Elections cantonales 2015: parité oblige

UNE ÈRE NOUVELLE ?


Nous arrivons au terme d'une année décisive sur le plan économique... une année cruciale pour la vallée de la Sée avec la perspective d'extensions  et d'implantations d'entreprises sur le site de l'écoparc et dans notre écovallée. Et ce n'est qu'un début; 2015 doit transformer ces essais. Sans écarter pour autant l'économie car elle est doit être quotidiennement au cœur de la politique,  nous allons devoir   nous consacrer quelque temps aux  cantonales qui auront lieu le 23 mars prochain. Bien que ces élections ne vampirisent pas nos esprits et pour cause. On le sait, la politique n'a d'intérêt que si elle est centrée sur la cité et ses habitants (au sens grec du terme) et à préparer l'avenir de leurs enfants. Or seule l'économie est en mesure de générer les moyens de nos ambitions en matière de cadre de vie et de solidarité. En outre elle permet à l'élu d'échafauder une politique sans faire appel à l'argent des contribuables. Bref ces prochaines élections départementales ne sont intéressantes que si elles permettent de porter au conseil départemental (hier conseil général) des hommes et des femmes mobilisés au service de leur territoire avec la volonté d'agir efficacement sur le plan économique loin de tout  sectarisme politique. C'est très beau sur le papier, n'empêche qu'au nom de la parité, ces prochaines élections vont créer une rupture politique dont les incidences  ne sont pas encore toutes calculables. Même si qualitativement  le département n'a pas lieu de s'inquiéter, il y perdra certainement en compétences. Et ce, sans arrière pensée machiste car il faut admettre que la classe politique a été largement dominée jusqu'alors par le sexe supposé fort...  Il s'agira donc de démontrer demain lorsqu'on passera de 7 élues à 27,soit 50% du conseil départemental que l'intelligence politique  n'est pas l'apanage d'un sexe. Et que la vision féminine sur le plan politique est capable d'apporter une approche différente sur des sujets relevant de la compétence du département.

En revanche, sur le plan du nombre d'élus, on ne peut pas dire que le choix qui a été fait par le gouvernement soit judicieux en matière d'économies dont il se fait l'apôtre. Pour le département on passera de 52 à 54 élus pour 27 cantons soit 27 binômes composés chacun de deux élus titulaires, un homme et une femme , assistés par deux suppléants. Résultat, les électeurs auront à choisir une équipe de quatre candidats, composée de deux femmes et deux hommes. Le coût de cette affaire n'est pas négligeable puisque 47,5% des dépenses de campagne électorale de toutes les équipes seront remboursées désormais par l'ETAT. À titre d'exemple, pour un canton de 20000 habitants, le remboursement sera de 5300 euros. Pour le département de la Manche (500000h) le coût sera de 265OOO euros;  pour peu qu'il y ait 3 ou 4 équipes candidates à obtenir ¨5% des suffrages, le coût total dépassera le million d'euros. Multipliez par le nombre de départements et vous dépasserez les 100 millions d'euros; des économies en effet! Nonobstant qu'il en coûtera au département de la Manche plus de 50000 euros par an si l'on ajoute les indemnités annuelles et les  déplacements des deux élus supplémentaires... Et c'est  sans compter sur le fait que notre binôme aura à se déplacer sur un territoire beaucoup plus grand...

Reste à prouver que les électeurs et les territoires s'y retrouvent et y gagnent? L'expérience nous le dira mais il y a fort à parier que la démocratie sera  perdante car le taux de participation aux élections risque encore de diminuer sauf à voir un sursaut des territoires déçus du redécoupage incohérent des cantons.

Conclusion:  ces élections qui, jusqu'alors, mettaient en présence des hommes ou des femmes dont les actions étaient reconnues sur leur canton  vont laisser place à la formation d' équipes politiques avec les conséquences que l'on devine, bien loin des préoccupations du département. Pour s'en convaincre, il suffit d'analyser les résultats des dernières élections cantonales. Dans certains cantons urbains où l'action du conseiller général n'est pas toujours lisible, il est arrivé qu'un deuxième tour ait eu lieu faute de n'avoir pu obtenir 25% des inscrits à voter. Seule certitude, ces prochaines élections départementales dans la Manche vont créer un  renouvellement en profondeur car près de 40 conseillers généraux sur les 54 attendus risquent d'être nouveaux. De là, à penser que les premières sessions se transforment en stage de formation permanente, il n'y a qu'un pas. Pour autant, nous ne sommes plus à l'époque du président Léon Jozeau Marigné qui estimait que les nouveaux élus devaient faire un mandat avant de s'exprimer.