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A mesure que l'on s'approche des 
élections municipales, les repas de famille deviennent le théâtre de débats 
épiques... ça commence à l'apéro. Chacun s'interroge sur les 
prétendants ; au fil des verres les hypothèses s'entrechoquent. A partir de la 
troisième tournée, les analyses prennent du corps. La bouche salive, la vue se 
brouille; on se lâche. C'est l'heure de gloire pour ceux qui d'ordinaire n'ont 
pas d'idées; et elles fusent. On échafaude les 
plans les plus improbables. La quatrième tournée développe l'audace des timides; 
ils se révèlent à eux-mêmes et se sentent pousser des ailes.. Allez on se 
risque..." Serpolette serait courtisée par les deux listes"; "les trois" dit 
Gaspard; Germaine en rajoute.. "Elle choisira celle du maire". "Ça ne m'étonne pas" 
rétorque Grenicheux qui en pince un peu pour elle: "le maire lui a trouvé son 
boulot." Pour peu qu'on passe à la cinquième tournée on imagine la suite.. 
 Nous voilà bientôt à Noël puis au 
jour de l'an. C'est la trêve des confiseurs mais pas celle politologues locaux 
qui profiteront du réveillon pour tailler aux élus et au maire un costard sur 
mesure en guise d'étrennes. A l'évidence, ça  jasera dans les 
chaumières ce soir-là à telle enseigne qu'il pourrait bien 
rivaliser avec la dinde, ses rivaux étant les marrons de la farce. Mais comme 
d'habitude en politique, chacun s'efforçant de prendre la parole la conversation 
aura tôt fait de virer au brouhaha au point de ne pas entendre les cloches de 
Corneville sonner les 12 coups de minuit, prélude au retour du seigneur des 
lieux.(vous connaissez l'histoire).Bref, personne ne s'écoute mais il y a gros à parier qu'entre la poire et 
le fromage, emportés par l'euphorie d'un repas de fête, les convives se mettront à
gamberger pour mettre des noms sur les candidats de la troisième liste de 
Gaspard. Sur le coup de 5 heures, juste avant la soupe à l'oignon arrosée d'un 
verre de calva, les dés sont jetés et tous les partants sont désormais connus jusqu'à 
Serpolette que les vapeurs d'alcool n'ont pas fait oublier. 
Comme il n'est pas de bonne 
compagnie qui ne se quitte, on se séparera au petit matin, tout guilleret à la 
pensée d'avoir habillé le maire et ses co-listiers de quelques oripeaux  jusqu'au printemps. Candidats ou pas. C'est le prix à payer pour être élu à Corneville. Dans les 
grandes écoles on appelle ça le bizutage. Oui, bien sûr, c'est interdit mais 
c'est trop jouissif pour s'en priver. Les ringards prétendent même que ça vous 
mûrît un homme. Vaut mieux, car demain le maire devra se 
confronter à une assemblée paritaire. On l'a vu au cours du réveillon, Germaine 
n'avait pas sa langue dans sa poche. Elle va rayer Serpolette... Et Gaspard de 
se défouler sur Planquette tandis que Grenicheux n'ira plus voter. Seul Henri, le vieux sage,peu loquace pendant 
ces bavardages, remet les pendules à l'heure; il votera liste complète car 
désormais rayer machin c'est aussi rayer le maire dont Corneville a bien besoin. 
C'est également rendre son bulletin nul et prendre le risque d'un 2ème tour si 
le nombre de suffrages exprimés est inférieur à 25% des électeurs inscrits... 
D’habitude 
peu loquace mais toujours réaliste, notre Henri. "Allez" dit-il à Germaine en l'embrassant: « oublions Serpolette et parions 
qu'en mars prochain les cloches sonneront à nouveau  dans notre 
beau village de Normandie où il fait si bon vivre ». Et de conclure la soirée en 
reprenant ce proverbe: un tiens vaut mieux que deux tu auras... Tout ça ressemble à du 
Labiche Alors 
embrassons nous Folleville. 
 
 
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Doit-on y voir des similitudes avec les cloches de Villedieu les poêles où on parle déjà de trois listes?
RépondreSupprimerAucunement. Vous connaissez sans doute la pièce des cloches de Corneville. J'ai repris les noms de la pièce. Corneville c'est un peu tous les villages et les villes de France... Mais ça sent bon la Normandie
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