Douce Manche, cher pays de mon enfance...

L'attractivité d'un département dépend de plusieurs facteurs : de sa situation géographique, de sa culture, de son dynamisme et de son rayonnement par delà nos frontières, des ses hommes en quelque sorte. Le hic, c’est que parfois d’un territoire à l’autre et à fortiori voisin, la balance penche plus d’un côté que de l’autre sans que l’on sache pourquoi. C’est le cas pour la Manche. En effet, comment expliquer que notre département pâtisse d’une image  grisâtre et pluvieuse, alors qu'il pleut plus à Brest qu'à Cherbourg. Que le nombre d'heures d'ensoleillement y est plus élevé et que la température de la mer est nettement plus basse sur les côtes d'Armor et du Finistère que sur celles du littoral manchois ?  Un élément de réponse se trouve peut-être dans la façon ambitieuse que la Bretagne a eu de promotionner son territoire. Bien sûr me direz-vous, elle bénéficie de ses paysages et de son folklore qui ont fait le tour du monde. Et maintenant avec Nolwenn Leroy ils se sentent pousser des ailes. De la pluie, elle en fait une chanson : Qu’elle est belle ma Bretagne quand il pleut ». Bravo.  À contrario la Manche souffre d'une image passe partout, campée sur des références historiques liées pour l’essentiel à la seconde guerre mondiale. Ses habitants sont peu enclins à l'excès, plutôt conservateurs et, sur le plan de la communication institutionnelle, les cibles restent les mêmes. À part  le Mont Saint Michel et l'agriculture on a le sentiment qu’il n’existe rien d’autre. Ce n’est pas grave, les bretons le font à notre place; la baie du Mont Saint Michel romantique, c'est côté breton avec leurs fleurs de lys. Plutôt mieux d’ailleurs.. Il faut dire qu’en matière de créativité nous manquons sérieusement d’énergie. C’est vrai aussi qu’avec le diminutif «  Basse » accolé à « Normandie «  ça n’élève pas notre image…J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé  de Basse Bretagne.  Et pour terminer cet inventaire à la Prévert - un manchois quelle chance ! -  nous dirons que la Manche ne peut être comparée  à une région, son image est fondue dans celle de la Basse Normandie.  Pis encore, elle est absorbée par celles de ses propres territoires, ses pays, et structures multiples qui communiquent tous azimuts pour exister. Une cacophonie à laquelle il faut mettre un terme dare dare en imposant le département chef de file pour qu'il ait la place qu’il mérite.  Seulement voilà, tout le monde veut se la jouer solo et s’enfiler la part du gâteau. Moins par appétit du territoire, que par goinfrerie du pouvoir.

Pour autant, ,tout n'est pas négatif.

Heureusement  la population  augmente  progressivement  grâce  aux  seniors  qui reviennent au pays pour vivre leur retraite. D’accord, c’est bon pour le pouvoir d’achat, le commerce,et l'emploi avec l'aide aux personnes mais en même temps les jeunes foutent le camp. 170 d'entre eux nous quittent chaque année pour 10000 habitants afin de suivre une formation que la Manche ne peut leur offrir. Si  ça continue on va finir pas dépasser  Menton question attractivité des séniors. C'est tout le potentiel créateur du département qui prend la route de l’exil, faute d'avoir su mettre en place des formations pointues favorisant l’émergence d'une nouvelle économie... À l’instar du numérique de la société Acome ? Le lycée de Mortain attend toujours une formation dans ce domaine en lien avec cette grande entreprise.

Il y a urgence, le département doit tout faire pour garder son potentiel créateur et sa main d'œuvre . Pour autant un territoire ne peut prétendre avoir la capacité de répondre à toutes les demandes spécifiques en particulier de haut niveau. Il est fondamental de favoriser l'implantation dans la Manche  de jeunes diplômés en quête d'emploi pour répondre à une demande d'entreprises de plus en plus pressante. C'est l'objectif que s’est fixé le « club attractivité » qui s'est constitué dans le Cotentin pour résoudre une problématique qui peut sembler anachronique pour certains dans la période actuelle, mais qui est en fait l’un des éléments de réponses à notre somnolence . Alors que les derniers chiffres du chômage plombent un peu plus le moral des jeunes, voilà que les plus diplômés fichent le camp de notre territoire pour s’en aller tenter leur chance à l’étranger. Comment les blâmer ?Paradoxalement  des candidats venus de "l'étranger" pour un emploi dans la Manche, s'y sont implantés avec leur famille une fois avoir découvert ses paysages et son cadre de vie... Reste qu’il s’agit là d’une minorité et que le nombre d'arrivées ne compense pas celui des départs. Il n’empêche que cet apport ne peut qu’enrichir notre territoire. À condition de savoir les séduire et  les accompagner pour les garder . Ce n’est pas gagné.

L'attractivité d'un territoire est autant liée à l'accueil qu'à l'image ?

Les deux suis-je tenté de répondre. L'accuei l personnalisé est essentiel il doit être mené avec les élus des collectivités qui sont les premiers acteurs concernés par l'implantation de nouvelles familles. L'image est ce que ces néo-ruraux en feront. Et de ce côté, on peut leur faire confiance, ils ont des idées. Pour le reste, nous devons leur démontrer que notre dynamisme est inversement proportionnel à la couleur du ciel.

Dépasser le «  ya qu’a, faut qu’on » pour le remplacer par l’action.

Les manchois connaissent la prestigieuse maroquinerie Louis Vuiton implantée dans le Sud Manche  mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt ou se nichent des PME PMI qui se sont donné le mot pour devenir  le fer de lance de notre économie. J’en veux pour preuve les entreprises prospères établies dans la vallée de la Sée comme l'ébénisterie Rémi James, labellisée  « entreprise du patrimoine » qui rayonne dans le monde entier. Atoll électronique qui commercialise du matériel hi-fi à l'international,  Aptar-STELMI,  3ème producteur mondial de composants  élastomères pour l'industrie pharmaceutique, les charpentes James en lamellé Collé qui ont construit les bâtiments des jeux  olympiques de Londres. La liste est longue, chaque territoire a ses vainqueurs : L'Acome à Mortain, une scop exemplaire avec un chiffre d'affaires qui  flirte  les 400 millions d'euros, les tricots saint James, Chereau le leader de la remorque à Ducey, Soleco à Lessay, Mauviel à Villedieu les poêles, ELVIA, Rockwood, etc. Cargill, Areva, les parapluies de Cherbourg... Et bientôt Alstom .. L’aventure continue, notre territoire est en mesure d’accueillir les entrepreneurs et les créateurs du monde entier. Ce sont eux qui écriront la suite de notre histoire. Dépassons nous, croyons en l’avenir.