fillon est parti au combat avec d'importants handicaps, nous pouvons estimer que les législatives dans la Manche s'apprêtent à nous faire participer à une guerre de tranchées qui nous éloignera de ce désir de rassemblement prôné par notre nouveau Président, le plus jeune de notre histoire à qui il faut souhaiter la réussite de son pari d’unir cette France réputée ingouvernable.