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samedi 31 août 2013

Rentrée scolaire 2013

 Quand faut y aller, faut y aller...


Qu’ils soient lycéens, collégiens ou écoliers... C'est toujours avec un pincement au coeur que les élèves reprennent le chemin de l'école, parfois en traînant les pieds avec cette question qui les taraude : "retrouverai-je mes copains dans ma classe? Mon emploi du temps sera t-il conciliable avec mes activités? Et les profs? pourvu que... etc..." Et ça dure depuis cent quinze ans !  Évidemment, les parents aussi s’ interrogent et s’inquiètent; l'équilibre et la réussite de leur (s) progéniture (s) est en jeu. Il est vrai que la réussite dépend de la capacité individuelle de l’individu mais aussi de la qualité de l’enseignement.  La relation du prof avec sa classe, ses exigences, son assiduité, sa tenue personnelle, sa psychologie, sa pédagogie  sont autant d'atouts ou de faiblesses pour la réussite de l'élève; on se souvient tous de l'influence d'un maître dans notre parcours scolaire .   J’entends déjà les enseignants : ça y est, c’est encore de la faute des profs !

Une école pour apprendre? Vous rigolez!


Non bien sûr, mais comme il faut un fusible pour éviter la surchauffe du système éducatif à la française les profs sont les premiers à trinquer… À dire vrai, je m'interroge plus sur les contenus de l'enseignement d'aujourd'hui que sur le contenant. A preuve...Cet été, pendant les vacances, j’ai été amené à m’intéresser aux connaissances d’un garçon  de ma famille qui envisage déjà Polytechnique alors qu'il n'entre qu'en troisième, et d’en profiter pour tester ce qu’il est sensé avoir acquis en 4e... Pour les insuffisances, j’ai d’abord eu droit  à l’alibi du prof absent et des quatre remplaçants pendant l'année... Des arguments éculés qu’on se refile de père en fils…Mais bon, admettons; feignons d’y croire! En histoire, une matière ou je m’attendais à le voir briller de tous ses feux puisqu’il caracole en tête, Il n’a pas échappé au siècle des lumières, la révolution, Bonaparte, et Napoléon un peu tricard dans les programmes...Aïe, ça commence mal... Voltaire ne semble pas l’éclairer; Il a été évoqué, ça oui, mais de là à en parler c’est une autre histoire…Tant pis pour Voltaire, après tout c’est de la faute à Rousseau chantait Gavroche sur les barricades; tentons un autre philosophe qui illustre cette période. La bouche ouverte, les yeux en l’air le jeune garçon totalement amnésique tente désespérément de chercher une bouée de sauvetage. « Ah, ces foutus philosophes, comme si j’en avais besoin pour résoudre une équation mathématique » pense t’il . Je l’entraîne alors sur un autre terrain, celui des champs de batailles. Je choisis Napoléon, c’est le plus facile; il y a bien une victoire qui a fait mouche dans son cortex. Pas de chance,  le prof  aurait guère  parlé de son palmarès guerrier … Comme c’est bête... La géographie non plus ne semble pas raviver sa mémoire. Pour compenser, je profite d’un séjour dans le sud de la France pour lui faire découvrir Marseille, Avignon et ses papes, Vaisons la Romaine  et ses origines  Puis la chaîne alpine, le Mont Ventoux et les gorges du Verdon; c'est au moins ça... Et pour couronner le tout, une incursion dans l'économie locale avec la vigne et les Oliviers. De là à passer aux Dieux de la moisson et du vin il n’y avait qu’un pas qu’il franchit, à ma grande surprise,  à grande enjambées et pour le coup, c’est moi qui ne suis plus.  Incollable sur la mythologie... Deméter, Cérès, Bacchus et les autres dieux grecs et romains, ainsi que sur Thalès et Pythagore, il connaît. Je suis étonné. Encore un coup des Grecs, ou des jeux sur le net, ou des maths… Je reviens alors au français avec sa pléthore d’auteurs anciens.   Pour le coup ils ne sont pas assez modernes ces anciens car aucun ne lui vient à l’esprit. Moins romanesques que les philosophes grecs sans doute. Mais quoi, Sartre, Camus ou Proust pour ne citer que les incontournables en classe de troisième ça vaut bien Rabelais ou Ronsard non ?


Le SMIC culturel et la fracture sociale


Bon je m’arrête là. Après tout, on idéalise toujours le passé, mais  il me semble qu'à son âge j'avais déjà entendu parler de  du Bellay, Montaigne et Pascal... Mais tout n’est pas perdu, il lit le Petit Prince de Saint-Exupéry que sa grande mère lui a donné. Un auteur pas facile à lire, qui tombe des mains à quelques-uns ! Par chance, ce jeune homme à la chance d’évoluer dans un environnement intellectuel favorable. La grand-mère, le grand père, les parents sont encore là pour lui apporter un complément de culture que l’enseignement ne lui donnera  peut-être pas. Et puis, « il a le temps de parfaire sa  culture générale, l’essentiel est le savoir-être et le savoir-faire »   diront certains. C'est une façon de voir les choses en effet, reste que l'école est aussi là pour donner à l'enfant l'envie de se cultiver et les moyens de s'épanouir en s’ouvrant à la littérature, et aux arts en général. Appréhender le présent, se projeter dans le futur grâce au passé, c’est le meilleur moyen pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Hélas, j’ai bien peur que ce soit les premiers symptômes  d’une fracture culturelle qui ne se réduira pas. Le nivellement par le bas est la première étape de l'assassinat d'un peuple. Demandez aux chinois ce qu’ils pensent de Mao Zedong et de sa révolution culturelle aux conséquences dramatiques. Au bout du compte, le grand timonier a barré un navire rempli de 4 millions de cadavres au nom d’une prétendue rééducation populaire qui a renvoyé les élites à la campagne.
On le sait bien, la fracture culturelle est un fléau qui s'accentue à mesure que fracture sociale augmente mais ce n'est pas avec un SMIC culturel que nous sortirons la France de son mauvais pas. Montaigne pensait avec raison qu'une tête bien faite vaut mieux qu'une tête bien pleine mais n'oublions pas qu'un sac vide ne tient pas debout et qu'un pays se doit d'avoir des élites. Ce sont les philosophes du siècle des lumières qui ont amené la révolution , les droits de l'homme et du citoyen, l'égalité et la liberté. En tombant dans un égalitarisme culturel, nous faisons le jeu de dictateurs ou de fanatiques qui redoutent les intellectuels. C'est le savoir qui libère les peuples; ne l'oublions jamais.     






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