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samedi 30 novembre 2013

Les départements sont-ils en danger?



L'abbé Sieyès fut à l'origine des départements créés en janvier 1790; assurément, il ne va pas bénir tous ces nouveaux  jacobins de Balladur à Sarkozy et à Fillon qui font leur, l'idée de les supprimer; en décidant de remplacer le conseiller général par un conseiller territorial, ils ont inscrit sans le dire le processus de leur disparition  dans une politique de recentralisation qui avance masquée. C'était  l'une des 316 mesures proposées en 2008 par l'omnipotent Jacques Attali, le penseur de la République, le madame de Stael des temps modernes, l'homme des salons et des cabinets, le président d'une commission, dite Attali, mise en place par Sarkozy pour la libération de la croissance et la réduction des déficits; comme par hasard, ces déficits n'ont jamais autant augmenté qu'entre 2008 et 2012. Bien entendu, Coppé , toujours prêt à fantasmer et à plagier des idées populistes, n'est pas en reste; le voilà qu'il propose aux corses de réunir leurs deux départements en une seule région ,  prenant  Napoléon à contre pied qui, en son temps, avait réuni les deux parties de son île, le Golo et Liamone, ... le résultat a été immédiat: c'est un non catégorique des corses...Une vraie gamelle! Il fallait s'y attendre. Cela dit,  bien d'autres élus développent également cette idée; aux côtés de François Bayrou, Marielle de Sarnez estime que le département de Paris devrait être supprimé; prochainement, des députés PS dont Alexis Bachelay, vont proposer de supprimer les conseils généraux de la petite couronne (92,93,94) parce qu'ils "n'auront plus de raison d'être".., "supprimer cet échelon administratif devenu inutile permettra davantage d'efficacité "  ils ont peut-être raison pour Paris mais ce n'est pas avec des cas d'espèces comme Marseille ou Lyon, devenues des métropoles, que l'on fait une politique Nationale...même si Attali intervient à nouveau en appuyant sur le clou "fusionner les communes n'est pas une solution; il faudrait plutôt supprimer les départements", créant aussitôt la colère de l'assemblée des départements de France
 
 
Paris n'est pas la France; elle a son histoire, sa géographie et sa ruralité . Giscard, lui, pensait qu'il fallait choisir entre la Région et le département, sa préférence étant de garder ce dernier. De son côté, avec son bon sens républicain, Jean pierre Chevénement , pense qu'il faut se méfier des fausses bonnes idées car la proximité est enracinée dans la tradition républicaine tandis que Mélenchon se limite à dire que "du rapport d'Attali, il ne faut garder que le papier pour le recycler". Pour une fois son propos est  resté convenable et n'est pas dénué de bon sens. Sacré Melenchon, les économies ce n'est  pas son truc!

Il n'a pas forcément tort ici. Bien sûr les quelques 56 milliards gérés par les 96 départements du territoire et les 4 d'Outre mer créent la convoitise des technocrates, propriétaires des ciseaux chargés des coupes sombres; en fait, à y regarder de près, nous sommes devant le miroir aux alouettes. Ce n'est pas là qu'on trouvera le meilleur endroit pour baisser les dépenses publiques qui doivent impérativement être réduites; certes, elles sont les plus élevées du monde après le Danemark mais  ce n'est pas là qu'il faut taper;  on risquerait même l'inverse. Les dépenses sociales représentent plus de 50% des budgets des départements. Depuis des années l'Etat leur a refilé l'insertion, l'APA et les personnes âgées, le handicap avec, en prime, la famille et l'enfance. Il leur a même  passé les personnels des collèges et des DDE devenues DDTM, une fois dépouillées par la RGPP. La population n'a rien perdu au change; elle a gagné en proximité, en écoute et en réactivité; tout cela a un coût mais les  territoires se sont équipés alors que l'Etat n'a pas été fichu de terminer ses infrastructures routières dans la Manche qu'il a investie voici quarante ans pour y implanter le nucléaire. Le TGV pour Cherbourg et Granville n'est pas pour demain.

Supprimer le département, ce serait mettre fin aux travaux routiers dans la Manche, ce serait prendre le risque de laisser la ruralité à l'abandon; de plus, en donnant le social aux villes et aux communes on aurait vite fait de créer des disparités. Tout cela est un leurre ! Il suffit d'analyser le fonctionnement des Centres sociaux. Combien de Communautés ont un centre intercommunal d'action sociale? Celui du Val de Sée est bien utile mais combien d'autres ont été créés dans la Manche? Personne ne courre après. Aussi, quand l'OCDE préconise la suppression des départements, elle oublie qu'il existe des structures analogues dans bien d'autres pays qui on vu la nécessité d'avoir une structure de proximité bien ancrée sur le territoire: les KREISE en Allemagne, les voïvodies en Pologne, les provinces en Italie, etc... Non ce n'est pas là qu'il faut toucher. Il y a mieux à faire pour un État courageux. Avec ses 36681 communes la France détient un record; six communes n'ont plus d'âme qui vive, et plus de 50% ont moins de 500 habitants; franchement il serait plus raisonnable de réfléchir à une autre organisation territoriale et a une répartition des attributions de l'État(DGF) qui tiennent compte des réalités du terrain plutôt que de multiplier des usines à gaz où l'administration prend pied et les élus font tapisserie.  Les fameux pays de Pasqua repris par Voynet ont été une fausse bonne idée, qui s'avère coûteuse, inutile et délaissée par les élus... Il faut souvent leur téléphoner pour être sûr d'avoir le quorum.

 Mais "Jacques a dit". Le savoir et le pouvoir se trouvent à Paris où rayonnent les Attali, Alain  Minc, Bernard Henri Lévy Luc ferry et consorts, ces économistes et philosophes qui monopolisent et stérilisent des débats; le petit peuple, dépourvu de bon sens et trop inculte en est bien trop éloigné pour comprendre; il est tout juste bon à  subir les critiques de jacques Attali qui, dans sa grande mansuétude,  accuse le peuple d'être responsable de la crise. Faire le Jacques, c'est décidément là tout son talent!


Envoyé de mon iPhone

2 commentaires:

  1. Anonyme12/01/2013

    ce sujet devrait faire débat en effet à l'Assemblée le 10 décembre à propos des départements de la petite couronne parisienne. Les économies, vous avez raison sont à faire ailleurs... lorsque les communautés de communes ont été créées dans les années 90, l'Etat n'a pas réduit la DGF des communes alors qu'elles perdaient des compétences... quant aux redondances et à la concurrence entre le département et la région, il suffirait de revenir aux années 70, lorsque les conseillers généraux étaient désignés par leurs pairs pour représenter leur département à la Région. c'est ce qui se passe pour les sénateurs et se passait pour les délégués des communautés de communes. A vouloir réformer constamment pour des raisons politiques, on arrive à des aberrations. Alexis de G.

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  2. Wauquiez en remettait une couche ce matin sur BFM TV. Il estime que les agent et techniciens qui entretiennent les écoles pourraient prendre les collèges à leur charge alors que quelques instants auparavant il parlait de la suppression de communes. Wauquiez devrait faire un stage dans une commune de 1500 habitants qui dispose d'écoles et d'un collège. Encore un parisien qui doit descendre d'un étage.

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