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jeudi 31 mars 2016

Collectivités : endettement et raisonnement



Emprunter pour être bien chaussé

En politique, l’hypocrisie va de pair avec la mauvaise foi, l'endettement  est un argument fréquemment utilisé contre l'adversaire pour mieux le descendre. L'argumentation éculée et souvent primaire s’appuyant sur des ratios comptables généralistes appliqués à toutes les  collectivités sans discerner la nature de leurs emprunts est déconcertante. En vérité, l'endettement doit être analysé à la lumière des objectifs et des résultats, mais aussi des recettes d'investissement qu'il procure et des actifs qui enrichissent le patrimoine de la Collectivité. Dans Ouest France (du 25/3/16) on peut y lire que le président de la Région de Normandie préconisait d'emprunter pour faire progresser son duché : (sic) " Une Région pas endettée, c'est une Région qui n'a pas eu de projet " affirmait-il. Une déclaration à laquelle son adversaire politique, Marc-Antoine Jamet (PS) n’a pas manqué de répondre  : "attention de ne pas passer de la Région la mieux gérée de France à la Région la moins bien gérée" s’appuyant sur la capacité de désendettement qui augmenterait de 4,46 années  d'ici 2021. Ce magistrat à la cour des comptes a les arguments de son logiciel évidemment. Certes, les élus sont comptables de l'argent des contribuables, mais ils ne peuvent se confiner au seul rôle de gestionnaire qu’ils doivent être tout de même. Ils sont élus pour conduire une politique efficiente qui  se mesure par le rapport entre les résultats et les moyens utilisés. La région étant chef de file pour le développement économique l'évaluation de ses résultats est jugée à l’aune du nombre d’entreprises et d'emplois créés, comme sur les recettes générées par les investissements directs et indirects. Un président ne peut tout à la fois accepter une augmentation de 4% du chômage dans sa région en 2015 et se féliciter de l'avoir bien gérée. La question est encore plus complexe  pour les départements, qui gèrent les solidarités, car les investissements humains sont moins quantifiables même si quelques-uns contribuent à réduire efficacement les inégalités et la précarité. C'est ainsi que le département de la Manche peut se targuer de faire d'une pierre deux coups: son efficacité en matière de solidarité lui permet d'investir 75 millions d'euros par an, pour l’amélioration de son réseau routier qui renforce l'attractivité de son territoire et favorise l'implantation d'entreprises grâce à son accessibilité et par là même la création d'emplois qui contribue à réduire certaines dépenses sociales. Une étude du JJD révèle que La masse salariale des collectivités territoriales a augmenté de 3,1 % en 2013 après avoir déjà crû de 3,5 % en 2012. Les dépenses d'investissement ont, quant à elles, augmenté de 8,1 % en 2013, « un taux jamais égalé depuis 2009 », selon le journal. Notre département est classé intermédiaire en matière de dette publique avec 597€ par habitant ce qui lui confère une note de solvabilité de 8 sur 10 et une moyenne de 5 sur 10 sur le plan national . En revanche il assume seul ses dépenses sociales sans quémander auprès de l'État comme bien d'autres. À cela, nous pouvons ajouter la présence du département au sein de Sociétés d'Économie Mixtes dont la vocation est de soutenir le développement de filières nouvelles qui vont du numérique, au biomatériaux, en passant par l’agroalimentaire...Des investissements à long terme qui représentent des actifs pour les générations futures. On ne récolte jamais le raisin le jour ou l’on plante le pied. Récemment une étude se plaisait à comparer  ex abrupto les endettements de quelques Communautés en voie de fusion dans la Manche. Une étude incomplète, car elle n’associe pas les résultats des créations d'emplois industriels sur les  collectivités concernées au cours des 10 dernières années (on y note  des variations allant de +35% à -28%). La situation de la précarité comme les recettes d'investissement par habitant ( parfois supérieures de 500%) auraient pu aussi être prises en compte pour être objectif. Sait-on par exemple que 11,2% des allocataires du RSA sont installés dans cet assistanat depuis plus  de 10 années dans l'Avranchin, alors que ce pourcentage est inférieur de 20% dans le Mortainais qui s'est plus endetté pour combattre la précarité et la désertification.  L'augmentation des bases d'imposition  donne aussi une bonne image du développement d'un territoire.  Pour la Communauté du Val de Sée, par exemple, les bases de la CFE, Contribution Foncière  des Entreprises, augmente de plus de 5% en 2016, signe évident de sa bonne santé économique. Vous l’aurez compris, une Communauté dont l'une des principales compétences est l'économie doit veiller à ce que son fonctionnement ne vienne pas amputer sa capacité d'autofinancement, notamment pour des dépenses liées au cadre de vie, peu générateur de recettes nouvelles, et qui engendrent des dépenses de fonctionnement facteurs de coûts supplémentaires, à contrario des dépenses liées à l'économie ou à l'habitat qui peuvent être financées par l'emprunt dès lors que celui-ci est couvert par les recettes qu'il engendre... Une équation évidente, sauf pour quelques spécialistes de la désinformation qui s’ingénuent, non sans un certain cynisme à manipuler l’opinion en surfant sur les chiffres sans réelles connaissances. Cette stratégie ne repose que sur l'émotionnel du public visant à le maintenir dans l'ignorance et la médiocrité. Ça peut payer sur le coup, en même temps que ça décrédibilise la parole du politique. Hélas, avant d’être démasqué, ce genre d'attidude fait beaucoup de dégâts dans l’opinion. Voilà pourquoi nous n’arrivons pas à rattraper notre retard en matière économique. 

8 commentaires:

  1. Anonyme4/01/2016

    Il faudrait plus d'élus à avoir la fibre de chef d'entreprise. Ils savent investir sur ce qui est essentiel à leur production sinon c'est le dépôt de bilan.Roland J.

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  3. Les agriculteurs savent aussi que lorsqu'ils achètent une vache, elle leur donne du lait. Il y a un risque: Le prix du lait qui évolue... Mais le renoncement serait pire pour l'agriculteur et pour la France

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  4. Anonyme4/01/2016

    Le citoyen moyen arrivera à comprendre les mécanismes financiers si on lui explique.
    La notion de surendettement le ramène indubitablement à sa situation personnelle et potentielle et donc à ses angoisses.
    Il est donc très facile de le manipuler en se jouant de ses propres peurs.

    On ne lui expliquera jamais les notions de reste à vivre, de taux de couverture de la dette, et les différences entre la gestion de trésorerie et la gestion comptable.

    Un "meilleur taux d'endettement" ne devrait jamais être un objectif économique car la dette est un outil de financement et donc un moyen d'atteindre un objectif plus important.
    La France meurt de son objectif débile imposé par la technocratie européenne et du Minefi.

    Le problème c'est qu'à force de répéter en boucle ce genre d'ineptie dans les médias les politiques se sont tirés une balle dans le pied et ont perdu toute marge de manoeuvre aux yeux des contribuables.

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  5. Anonyme4/01/2016

    Je vous recommande la lecture de ce très bon résumé du fonctionnement de la dette comme base de la réflexion :
    https://m.youtube.com/watch?v=_m6fTUYU-Tc

    Notez que c'est à l'initiative de Pompidou que ce système a été imposé en France au début des années 70 et généralisé à l'ensemble de l'Europe avec le traité de Lisbonne.

    Ainsi il est honnête de rappeler aux sans dents que sans les emprunts publics et privés l'économie s'éffondre. La dette n'a donc pas vocation à être supprimée, simplement remboursée pour détruire la monnaie virtuelle.
    Bonne discussion lol

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  6. Anonyme4/01/2016

    Il est évident que l'avenir se conjugue au présent; l'économie se prépare aujourd'hui pour demain; les mauvais esprits se servent souvent des chiffres dans leur globalité pour impacter l'opinion; c'est d'une tristesse à en pâlir. On préfère saupoudrer le territoire de projets improductifs qui permettent d'obtenir des voix plutôt que des emplois. on appelle cela de la manipulation. élu dans un département voisin je vis cela au quotidien. A.P

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  7. Il ne faut pas se décourager cher collègue; les électeurs ne sont pas dupes. Mais il est vrai que lorsque l'on se bat pour l'économie on doit se battre en permanence contre toutes les réglementations; ce n'est pas simple; on peut comprendre que ce genre de critiques sont mal venues. Pour ma part je considère cela comme un challenge.

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  8. Anonyme4/01/2016

    Ne vous étonnez pas si les électeurs finissent dans les bras des extrêmes...
    Des hommes politiques qui ne servent à rien ; qui se tirent la bourre plutôt que de travailler pour leur territoire ; qui mentent au bon peuple dès qu'ils visent un mandat national ; qui cachent leur incompétence dans les formules ampoulées, et misant sur un back-office administratif complètement sclérosé et sans vision...

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