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lundi 18 septembre 2017

Emmanuel Macron : l’art et la méthode




Gouverner en politique est un art disent certains. Encore faut il ne pas confondre l'art et la méthode. Il y a autant de façons de gouverner que de styles pour s’imposer. L’homme politique possède en général la capacité de s'adapter à son public, et de caresser dans le sens du poil l’opinion publique et la presse, quitte à tomber dans l'hypocrisie pour séduire. Cette attitude dont plus personne n’est dupe, est sans aucun doute un facteur du rejet de la politique par le peuple. Ce désir de plaire aux antipodes de celui d'agir porte un nom : enfumer. Pas facile de dire la vérité, de décider et d'agir car c'est prendre le risque de déplaire, voir de se tromper et de s’attirer les foudres « des inactifs et des fainéants ». Aujourd’hui l’art de gouverner est de savoir maîtriser sa communication quitte à brasser du vent et faire croire à d’improbables projets. Le paraître avant l'être, tel était le conseil de Macchiavel:"Il n'est pas bien nécessaire qu'un prince ait toutes les qualités mais il est qu'il paraisse les avoir. J'ose même dire que s'il les avait effectivement et s'il les montrait toujours dans sa conduite, elles pourraient lui nuire au lieu qu'il lui est toujours utile d'en avoir l'apparence."



Emmanuel Macron aurait-il choisi le contre pied de cette façon de gouverner.

Un rien provocateur, son franc parler est parfaitement maîtrisé; il sait cultiver   son côté friendly pour s’attirer la sympathie d' une population dont 60% n'est pas prête à se laisser entraîner dans l’abîme des extrêmes. Ce président veut changer la France et pour ça il est prêt à employer des excès verbaux et ça semble plutôt lui réussir. Une stratégie  qui peut paraître surprenante, mais elle a le mérite de dire tout haut ce que les adeptes de la langue de bois pensent tout bas. En soufflant le chaud et le froid, le président  prend le parti de désarçonner ses contradicteurs et de soumettre les insoumis aux impératifs du temps et à leur impréparation. Pour ne pas dire à leur amateurisme.

À peine remis de la loi El Kromy voilà qu’il taille dans le gras, en manoeuvrant habilement les leaders syndicaux. Tel Jean Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière, qui ne passe pas pour être un naïf mais multiplie les déclarations comme quoi il a obtenu des avancées sur la réforme du code du travail avant d’ajouter qu’aucun appel à la mobilisation ne sera lancé avant que les projets d'ordonnances n'aient été analysés. Désarroi chez les militants qui voient dans leur secrétaire général  un homme qui s’est couché devant l’impétueux président qu’il tutoie par ailleurs en privé.. Gambetta ne disait il pas : " pour gouverner les français, il faut des paroles violentes et des actes modérés". La réforme du Code du travail est passée comme une lettre à la poste et, cerise sur la gâteau, elle ne semble pas si traumatisante que ça auprès des salariés surtout auprès des jeunes cadres qui ne partagent pas la vision des syndicats si l'on en juge par le faible nombre de participants aux manifestations du 12 septembre.  En bon Florentin, Macron peut se réjouir d'avoir gagné la première manche en utilisant la loi et la force des mots. Et c’est aussi avec des mots qu’il a dégoupillé la colère  des sinistrés du cyclone Irma; pendant ce temps au moins il évitait les défilés en métropole. Drôle d’ambiance ou un mot en chasse un autre comme cette déclaration de Pierre Laurent sénateur communiste de Paris lors de la clôture de la fête de l’humanité : "Vous Robespierre, mais vous n'êtes qu'un roi capétien. Vous prétendez que le peuple n'aime pas les réformes ? Mais Monsieur Macron, vous êtes un piètre historien. Vous devriez vous méfier, Monsieur Macron, parce que ce peuple de France que vous méprisez aime tellement les réformes qu'il en a souvent fait des révolutions". Emmanuel Macron peut paraître un ovni dans le paysage politique, reste à savoir si les français réputés « ingouvernables » sont prêts à faire une révolution pour un manque de culture , c’est une autre histoire.  




9 commentaires:

  1. Anonyme9/18/2017

    malin comme un singe ce président... embrassades, selphies, sourires ...et une arrière garde qui corrige ses erreurs verbales. Est-ce vraiment des erreurs?

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  2. Anonyme9/18/2017

    du talent et du style, c'est évident mais qu'il se méfie car la partie n'est pas jouée. JCE

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  3. Anonyme9/18/2017

    Il ne sont jamais contents les français il préféraient les caciques qui les ont plombés depuis 35 ans?

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  4. Anonyme9/19/2017

    Bonne réflexion, mais je crois que vous écrivez un peu trop sur macron.

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  5. Anonyme9/19/2017

    J'ai trouvé que la première partie pouvait s'appliquer à beaucoup d'élus. La phrase de Macchiavel est instructive...Vous l'avez dit le paraître en politique est important; trop de qualités créent l'envie et l'interrogation. un élu

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    1. Anonyme9/19/2017

      Tant qu'ils sont consistants et efficaces on s'en fiche qu'ils soient égocentriques. Mais si c'est juste pour maquiller leurs incompétences c'est grave. De toute façon les citoyens sont de plus en plus éclairés sur la chose publique locale et veulent des résultats rapides. Beaucoup de nos élus l'ont été ces derniers temps sur le rejet d'un prédécesseur. Donc de grands espoirs appellent de bons résultats et les tours de manche dupent de moins en moins.

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  6. Anonyme9/19/2017

    Ils ont beau être éclairés ça ne change pas grand chose puisqu ils n'ont rien à dire

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  7. J'ai été un peu critique ces derniers temps sur le président bien que j'ai voté pour lui sans sourciller. En revanche je pense que la France ne peut plus se permettre d'être en permanence dans l'obstruction. Je souhaite vivement que nous puissions déboucher sur des réformes qui s'imposent en matière économique comme dans le domaine de l'éducation par exemple.

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    1. Anonyme9/24/2017

      Si notre Président a toute ma confiance, je l'avoue, il sait aussi parfois m’inquiéter avec la crainte de ne le voir prochainement, face à cette constante et usante obstruction, opter pour la position "en marche arrière".
      J’espère vivement me tromper.

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