Voici quelques
années, il m'est arrivé de disserter sur une phrase de Rabelais : "Science
sans conscience n'est que ruine de l'âme", une citation sur laquelle notre
réflexion peut s'appuyer pour parler d'inconséquence;
la conscience a un rapport à la connaissance et, par voie de conséquence, à
l'ignorance et à l'inexpérience. "AïE" crie l'enfant qui se brûle. Il
prend alors conscience du lien entre la
chaleur de la casserole qu'il vient de toucher et sa douleur. La conscience
touche aussi à l'éducation et à la morale parfois mise à mal par les intérêts
des uns ou la personnalité des autres. Le " descend de là si t'es un homme
" de Nicolas Sarkozy " était une insulte inconséquente, préjudiciable pour lui-même et pour l'image
présidentielle que son successeur a continué à dégrader. Que ce serait-il passé
si le pêcheur l'avait pris au mot? Quant aux "sans dents" de François
Hollande, c'est aussi affligeant. Cela dit nous pouvons tous à un moment ou à
un autre faire preuve d'inconséquence, mais l'essentiel est de savoir tirer les
leçons de nos manques et de nos erreurs.
Sur le premier
volet, celui du savoir et de la pensée, support de la conscience, le décideur
peut être condamné à la dépendance de son environnement, de son administration,
de ses amis, s'il n'a pas la capacité ni le recul nécessaire pour se forger son opinion en toute objectivité sur des
questions pour lesquelles sa formation ne l'a pas nécessairement préparé pour y répondre. Qu'on ne s'y trompe
pas; bien des ministres de l'Éducation Nationale n'ont été que le faire valoir
d'une administration qui détenait les rênes du système depuis de nombreuses années sous
contrôle des syndicats. Pour autant la technocratie est indispensable dès
l'heure qu'elle contribue à donner aux
élus les éléments qui leur permettront d'approcher la vérité. L'objectivité ne s'acquiert pas
naturellement. Pour l'atteindre, l'homme responsable se doit de favoriser l'émergence d'un
processus décisionnel rationnel qui lui permet de mettre en retrait sa
personnalité et d'éviter tout parti pris.
Le second volet
touchant à la morale et à l'éducation implique la notion d'intérêt personnel et
celle des valeurs. En politique, les décisions collectives peuvent relever de choix basés sur des orientations discutables
voire des idéologies fondées sur des sentiments parfois sectaires ou subjectifs
et par là même irrationnels. Pour l'économiste François Lenglet, "nos enfants
paieront d'un prix lourd l'inconséquence d'une république qui navigue à vue
depuis des années et ne sait ni prévoir
ni préparer l'avenir"... Une inconséquence de gouvernements et de partis rendus souvent complices par leur silence lié
à l' incompétence de leurs membres ou à leur désir d'exister. La démocratie a
ses faiblesses évidemment car elle donne des responsabilités à des hommes et à
des femmes choisis pour leur représentativité politique et territoriale qui
n'associe pas toujours les compétences nécessaires pour aborder tous les sujets
et la capacité de se faire entendre.
Le troisième volet,
quant à lui, touche à la personnalité des décideurs, à leur désir d'autorité
par exemple, à leur caractère, leur ego ou leur amour propre qui exclut le
doute si cher à Descartes. Souvenons nous de George Bush et de son entêtement
guerrier qui l'amena à envahir l'Irak sous de faux prétextes. Nous en vivons
toujours les conséquences. Souvenons nous également , dans un autre domaine, du
livre " Ce qu'un président ne devrait pas dire"... Un ouvrage qui en
dit long sur le caractère du personnage qui a succédé à Sarkosy ; il montre que toutes les fois que l'homme se
place et se maintient à un niveau de
forte inconséquence, on peut être assuré
que l'amour propre est le moteur secret de ses discours et de ses actes car le
raisonnement n'a pas d'ennemi plus opiniâtre
que l'amour propre. Et lorsque cette passion s'élève dans le coeur de
l'homme à un certain degré de puissance, elle fascine entièrement son jugement
sur toutes les choses qui l'intéressent et le subjugue au point de lui donner
un sentiment de bonne foi et de sincérité. C'est en cela même que consiste l'inconséquence de la bonne
conscience.
C'est la partie intello du blog ?
RépondreSupprimerEn gros c'est la traduction par l'approche philosophique de vos notes sur les gens qui nous gouvernent ou ceux qui seront amenés à le faire...
Bon au moins on sait que les représentants FN ne feraient pas mieux que les autres vu sous cet angle.
Nico
Bon sujet. Le processus décisionnel différencie les anglo-saxons des français plus intuitifs que rationnels et plus immédiats. Le côté latin peut être. Une chose est certaine, il faut prendre du recul par rapport à ses décisions afin de bien les peser.Jean Charles
RépondreSupprimersouvent un faute de jeunesse ou une volonté de montrer son "pas peur"; JCM
RépondreSupprimerL'ego est souvent le moteur des hommes de pouvoir... la compétence ou à défaut l'ouverture d'esprit, le carburant qui leur manque...
RépondreSupprimerOn pourrait supporter ou s'ocomoder de ces défauts si les résultats des mandats étaient probants et pas simplement du brassage d'air.