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samedi 8 décembre 2012

Le mariage homosexuel divise la France


Jeudi 6 décembre , Ouest France a publié une liste de maires susceptibles de refuser de marier un couple homosexuel ; à la lecture de mon nom, une amie s'est empressée de me faire part de sa déception et de sa désespérance face à mon comportement conservateur et rétrograde, révélateur d'un enracinement dans un terroir fermé à la modernité et à la tolérance. Je venais certainement de noircir à jamais l'auréole progressiste  que mes compatriotes m'attribuent en général. Que n'avais- je fait là d'exprimer un sentiment nourri d'une culture judéo chrétienne qui confine au mariage un aspect sacramentel au même titre que le baptême, l'eucharistie ou la confirmation? Qui plus est, un sentiment conforté par la conviction scientifique que l'accouplement a une finalité: la procréation. Science sans conscience n'est que ruine de l'âme; cette pensée de Rabelais s'ajoute au doute que Platon préconisait déjà avant d'agir : "est-il bon, est-il juste"? Alors posons nous la question. Le mariage pour tous est-il réellement la voie du droit à l'égalité? Quelle égalité?  L'amour entre deux êtres est un droit. Certainement! Mais reconnaître cet amour entre deux êtres homosexuels ne relève pas nécessairement d'un acte civil dont le but est de donner à deux personnes qui veulent vivent ensemble des droits  administratifs et juridiques ainsi que des devoirs. N'est-il pas possible de donner à cet acte civil un autre nom que celui de mariage pour un couple homosexuel? Celui d'Union ou d'alliance par exemple? Une alliance qui donnerait le droit d'adopter.

 Il s'agit là de dialectique me direz vous;  peut être! mais une dialectique qui permet de ne pas atteindre à une culture universelle qui cimente toute l'humanité depuis sa genèse.

 La question de l'adoption d'un enfant, en revanche, n'est pas une question de culture mais de  sociologie et de  psychologie. À l'analyse , l'adoption relève surtout de la capacité d'un homme ou d'une femme à éduquer un enfant avec affection , à l'épanouir et à le rendre autonome pour le conduire à la réussite. Les risques de déséquilibre existent déjà dans tous les couples comme dans les familles mono parentales. Mais, à bien y réfléchir, ne vaut-il pas mieux choisir un foyer chaleureux et aimant plutôt qu'un hospice pour enfant pour accueillir un bambin abandonné ou orphelin? Pour connaître des foyers homosexuels élevant les enfants de l'un des membres du couple, je n'hésite pas une seconde... Les déviances n'y sont pas plus nombreuses que dans les couples hétérosexuels. Quant aux orphelinats, à leurs dérives et à leurs conséquences, les lectures sur le sujet ne sont pas rassurantes. Mieux vaut un couple d'amies ou d'amis pour assurer l'avenir d'un enfant.

 C'est pourquoi , associer au débat  sur le mariage homosexuel la question de l'adoption fausse à dessein la réflexion. Il en est de même de la revendication de l'égalité des droits, liée plus particulièrement à l'adoption; elle doit être dissociée de l'obligation du mariage dont la finalité culturelle et scientifique est la procréation;  elle est inscrite dans les articles du code civil que le maire lit pendant la cérémonie  avant d'unir les deux prétendants au mariage. Il s'agit là d'un dialogue de sourds qui, une fois de plus, divise une société et des amis qui ont plutôt besoin de faire converger leurs efforts, en ces temps difficiles, pour répondre aux attentes d'une population dont les préoccupations actuelles sont ailleurs pour beaucoup. S''arcquebouter sur l'emploi, le chômage et la précarité me semble une priorité.

 Pour autant, la loi s'impose à tous et aux élus qui ont le devoir de la respecter et de l'appliquer. C'est donc avant l'adoption de la loi qu'il faut avoir le courage de s'exprimer au risque d'apparaître rétrograde et de décevoir des amis, pas nécessairement des amis homosexuels  qui , pour beaucoup, ne participent pas à ce lobbying estimant devoir ne pas s'inscrire dans un courant politique non représentatif de leurs problématiques. Au mariage ils préfèrent vaincre une homo phobie qui existe dans tous les milieux; c'est un objectif sociétal et culturel  important. Ils savent qu'il ne peut s'atteindre  par la force de la loi qui fait le lit des extrémistes, le mieux étant l'ennemi du bien. En revanche , chercher une voie médiane qui vise à rendre les citoyens égaux sans les diviser est de la responsabilité des élus. Pourquoi faire compliqué ce qui peut être est si simple. Substituons au mot mariage, trop connoté, celui d'alliance et tout reviendra dans l'ordre ; seuls quelques irréductibles auront le sentiment d'avoir perdu. Mais ce sera tout bénéfice pour un gouvernement qui a tout intérêt à rassembler au centre.

 

 

 



8 commentaires:

  1. Belle démonstration dont je partage le sens.
    En revanche, donner le choix au maire de célébrer ou non un mariage n'est, à mon avis, pas conforme à l'idée que je me fais d'un état où l'on donne les mêmes droits à tous.
    La loi doit être, ou non, appliquée selon des rêgles écrites et non selon le libre choix d'un élu.
    A trop vouloir le concensus, on mécontente et oppose les français. On bouscule doucement les institutions et on met au ban des élus qui ne demandent qu'à appliquer la loi.

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  2. Anonyme12/09/2012

    1/ À l’évidence votre (amie) confond libéralisme et libertaire. Deux mots qui n’ont pas le même sens. Si le libéralisme est une doctrine centrée sur les libertés individuelles, terme couramment employé en économie, la seconde vise à une liberté absolue qui conduit à l’anarchie. Dans le cas du mariage homosexuel, le gouvernement « bogo » entendez par là « bobo gaucho » tente une manœuvre de dénigrement à l’encontre de ceux qui s’opposent à ce projet en les faisant apparaîtrent aux yeux de l’opinion publique comme de furieux cathos fachos intégristes réactionnaires etc. Et si de surcroît ils sont bretons ou normands ça explique tout !
    Le Gouvernement a-t-il au moins posé la question aux intéressés eux-mêmes, (à défaut de se la poser à lui même) , avant de s’engager sur une voie aussi chaotique. Assurément pas. Sinon il aurait su que la communauté homosexuelle est plus que divisée sur le sujet. Si une poignée d’entre eux ( toute petite) est favorable au mariage et à l’adoption, - qui en est un autre - la grande majorité n’entend pas passer par la mairie pour sceller leur union . Indépendants par nature, les homosexuels n’entendent pas qu’on les récupèrent politiquement. Ce qu’ils souhaitent c’est une régularisation juridique qui leur donne accès aux mêmes droits qu’un couple hétéro. Notamment en matière de succession. Bien sûr, les médias sélectionnent astucieusement les exemples en stigmatisant les couples gays. La vision des Drags Queens sur des chars le cul à l’air lors des défilés entre la République et Bastille, qui s’agitent au son d’une musique techno avec en tête de cortège des élus enrubannées qui se prétendent proches des homos (…) parfois même de très près, ne va pas dans le sens d’un rapprochement avec les hétéros. Mais qu’importe, les politiques ne sont pas là pour ça, du moment qu’ils peuvent récupérer des voix aux prochaines élections c’est tout ce qui compte. Manœuvre de récupération politique, mais aussi financière de la part des marchands quant on sait que le milieu gay appartient à la catégorie CSP+. Une clientèle à fort pouvoir d’achat. Mais ça s’arrête là. Pour exemple, une jeune fille de mes amis à récemment avouer à son père, (un homme d’affaires de gauche s’affichant volontiers dans les cortèges en faveur du mariage gay si, si il y en a.. ) qu’elle vivait avec une amie, la réaction ne s’est pas fait attendre : « je préférerais que tu n’en parle à personne dans la famille » lui a sèchement répondu ce libre-penseur. Et de conclure en l’invitant à ne pas venir avec son amie dîner à la maison. Heureusement qu’elle n’a pas parlé mariage…Curieux non ?

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  3. Anonyme12/09/2012

    2/ Bref, les homos ne nous dérangent pas pourvu qu’ils ne fassent pas partie de notre environnement. Même si l’homosexualité à fait des progrès dans les esprits ces vingt dernières années, il lui reste encore du chemin à parcourir. Ces femmes et ces hommes sont des individus comme les autres qu’il convient de respecter. Avant de faire entrer de force l’idée de mariage dans la tête des hétéros, il serait pus judicieux que l’on commence par leur accorder une place dans la société. Qu’ils n’aient plus honte de s’afficher dans la rue, ailleurs que dans le quartier du Marais de Paris.
    Alors non, Monsieur Tréhet, vous ne faites pas partie des ringards en refusant de vous rallier au politiquement correct d’une gauche qui se prétend progressiste qui n’est en fait qu’hypocrite. Au contraire, en vous exprimant vous agitez le chiffon rouge d’une liberté de parole bâillonnée. Une démocratie totalitaire qui refuse toute idée de référendum. Qu’un maire s’interroge sur l’attitude à adopter par rapport à l’union d’un couple du même sexe, alors que le code civil ne le mentionne même pas n’a rien de choquant. Au contraire. En vérité, ce gouvernement a endossé un costume démodé et mal coupé. En lançant le mariage pour tous, le président normal pensait tailler une veste à la droite qualifiée de ringarde sur le sujet. Profitant de la querelle grotesque à l’UMP, Hollande pensait prendre l’opposition de vitesse sur ce combat épineux. Un très gros risque pour cet homme dont les convictions sont fluctuantes. Défendant son projet comme une évolution sociale, le Mou Président pensait rallier à lui ses partisans. Plouf ! même dans son camp, le projet prend l’eau. Il lui faut alors écoper à l’aide d’une idée loufoque et attentatoire au principe d’égalité entre les citoyens : les maires pourront, s’ils le souhaitent, faire jouer une sorte de droit de retrait pour refuser d’unir les homosexuels. Un imbroglio intellectuel qui résume bien son raisonnement loufoque. Car, si la loi crée un droit au nom d’une évolution sociale et d’un principe moral, admettre que, pour des raisons d’éthique personnelle, des élus puissent refuser de le mettre en oeuvre sape la légitimité même de la réforme. Votre amie n’a manifestement rien compris au problème, ou alors elle confond avec la dernière idée fumeuse de notre Président normal à propos de la «liberté de conscience» des édiles. Sauf qu’un officier d’état civil n’est pas médecin. Un mariage n’est pas une IVG. Les apprentis au pouvoir feraient bien de se concentrer sur des pistes pour nous sortir de l’ornière, et d’arrêter de nous envoyer un écran de fumée avec le mariage gay pour dissimuler son incompétence criante. Mais il faut dire qu’en matière d’enfumage, ils en connaissent un bout. Les hauts-fourneaux de Florange en témoignent.
    Quant à l’éloquente presse régionale qui publie le nom des maires s’opposant au mariage homosexuel avant même qu’un débat citoyen n’ait eu lieu, ça porte un nom : manipulation. Décidément, c’est une manie en France…

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  4. Ce débat est intéressant; le combat contre l'homophobie est un fait acquis par beaucoup; c'est une grande avancée. Imposer le mariage gay dans les conditions actuelles risque de cristalliser certaines positions homophobes et de nous faire reculer en ce domaine. Ce matin j'ai rencontré un couple homosexuel qui a fondé un foyer avec deux enfants. Ces personnes ne demandent rien sinon la libertè d'être heureux .

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  5. Anonyme12/09/2012

    Les élections partielles annoncent des lendemains difficiles pour la gauche. Le gouvernement ferait mieux de se reconcentrer sur les questions économiques . Le mariage homosexuel donne des points à la droite. Ce n'est pas une priorité aujourd'hui. H.V

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  6. Anonyme12/12/2012

    je connais aussi des familles homos qui n'aspirent qu'au bonheur comme toutes les familles . Elles aimeraient cependant que leurs enfants aient un statut reconnu, que le parent non officiel ait des droits de parent et qu'il les garde en cas de séparation ou de décès Ces familles en plus de la stigmatisation encore bien réelle dans nos campagnes vivent dans une insécurité bien inquiétante pour les adultes et les enfants. Que je vivrai difficilement dans ma famille bien hétéro.

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  7. Une demande légitime qui passe par un acte civil, pas nécessairement le mariage. Sécuriser des enfants est une nécessité.

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  8. Anonyme1/13/2013

    Je me trompe peut être mais Il me semble que dans l’accouplement, l’Homme, avant de chercher à enfanter, est d’abord à la recherche du plaisir. N’est ce pas cela d’ailleurs qui nous différencie de l’Animal ?
    Bref, le « mariage pour tous » légaliserait les unions de deux personnes de même sexe et leur donnerait les mêmes droits que les couples hétérosexuels. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Rien ne protège les couples homosexuels. Aucun avantage ne nous est accordé. Même les enfants que nous élevons ne nous sont pas légitimes.
    Même si le PACS a permis de faire un temps illusion (il a d’ailleurs bien plus servi les intérêts des couples hétérosexuels, qui ne voulaient pas s’engager dans les voies du mariage, que les intérêts des couples homosexuels), il n’a jamais accordé les mêmes droits que ceux apportés par le mariage.
    Ne trouvez-vous pas cela discriminatoire, voire homophobe ? Nous avons pourtant les mêmes devoirs que n’importe quel citoyen français. Nous nous acquittons de nos devoirs civiques, payons nos impôts et contribuons au développement de notre pays.
    Le droit à « la famille » n’est pas l’apanage des hétérosexuels. Concernant les enfants et la manière d’en avoir, oui les couples homosexuels sont stériles et ne peuvent enfanter « naturellement ». Mais nous avons comme les hétérosexuels des désirs d’enfants, un désir de transmission de nos valeurs (et oui nous en avons aussi), et la valeur famille en fait partie. L’adoption ou la PMA n’est pas autorisée en France. Mais les couples homo savent s’en accommoder. Ils le font par leur propre moyen ou en allant dans les pays leur autorisant la PMA.
    Au sujet de l’éducation des enfants, nous avons les mêmes capacités que les hétérosexuels à les élever et les éduquer. J’en ai pour ma part élevé deux dont les parents hétérosexuels en étaient bien incapables. Ne nous arrêtons pas sur le mot « mariage ». Appelez le comme vous voulez, contrat, alliance, ce n’est pas cela qui compte. Jugez le fond, pas la forme.

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