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dimanche 25 mai 2014

L'apprentissage remis à l'honneur

Le vent tourne


Le 24 avril 2014, Najat Vallaud Belkacem, au micro de Jean Jacques Bourdin sur BFMTV, vantait les mérites de l'apprentissage et de l'alternance et de déclarer qu’elle " regrettait   ces objectifs surréalistes de 80% de bacheliers," se laissant même aller à dénoncer " la culture  des enseignants peu enclins à orienter les enfants vers les filières techniques" qu'ils ont souvent considéré comme des voies de garage  . Quelques jours plutôt, au centre d'apprentissage de Villiers le Bel, dans le Val d'Oise, François Hollande annonçait "la détermination du gouvernement à développer l'apprentissage pour réussir l'insertion professionnelle de toute la jeunesse" et réaffirmait sa volonté de former 500000 apprentis d'ici 2017. Des déclarations en forme de volte face. Et pan, dans les dents de son mentor, François Mitterrand qui vira, pour bien moins, Edith Cresson alors Premier ministre, sur la pression du ministre de l'éducation nationale, Lionel Jospin, opposé à la formation par alternance sur le modèle allemand, trop soucieux de ne pas déplaire à ses syndicats d'enseignants arcqueboutés sur la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans... De là à penser que la crise économique a eu raison de toutes les pensées archaïques et égalitaristes d'une gauche prisonnière de ses alliances et de ses dogmes, il n'y a qu'un pas qui vient, semble t-il d'être franchi. Un de plus…

 Quel changement! 

je me souviens de la fin des années 70 lorsque j'étais "placardé"  dans la salle des profs d'un lycée technique soupçonné d’être un "suppôt" des entreprises au prétexte que je les alimentais en contrats d'apprentissage. 35 ans plus tard, si le vocabulaire trotskiste semble enterré j'ai plaisir à retrouver tous ces jeunes élèves avec quelques cheveux gris, mais épanouis et bien dans leur peau grâce à la formation et à  l'éducation qu'ils ont reçues de leurs maîtres d’apprentissage. La plupart ont bien réussi leur vie grâce à un parcours professionnel sans faute qui est à la base de leur réussite sociale. Les plus téméraires sont aujourd’hui à la tête de leur propre entreprise dans des secteurs variés allant de garagistes, chauffagistes, électriciens, coiffeurs, commerçants, restaurateurs, pizzaïolos, brocanteurs, menuisiers, ébénistes... Beaucoup sont aujourd'hui propriétaires de résidences cossues souvent équipées de piscines à faire pâlir de jalousie des  surdiplômés à qui l’on promettait une ascension fulgurante  par rapport aux " manuels". Tout ça avec un CAP voire un BP en poche. C'est une claque à ce monde enseignant formaté qui les classait parmi leurs échecs scolaires faute d'aptitudes intellectuelles . Pardonnez-moi, mais je jubile de voir ces réussites issues d'une orientation technique assimilée par le monde enseignant à une sélection par l'échec trop précoce lorsqu'elle se fait à 14 ou 15ans.   Combien de gamins ont échoué parce qu'on n'a pas su détecter leurs qualités à temps?  Jetés comme des Kleenex du collège après la 3ème beaucoup ont été repêchés par l'apprentissage, alors que quelques cancres, plus nantis, se retrouvaient dans des boites à bac, mais à quel prix ?
Nous ne pouvons donc que nous féliciter des intentions de François Hollande si, comme celles de Nicolas de Sarkozy, elles ne restent pas lettres mortes et ne se heurtent pas à la pieuvre qu’est l’éducation nationale et à son syndicalisme idéologique . Aujourd'hui, sortir du collège avant la 3ème est devenu impossible à moins de partir en maison familiale rurale bien qu'elle ne réponde pas à tous les besoins d'élèves dont l'intelligence manuelle mérite qu'elle soit prise en compte dans tous ses aspects. 

Intelligence manuelle dites-vous ?

Au sens figuré oui, car beaucoup ont de l’or dans les mains sans le savoir, mais hélas ce n'est pas un concept qui entre dans l'idéologie élitiste de l'orientation dont la notion d'intelligence n’existe qu’à travers la capacité de chacun à pénétrer l'abstrait, comme si la créativité ne pouvait naître du concret et du bon sens de chacun. C'est pourtant bien là que se situe le mal français; notre pays a besoin d'innovation d' où qu'elle vienne, et non d'ingénieurs sans génie ou de bacheliers sans formation dont le seuil de Peters se trouve artificiellement élevé par un morceau de papier diplômant qui n’est qu’une clé pour franchir la porte de Pôle Emploi si l’on n’a pas d’expérience.
L'école française a toujours considéré que son rôle était d'apporter un savoir minimum à ses  élèves afin de les mettre dans une situation d'égalité. Et pour ça, tous les moyens sont bons, y compris  la discrimination, oubliant que tout projet éducatif se doit de valoriser les aptitudes de chaque enfant pour le promouvoir dans sa vie professionnelle par son originalité et son savoir faire. Encore faudrait-il qu'elle soit en mesure de différencier et de reconnaître  qualités intellectuelles et manuelles, artistiques et physiques, ou bien encore psychologiques et qu'elle estime nécessaire de les valoriser chacune au même niveau afin de permettre à chaque individu de s'appuyer sur ses propres valeurs créatrices, trop souvent diluées et inhibées dans un moule éducatif dépersonnalisant et par là même dévalorisant. L'école a le devoir de faire émerger tous les talents d'une population scolaire dont la diversité est sa richesse si elle sait la prendre en compte. L'apprentissage par l'alternance est un outil qu’elle n’a pas le droit de mépriser si nous voulons que notre pays bénéficie du potentiel de tous les jeunes français au lieu de les retrouver au chômage, remplacés dans l'artisanat et dans l'entreprise par des travailleurs étrangers "qui ont faim" et n'ont pas été encouragés à se prélasser inutilement sur des bancs d'une école-garderie. Et pourtant,  les continents américain et asiatique apprécient le talent de nos cuisiniers, et nos boulangers pâtissiers. Aussi, efforçons nous de valoriser nos talents en herbe; la France a les moyens de changer son image: le béret basque, la baguette de pain et le litre de vin rouge... quand ce n'est pas le tract CGT qui fait si peur aux investisseurs ou fait déserter nos ports.





2 commentaires:

  1. Anonyme5/25/2014

    L'éducation Nationale n'est pas adaptée aux besoins de notre société. Le bac ne veut plus rien dire, et après 7 à 8 années d'usure de pantalons sur les bancs scolaires, il n'est pas certain que le goût du travail ait été acquis; il arrive que ce soit le dégoût de l'école qui domine avec des déviances qui n'existent pas chez un bon patron, père de famille. Il y en a plus que ce que disent certains enseignants qui pensent que le patron ne cherche qu'à faire du profit sur le dos de l'employé. François

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  2. Discours de circonstance, car en même temps le précédent gouvernement a supprimé les aides financières accordées aux entreprises pour l'apprentissage.
    M Valls aura t-il la volonté de revenir sur cette décision du gouvernement Ayrault ?
    Espérons le pour l'avenir de ce mode de formation ; je connais quelques entreprises sur Brécey et son canton qui n'envisagent plus de recruter des apprentis à la rentrée prochaine.

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