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dimanche 18 mai 2014

Réforme territoriale: Réquiem pour la France rurale

L'heure est à la naissance des métropoles

 dans le même temps, elles sonne le glas de la ruralité. Les français seraient majoritairement favorables à un redécoupage territorial tout en contestant les différents contours qu'il pourrait prendre, notamment pour la fusion des régions auxquelles ils restent très majoritairement attachés selon une étude réalisée par LH2 pour la presse régionale et France Bleue.  Ainsi, 68% des français se déclarent favorables à la réduction des échelons locaux annoncée par Manuel Valls lors de sa déclaration de politique générale qui a pris de court tous ses adversaires, mais lorsque le scénario du redécoupage se précise, ils sont 54% à refuser l'agrandissement de leur Région par le rattachement à la région voisine et 51% contre le rattachement de nouveaux départements. Mieux, 74% des sondés sont défavorables au rétrécissement de leur région et 77% refusent sa disparition pure et simple, 56% y étant très défavorables. Irréductibles gaulois! En revanche les normands accepteraient une fusion; 56% des bas normands et 66% des hauts normands souhaitent être rattachés à leurs voisins mais ils ne franchissent pas tous le Rubicon surtout quand on leur parle de changer de capitale régionale. C'est ainsi! Tout ceci me conduit à dire qu'on ne peut pas gouverner en surfant sur des sondages contradictoires, souvent très subjectifs car très peu étayés par une réflexion basée sur des faits et des chiffres. Cela vaut pour l'agrandissement des régions comme pour la suppression des départements.

La Manche: un département rural en danger.
Imaginons la suppression de ce département conjuguée avec le transfert à Rouen des centres de décision bas normands situés  actuellement à Caen, dans la belle abbaye aux dames de la reine Mathilde. Qu'adviendrait-il de son économie et de ses emplois? Ce pourrait être l'amorce d'une paupérisation radicale dont la Manche ne se relèverait pas. Analysons en les raisons. Elles sont toutes simples: le passé et le présent nous montrent que le développement économique est l'affaire des élus du territoire. Les exemples ne se comptent plus. Certes, la Région est chef de file en matière économique et son action aujourd'hui, conjointe avec la proximité, l'initiative et l'engagement du département, notamment dans le développement des énergies renouvelables est remarquable. Mais  l'énergie des hommes de terrain reste le principal moteur de l'essor économique. Demain, avec des élus régionaux technocratiques, choisis par leurs partis, éloignés des soucis locaux et ignorants des dossiers, qu'en sera t-il de l'avenir de la Manche dans une Normandie parisienne?

La proximité et l'engagement des élus sont essentiels.

En regardant quelques instants autour de nous, qu'observe t-on?  Ces dernières années, de Lessay à Saint James, de Tessy sur Vire à Brécey, en passant par Moyon et Saint Laurent de Cuves ( 500h), de Carentan à Isigny le Buat et à Ducey, de Coutances à Saint Lô..... des zones économiques ont été créées par la volonté des hommes et celle du département qui s'est traduite par un accompagnement financier ou logistique (aménagement des routes, installation de la fibre etc...). Un nom de conseiller général peut-être mis derrière chacune de ces zones. Des entreprises s'y sont souvent implantées ou développées grâce à leur réseau... Du nord au sud, Donaldson, Soleco, Elvia, Tricots Saint James, Electropoli, Stelmi, Vuiton, Gel Manche et la cuisine des produits de la mer, l'opération Salmona, les Maitres Laitiers, les Chevaliers d'Argouges , mais aussi Créaline, Papeco, ou bien encore AMB à Bourguenolles, Rémi James, Leforgeais ont choisi la Manche et la ruralité convaincus par l'engagement des conseillers généraux et le soutien du Département; prochainement encore, les élus auront à décider de leur soutien à la société Hubert qui produit sur la zone de Guiberville, des œufs embryonnés pour l'industrie pharmaceutique; ce sont des milliers d'emplois qui ont été  sauvés, créés ou en voie de l'être et on permis de juguler l'hémorragie de la main d'œuvre diplômée qui s'en allait chercher fortune ailleurs.

La Manche à la pointe de l'innovation 
Pionnière pour le développement de la fibre optique, avec Manche Numérique, l'Acome et Novea, la Manche fait aussi partie des départements référents pour le développement du mix énergétique avec plusieurs centrales photo voltaïques, la méthanisation et la biomasse en lien avec l'économie agricole et la protection du bocage et de l'environnement  mais également les énergies marines avec l'éolien offshore et l'hydrolien. Associés dans le même souci de donner au Cotentin une économie d'avenir, les élus du Conseil Général, du Conseil Régional et de la Communauté Urbaine de Cherbourg ont  réussi leur pari de faire de leur territoire un site de recherche et de production d'énergie avec quelques uns des plus grands donneurs d'ordre , Areva, Alstom, Siemens, Air liquide, ce dernier étant plus particulièrement concerné par le stockage de l'énergie en hydrogène. Avec un département supprimé et un Conseil Régional à Rouen, que serait devenu un tel projet face à la concurrence du  Havre?

Une réforme bien réfléchie s'impose  
Personne ne remet en question la nécessité de réduire le millefeuille français, mais supprimer les départements alors qu'on vient à peine de redécouper  les cantons à grands coups de ciseaux pour réduire le poids électoral des zones rurales semble relever de l'urgence de créer un buzz politique favorable au gouvernement en place plutôt que de réfléchir sereinement avec les élus du terrain aux avantages et inconvénients que telle ou telle décision est susceptible d'entraîner pour les territoires et leurs habitants. Il y a trop d'élus entend-on souvent; un refrain populiste que reprennent à plaisir les sondages, les habitants oubliant qu'ils ont été bien contents d'en trouver sur le terrain  lors de la tempête de 1999. C'est ainsi, le peuple français est inconstant. La France souffre de son image vieillotte: une autre idée qu'on nous martèle à longueur d'émissions de télévision; il faut un sursaut s'insurge la France des intellectuels en chaise longue, celle qui dépêche  au chevet du malade les plus grands analystes diplômés d'HEC, de Sciences Po et des grandes écoles, autant de théoriciens qui ne sont jamais confrontés directement à la précarité et aux difficultés des PME, des artisans, au désarroi de la population rurale et oublient que le bon sens du terrain peut leur apporter sans attendre de sages solutions. René Monory, le garagiste de Loudun en est un bon exemple. Il est arrivé au ministère de l'Education Nationale et au Sénat en passant par la petite porte de sa mairie et celle du Conseil Général de la Vienne; ne l'oublions pas. Avec la réforme improvisée qu'on nous annonce, de tels élus de terrain seront désormais remplacés par des apparatchiks des partis politiques. La démocratie aura certainement gagné au change.....














7 commentaires:

  1. Anonyme5/18/2014

    Vous pourriez également citer des élus plus anonymes comme Bernard Pinel qui réalisa la première commune canton à Isigny le Buat. Mais à Paris on se fout de telles expériences qui auraient pu être aidées et valorisées. Il a réussi aussi son développement économique. Dans la réforme ces gens là vont totalement disparaître.

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  2. Anonyme5/18/2014

    Vouloir donner un visage unique à la France est une grave erreur; la France du 21ème siècle n'est celle du 18ème; elle était entièrement rurale; aujourd'hui il faut s'adapter à sa partie urbaine sans oublier sa partie rurale. On doit pouvoir différencier les territoires avec métropoles des autres. La manche se doit d'avoir un conseil général pour le développer harmonieusement.

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  3. Faire une France à la carte est une idée à creuser; les avis vont bon train au niveau parisien où j'ai bien peur qu'ils convergent vers les mêmes objectifs au delà des apparences politiques.

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  4. Anonyme5/19/2014

    Monsieur Trehet,

    Je vous cite "la réforme improvisée qu'on nous annonce, de tels élus de terrain seront désormais remplacés par des apparatchiks des partis politiques. La démocratie aura certainement gagné au change.....".

    N'est ce pas le cas actuellement, lorsque vous avez un maire adjoint d'un village voisin, vice président d'un Cg, sénateur et qui vient vous vendre sa proximité , mais un samedi sur 2 de 9H à 11h et sur rdv ???

    N'est ce pas ceci un apparatchik qui fait preuve d'un obscurantisme avec des partis pris qui varient selon la couleur politique de son interlocuteur, se cache en dépit du bon sens lorsque le bateau tangue pour être sûr de ne pas être mouillé (cf trehet vs Huet)

    Il y a lui mais aussi les autres. Mais tous représentent les décideurs et détenteurs du pouvoir.

    Face à ces gens, il y a effectivement des gens de bonne volonté, avec des compétences ((Je pense à vous par exemple ...), mais qui détiennent un pouvoir restreint. Parce que ces apparatchiks, ces ogres de mandats et (surtout !!!) des indemnités qui vont avec ne vous ne se retireront pas.

    Alors quitte à faire, faisons la cette réforme !!!!

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  5. Les apparatchiks se trouvent surtout sur les listes; c'est différent lorsqu'un élu se présente à un scrutin uninominal. Il n'est pas désigné par un parti mais peut y adhérer. Hélas la démocratie ne peut se dispenser des partis. C'est un mal nécessaire. J'ai moi-même adhéré aux républicains indépendants à l'époque de Giscard; je n'étais pas un apparatchik... Pierre Aguiton non plus. Votre propos souligne surtout la question du cumul des mandats. Il y a en effet des députés qui mettent du temps à recevoir leurs électeurs... c'est même souvent leur attaché parlementaire qui remplit cette tâche. Quant à la bonne volonté..; vous le dites aussi elle ne donne pas toujours le pouvoir; il faut alors se faire appuyer par des élus qui ont le bras plus long et le réseau. Pour ce qui est de la réforme territoriale, si elle est conçue comme on nous l'annonce... nous n'auront plus les hommes de bonne volonté et il y à fort à parier que les conseillers régionaux ne pourront même plus recevoir leurs électeurs un samedi sur deux... et comme ils n'auront pas d'attaché on n'aura plus aucun contact avec eux.

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    1. Anonyme5/22/2014

      Monsieur Trehet,

      Merci pour votre réponse et d'une manière plus générale, merci à vous de laisser cet "espace libre" à l'expression de vos lecteurs, d'autres préfèrent les effacer !!!

      Ce n'est pas que le cumul des mandats qui posent problèmes, c'est l'utilisation que ces "gens" en font et les moyens qu'ils mettent en place pour les obtenir. C'était l'objet de mon message.

      J'assimile un apparatchik à une personne qui vient également se positionner sur un territoire. Territoire qu'il ne connaissait pas, qu'il ne connait guère plus pour y être si peu présent. Et qui au motif d'une compétence autoproclamée se met en avant pour obtenir encore plus de mandats ... c'est aussi un apparatchik d'un système qui s'essouffle et qui nous fait craindre le pire pour dimanche.

      bien à vous,

      cordialement,

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  6. Pierre Bihet5/22/2014

    Je suis pour la réforme mais il est vrai que si c'est pour nommer une poignée d'apparatchiks de 3e rang à gérer la politique sociale qui resterait, faute de pouvoir le supprimer totalement, à un embryon de conseil général, j'avoue que cela me laisse dubitatif...

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