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jeudi 4 avril 2013

Démocratie : Silence et Complicité





De l'unité au silence, du silence à la complicité, il n'y a qu'un pas... En France, on n'aime pas les têtes qui dépassent, une vieille tradition qui remonte à la révolution et à sa terreur. Une faiblesse de la démocratie, dirons nous, qui s'exprime d'une autre manière aujourd"hui mais le but reste le même: il faut réduire au silence ou débarquer les plus irréductibles..

 Quand les mouches décochent!
 
Le général De Gaulle appelait l'ONU le " machin". Et bien figurez vous que nous avons le nôtre dans la Manche avec le Pays du Mont Saint Michel...  Un syndicat mixte (établissement public) à la gestion coûteuse , sorte d'usine à gaz qui nous donne là l'occasion de "disserter" sur un sujet d'actualité.

 Son président,  Ptit Bizet, seigneur d'un Mortainais aujourd'hui très divisé, sénateur de la Manche, ardent défenseur des OGM vient en plus de nous révéler ses talents d'hypnotiseur, lors de la dernière assemblée plénière du jeudi 28 mars,  où il fut question des orientations budgétaires 2013, un thème en principe propice à la discussion et aux échanges... En fait, de dialogues, il n'y en eut guère; le dialogue fit place au monologue. Seules  deux ou trois mouches, velléitaires, qui avaient fait le déplacement, une chance pour le quorum,  se permirent de venir troubler l'atmosphère soporifique d'une assemblée neutralisée par le nouvel insecticide de la société Monsanto, " la grande amie" du président... Et Monsanto en connaît un rayon pour nous endormir avec ses cocktails dont elle a le secret. Constitués de promesses redondantes et onéreuses, ses produits, spécialement réalisés pour Ptit Bizet,  s'avèrent stérilisants.

 La mouche brécéenne est une espèce assez particulière, mi-abeille  mi-guêpe, travailleuse, constructive et résistante; elle s'épanouit essentiellement dans l'écovallée de la Sée. Grâce à son dard dont elle se sert uniquement pour tenir en éveil ses congénères - une population d'hyménoptères soudée -  elle est classée comme nuisible par Ptit Bizet, un apiculteur qui produit un miel  sans saveur dont la propriété est d'annihiler les esprits les plus créatifs. Plus au sud, une autre  guêpe  indépendante, joueuse et insoumise dont l'abdomen rayé transversalement rappelle les tricots haut de gamme d'une grande entreprise manchoise, a rejoint l'escadrille de la mouche brécéenne .

 Et c'est comme ça que par une froide soirée d'un printemps qui se fait attendre nos deux  "mouches du coche" décidèrent de quitter leurs cocons pour aller survoler une réunion à Avranches histoire de bourdonner aux oreilles du président d'un pays désenchanté. Ce soir là, il tentait une fois de plus d'enfumer ses ruches avec un discours soporifique. Généralement, plus on enfume les abeilles plus on déclenche la peur chez elles. Mais Ptit Bizet, lui, a sa méthode pour les calmer. Il les fait rêver et les hypnotise avec des discours pseudo optimistes.
 Il n'y a pourtant pas de quoi. De 18 les ruches passeront à 7 au 1er janvier 2014 ;  pas folles, les abeilles, elles se regroupent pour ne plus partager un nectar qui se fait rare ( Monsanto est passé par là) avec le pays et son président, un spécialiste en structure artificielle et dispendieuse ; il prévoit pour 2013 une augmentation de 11% des dépenses de fonctionnement (personnel et charges générales) mais ne dit rien des recettes.  Il a beau se montrer rassurant en indiquant que  la reine de la ruche du pays  utilisera les réserves au fil du temps, rien n'y fait.    Les travailleuses ne comptent pas engraisser une cigale.

Quelle mouche vous pique?

 La remarque de la mouche brécéenne pique au vif l'apiculteur président qui l'intercepte en plein vol en ironisant par une escarmouche en forme de critique. Trop tard; tout le monde sait désormais que le pays de la baie n'a plus sa raison d'exister en 2014 lorsque la réforme territoriale sera appliquée. Mais chut, nous allons y réfléchir, c'est promis. Pourtant il va bien falloir se pencher sur le fonctionnement de cette ruche à courant d'air et l'utilité de ses abeilles dont la reine fort coûteuse pourrait être beaucoup plus rentable dans une grande et nouvelle communauté de communes.

 Sinon, qu'en faire? Les intégrer au SCOT ? C'est malin. On trouvera bien un endroit pour les faire butiner... En suppléant  les carences de l'Etat par exemple ou en les envoyant musarder dans les champs d'OGM... Pardon,  D'OCM , opération collective de modernisation du commerce et de l'artisanat; (à ce propos, l'abeille brécéenne n'a pas eu besoin du Pays de la baie pour entraîner avec elle 5 autres ruches et gérer seule une telle opération). D'autres sujets majeurs pourraient leur être confiés... la renaturation de la Sélune territoire de la guêpe au tricot rayé; ou bien encore le développement de l'économie exogène... en coopérant avec la Macédoine, cet État qui n'existe pas, dixit le point du 6/02/12.
La critique a fait mouche

 Tout ceci n'est pas sérieux. Allons président , ouvrez les yeux; à trop enfumer les abeilles vous vous enfumez vous même. Soyez à la hauteur des défis qui nous font face. Le territoire est à l'agonie, les collectivités sont aux abois et  vous voudriez voir perdurer le Pays de la Baie grâce aux aides européennes pendant que le projet du Mont Saint Michel peine à trouver 8 millions d'euros pour pallier l'absence de l'Etat et de l'Europe. Conclusion, cette soirée se termina sans vote... Une réunion pour rien, une de plus;  mais la promesse d'une réflexion. "Penser est une chose disait Julien Green, encore faut-il penser à quelque chose".

 Les plus disciplinées de nos "Apis malifera" , variété européenne , en bonnes ouvrières , s'en allèrent rejoindre leurs ruches sans mouffeté, énivrées de leur liberté. Les autres, courbant leurs antennes de déception, conscientes de leur incapacité à changer le cours des choses, s'envolèrent piteusement à tire-d'ailes, jurant qu'on ne les y reprendrait plus. 
Nos hyménoptères connaissent la force du travail mais elles peuvent aussi être unies et combattantes pour défendre leur ruche.  Il y à fort à parier qu'elles ne resteront pas silencieuses plus longtemps si elles ne sont pas  de nouveau enfumées . La révolte des ruches mortainaises , de Sourdeval à Barenton, a récemment démontré que la vérité " du yeux dans les yeux " rendait aveugle.






6 commentaires:

  1. Anonyme4/05/2013

    C'est ce qui faisait dire à de Gaulle que les élus étaient de godillots et à d'autres " se soumettre ou se démettre" .. On arrive au déni de la personnalité... Et à la complicité.
    Pour ce qui est du pays, l'État Sarkozy a supprimé les nouvelles créations mais n'a pas osé aller plus loin. Quel gâchis! Quant au salaire de la Reine, c'est très très limite quand on sait de qui elle est l'épouse et de qui l'époux est l'employé. C.H.L

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  2. Il faut reconnaître qu'il n'est pas simple de résoudre la quadrature du cercle en politique comme ailleurs. "Laver son linge sale en famille " dit-on. Celui qui rompt le silence est souvent condamné. François Fillon a perdu en popularité lorsqu'il a dénoncé les manipulations de Copé. Il a pourtant eu raison. Les français sont aussi responsables de ce qui leur arrive. Ils veulent tout et son contraire : la vérité et l'unité mais chacun sait que lorsque le silence cesse, l'amitié s'en va presque toujours.

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  3. Si les abeilles ( qui travaillent, qui pollinisent leur TERRITOIRE) meurent, l'humanité disparaîtra en 4 ans. Peut-être même avant 2017... Le changement, c'est maintenant !

    Pour ce qui est du territoire : le changement, surtout pas !!! En fait, ce "pays" n'a rien d'une vraie ruche puisque le travail pour l’intérêt général n'existe pas.
    Mosanto a réussi à créer quelques abeilles mutantes dont le but est une sorte de déraison de la raison.
    Le jusqu'au boutisme a ses limites, surtout lorsqu'il coûte très cher...
    Sortir du lot isole, certes, mais pouvoir se regarder dans la glace est une récompense qui ne s’achète pas !

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  4. C'est un propos réaliste mais réconfortant. Sortir du silence isole souvent quand on se met en travers de celui qui détient sa vérité et veut l'imposer a son profit

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  5. Anonyme4/06/2013

    Pendant ce temps, notre sénateur fait profil BAS...

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  6. Peut-être mais dans la cacophonie actuelle c'est sans doute la meilleure solution. Entre nous les aboyeurs ne sont pas toujours les plus purs. Nous le vivons aussi sur le terrain dans d'autres domaines. Cela fait souvent bouillir quand on connait certaines vérités. C'est ainsi. Il ne faut pas pour autant désespérer et tenter de prêcher par l'exemple car les mots cachent souvent des réalités...

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