Gros temps sur la Baie |
Le Mont Saint Michel nous appartient; nous le revendiquons. Nous en sommes fiers mais nous devons nous méfier qu'il ne devienne pas le cache misère d'un territoire riche d'une histoire et d'un patrimoine qui lui font oublier son avenir.
L'avenir d'une région se construit sur sa jeunesse, sur la prise en compte de ses atouts et de ses faiblesses; encore faut-il prendre le temps de bien les appréhender et d'être capable de fédérer toutes les compétences d'un territoire comme savent si bien le faire nos voisins bretons une fois les élections passées. La question n'est pas d'actualité dans le Sud Manche car il n'y a pas, pour l'heure, de leaders qui s'imposent et soient en mesure de faire abstraction de l'ombre que quelques élus pourraient leur faire. Trop occupés à se protéger et à se maintenir en place ils laissent à quelques administratifs le soin de donner la mesure pendant qu'ils sillonnent le terrain à des fins politiques en se plaignant des administrations nationales et des énarques et se contentant de la médiocrité.
Pendant ce temps, la population tire la langue et l'espoir disparaît. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les jeunes nous quittent. Alors que la tranche des 0 à 19 ans est de 25% dans la Manche au lieu de 24,6% en France, celle des 20 à 39 ans n'est plus que de 25,39% au lieu de 28,1% sur le plan national. Ces pourcentages se chiffrent chaque année par des milliers de départs de jeunes diplômés... le potentiel créateur du département. C'est pire encore dans le Sud Manche où l'exode des jeunes frappe plus sévèrement le sexe féminin; à Avranches, par exemple, la tranche des jeunes femmes âgées de 20 à 39 ans est de 6% inférieure à celle des hommes. Nous sommes loin du sex ratio de 105 garçons pour 100 filles à la naissance, la proportion étant pour cette tranche de 125 garçons pour 100 filles. On comprend mieux pourquoi tant de jeunes agriculteurs restent célibataires...
Evidemment cet exode est compensé à la fois par l'arrivée de jeunes non diplômés (2 arrivées pour 3 départs) et par l'attractivité de notre territoire pour les retraités. Pas surprenant alors que le chômage soit plus faible qu'en Basse Normandie dans le pays de la Baie du Mont Saint-Michel mais, en revanche, que celui des jeunes y soit largement supérieur à la moyenne.
Pourquoi cette situation? Tout d'abord par ce que les offres d'emploi sont insuffisantes et ne correspondent pas aux demandes mais aussi parce que les salaires sont peu attractifs. En fait, il y a inadéquation entre la formation et les besoins du territoire. En outre, l'analyse du chômage montre que 69% des demandeurs d'emploi ont un niveau inférieur ou égal au CAP. Ce constat, bien entendu, n'est pas nouveau. Mais rien n'a été fait pour y remédier. Qui est responsable de cette situation? La formation est de la responsabilité de la Région mais accuser celle-ci de cette situation parce qu'elle est à gauche aujourd'hui relèverait d'une attitude politicienne. Je laisse cela aux professionnels pour m'en tenir aux souhaits et aux propositions.
Il est un fait que le Pays de la Baie propose beaucoup d'orientations vers le tertiaire et que les formations post Bac y sont peu nombreuses. Le Mortainais, l'Avranchin et le Granvillais ont été les grands oubliés en matière de formation supérieure ce qui explique le départ des bacheliers vers les universités et des écoles supérieures dont le territoire est privé. Cela dit, personne ne souhaite que le Pays de la Baie puisse répondre à toutes les demandes mais il dispose d'atouts et de particularités qui auraient pu justifier qu'on en tienne compte pour y implanter des formations valorisantes sur lesquelles il eut été possible d'asseoir un développement économique.
Pourtant, ce n'est pas faute de l'avoir réclamé. Parles toujours, tu m'intéresses... Cela n'empêche; nous aurions pu travailler dans différents domaines: un IUT de l'environnement -je l'avais évoqué pour le canton de Sartilly-, une école supérieure du patrimoine -c'était possible à l'abbaye Blanche de Mortain..-; l'apprentissage des langues dans un pays touristique, un BTS numérique au Lycée de Mortain mais aussi des formations susceptibles de s'intégrer dans des filières économiques du département. D'autres territoires ont créé de toutes pièces des formations à l'origine de leur développement... Alençon et la plasturgie par exemple, Saint-lô et son pôle agroalimentaire avec Adria, structure de recherche qui va prochainement fusionner avec Actilait pour devenir ACTIS dont le rayonnement sera international. Bref en cherchant bien, avec la volonté de servir notre territoire et non de se servir nous aurions pu être créatifs.
Tout n'est pas nécessairement perdu mais le retard ne se rattrape jamais; des espoirs se font jour dans le domaine de l'aide à la personne, des structures d'accueil, du développement durable. Certes les projets avancés sont parfois cassés ou ridiculisés dans les réunions politiques de l'UMP du Sud Manche; ce fut le cas encore dernièrement. Mais peu importe, cela ne fait que renforcer la motivation car la précarité ne peut rien attendre des promesses. Seule l'action peut redonner l'espoir et la crédibilité à la politique !
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