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lundi 20 octobre 2014

Les Abrincates: une peuplade gauloise qui résiste

Résister c'est exister


Il faut remonter à la guerre des gaules pour entendre parler de ce peuple du Sud Manche, placé sous le commandement de Viridorix qui en 56 avant JC aurait combattu Sabinius à Vernix dans la vallée de la Sée, petit fleuve côtier qui se jette dans la baie du Mont Saint Michel. Les témoignages archéologiques ne manquent pas sur ce territoire; le camp du Chatelier du Petit Celland qui surplombe Vernix a révélé, dans les années 40, les fortifications d'un oppidum qui furent incendiées à cette époque et, dernièrement, les fouilles effectuées sur les terres réservées à la construction de l'écoparc du Val de Sée, au Chêne au Loup, à Tirepied,  ont  mis à jour de nombreux vestiges de l'ère gauloise, datés du troisième siècle  et du troisième millénaire avant JC. Les siècles ont passé; depuis les pêcheurs du néolithique aux agriculteurs gaulois le pays de la Baie a subi de nombreuses mutations avec les invasions romaines et normandes dont l'empreinte sociologique s'est transmise dans les gênes des populations autochtones. Epris de liberté et d'indépendance, créateurs, bâtisseurs et administrateurs soucieux d'unité, les normands se montrèrent par la suite fidèles à leurs ancêtres. Robert de Brécey se trouva aux côtés de Guillaune le Conquérant en 1066 à Hasting; plus tard, son descendant du même nom se retrouve  avec 118 chevaliers normands pour défendre la Mont Saint Michel assiégé par les anglais du duc de Bedford, repliés sur le Mont Tombelaine. En 1639, on retrouve les normands de l'avranchin dans la révolte des nu-pieds contre le gouvernement de Louis XIII qui allait interdire le sel blanc et établir la gabelle pour réduire son déficit; cette révolte fut réprimée durement au Pont de Pierre près de Brécey. Deux siècles plus tard, dès 1793, le comte de la Huppe de Larturière, dit Bellavidès, prend part à tous les combats de l'armée royale et catholique aux côtés du comte de Frotté; condamné à mort, il réussira à s'échapper puis deviendra maire de Brécey de 1818 à 1824... Toute une histoire qui témoigne de l'engagement d'une vallée et de sa population pour ses droits et sa liberté.


Oui à l'unité normande

Le tempérament des normands s'est exprimé également par leur talent d'aménageurs; le patrimoine du pays de la Baie est inestimable; aujourd'hui, il fait toujours l'orgueil de la Manche et d'une Normandie perdue au profit de Philippe Auguste en 1204 par les Plantagenets, ces angevins qui succédèrent à Guillaume le Conquérant, suite au décès de son petit fils Guilaume Adelin, lors du naufrage de la Blanche Nef. Soucieux d'agrandir son territoire en lui donnant une ouverture sur Rouen et la mer ce roi parisien eut raison de Jean sans Terre, successeur de Richard Coeur de Lyon.


Une grande confiance n'exclut pas une petite méfiance


L'histoire se répéterait-elle? Le 29 avril 2009, Nicolas Sarkozy reprend le rêve de Philippe II et de Napoléon: relier Paris à Rouen et Le Havre, sa mégapole parisienne se devant de bénéficier d'un grand port... Plus simplement, un projet qui consiste à annexer la Normandie à l'île de France une nouvelle fois. Un tel projet de Seine Métropole est-il compatible avec la réunification des deux Régions normandes? Tous les habitants du Sud Manche n'en sont pas convaincus, certains d'entre préférant un rapprochement avec une Bretagne qui aimerait bien retrouver la propriété du Mont Saint Michel qu'elle a eue pendant 66 ans grâce à Charles le Chauve jusqu'en 933. C'est sans compter avec nos abrincates normands qui n'entendent pas être le marche pied, voir le paillasson d'une Bretagne peu encline à s'ouvrir réellement vers une Normandie armoricaine qui a tout à gagner de retrouver une unité identitaire. Pour autant ils n'entendent pas que la Mégapole sarkozienne reprise par Manuel Valls ne se traduise pas par une marginalisation du pays du Mont saint Michel dont le territoire vient d'être frappé par un périmètre de protection qui touche 115 communes et gèle 170000 hectares de terres des domaines maritime et rural. Avec le SCOT, la loi Allur, la suppression des barrages de la Sélune et la recentralisation, l'avenir n'est pas réjouissant. Plus que jamais notre tribu d'Abricates devra se montrer vigilante et créative si elle ne veut pas se limiter à devenir l'Eden de l'Île de France et une réserve de gaulois.

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